homélie de la fête de l’Ascension

par Francis Roy, diacre

 

L’évangile de Jean que nous avons lu dimanche dernier nous parlait de la promesse de Jésus de vouloir faire de chacun de nous la Demeure de Dieu. Avons-nous bien perçu que c’est le cœur de chacun de nous qui devient la Demeure de Dieu ?

Mais voilà qu’aujourd’hui, à travers ce que nous avons entendu dans les textes de l’Ascension, Jésus semble quitter les siens et s’en aller définitivement. En parlant des disciples on lit en effet : « … il se sépara d’eux ». N’est-ce pas contradictoire ? Essayons d’y voir un peu plus clair.

En considérant attentivement cet évangile, il y a ici la preuve que l’Ascension de Jésus n’est pas du tout une séparation, un abandon, mais, au contraire, ils ‘agit d’une présence différente, celle de l’Esprit. Et, en même temps, c’est une invitation faite aux apôtres (à nous, en définitive) à prendre leur (et notre) part de responsabilité en lien étroit avec lui, Jésus, et avec son Père. C’est ce qui nous est souligné par ces dernières paroles de l’évangile d’aujourd’hui : « … ils retournèrent alors à Jérusalem en grande joie ».

Pourquoi les apôtres seraient-ils retournés à leur quotidien « pleins de joie » ? De quelle nature serait-elle cette joie ? Certainement ils sont joyeux non pas parce que Jésus les a quittés et les a laissés orphelins ; évidemment non ! Mais parce qu’ils ont, enfin, compris ! Ils ont compris que maintenant Jésus est toujours présent, qu’il est vraiment l’Emmanuel, le Dieu-avec-nous et, aussi, quelle est leur place (et notre place) dans ce temps qui est ouvert devant nous. Ils ont compris quelle est, à partir de maintenant, la manière de s’engager en ces temps qui sont indiqués comme « le Temps de l’Eglise », le nôtre, le temps que nous vivons.

Il s’agit de reconsidérer avec le regard de la foi le sens, la signification profonde de la vie de Jésus, sa manière d’être, d’agir, de parler ; ce qu’il a fait, ce qu’il nous a dit ce qu’il nous a révélé et sa nouvelle manière d’être avec nous ; sa manière de se situer par rapport au mal, aux adversités, de faire face à la vie qui est la nôtre… tout cela a évidemment un rapport intime avec nous. Cela nous stimule à reconsidérer, à décrypter comment il a vécu parmi nous et comment il prend part maintenant à ce que nous vivons au quotidien.

Voilà le sens de cette joie qui peut nous habiter, même au cœur des adversités, toujours présentes dans nos vies. La force extraordinaire des martyrs, des grandes figures d’hier et d’aujourd’hui, le rayonnement des témoins du Christ s’explique, tout en nous surprenant et, en même temps, nous questionne en profondeur…

Voilà pourquoi les apôtres repartent dans la joie : ils ont pleinement conscience que Jésus reste toujours avec eux et qu’il ne les abandonnera jamais.

Et pour expliquer un peu mieux, par une comparaison, le sens de cette joie qui les habite, je pense ici à la transmission d’un savoir-faire, d’un art de la part d’un maître à son disciple. L’apprentissage n’est pas toujours évident ou, peut-être même, souvent ardu : on ne sait vraiment pas comment faire, nos mains sont engourdies nos mouvements, nos gestes sont maladroits ; nous ignorons la technique… Nous sommes des apprentis qui ne savons pas encore créer.

Mais la patience, notre soif de connaissance, l’attention, l’adresse et l’intelligence du pédagogue ont un beau jour le dessus : ce qui était impensable et en dehors de notre portée se réalise. Notre geste devient enfin fluide, l’instrument musical donne la note qu’on cherchait en vain, l’outil obtient ce qu’il ne pouvait pas donner auparavant. Le pinceau exprime enfin la beauté, le ciseau crée la forme désirée : voilà le fruit de tant de labeur, le fruit de la grâce mystérieuse. Tout cela nous conduit à la joie.

