* redécouverte de la Messe : étape 11 : LA MESSE SUR LE MONDE du Père Teilhard de Chardin

« Puisque, une fois encore, Seigneur, je n’ai ni pain, ni vin, ni autel, je m’élèverai par-dessus les symboles jusqu’à la pure majesté du réel, et je vous offrirai, moi votre prêtre sur l’autel de la terre entière, le travail et la peine du monde. »

Ainsi prie le père Pierre Teilhard de Chardin, dans le désert des Ordos (Chine) en 1923.Comment ne pas associer à sa prière tous ceux qui, de par le monde, sont privés de la célébration eucharistique, par la distance, la persécution, l’isolement, la solitude ou l’immobilisation ? Avons- nous conscience qu’il y a des présences /absences et que nous pouvons, par la grâce de l’Esprit vivre la Messe avec et pour eux ?

Il poursuit : « Un à un, Seigneur, je les vois et je les aime.. . Je les compte et plus confusément, je les évoque, ceux qui forment la masse innombrable des vivants…Tout ce qui va augmenter dans le monde, au cours de cette journée, tout ce qui va mourir aussi, voilà ce que je m’efforce de ramasser en moi pour vous le tendre… Recevez, Seigneur, cette Hostie totale que la création vous présente à l’aube nouvelle : ce pain, notre effort, ce vin notre douleur ; au fond de tout cela vous avez mis, j’en suis sûr, un irrésistible et sanctifiant désir qui nous fait tous crier, depuis l’impie jusqu’au fidèle : « Seigneur faites-nous uns ! »

N’est-ce pas le sens de la parole du prêtre, au nom de tous : « Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donne ce pain, fruit de la terre,-ce vin fruit de la vigne,- et du travail des hommes, nous te le présentons, il deviendra le pain de la vie, le vin du Royaume éternel »? Laissons le père poursuivre : «Et maintenant par ma bouche, prononcez sur lui, la double et efficace parole avec laquelle tout se rejoint et se consolide à perte de vue. Sur toute vie qui va germer, croître, fleurir et mûrir en ce jour, répétez : Ceci est mon corps » et sur toute mort qui s’apprête à ronger, à flétrir, commandez : »Ceci est mon sang ».C’est fait! Le feu, encore une fois a pénétré la terre ; la flamme a tout illuminé par le dedans…le Verbe a prolongé l’acte sans fin de sa naissance ; et par la vertu de son immersion au sein du Monde, les grandes eaux de la matière, sans un frisson, se sont changées en vie : l’Univers, immense Hostie, est devenu Chair. Toute matière est désormais incarnée, mon Dieu, par votre Incarnation…

C’est le grand mystère de Sa Présence réelle et de nos communions. Ainsi, toutes les communions de notre vie ne sont en fait que les instants ou épisodes successifs d’une seule communion, c’est à dire d’un seul et même processus de christianisation. Et ce n’est pas encore tout : si c’est vrai de moi, c’est vrai de tous, présents ou passés ou futurs. Si toutes mes communions ne forment qu’une seule grande communion, les communions de tous les hommes, de tous les temps ne font, elles aussi, qu’une seule et encore plus vaste communion, coextensive cette fois à l’histoire de l’humanité. (Cf Je crois. p.192)

N’est-ce pas ce que nous dit St Paul : « C’est en Lui que sont créées toutes choses dans les cieux et sur la terre. Tout fut par Lui et pour lui, Il est avant toutes choses et tout subsiste en Lui » Col.1,15-17

« Plus nous communions au Christ-ressuscité, plus notre matière est transfigurée, et plus la terre aussi, de plus en plus profond, au cœur. »( D.N.)

Thérèse L.

20 février 2021 |

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