* La montée vers Pâques pour les petits : 1er dimanche de carême

l’Aile propose aux petits enfants un récit suivi de la Création avec quelques réflexions et activités, tout au long des 6 dimanches de Carême à partir du 21 février Cela pour être en phase avec la démarche de la paroisse inspirée de celle du CCFD.  Vous trouverez ci-après le lien pour accéder au document du dimanche 21 février : Il s’agit du récit du Premier jour de la Création : le  JOUR et la NUIT . Les textes seront édités également sous forme de petit livret  qui pourra être distribué le dimanche  aux enfants présents,  voire aux  parents et grands-parents  qui le souhaiteraient.

Cliquer ici : Récit de la Création pour les enfants _1er dimanche de Carême 2021

il y eu un soir, il y eut un matin : ce fut le premier jour !

21 février 2021 |

* Hommages des cousins de Dominique

Dominique faisait partie de la famille proche. Notre enfance et notre jeunesse ont été rythmées par les rendez-vous rituels, comme le jour de Noël dans la maison de ma grand-mère, la sœur de tante Renée, la mère de Dominique ; mais aussi par ses visites, souvent impromptues, quand ses déambulations automobiles le portaient vers Belleneuve. L’occasion de parler de ses rencontres, mais aussi de ses découvertes comme la pratique de la photo en noir et blanc, de la prise de vue au développement, d’un film sorti au cinéma, d’un bouquin qu’il avait lu, … Parfois il repartait rapidement sans descendre de voiture, parfois il restait manger, et la soirée pouvait se terminer autour d’un des nombreux jeux de société, souvent originaux, qu’il affectionnait, une façon parmi d’autres d’être ensemble.

Dominique, pour la famille également, ce sont les voyages, proches ou lointains, Pesmes et Acey, mais aussi Baden Baden et la Forêt Noire, et bien sûr l’Italie et la lumière de Toscane, Siennes, Florence et Assise, les villes, les églises, les grands peintres.

Dominique, c’est également la musique, sous toutes ses formes et tous ses styles, parfois les plus difficiles d’accès, des variations Goldberg de Bach à l’Histoire du Soldat de Stravinsky, en passant par The Wall des Pink Floyd…

Dominique, c’est encore celui qui savait toujours offrir à chacune et à chacun le livre ou le disque qui convenait, qu’il avait pour chacune et pour chacun affectueusement et judicieusement choisi. Dominique, c’est aussi, bien sûr, le prêtre porté en chacun de ses gestes et en chacune de ses paroles par la lecture approfondie non seulement de la Bible mais aussi de Maître Eckhart, qu’il admirait beaucoup. Maître Eckhart écrit dans ses Traités un passage dont Dominique s’est fait comme  l’écho, sa vie durant : « Celui qui est tel qu’il doit être, en vérité, se trouve bien en tous lieux et avec tous les autres, dans la rue et avec n’importe qui aussi bien qu’à l’Eglise, dans la solitude ou dans sa cellule. (…) Pour celui qui agit droitement, en vérité, Dieu rayonne dans les choses profanes aussi clairement que dans les plus divines ».

Dominique enfin, ce sera pour toujours la liberté, la dignité et la tolérance. La liberté de choisir de faire ce que l’on aime, quand c’est avec conviction et dans le respect d’autrui ; la dignité de rester toujours debout, même assis ; la tolérance pour ce que chacun de nous a choisi d’être, quelles que soient ses convictions ou ses croyances, dès l’instant où nos engagements nous portaient, d’une façon ou d’une autre, au respect réciproque des personnes rencontrées.

Hommage de sa filleule Florence

 

Depuis mes premiers pas dans l’existence, Dominique, mon parrain, s’est montré attentif et attentionné toujours, sans rien imposer jamais. Ouvrir pour l’autre un chemin, par l’intermédiaire d’un livre, d’un disque, d’une remarque, et le lui laisser tracer ensuite : telle fut toujours sa manière d’être et de faire. Dominique a su veiller sans autoritairement surveiller, et a illuminé de sa présence, à chaque fois pleine et entière, certains moments privilégiés de notre enfance, enfance qui laisse en chacun des traces ineffaçables, des souvenirs qui sans fin renaissent et revivent en nous, comme un don à recevoir et à féconder, comme un héritage à assumer. Une filiation n’est sans doute pas une répétition à l’identique : elle s’offre plutôt comme un chemin à poursuivre, comme une lueur fragile dont prendre soin sous peine de la voir s’éteindre. Car quelles que soient les voies choisies, elles finissent souvent par se rejoindre en leur plus fine pointe, par se faire mystérieusement écho, pour autant du moins que chacune de ces voies permette à chacune et à chacun de demeurer « en recherche », pour reprendre l’expression volontiers employée, lors de nos échanges, par Dominique. Dominique, homme profondément libre et définitivement rebelle aux outrances dogmatiques, était ouvert à toutes les formes de parole qui « font tenir », et qui également « font bouger », comme il aimait à dire… Il y voyait autant d’incarnations possibles du Verbe selon saint Jean, Verbe grâce auquel la Lumière luit dans les ténèbres. Sans doute est-ce pourquoi il a souhaité que Bachelard et Heidegger, deux auteurs dont il savait qu’ils m’étaient proches, soient présents dans cet ultime hommage.

