Première Etape : Le Seigneur invite (Toussaint 2020)
C’est repas de famille aujourd’hui.
Mami rassemble tout son monde « au chalet », près d’Annecy , face aux montagnes. Ce chalet est le lieu de ralliement de cette nombreuse famille (8 enfants, 32 petits-enfants ; ça fait du monde avec toutes les « valeurs ajoutées » !). Mami en est l’âme. Ce qui me stupéfie toujours, c’est qu’elle se souvient de tout : prénoms, parcours de vie…Tous, nous sommes importants à ses yeux, uniques.
J’ai prévu un petit cadeau pour ma grand- mère, quelque chose qui lui fasse plaisir. Pourtant, elle ne cesse de me répéter que le plus beau des cadeaux, c’est ma présence (et elle dit ça à tous ses invités).
Les tables de jardin sont sur la terrasse ; l’apéro est lancé. Mami embauche l’un pour servir à boire, l’autre pour faire « la jeune fille de la maison ».Elle a besoin de nous pour que la fête soir belle !
On s’extasie devant les sourires du petit dernier, on célèbre le nouveau boulot d’une jeune adulte. On fait connaissance du dernier venu (le chéri de ma cousine). Bref, on prend le temps de se poser, de (re)faire famille.
Mami est heureuse de nous savoir là, tout simplement. Sa joie, c’est de nous rassembler ; elle n’a pas besoin de le dire, ça se sent.
Le sens profond de la messe, c’est ça pour moi : un repas de famille où Dieu nous attend. Il se réjouit par avance de notre venue, guette l’arrivée de l’une, espère ardemment le retour d’un autre, absent depuis si longtemps…
Dieu est comme ma grand-mère (à moins que ce ne soit l’inverse ?) : Il invite chacun, chacune, nommément et il n’oublie personne.Impatient de nous revoir, de nous donner « de bonnes choses » à manger :son Amour, en fait…
A nous de faire nôtre cette invitation, de la relayer et d’être accueillant comme Lui (le petit nouveau, l’avons-nous vu ?).
Comme tout bon repas qui se respecte, la messe commence par « l’apéro ».
C’est le temps de l’accueil, l’ouverture de la célébration.On se dit « bonjour »au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, car c’est Dieu qui nous accueille et nous réunit.
Avec la prière pénitentielle, nous acceptons de nous poser, de nous désencombrer de nous-même pour être prêts à accueillir ce que Dieu veut nous offrir par la suite.
Puis nous célébrons aussi la bonté et la beauté de celui qui nous reçoit, en chantant la Gloire de Dieu, autrement dit sa présence au cœur même de nos vies.
Accueillis par Dieu, nous voilà disposés à L’accueillir… et, pourquoi pas, à nous laisser cueillir comme une fleur !
Pour aller plus loin :
Et pour vous, cela veut dire quoi « se sentir accueilli » ?
Comment faites-vous savoir à vos invités qu’ils sont attendus, lorsque c’est vous qui recevez ?
Clotilde B.
2ème étape : Le Seigneur nous attend à la table de la Parole ( 8 novembre 2020)
Dieu se donne dans sa Parole
A la messe du dimanche, on lit toujours un texte de l’Ancien Testament, un psaume, un texte du Nouveau Testament et puis l’Évangile. Pourquoi ? La Bible est le grand livre de la conversation de Dieu avec les hommes. C’est pourquoi après les lectures de la messe le lecteur dit « Parole du seigneur » et nous répondons « Nous rendons grâces à Dieu ».
C’est à la fois magnifique et étrange. Étrange car comment Dieu peut-il nous parler aujourd’hui ? Et magnifique car depuis les origines juives de notre foi, Dieu est un Dieu qui parle, qui nous parle «comme un ami parle à son ami» (Exode 33, 8-12).
La liturgie de la Parole est tout sauf un cours, mais une conversation entre un Dieu qui nous parle personnellement et qui attend que nous lui répondions. Mais comment l’écouter, comment se sentir concerné et touché aujourd’hui par sa Parole ? Dieu ne fait pas de grande théorie, il parle toujours au cœur de quelqu’un de bien précis dans un contexte bien particulier. Sa Parole est murmure pour Élie, appel pour Samuel, c’est une parole forte, vigoureuse pour Paul, un baume, une consolation pour la Samaritaine.
Pour nous aussi parfois, quand la Parole est proclamée, une phrase, un mot, se mettent à scintiller dans notre cœur, dans notre tête. D’où l’importance du lecteur qui prête sa voix, son corps, son cœur, son intelligence pour permettre à l’Écriture de faire Parole, à Dieu de se rendre présent et de parler à son Église.
La Parole n’est pas un filet d’eau tiède, de la guimauve, elle est «comme une épée à deux tranchants» (Hébreux 4, 12-13), vivante, agissante et efficace : Relève-toi, Talitha Qoum, dit Jésus à la petite fille, qui aussitôt se relève.