Cela ressemble (un peu) à la joie qui envahit les apôtres qui repartent après l’Ascension, et à notre joie, quand nous comprenons enfin qui est Jésus, lui qui nous fait confiance, lors qu’il nous envoie son Esprit pour qu’il soit à l’œuvre en nous.

Préparons-nous à accueillir ce don de l’Esprit que nous célébrerons à la Pentecôte. D’ici là, prenons la peine de reconnaître la présence de Jésus dans nos vies selon nos possibilités en donnant un peu de temps pour le rencontrer dans la prière par exemple, en participant à un office religieux, en lisant la Bible, en récitant le chapelet etc.…

Et, comme le dit si bellement la fin du passage de la Lettre aux Hébreux que nous avons lu : « Avançons-nous donc vers Dieu avec un cœur sincère, et dans la certitude que donne la foi, le cœur purifié de ce qui souille notre conscience, le corps lavé par une eau pure continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis. »

Amen.

 

 

31 mai 2019 |

Homélie du dimanche 26 mai 2019

par  Claude Compagnone, Diacre

Ac 15, 1-2.22-29 ; Ps 66 (67), 2-3, 5, 7-8 ; Ap 21, 10-14.22-23 ; Jn 14, 23-29

Relisons ces versets de St Jean pour les faire nôtres. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »

 

Que découvrons-nous dans ces quelques versets de St Jean ? L’identité du Christ : il est le Fils de Dieu, et croire en lui, c’est croire en Dieu ; le Dieu trinitaire, puisque Dieu le Père est en relation totale avec le Fils, mais qu’en plus il nous envoie son Esprit ; et enfin, l’amour de Dieu pour nous, puisque Dieu vient demeurer en nous, il fait de nous sa maison ! Oui, il fait de nous sa maison…

L’évangile de St Jean, suite à l’épisode du lavement des pieds (chap. 13), va dire, sur quatre chapitres (13 à 17), tout cela dans une respiration profonde. Ce n’est pas une explication philosophique, ce n’est pas un commentaire théologique, ce n’est pas le récit d’un événement de vie, c’est la vie elle-même portée par le souffle des mots. Il faut alors se laisser embarquer pour comprendre les choses. Faites-en l’expérience, sœurs et frères, lisez ces quatre chapitres, et laissez-vous prendre par cette respiration, ce souffle.

Mais nous pouvons aussi nous arrêter sur cette respiration pour comprendre comment elle touche notre intelligence. Selon St Jean, le Christ nous dit « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure ». Quelle simplicité dans la manière de dire les choses !

Deux éléments s’équilibrent dans ce verset. D’un côté, il y a nous, les hommes, qui agissons. Il y a l’amour que nous pouvons porter au Christ et le fait, comme conséquence de cet amour, de garder la parole du Christ. Aimer Jésus, c’est donc suivre son enseignement, c’est nous tenir à ce qu’il nous dit par les évangiles. Mais aimer Jésus, c’est aussi protéger sa parole, c’est la transmettre à d’autres, toujours et sans cesse, pour que cette parole puisse leur dire aussi à eux ce qu’est la vie, pour que cette parole puisse vivre en dépassant les contours de notre propre vie, de notre propre temps. Ce que nous recevons donc du Christ, la force de sa parole, ne peut être préservé qu’en le donnant à tous, qu’en le partageant, pour que la vie progresse.

Dans l’autre partie de ce verset, il y a Dieu qui agit. Le Père aime l’homme lorsque que cet homme aime le Christ. Aimer le Christ, c’est aimer Dieu. Si nous l’entendons aujourd’hui comme une forme d’évidence, il faut nous garder de tout anachronisme : c’est en fait une vraie révolution mentale que le Christ propose à ses disciples. Lui, homme, fils de charpentier, est l’expression historique de Dieu sur terre. Rien de moins ! Et de plus, l’un et l’autre, le Père et le Fils, viennent vers nous – ils font le premier pas -, et s’ils viennent vers nous, c’est pour faire en nous leur demeure. Faire en nous leur demeure… Si nous aimons le Christ, alors Dieu, à la fois Père et Fils, vient s’installer en nous. Nous sommes le sanctuaire de Dieu, nous sommes le temple de Dieu comme le dira St Paul.