En recherche permanente fut en effet Gaston Bachelard, sous la plume duquel on trouve, dans La flamme d’une chandelle, une parole rendant hommage à la délicatesse de la lumière que la flamme répand autour d’elle en évitant tout éclairage trop brusque. Douce et fine lumière, qui n’est ni foudroyante comme l’éclair, ni bruyante : frêle et silencieuse plutôt, et cependant tenace. Précaire donc, et cependant vaillante. De la paradoxale et singulière puissance d’une flamme pourtant chétive, qui lutte pour accomplir son travail de lumière sans céder à l’envahissement des ténèbres, Bachelard a su se faire le poète et le porte-parole. On trouve sous sa plume, dans La flamme d’une chandelle, cette étonnante citation de Proclus : « Car, en vérité, toute chose prie selon le rang qu’elle occupe dans la nature, et chante la louange du chef de la série divine à laquelle elle appartient, louange spirituelle, et louange raisonnable ou physique ou sensible ; car l’héliotrope selon qu’il est libre de son mouvement, et dans le tour qu’il fait si l’on pouvait surprendre le son de l’air battu par son mouvement, on se rendrait compte que c’est un hymne à son roi, tel qu’une plante peut le chanter ». Et Bachelard poursuit en s’interrogeant : « A quel niveau, en quelle hauteur faut-il méditer le texte de Proclus ? Avant tout il faut sentir qu’il se développe pour gagner une hauteur, toutes les hauteurs. Du feu, de l’air, de la lumière, toute chose qui monte a du divin aussi ; tout rêve déployé est partie intégrante de l’être de la fleur. La flamme de vie de l’être qui fleurit est une tension vers le monde de la pure lumière. Et tous ces devenirs sont les devenirs heureux de la lenteur. Les flambeaux dans les jardins du ciel, d’accord avec les fleurs dans les jardins de l’homme, sont des flammes sûres, sont des flammes lentes. Le ciel et les fleurs sont d’accord pour apprendre au méditant la méditation lente, la méditation qui prie. (…) Nous devons nous ouvrir sans réserve à la dimension de la Hauteur une Hauteur qui reçoit la dignité du sacré ».

  La dimension du sacré peut ainsi se déployer, à partir de la moindre des choses, en amont des religions instituées qui trop souvent se heurtent, en amont des orthodoxies constituées qui trop souvent se figent. Homme de culture, ouvert au monde dans sa diversité et à l’écoute de toutes les voix libres qui pouvaient lui parvenir, Dominique, sa vie durant, s’est employé à dissoudre les crispations identitaires et à faire cesser les vains combats ne visant au fond qu’à consolider un pouvoir qu’il estimait « illusoire » : « Autant que je peux, m’écrivait-il, j’œuvre pour modifier l’esprit de cloisonnement ». Préserver alors la dimension du sacré comme une source vive et comme, peut-être, la source commune et inépuisable des diverses conceptions du divin : tel est ce à quoi n’a cessé d’inviter pour sa part Heidegger en se mettant, tout comme Bachelard, à l’écoute des poètes ; mais en reprenant aussi de manière créatrice l’héritage de l’un des plus grands mystiques allemands, Maître Eckhart, qu’aimait beaucoup Dominique. A plusieurs reprises nous avons ensemble évoqué cette grande figure de la mystique rhénane. Je me souviens d’un jour où Dominique avait confié qu’une amie lui trouvait un regard digne de Maître Eckhart : il en fut discrètement très heureux. De Maître Eckhart, Heidegger retient surtout une parole : Gelassenheit. Parole venue à nous de cette langue allemande qui était aussi chère que familière à Dominique. Parole cependant difficile, et peut-être impossible  à traduire, mais que l’on a tenté de rendre diversement en français, par exemple par « sérénité », ou par « égalité d’âme ». Weder diz noch daz , disait Maître Eckhart : ni ceci, ni cela. Libéré de toute volonté propre, libre donc de tout attachement à ceci ou à cela, chacun peut alors consentir à ceci comme à cela, ce qui n’a rien à voir, me disait un jour Dominique, avec de l’indifférence. Et il avait raison. Peut-être a-t-il puisé là une partie de sa force, jusqu’à faire oublier par la qualité de sa présence, comme il l’a toujours souhaité et comme il y est parvenu, son lourd handicap.

  Dans le texte traduit en français sous le titre Sérénité, Heidegger offre à méditer ce passage : « L’égalité d’âme devant les choses et l’esprit ouvert au secret sont inséparables. Elles nous rendent possible de séjourner parmi les choses d’une manière toute nouvelle. Elles nous promettent une autre terre, un autre sol, sur lequel, tout en restant dans le monde technique, mais à l’abri de sa menace, nous puissions nous tenir et subsister. L’égalité d’âme devant les choses et l’esprit ouvert au secret nous dévoilent la perspective d’un futur enracinement. Il pourrait même arriver que ce dernier fût un jour assez fort pour rappeler à nous, sous une forme nouvelle, l’ancien enracinement qui pour l’heure disparaît si vite… Seulement… l’égalité d’âme devant les choses et l’esprit ouvert au secret ne nous tombent jamais tout faits du ciel. Ils ne sont pas des choses qui échoient, des choses fortuites. Tous deux, pour apparaître et se développer, ont besoin d’une pensée qui, jaillissant du cœur de l’homme, s’efforce constamment ».

  Adieu, très cher Dominique. Et un très grand merci pour tout… Danke, danke vielmals. Nul n’oubliera la lumière que tu fus pour chacune et chacun d’entre nous, que tu as su accueillir à chaque fois dans son irréductible singularité. Nul n’oubliera cette flamme de chandelle à la fragilité têtue, qui s’est efforcée constamment, et qui s’est dispensée inlassablement.

 

En un ultime hommage à Dominique, j’aimerais laisser comme trace quelques passages choisis de Maître Eckhart, pour lequel nous avions une commune admiration. Ces passages lui ressemblent je crois, et permettent de saluer tout ce qu’il a tenté, tout ce qu’il fut, et tout ce qu’il demeure pour chacune et chacun d’entre nous. Et ces passages ouvrent un chemin possible…à réinventer.