La Parole est capable de nous relever, de nous remettre en marche, de nous guérir, de nous réjouir. Elle est le signe efficace de la présence de Dieu dans nos vies, de son amour gratuit, qui agit et qui fait du bien.
L’Évangile, c’est la vie du Christ, la Bonne Nouvelle d’un Dieu qui se fait l’un de nous. C’est pourquoi le prêtre ou le diacre présente l’évangéliaire à l’acclamation des fidèles et l’encense parfois. C’est Jésus, le Verbe de Dieu, qui nous parle quand la Parole est proclamée dans l’Assemblée des croyants.
Le rôle de l’homélie est à la fois d’expliquer et de rendre actuelle cette Parole, d’en faire une parole qui nous secoue parfois, une parole qui nous transforme, qui nous libère, qui nous fait vivre. L’homélie est toujours l’intervention du pasteur qui nourrit ses brebis du pain, du bon pain, un pain nourrissant, de la Parole qui rassasie. Pour aider et continuer la route.
Le Pape François nous dit que «Il faut avoir un cœur ouvert pour recevoir la parole de Dieu dans son cœur. Dieu nous parle et nous l’écoutons, pour ensuite mettre en pratique ce que nous avons entendu. Il est très important d’écouter. Parfois nous ne comprenons peut-être pas bien car certaines lectures sont difficiles. Mais Dieu nous parle tout de même d’une autre manière.»
Pour aller plus loin :
Et moi, est-ce que je me rends disponible à l’écoute de la Parole ?
Est ce que je prends le temps de la lire avant de venir à la messe, pour mieux la comprendre et la méditer ?
Ai-je déjà eu les « yeux et le cœur qui scintillent » à cause d’un mot, d’une phrase ?
Est-ce que je pourrais raconter à d’autres comment cette Parole me parle aujourd’hui? Et comment elle me fait vivre ?
Nathalie J.
3ème étape : Le Seigneur invite à la table du Festin ! (15 novembre)
« Heureux les invités au repas du Seigneur ! »
La messe n’est pas un spectacle auquel on vient assister passivement ! C’est un moment privilégié de rencontre avec le Seigneur et de partage : partage de la Parole, partage du Pain et du Vin dans lesquels Dieu a pris Corps. Lors de l’Eucharistie, nous ne faisons pas simplement mémoire de ce qui s’est passé le jour du Jeudi-Saint ; nous sommes vraiment là, autour de la table où Jésus se donne réellement à nous, comme il l’a fait lors du dernier repas avec ses disciples.
Il y a un mot compliqué qui est parfois employé pour « dire » cette présence réelle : c’est le mot « transsubstantiation ». Il veut dire« que le pain et le vin gardent l’apparence du pain et du vin, mais qu’il ne s’agit plus que d’une apparence qui voile et signifie en même temps la présence réelle du Christ lui-même »
La scène que nous connaissons tous des disciples d’Emmaüs est construite comme une Eucharistie ; rappelez-vous : dans un premier temps, Jésus rejoint les deux disciples et chemine avec eux ; puis Il leur ouvre l’esprit à l’intelligence des Écritures ; enfin, il se met à table avec eux et se fait reconnaître à la fraction du pain avant de disparaître à leurs yeux. Eh bien, à chaque messe, nous faisons, comme les premiers disciples, cette expérience bouleversante du Christ ressuscité présent alors qu’il est physiquement absent,…
Oui, nous croyons qu’à chaque Eucharistie, nous recevons réellement en nous le Christ vivant, ressuscité. « Chaque fois que nous communions, dit le Pape François, nous ressemblons davantage à Jésus…voilà le prodige de la communion : nous devenons ce que nous recevons ! »
Et c’est bien pour cela que lorsque nous participons à la messe grâce à la radio ou la télévision, (et c’est déjà une chance de pouvoir le faire, nous l’expérimentons à nouveau en ce moment !) nous souffrons «d ’un manque »; d’où l’importance de porter le Corps du Christ aux personnes malades ou âgées qui le souhaitent. Partageons aussi la peine de ceux qui viennent à la messe sans pouvoir communier (les divorcés remariés par ex.)
Certes, le Christ n’est pas présent uniquement dans l’Eucharistie : il est présent par sa Parole, dans nos cœurs par son Esprit, et dans toutes les personnes que nous rencontrons…Mais la présence du Christ dans l’Eucharistie est la présence par excellence. C’est là qu’il nous rejoint, d’une façon adaptée à chacun, comme dans l’Ancien Testament lorsque la manne reçue dans le désert a un goût particulier pour chacun. C’est cette présence en nous qui nous transforme pour que nous soyons, à notre tour, présence auprès de nos frères, témoins de l’amour de Dieu.