Même si cela nous dépasse complétement, même si nous avons du mal à le comprendre, c’est pourtant bien ce qui nous est dit : Dieu, si nous l’acceptons, peut s’installer en nous et faire de notre être sa demeure sacrée. Nous sommes sacrés et le monde qui nous est donné est sacré. Tout homme ici ou ailleurs, migrant ou installé, est sacré, et cette sacralité, comme la parole de Dieu, ne peut être gardée, ne peut être préservée, qu’en étant partagée largement à tous.

Chez sœurs et frères, de nombreux observateurs décrivent notre temps comme un temps de crises multiples : crise écologique, crise climatique, crise des régimes politiques, crise de nos démocraties. A ces crises, nous pouvons rajouter une autre, pour nous catholiques, qui est la crise de notre institution face aux abus sexuels commis par des clercs ou religieux. Mais quel est notre devoir face à ces crises ? De nous asseoir et de dire que l’on n’y peut pas grand-chose ? De dire que cela s’arrangera bien tout seul ? De dire que d’autres plus intelligents que nous vont certainement agir ? Ou pire, dire que tout est pourri, que tout est mauvais, que tout est foutu ?

Non ! Notre devoir de vie est de nous laisser habiter par la parole de Dieu et de garder cette parole en la transmettant mais aussi en la faisant advenir. Cette parole nous dit que nous avons un rôle essentiel à jouer, nous peuple de Dieu, pour que le sanctuaire qu’est l’homme soit respecté, dans son développement, dans sa liberté, dans ses conditions de vie. C’est pour cela qu’il nous faut être attentif à la justice écologique et climatique, à la justice économique et sociale. C’est pour cela qu’il faut nous battre contre toutes les formes de systèmes qui, au nom du bien de quelques-uns, écrasent le plus grand nombre ou les plus faibles, ou dénature la création. En période d’élection, il est bon de se le rappeler…

Laisser Dieu habiter en nous en gardant sa parole, n’est donc pas une chose si facile. Il ne s’agit pas d’une douceur que l’on réserve à son for intérieur, que l’on cantonne au cercle strict de son intimité. Laisser habiter Dieu en nous, c’est agir continuellement et intelligemment pour le bien de l’homme, sanctuaire de Dieu et héritier et responsable de la création de Dieu.

 

 

26 mai 2019 |

5° Dimanche du Temps Ordinaire (18 mai 2019)

Un chrétien, c’est cela. C’est celui qui aime (dit l’Évangile). C’est celui qui croit profondément à une alliance avec Dieu, et croit que Dieu a de l’amour pour nous, qu’il n’a même que de l’amour, et qu’il est amoureux de nous, son humanité (c’est l’apocalypse). C’est celui qui admire l’oeuvre belle et bonne du seigneur parce qu’elle est faite de bonté pour tous (c’est le psaume). C’est celui qui prend modèle sur Paul…

Pourquoi Paul ?

d’abord, Paul est un homme qui n’a pas froid aux yeux. Il ne transige pas avec ses convictions, il sait que Dieu est Dieu et que lui seul, le créateur, peut donner force, vigueur et consistance aux humains. Il croit de toute son énergie que Dieu est fait pour tous, et que tous ont droit à Dieu. Tous, sans distinction de classe, de race ou de société ; tous, sans distinction de fortune ou d’intelligence ; tous, sans mérite de leur part sinon d’accepter d’être sauvés, d’être reliés les uns aux autres pour former le corps du Christ. Chacun a droit à Dieu à condition de savoir que tout vient de Dieu, et que Dieu est amour.

Oui, pourquoi Paul ? parce que Paul, c’est Paul plus Barnabé, plus Marc, plus Luc, plus Timothée, plus Epaphras, plus Sosthène, plus les Anciens, plus tous les autres. Et que Paul, c’est aussi tous ceux contre qui il ferraille et polémique.