« Dans la véritable obéissance, on ne doit pas trouver : je veux telle et telle chose, ceci ou cela, mais un total renoncement à ce qui nous est propre. (…) Qu’est-ce qu’un esprit renoncé ? Un esprit renoncé est celui qui n’est troublé par rien, ni lié à rien, qui n’a attaché son bien suprême à aucun mode, qui ne considère en quoi que ce soit ce qui est sien, qui est complètement plongé dans la très chère volonté divine et sorti de lui-même. Nul ne peut jamais accomplir une œuvre, si pauvre qu’elle soit, qu’elle ne reçoive de là sa force et son pouvoir. (…) L’homme doit d’abord s’abandonner lui-même, ainsi il aura abandon-né toutes choses. En vérité, si un homme abandonnait un royaume et le monde entier et qu’il se garde lui-même, il n’aurait rien abandonné. Oui, et si un homme s’abandonnait lui-même, quoi qu’il garde, richesse, ou honneur, ou quoi que ce soit, il aurait abandonné toutes choses. (…) Celui qui est tel qu’il doit être, en vérité, se trouve bien en tous lieux et avec tous les autres, (…) dans la rue et avec n’importe qui aussi bien qu’à l’église, dans la solitude ou dans sa cellule. (…) Consi-dère quelles sont tes intentions envers ton Dieu, que tu sois à l’église ou dans ta cellule : garde une disposition d’esprit semblable ; porte-la dans la foule, dans l’agitation et la diversité. Et comme je l’ai dit souvent, quand on parle d’égalité, on n’entend pas qu’il faille apprécier de la même façon toutes les œuvres, tous les lieux ou toutes les personnes. (…) Mais tu dois avoir dans les œuvres une même disposi-tion d’esprit, une même confiance, un même amour pour ton Dieu et le considérer avec le même sérieux. En vérité, si toutes choses étaient ainsi égales pour toi, personne ne ferait obstacle à ce que Dieu te soit présent. (…) En vérité, il y faut de l’application, de l’amour, une juste considération de l’intérieur de l’homme et une vive connaissance, réfléchie et réelle, de l’intention de l’esprit parmi les choses et auprès des gens. L’homme ne peut pas l’apprendre par la fuite, en fuyant les choses et en se détournant de l’extérieur pour pénétrer dans la solitude ; il doit bien plutôt apprendre la solitude intérieure (…) Sans doute une œuvre n’est-elle pas semblable à l’autre, mais pour celui qui accomplirait ses œuvres dans un même esprit, en vérité, toutes ses œuvres seraient semblables, et pour celui qui agirait droitement, en vérité, Dieu rayonnerait dans les choses profanes aussi clairement que dans la plus divine. (…) Il ne suffit pas que nous renoncions une seule fois à nous-mêmes avec tout ce que nous avons et pouvons, il nous faut nous rénover souvent, et ainsi nous rendre simples et libres en toutes choses. (…) Nous devons posséder toutes choses comme si elles nous étaient prêtées, non données, sans aucune propriété, corps ou âme, sens, facultés, biens extérieurs, amis, parents, maisons et terre, et toutes choses. »

Maître Eckhart, Traités

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* Notre montée vers Pâques 2021 : les dates à retenir !

 

« Sur les pas du pape François »

NOUS HABITONS TOUS LA MÊME MAISON.

Guidée par Laudato Si, la communauté paroissiale s’associe pour vivre ce temps de Carême à l’engagement proposé par le CCFD «pour habiter la même maison et construire une Terre solidaire», et au cheminement de notre diocèse «Appelés à la conversion écologique». Des livrets spirituels sont à votre disposition à l’entrée de l’église.

TROIS PROPOSITIONS POUR VIVRE CE CAREME :

1. POUR APPROFONDIR NOTRE FOI ET NOTRE DEMARCHE SPIRITUELLE,

o partager la réflexion engagée depuis la Toussaint pour « redécouvrir la messe » en échangeant avec tous les contributeurs, le samedi 6 mars de 14H à 16H, dans un lieu qui reste à fixer, en fonction du nombre et des consignes sanitaires.

o Relire et partager nos réflexions autour de la première moitié du chapitre 6 de Laudato Si «Éducation et spiritualité écologique», au cours de 3 groupes de lecture d’une heure, les vendredi 5, et 12 mars,  mercredi  17 mars (modalités et horaires à préciser sur la feuille hebdomadaire). Ce cheminement se conclura par une rencontre animée par Claude Compagnone, le samedi 20 mars,reportée au 2 avril autour du thème «Spiritualité et Écologie  » de 16 h  à 17 h 30 après le Chemin de croix, Contact et inscription : Marie-Odile Nouvelotsu

2. POUR CONCRETISER NOTRE ENGAGEMENT DANS L’ANNEE «LAUDATO SI»

o On peut participer au chantier de rénovation de la cour principale réalisé avec l’appui de la MJC – CS Montchapet. Objectif : revégétaliser la cour principale et la rendre plus conviviale en construisant quelques équipements en bois (plusieurs bacs à plantes, une boîte à livres, etc.). Rendez-vous ce samedi 20 février (de 14H à 17H) et/ou le samedi 27 mars (de 14h à 17H). Contact et inscription : François Castanié.

o On peut aussi contribuer à la collecte de boîtes de conserve, de petits pots de bébé et de produits d’hygiène pour la Banque Alimentaire de Bourgogne

3. POUR ASSOCIER LES ENFANTS, PETITS ET GRANDS, ET LEURS PARENTS, A CETTE DEMARCHE, nous organiserons deux célébrations « pour semer des graines d’Amour qui vont fleurir et déborder de Vie à Pâques »

– L’une avec les enfants du catéchisme le 27 février, de 15 h à 16 h, pour « Louer la beauté de la Création « et leur remettre un « kit de graines ». Contact et inscription : Catherine Marchal

– L’autre, avec les enfants du catéchisme et du MEJ le 27 mars, à partir de 14h, pour participer aux premières plantations et à la décoration de la boîte à livre dédiée au père Dominique. Ce chantier sera suivi de la célébration  à 16 h 30. Tous les enfants et les jeunes de la paroisse sont vivement invités à prendre part à cette action. Contact et inscription : Catherine Marchal et Nathalie Sicard.

l’Aile va proposer aux petits enfants un récit suivi de la Création avec quelques réflexions et activités, tout au long des 6 dimanches de Carême. Les livrets d’accompagnement seront mis sur le Blog de St Jo et édités pour être remis le dimanche aux enfants présents, ainsi qu’aux parents et grands-parents qui le souhaitent.