Pour aller plus loin
Suis-je conscient(e), à la messe, que Dieu est réellement présent et qu’il se donne à moi en Nourriture ?
Est-ce que je me rends disponible intérieurement pour ce rendez-vous ouest-ce que je viens par habitude ? Est-ce que je communie par habitude ?
Que signifie pour moi le « AMEN » que je prononce lorsqu’on me propose « le Corps du Christ « ?
Jacqueline P.
Etape 4 : Le Seigneur envoie en mission ! (22 novembre)
Le seigneur nous envoie
Quand j’étais enfant, j’entendais : Ite e e e e e e e e missa est. Les 3 dernières syllabes se posaient comme 3 gouttes de cristal. On répondait : Deo gratias. Je pensais: je rends grâce parce que c’est fini ! Aujourd’hui, le diacre nous dit : Allez dans la paix du Christ. Nous répondons : nous rendons grâce à Dieu. Il y a, entre la forme latine et la forme actuelle, une inversion dans le rythme : le dynamisme qui était en finale (MISSA EST) se retrouve en tête : il s’agit d’ALLEZ (comme le coup d’envoi d’un match).
Et : »NOUS RENDONS GRACE A DIEU» : Nous remercions le Seigneur et nos frères à qui nous sommes unis par le partage de la Parole et la Communion : CHRIST en nous et nous ENSEMBLE avec lui. Nous sommes venus nous » reposer à l’écart » comme nous y invite Jésus, nous nourrir, faire corps. Maintenant il s’agit d’aller, mais nous ne repartons pas seuls, nous sommes habités. Nous sommes venus en offrande et nous repartons comblés, habités par la chaleur de l’amitié partagée, habités par un chant qui, peut- être, nous poursuivra tout le jour et que nous nous surprendrons à fredonner, habités par la parole qui nous a touchée et qui reste vivante habitée du Christ-Jésus…ou peut-être… à certains jours… nous repartons tout sec, sensiblement tout sec , au mieux pouvons- nous désirer : « je sais…mais c’est de nuit , c’est au profond de la nuit «(1) . ALLEZ, ces jours-là, c’est un envoi ou une dispersion ? Un retour en solitude ?… Ne nous laisse pas Seigneur, entrer en tentation ! La tentation de se croire seul parce que l’on se sent seul…)
Mais : »ALLEZ »… ? S’agit-il d’une fin comme je le pensais dans mon enfance ? Ou un départ, un élan : c’est le semeur qui sort pour semer, disperser sa semence. Et si le grain doit tomber en terre, se désagréger pour nourrir son germe, grandir et porter son fruit, en même temps, il entend Jésus murmurer : » le royaume germe déjà, ne le voyez-vous pas ? Avec, en son temps, la joie d’une petite moisson, promesse de la grande.
Et cela, DANS la paix du Christ… Questionnante expression : car si on me dit : va, le cœur apaisé, c’est déjà beaucoup, mais… DANS la paix, immergé dans la paix… Comme l’éponge est dans la mer : l’éponge dans la mer et la mer dans l’éponge…la mer de toutes les éponges, à la fois lien et milieu vivant, fécondant…
Et, LA PAIX DU CHRIST. Quelle paix Seigneur ? « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne « Jn 14,16. » Pensez-vous que ce soit la paix que je suis venu apporter sur la terre, non mais plutôt la division Lc 12,51. Le disciple n’est pas plus grand que le maitre. Oui Seigneur, ta paix gagne et gagnera, mais pas sans lutte. Ton arme : l’amour. Hier comme aujourd’hui, un amour bien concret dans le banal des jours, bien ancré dans son temps et son époque, pour le règne du Père jusqu’aux extrémités de la terre, jusqu’aux extrêmes du monde… le règne de l’amour : qu’à la question divine : « qu’as-tu fait de ton frère ? » nous puissions répondre : il avait faim et je lui ai donné à manger, il était sans abri je l’ai accueilli…
ALLEZ/ C’EST LA MISSION ? Est-ce que l’élan que me donne le « sacrement de la communauté »me pousse vers le monde, vers la vie selon les Béatitudes ? Mais pas sans te voir, Seigneur, où te verrons-nous ? « Je vous précède en Galilée. C’est là que vous me verrez comme je vous l’ai dit. » Mc 16,7
Aujourd’hui la Galilée est là, à notre porte, au carrefour de toutes les cultures, de toutes les conditions de vies et de toutes les opinions sur l’avenir de la planète, de toutes les souffrances, de toutes les espérances. Le pape François dans son encyclique Frattelli tutti émet le vœu que nous puissions, tous ensemble, faire renaitre un désir universel d’humanité… voici un très beau secret pour rêver et faire de notre vie une belle aventure… chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères (Ft 8)
Notes : (1) St Jean de la Croix. Poème : « Je sais une source »
(Ft8) Fratelli tutti introduction § 8 Thérèse L.