Paul, si j’en crois des statisticiens américains, c’est l’homme capable de bâtir des voyages missionnaires de grande ampleur, qui ont coûté les yeux de la tête compte tenu du nombre de ses collaborateurs ; des voyages qui ont représenté entre 17 et 20 000 km parcourus, c’est-à-dire la moitié de la circonférence terrestre.

Paul sait que Dieu est universel et que Dieu donne des frères — des frères et sœurs !

Dieu donne des liens, des personnes reliées les unes aux autres, des personnes qui se rencontrent et se parlent, des personnes qui se tendent la main, en totale confiance. Des personnes qui veulent que tous aient de la vie, qu’ils aient la vie en abondance, la vie en totalité.

Alors Paul et les autres fondent des églises dans chacun des lieux où ils passent pour respecter le dynamisme de chaque lieu et de sa communauté. Et ils demandent que toutes ces églises se tendent la main et se parlent pour être la grande Église universelle du Seigneur Dieu créateur du ciel et terre, la grande Église du Christ Seigneur ressuscité.

La mission de ces missionnaires est d’apporter une joyeuse et bonne nouvelle : ce qui fut vécu par Jésus, nous pouvons le vivre encore aujourd’hui, et même nous, malgré tout ce que nous pouvons avoir été, être ou penser de nous.

La mission est d’apporter une joyeuse et bonne nouvelle : la bonne information que, en Christ, nous sommes déjà ressuscités et que la résurrection nous concerne aujourd’hui.

Montrer par notre manière de vivre que la résurrection n’est pas comme on dit un « doux espoir qui fait vivre » (du style de la chanson de Blanche Neige « un jour, mon prince viendra ») ni une consolation. La résurrection concerne le ici et maintenant, le aujourd’hui ; le concret, le en chair et en os, le moi personnellement au plus profond de moi-même. Donc aussi l’inouï, l’inaudible de chaque existence. Or rien de caché, dit l’Évangile, ne restera caché, hors de la lumière, hors du plein jour Le service de l’Église est de concerner toutes les personnes pour elles-mêmes et de manifester la lumière qui est en elles

Chacun de nous ressemble parfois à une île isolée, chacun de nos groupes peut ressembler à un château fort refermé sur lui-même. Mais les disciples de Jésus ont pour mission d’aller au-delà des apparences. Leur mission est de montrer un Dieu qui bâtit des ponts, un Dieu qui ouvre les portes et qui abat les murs. Un Dieu qui va au-delà du possible. Et si les disciples affirment que Dieu le fait, c’est parce qu’qu’ils le font, parce que nous le faisons.

L’information la plus joyeusement formidable de la bonne nouvelle, c’est que tout personne peut être sauvée. Sauvée des apparences, sauvée des jugements, sauvée du défaitisme, sauvée des illusions et sauvée d’elle-même. Et que le salut ne se fait pas par des artifices techniques, mais par le désir fou d’aimer que l’homme porte en lui.

Le Salut,  c’est de croire qu’il existe quelqu’un en nous-mêmes, et qu’il peut entrer en relation(s) avec d’autres ; qu’il n’a de sens que parce que ces autres visages apportent d’être.

Le Salut, c’est-à-dire la communion

père dom. nicolas

18 mai 2019 |

Homélie du 12 mai 2019 (4edimanche de Pâques C)

par Jean-Paul Berthelot, diacre

« Mes brebis écoutent ma voix, moi je les connais et elles me suivent » Cette phrase de l’évangile résume bien les textes aujourd’hui. Paul, dans la première lecture, est l’exemple du missionnaire infatigable qui annonce la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité quelles que soient les conditions dans lesquelles il est reçu. Il sait qu’il est porteur du message de Jésus, jusqu’au bout de sa vie. Avec toute son énergie, il proclamera la Parole du Christ à tous ceux qu’il rencontrera. En cette journée mondiale des vocations, il est celui qui nous montre le chemin. Il faut marcher, cheminer, prier pour conduire un peuple immense jusqu’au trône de Dieu comme le dit St jean dans la 2ème lecture. Avant de parvenir à Dieu, il faut passer par la grande épreuve, cela veut nous dire que, malgré les difficultés de la vie, nous aurons su faire preuve d’amour, de fidélité aux promesses de notre baptême et ainsi « Dieu essuiera toutes les larmes de nos yeux »