20 février 2021 |

* redécouverte de la Messe : étape 11 : LA MESSE SUR LE MONDE du Père Teilhard de Chardin

« Puisque, une fois encore, Seigneur, je n’ai ni pain, ni vin, ni autel, je m’élèverai par-dessus les symboles jusqu’à la pure majesté du réel, et je vous offrirai, moi votre prêtre sur l’autel de la terre entière, le travail et la peine du monde. »

Ainsi prie le père Pierre Teilhard de Chardin, dans le désert des Ordos (Chine) en 1923.Comment ne pas associer à sa prière tous ceux qui, de par le monde, sont privés de la célébration eucharistique, par la distance, la persécution, l’isolement, la solitude ou l’immobilisation ? Avons- nous conscience qu’il y a des présences /absences et que nous pouvons, par la grâce de l’Esprit vivre la Messe avec et pour eux ?

Il poursuit : « Un à un, Seigneur, je les vois et je les aime.. . Je les compte et plus confusément, je les évoque, ceux qui forment la masse innombrable des vivants…Tout ce qui va augmenter dans le monde, au cours de cette journée, tout ce qui va mourir aussi, voilà ce que je m’efforce de ramasser en moi pour vous le tendre… Recevez, Seigneur, cette Hostie totale que la création vous présente à l’aube nouvelle : ce pain, notre effort, ce vin notre douleur ; au fond de tout cela vous avez mis, j’en suis sûr, un irrésistible et sanctifiant désir qui nous fait tous crier, depuis l’impie jusqu’au fidèle : « Seigneur faites-nous uns ! »

N’est-ce pas le sens de la parole du prêtre, au nom de tous : « Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donne ce pain, fruit de la terre,-ce vin fruit de la vigne,- et du travail des hommes, nous te le présentons, il deviendra le pain de la vie, le vin du Royaume éternel »? Laissons le père poursuivre : «Et maintenant par ma bouche, prononcez sur lui, la double et efficace parole avec laquelle tout se rejoint et se consolide à perte de vue. Sur toute vie qui va germer, croître, fleurir et mûrir en ce jour, répétez : Ceci est mon corps » et sur toute mort qui s’apprête à ronger, à flétrir, commandez : »Ceci est mon sang ».C’est fait! Le feu, encore une fois a pénétré la terre ; la flamme a tout illuminé par le dedans…le Verbe a prolongé l’acte sans fin de sa naissance ; et par la vertu de son immersion au sein du Monde, les grandes eaux de la matière, sans un frisson, se sont changées en vie : l’Univers, immense Hostie, est devenu Chair. Toute matière est désormais incarnée, mon Dieu, par votre Incarnation…

C’est le grand mystère de Sa Présence réelle et de nos communions. Ainsi, toutes les communions de notre vie ne sont en fait que les instants ou épisodes successifs d’une seule communion, c’est à dire d’un seul et même processus de christianisation. Et ce n’est pas encore tout : si c’est vrai de moi, c’est vrai de tous, présents ou passés ou futurs. Si toutes mes communions ne forment qu’une seule grande communion, les communions de tous les hommes, de tous les temps ne font, elles aussi, qu’une seule et encore plus vaste communion, coextensive cette fois à l’histoire de l’humanité. (Cf Je crois. p.192)

N’est-ce pas ce que nous dit St Paul : « C’est en Lui que sont créées toutes choses dans les cieux et sur la terre. Tout fut par Lui et pour lui, Il est avant toutes choses et tout subsiste en Lui » Col.1,15-17

« Plus nous communions au Christ-ressuscité, plus notre matière est transfigurée, et plus la terre aussi, de plus en plus profond, au cœur. »( D.N.)

Thérèse L.

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*prière universelle préparée par l’E.A.P. pour les obsèques du Père Dominique

Le Célébrant :

En ce jour où nous sommes réunis pour accompagner notre ami, notre frère, notre pasteur Dominique, Seigneur nous te prions

chant :  Seigneur fais de nous des artisans de paix,

Seigneur fais de nous des bâtisseurs d’Amour.

1 – Seigneur, nous te rendons grâce pour notre Père Dominique dont la belle voix grave et douce et le regard pétillant ont si bien habité nos célébrations et nos rassemblements communautaires

2 – Seigneur, nous te rendons grâce pour la confiance que notre Père Dominique nous a insufflée à tous, grands et petits, pour grandir dans la Foi, en esprit et en actes. Donne-nous d’être des missionnaires d’Espérance.

3 – Nous te rendons grâce pour la beauté des liturgies animées par nos équipes sous la conduite de notre Père Dominique. Aide-nous Seigneur à découvrir la profondeur et la force de ton message évangélique pour que nous puissions le partager avec joie.

4 – Tu connais, Seigneur, tous les efforts des hommes pour vaincre la maladie, la souffrance, l’injustice ; toute la solidarité humaine face à l’épreuve. Avec tous ceux et pour ceux qui ont entouré d’affection et de soins notre père Dominique, Seigneur nous te prions.

5 – Seigneur, nous te rendons grâce pour tous ces mouvements, « femmes et hommes de bonne volonté » œuvrant pour le bien commun accompagnés par notre père Dominique. Donne-nous sa ténacité au service de la maison commune.

6 – Merci Seigneur de nous aider à vivre en imitant le Christ à l’image de notre frère Dominique. Donne-nous de vivre avec et comme Jésus.

Le Célébrant :

Père éternel, envoie ton Esprit de force, d’Amour et de maîtrise de soi, sur tous tes enfants qui te cherchent, souvent sans le savoir. Toi qui fais briller la Vie et l’immortalité par ton Évangile.

19 février 2021 |

* Texte d’Action de grâce des jeunes lors des obsèques du Père Dominique

Dominique,


Ce mot a été écrit par une quarantaine de jeunes de la paroisse : de l’aumônerie, du MEJ, des
groupes de musique, des scouts de France ou tout simplement des jeunes de St Jo que tu as aidés à grandir.
Comme le saint patron de ta paroisse, Joseph, animé d’une foi ardente, tu n’aimais pas être en lumière mais avait pour sacerdoce de nous faire découvrir la lumière de Dieu dans nos vies.

Merci pour ton accueil, ta bienveillance, ton écoute et ton humanité. Avec toi, chacun d’entre nous s’est senti unique, encouragé à se surpasser et aimé pour ce qu’il était.

Merci d’avoir été là au quotidien et pour tous les sacrements, fêtes et passages importants de nos vies. Tu as été là comme un membre de notre famille. Avec toi, on a partagé tellement de bons
moments.

Merci pour ces bols de riz, méchouis, patates au feu de bois, kebabs, apéros du dimanche après la messe et autres banquets dans nos maisons, ou à la salle paroissiale. Avec toi on a vraiment bien mangé.

Merci de nous avoir accompagnés dans nos projets, missions à l’étranger, concerts, groupes scouts ou MEJ, ou autres engagements. Avec toi, on a pu grandir.

Merci de nous avoir accueillis dans nos différences, quels que soient notre religion, notre âge, nos convictions ou doutes. Avec toi, chacun s’est senti enfant de Dieu.

Merci de nous avoir pris au sérieux, de nous avoir partagé ton érudition, ta connaissance de la Bible, ton goût des livres. Avec toi, nous avons compris l’importance du Verbe.

Merci pour ta curiosité qui était un pont vers les autres : vers les autres croyants, nous nous souvenons des visites du Temple ou de la Synagogue ; vers les étrangers, nous nous souvenons de
tes origines allemandes, de tes dons de polyglotte et de l’aide aux réfugiés ; vers les plus démunis, nous nous souvenons de ton attention à la dignité de tous. Avec toi, on a découvert l’esprit de
solidarité, les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, comme nous y encourage Vatican II.

Merci pour ton amour de la musique, des contretemps et des pauses. Toi seul savais faire ce soupir si caractéristique pour donner du poids à tes propos. Avec toi, on a goûté ton sens du rythme et la longueur variable de tes homélies.

Merci pour ta capacité à être sincèrement heureux de ce que vivent les autres, pour la fierté spontanée que tu avais de nous voir grandir. Avec toi, on s’est senti en confiance.

Merci d’avoir donné autant de place aux enfants, jeunes et femmes dans la liturgie. La diversité de notre paroisse était représentée aussi bien dans la procession des offrandes, qu’au moment des lectures, du Notre-Père autour de l’autel ou des images distribuées aux enfants. Avec toi, quelle que
soit notre condition, nous nous sommes sentis pleinement intégrés dans l’Eglise et dans la communauté paroissiale.

Merci pour ta joie et ton amour de la vie, vrai témoignage de ta foi. Quand on te demandait comment tu allais, tu répondais : « Je suis heureux de vivre ». Avec toi, on a compris que la vie est un cadeau.

Merci Dominique pour les liens que tu as permis de tisser au sein de notre communauté. Tu as été une pierre angulaire pour notre paroisse, où tu as insufflé des valeurs d’amour, d’amitié et
d’entraide. Nous les jeunes et ex-jeunes, à travers ce texte écrit à presque 80 mains, nous en sommes la preuve.

Merci pour ton grain de folie, ta spontanéité, ton côté punk, ton anticonformisme. Pour nous tu resteras Dominique ou “Dom” pour les intimes.

Désormais comme tu nous le faisais répéter, tu peux, à l’instar de Samuel, dire au Seigneur avec ta voix de basse « me voici ».

Merci Dominique, tu étais un bâtisseur du Royaume.

Adélaïde, Anne-Thérèse, Agathe, Amélie, Antoine, Bénédicte, Blandine, Claire, Claire, Clément,
David, François, Gaëlle, Jacques, Jeanne, Jérôme, Lazard, Leyre, Louise, Luc-Marie, Luce, Marcos,
Margaux, Margo, Marie, Marie, Marie-Alix, Marie-Juliette, Martin, Martin, Mathie, Matthieu,
Mathilde, Palmyre, Paloma, Pierre-Louis, Pierre-Roger, Quentin, Sara, Selma, Sophie, Thibaud,
Théophile, Théophile, Timothée, Xavier, et tous les autres jeunes et ex-jeunes de St Jo

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* homélie de Claude Compagnone, diacre, le 18 février 2021 lors des obsèques du Père Dominique

Homélie de Claude COMPAGNONE, diacre lors des obsèques du Père Dominique NICOLAS Église Saint-Joseph de Dijon, le jeudi 18 février 2021 Ap 21, 1-15, 22-27 ; Jn 11, 1-7, 17-45

Cher Dominique,

cher Père, notre pasteur,

notre ami, notre frère.

Tu as choisi ces textes de Saint Jean que nous venons de lire pour que nous puissions accompagner ta dépouille vers sa dernière demeure. Nous sommes là, en ce jour, réunis autour de toi, présents en pensée ou physiquement, pour te rendre hommage, nous tous qui t’avons aimé et qui venons d’horizons tellement différents, ces horizons que tu as su conjuguer durant une vie entière passée au service de notre Seigneur Jésus-Christ.