Notre véritable pasteur, c’est Jésus : Celui qui donne la vie éternelle à ses brebis que nous sommes et qui l’accueillent avec joie.  La première priorité est de savoir écouter cette parole du Christ. Elle est le signe de l’amour authentique qui ouvre le cœur et le rend prêt à recevoir les richesses de la vie, de nos rencontres. La voix du bon berger doit nous rejoindre au plus profond de notre être. Elle doit être ancrée dans notre cœur. Ne la cherchons pas ailleurs. Notre monde est envahi par de nombreux moyens de communications et nous ne savons plus faire le tri dans toutes ces voix que nous entendons : autant elles peuvent être porteuses de bons messages, mais autant elles peuvent être destructrices.

Pour être vraie, une voix qui prêche la bonne parole doit l’être aussi dans les actes. Nous le voyons avec Paul. Le peuple élu finit par lui être hostile et le rejeter tout en étant soi-disant « attaché à la religion » C’est un peu comme les personnes qui disent : « je suis croyant mais non pratiquant » Tout baptisé qui ne travaille pas à la mission du salut appartient à l’Eglise, mais vit comme s’il n’en faisait pas partie. Grâce à l’Eucharistie, Jésus nous conduit au Père en nous offrant déjà son pain et son vin de vie éternelle.

Avec le Seigneur, nous sommes des brebis qui ont toute liberté d’une certaine façon, nous qui revendiquons toujours plus d’autonomie. Mais nous avons besoin, malgré tout, d’un bon gouvernail pour nous guider vers le bonheur d’une vie pleine de sens. Combien de personnes font des années d’études supérieures pour comprendre, qu’en fait, leur vraie vie est d’être boulanger par exemple, ou bien partent à l’autre bout du monde pour aider des peuples en difficulté.

Chacun de nous est appelé à suivre Jésus, c’est-à-dire, à se laisser transformer par sa parole. J’ai écouté sa voix et je me laisse conduire par Lui. Je mets mes pas dans les siens. Je mets ma main dans sa main, et personne ne pourra me l’arracher. Il est notre bon berger. Quoiqu’il puisse nous arriver, Jésus nous apportera toujours une parole de vie et d’espérance. C’est un placement sûr, source de vie et d’amour et cela n’a pas de prix. Non, le bonheur n’est pas dans le placement en bourse car Dieu n’est pas coté au CAC 40.

La vie effectivement ne nous épargne pas avec la maladie, les problèmes familiaux, le chômage, ou toute autre sorte de traumatisme : nous pouvons alors suivre d’autres guides, mais souvent, nous rencontrons des charlatans de bonheur qui ne cherchent que leurs propres intérêts. Le Christ nous propose d’écouter sa voix, même si c’est seulement d’une oreille, et de discerner cette belle parole d’amour et joie. Le seigneur ne nous demande pas de le suivre comme des moutons, de faire comme les autres. Non, Jésus établit une relation personnelle avec nous. Il veille sur nous, tout en respectant notre liberté de pensée et de mouvement.

Si nous vivons dans son salut, nous vivons dans sa grâce. Nous sommes ainsi tenus par la main du Père et personne ne peut nous arracher à cet amour. Pour que la foi grandisse dans notre Eglise, demandons au maître de la moisson de choisir des ouvriers pour continuer à édifier le Royaume. Demandons aussi force et courage à ceux qui ont été choisis.

Quand je suis appelé je marche seul d’une certaine façon, mais porté par tous, et portant tous, grâce à Dieu. Je deviens signe de la résurrection qui m’anime de l’intérieur épousant le plus secret de mon être. C’est une joie profonde qui habite mon cœur. Voilà pourquoi tout chrétien devrait être un témoin convaincu et rayonnant de la joie pascale.   Amen.