Les deux textes que tu proposes à notre réflexion parlent de la résurrection. Ces deux textes disent pleinement ta vie et ton espérance. Dans l’un, il s’agit de l’histoire de Lazare, malade, mort, mis au tombeau et enfin ramené à la vie par Jésus notre Seigneur. Dans l’autre texte, il est question de la cité céleste, la Jérusalem nouvelle, lieu de vie après la mort, où Dieu est pleinement présent et où règnent la lumière, la vérité et la pureté. Ce que nous disent ces deux textes, au-delà des événements et des lieux qui s’y trouvent décrits, c’est comment Dieu nous aime, nous tous et chacun d’entre nous, comment il entre en relation avec nous et comment il nous donne la vie.

Dans l’évangile, il nous est dit que Jésus, le fils de Dieu, aime Lazare et ses sœurs Marthe et Marie. Et pourtant, Jésus laisse Lazare traverser la mort pour que, en voyant ce dernier revenir à la vie, le plus grand nombre croit et soit sauvé. C’est cela qui compte aux yeux du Christ, au-delà de son propre amour pour Marie, Marthe et Lazare : sauver le plus grand nombre. Ainsi, nous dit le texte, « beaucoup de Juifs qui étaient venus auprès de Marie et qui avaient vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui ». Lazare, qui ne dit rien dans cet épisode, mais qui est accompagné de la foi de ses sœurs, est un ouvrier du Christ : il accepte de traverser la mort et de revenir à la vie. Il ne dit rien dans ce texte, mais il n’est pas pour autant un simple objet balloté au gré des événements. Sans son acceptation et la confiance qu’il y a en lui à traverser la mort, il n’y aurait pas de retour possible à la vie et il n’y aurait pas cette conversion de cœur d’une partie de cette foule qui entoure Marthe et Marie. Lazare est l’ouvrier muet du Christ pour la conversion de cœur du plus grand nombre.

Comment ne pas voir, aujourd’hui, Dominique, en Lazare ce fidèle ouvrier de Dieu que tu as su être ? Tu as fait de ta vie un hymne à la vie, avec courage, détermination et persévérance. Tous ceux qui t’ont connu à un moment ou à un autre de ton parcours de vie, te reconnaissent cette force à donner la vie et à défendre la vie. Tu as porté la souffrance de la maladie, du handicap et de ce corps usé, après des dizaines d’années passées assis dans un fauteuil. Tu es allé d’abandon en abandon, renonçant à jouer du violon, renonçant aux voyages que tu aimais tant, renonçant à ta voiture aménagée, renonçant à ton autonomie dans les gestes quotidiens, renonçant à te tenir assis ces 5 derniers mois. Et je ne t’ai jamais entendu râler ou te plaindre, jamais entendu dire que nous avions de la chance et que tu n’en avais pas. Tu témoignais d’une vie indestructible. Comment faisais-tu ?

Ton souci permanent, jusque dans tes derniers jours, est toujours allé à la croissance des communautés dont tu avais la charge, dans sa relation à Dieu, dans son amour envers le prochain. Tu as été le pasteur de celle de Saint-Joseph pendant 23 ans et nombreux sont ceux qui se souviennent du souffle de tes homélies qui disaient l’amour de Dieu pour l’homme. Tu ne faisais pas semblant d’être là : tu y étais pleinement, en profondeur, homme priant, quel que soit ton état physique. Qui pouvait voir ces jours où tu étais épuisé ? Qui pouvait voir ces jours où l’énergie te quittait ? Tu étais fidèle au service, fidèle aux écritures saintes, jusqu’au bout, assurant les offices, les réunions et les dialogues impromptus avec qui te demandait de l’aide. Ta vie était totalement au Seigneur et dans le Seigneur. En particulier, tu as toujours été attentif à ce que notre communauté – Saint- Joseph, bien sûr, mais de manière plus large notre Eglise – soit ouverte au monde extérieur et accueillante à tous. Tu as toi-même tissé de nombreuses relations, avec nos frères protestants, orthodoxes et juifs et avec différentes associations. Tu as toujours pris soin de donner leur pleine place aux femmes et aux enfants. Nos enfants se souviennent de l’intérêt vrai que tu leur as toujours porté. Tu as toujours été attentif à ce que les nouveaux arrivants ne soient pas laissés sur le pas de la porte.

Mais la pointe de ton souci, de ton attention à l’autre, a toujours été orientée vers le plus faible, le plus démuni, le moins pourvu en différentes formes de capitaux. Tu portais ainsi une affection particulière à la communauté d’Emmaüs et aux personnes du quart-monde. Tu as toujours ouvert ta porte à des personnes en marge du système établi même si, parfois, aux yeux de certains, cela faisait un peu désordre.

Ton dernier compagnonnage, tu l’as ainsi vécu avec notre ami migrant albanais. C’est lui qui dans une amitié filiale t’a aidé quotidiennement pendant des années ; c’est lui qui était présent en permanence à tes côtés pour t’assister au cours de tes hospitalisations à domicile de ces derniers mois ; c’est lui qui déployant une inlassable énergie t’a visité à l’hôpital, quels que soient les interdits, et a joué le rôle d’intermédiaire entre toi et la communauté lorsque le simple fait de tenir un téléphone t’était devenu impossible. Dans ces retournements de situation que tu aimais, l’étranger est devenu plus proche qu’un proche.

C’est cette relation joyeuse aux autres et à Dieu qui t’a nourri et que tu as voulu inlassablement nous proposer. Ce à quoi tu n’as jamais renoncé, ce qui t’a porté et ce qui nous a alimentés, c’est ton goût des autres, c’est ton désir de Dieu, c’est cette appétence à rencontrer l’autre et à lui faire découvrir la parole et l’amour de Dieu. Cette appétence était le désir profond de voir apparaitre la merveille qu’il y a en chacun de nous, et si cette merveille échappait à nos propres yeux, de la révéler par des interrogations dont tu avais le secret. Tu avais un style d’interlocution bien à toi, qui parfois, je dois l’avouer, laissait certains d’entre nous perplexes. Ceux qui ont pu t’assister dans les gestes de la vie quotidienne en sont sortis grandis à pouvoir être tes bras, tes mains ou tes jambes. Ils se sont faits serviteurs. Dans ta faiblesse d’homme handicapé tu as su forger une communauté forte de serviteurs.

Dominique, notre Père, notre ami, notre frère, il nous faut te laisser t’en aller. Tu es parti en plein exercice de ton ministère de prêtre et sans avoir à affronter ce qu’aurait été ta vie de retraité fortement handicapé. Nous pleurons ton départ mais nous sommes aussi dans la joie. Nous savons que tu es auprès de Dieu, auprès de celui en qui tu as mis toute ton espérance et ta confiance, celui qui te redonne la vie pleine et entière. Merci à toi pour tout ce que tu nous as donné, merci du cheminement que tu nous as proposé pour suivre notre Seigneur Jésus. Comme Lazare, tu as été un fidèle ouvrier.

« Que jusqu’à la prochaine rencontre, Dieu te garde dans la paume de ses mains… »

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* redécouverte de la messe : étape 10 : les mots de la messe

  « FAITES CECI EN MÉMOIRE DE MOI »« QUOI,
 DE TOI SEIGNEUR, J’AI À ME SOUVENIR ? »

Faites ceci : Dans l’épisode de la multiplication des pains (Jn 6,1-16) ; les
morceaux de pain, rompus par le Seigneur, passent dans les mains des disciples, qui les distribuent. C’est « faire » avec Jésus, c’est « donner à manger » avec Jésus.
Au repas du Jeudi Saint (Jn 13,1-15), Jésus institue le mémorial de sa Pâque, il donne son Corps et son Sang. Puis Il dit :« prenez le pain, rendez grâce et rompez-le ; prenez le calice, rendez grâce et distribuez-le » Jésus commande de répéter son geste. Et ce geste est parvenu jusqu’à nous. Faites ceci veut dire : Faire ce que Jésus a fait.

En mémoire de moi : Le mémorial remonte à la célébration de la Pâque ancienne : « Ce jour-là vous en ferez mémoire». Dans toutes vos générations vous la fêterez, c’est un décret perpétuel
(Ex 12,14).
Faire mémoire est un terme extrêmement riche et fondamental dans la Bible. Dieu se souvient de l’homme et le croyant doit se souvenir de Dieu. Le souvenir est le temps d’un dialogue interpersonnel que constitue l’Alliance.
L’eucharistie est un sacrifice, en tant qu’elle est le mémorial sacramentel de l’unique sacrifice de la croix dans un lien entre hier et aujourd’hui, un événement sauveur, toujours actuel.

Le Seigneur soit avec vous : traduction de Dominus vobiscum, est une formule qui apparaît au début du 3ème siècle dans deux prières eucharistiques.
La formule a une origine biblique : « Je serai avec toi ! », dit Dieu à Moïse quand il lui demande de faire sortir son peuple d’Égypte (Ex 3, 12) et plus tard, à ses élus, dans les récits de vocation ; (Jg 6,12 ; Jr 1,8.19). L’ange Gabriel salue Marie avec la même expression (Lc 1,2.
Quatre fois au cours de la messe, le célébrant agissant comme ministre, dit « le seigneur soit avec vous » pour affirmer la présence du Ressuscité. Cela rappelle que la prière liturgique est celle de l’Église tout entière. La présence du Seigneur parmi son peuple est effective. C’est toujours Lui qui s’adresse à l’assemblée par la voix du célébrant.

Amen, est un mot hébreu qui signifie : solidité, fermeté. Il était largement utilisé dans le culte juif, comme une affirmation : « C’est vrai, d’accord ! ». Jésus l’emploie parfois (amen, amen) pour accentuer la solennité d’une affirmation. La tradition chrétienne a gardé ce mot intraduisible, pour exprimer la pleine adhésion de foi.

« Et avec votre esprit », est la réponse des fidèles à la salutation du célébrant. Le “votre” se réfère à celui qui préside la célébration.
Cette expression est dite clairement en 2 Timothée4,22 : “Le Seigneur soit avec ton esprit ! La grâce soit avec vous tous !”
L’expression nous révèle que Dieu se donne par l’intermédiaire de ses ministres. Avec cette réponse, l’assemblée reconnaît également que le Christ est présent dans la personne du célébrant du fait de son ordination.

P. Albert Zoungrana, Curé d’Is sur Tille, aumônier deLourdes-cander-espérance

15 février 2021 |

* homélie du 7 février 2021

par Francis ROY, diacre

En reprenant sereinement mais aussi sérieusement les textes de ce jour, en commençant par la première lecture, on peut être étonné. « La vie de l’homme est une corvée ! ». Ce genre d’affirmation dérange. Parce qu’elle sonne vrai. Parce qu’elle est nôtre. Parce qu’elle est dans la Bible. Parce que la liturgie prétend qu’elle peut nourrir notre prière de ce jour, etc.…

Attention, parce que la Bible est pour nous la Parole de Dieu, nous avons tendance à croire qu’elle ne contient que des « histoires vraies ». Est-ce si évident ? L’Évangile lui-même, dans ses paraboles, a parfois pris des exemples extraordinaires : remise d’une dette colossale en Matthieu ou encore le bon samaritain payant la dette d’un juif à l’auberge en Luc et Jean. Il ne faut pas nous étonner si, dans l’Ancien Testament, des choses très sérieuses nous sont enseignées à travers des récits plus ou moins fictifs et romancés. Le livre de Job, merveille de dialogue entre Dieu et l’homme, nous enseigne sur le mystère inexplicable de la souffrance subie par « le juste », souffrance qui reste un mystère !

Job a le sens de l’image qui touche. Il compare l’homme à un esclave qui ne subsiste que par un travail forcé, qui peine sous la charge sans qu’elle ne lui apporte de sécurité pour l’avenir ni de satisfaction pour le présent. Il travaille pour un autre et sait que dans sa vie, il n’y a plus de place pour le bonheur. Bref, une seule solution réaliste : le « zéro espérance » !

Pourtant, au milieu de cette nuit de l’absurde, une lumière jaillit : « Souviens-toi ! », « Souviens-toi, Seigneur » ! Ce sont les premiers mots de la prière d’Israël… « Souviens-toi Israël, le Seigneur est Un ». Ce sont les mots qu’on retrouve dans bon nombre de psaumes. Au cœur de sa détresse, Job tutoie donc Dieu et lui demande de se souvenir de son amour, de son Alliance. « Souviens-toi, ma vie n’est qu’un souffle », c’est-à-dire « Seigneur, vois ma faiblesse, souviens-toi aujourd’hui car demain il sera trop tard ».

Quelle espérance ! Job nous rappelle que le Seigneur est proche, que Dieu est présent au fond de nos abîmes. Il est bon de se le rappeler. En effet, notre souffrance peut être telle que tout le champ de notre conscience soit tout occupé par elle, au point que notre regard sur Dieu soit marqué par cette souffrance. Il nous est méconnaissable. Notre souffrance défigure Dieu.

Dans une telle impasse, Job nous révèle qu’il reste toujours une issue, il existe un chemin vers Dieu, dont la porte d’entrée est notre sens inné de l’absurdité de la souffrance. Notre être qui s’insurge contre la souffrance est justement celui que Dieu atteint. Le cœur en révolte contre le mal subi est celui qui a un passé en commun avec le Dieu Bon et qui peut lui dire dans l’intimité : « Souviens-toi, Seigneur, de ton amour ».

Il n’est pas possible qu’il nous laisse sombrer dans le non-sens du mal. Le Créateur a en effet ordonné magnifiquement le monde où nous vivons. Il déborde de sens. Il indique sa source et son terme. Le psalmiste le reconnaît quand il s’écrit : « Il compte le nombre des étoiles, il donne à chacune un nom ». C’est en-soi une vraie bonne nouvelle. L’univers a été réalisé par Dieu, et ça change tout. « Alléluia », clame-t-il encore, vive le Dieu qui libère son peuple, vive le Dieu qui « guérit les cœurs brisés et soigne les blessures » ! C’est un cri de victoire et de reconnaissance qui fait taire la plainte de la souffrance. Dieu a toujours le dernier le mot, qui est l’amour.

La preuve nous en est donnée dans l’évangile. Jésus se penche vers les malades, et les guérit tous. En les libérant, il montre qu’il ne veut pas la maladie et la souffrance qui accablent l’homme. Elles ne sont jamais bonnes en elles-mêmes, même s’il est possible d’en faire un chemin de croissance spirituelle. Mais, de grâce ne retombons pas dans le dolorisme de nos ainés.

Le seul état que Dieu désire pour nous est celui de ressuscité. C’est ce qu’atteste la guérison de la belle-mère de Simon. Jésus la prend par la main et la fait se lever, montrant ainsi qu’il veut pour l’humanité malade du péché et de ses conséquences, la gloire de la résurrection. Il nous montre aussi combien Job visait juste. Jésus qui guérit est un Dieu proche. Dans cette scène que nous rapporte saint Marc, pas de grand discours, pas de considérations sur l’origine de la maladie, sur la façon dont elle a pu être contractée. Il n’y a pas, cette fois-ci, de public qui se presse à la porte, il n’y a pas de question qui oppose les témoins, aucun étonnement. Tout est simple et naturel. Dans l’intimité d’une maison, dans le calme d’un foyer, Dieu donne sa réponse aux cris de Job, elle se dit dans le silence de la main tendue de Jésus, qui relève et rend la vie.

Ces textes sont une bonne préparation à la journée des malades qui sera célébrée jeudi. Mais Jésus a autre chose à nous dire et il doit être entendu. Sans faire passer le disciple avant le maître, écoutons et entendons le cri de saint Paul : « Malheur à moi, si je n’annonce pas l’évangile ». « C’est pour cela que je suis sorti » dit Jésus. Les deux expressions sont équivalentes. Jésus n’est pas venu pour attirer les foules autour d’un thaumaturge mais pour les enseigner, les rassembler et les conduire à la maison du Père. S’il fait taire les démons, s’il ne répond pas à l’appel pressant de la foule au petit matin, c’est pour que son propre enseignement soit entendu. Et en se mettant en marche, il nous enseigne que lui, le Dieu qui se fait proche, il est ailleurs. Il est au-delà de nos attentes, car elles sont trop petites pour le contenir.

Au terme de l’évangile, Jésus ouvre un chemin où nous sommes tous invités à le suivre. Là est sans doute le plus grand enseignement à mettre en œuvre pour notre semaine à venir. Tout ce que Jésus a fait est destiné à être imité par ses disciples. Les demandes que nous lui adressons sont sans doute légitimes, notre attente d’être relevés comme la belle-mère de Simon est grande, mais nous ne vivrons de la joie de la résurrection que lorsque nous saurons modeler l’emploi du temps de nos journées sur cette journée ordinaire de Jésus que saint Marc vient de nous raconter. On ne peut pas vivre de lui sans vivre comme lui. Nous n’aurons sans doute pas à marcher à travers le pays ni à résister aux assauts de la ville entière, mais nous reconnaîtrons la présence du ressuscité quand à tout instant de nos journées nous serons tout tournés vers Dieu et vers nos frères, Dieu rencontré dans la prière, nos frères aidés à se mettre debout et à retrouver la dignité des fils de Dieu, la joie de servir notre maître. Car ce dont nous avons le plus besoin n’est pas tant d’être soulagés de nos souffrances, mais d’être sauvés. Or voici qu’il vient en nos maisons celui qui porte le salut, accueillons-le humblement en criant de joie. AMEN.

8 février 2021 |