14 mai 2019 |

Homélie du dimanche 5 mai 2019

par Claude Compagnone, Diacre

Ac 5, 27b-32.40b-41 ; Ps 29 (30), 3-4, 5-6ab, 6cd.12, 13 ; Ap 5, 11-14 ; Jn 21, 1-14

Nous cheminons depuis le dimanche de Pâques avec l’évangile de St Jean. Dimanche dernier, nous avons vu comment, alors que les disciples sont réunis dans une pièce, dont les portes sont verrouillées par peur des juifs, Jésus vient et se tient au milieu d’eux. Thomas est alors absent. Il ne les croit pas et veut toucher le corps du Christ. Quelques jours plus tard, le Christ vient à nouveau alors qu’ils sont à nouveau tous ensemble. Nous ne savons pas si Thomas a touché les plaies du Christ. Nous savons par contre que Thomas a cessé d’être incrédule. Il a cru en Christ ressuscité.

 

Dans le chapitre de St Jean de ce jour, nous ne sommes plus dans un espace cadenassé, verrouillé. Non. C’est de l’Église à l’air libre dont il s’agit. Un certain nombre de disciples sont partis pêcher à l’invitation de Pierre. Pierre est de par son métier, pêcheur, tout comme les fils de Zébédé, Jacques et Jean, qui l’accompagnent. Il ne s’agit pas pour eux d’aller simplement faire un tour en touriste sur le lac pour pêcher. Pierre, Jacques et Jean vont faire tout simplement leur métier. Ils vont travailler. Ils vont pécher pour manger ou gagner leur vie.

 

Pierre, qui a renié trois fois le Christ, est donc accompagné de Thomas, celui, donc, qui n’a pas cru sans voir… Sacré équipage, vous ne croyez pas ! Et pourtant ils sont là, avec Nathanaël aussi, celui dont le Christ a dit « qu’il n’y a nulle ruse en lui ». On a donc ici bel échantillonnage humain, avec des hommes différents dans leurs sentiments, dans leur engagement, dans leur manière de croire. Un peu nous, en quelque sorte.

 

Ces hommes pêchent. Plus précisément, ils passent la nuit à pêcher sans rien prendre. On imagine facilement leur état de fatigue et leur abattement. Toute cette énergie dépensée pour rien. Et Jésus, au lever du jour, est là, sur le rivage, et les disciples ne le reconnaissent pas. Jésus, dans tous les récits de la résurrection, n’est jamais reconnu par les disciples à sa seule apparence physique. Il peut être là, présent avec eux, sans que ceux-ci ne sachent que c’est lui. Peut-être que cela nous dit quelque chose sur la manière dont nous pouvons le reconnaître aujourd’hui dans notre vie…

 

Le Christ après sa mort et sa résurrection n’est plus comme avant. Re-connaître le Christ, c’est-à-dire connaître à nouveau que c’est bien lui, ne passe pas par la simple présence physique. C’est par la parole et par les gestes que le Christ est reconnu. C’est parce qu’il dit « c’est moi, je suis Jésus le ressuscité » ou parce qu’il montre ses plaies ou rompt le pain que ses disciples le re-connaissent, c’est-à-dire voient que c’est bien celui qu’ils connaissent

 

Dans la pêche de ce jour naissant, les disciples le voient et échangent avec lui, mais ne le reconnaissent pas. Ils ne sauront que c’est lui qu’à la quantité effarante de poisons qu’ils prennent dans leur filet. À partir de là ils disent « c’est le Seigneur ! ». Mais cette pêche fantastique aurait pu tout aussi bien arriver par un pur hasard. Quelqu’un en passant, pour jouer avec ou se jouer des disciples, aurait pu leur dire de jeter leur filet à droite. Et le hasard aurait pu faire que la pêche soit alors très bonne.

Pourquoi, les disciples voient-ils alors Jésus en cet homme ? Pour une raison fondamentale qui est qu’ils sont en disponibilité de rencontre avec le Christ. Ils savent que cette rencontre est possible, ils savent que le fait que le Christ soit à côté d’eux et qu’il se présente à eux, est une possibilité. Et c’est parce que leur sens de l’interprétation de ce qui arrive est ouvert à cette éventualité qu’ils reconnaissent le Christ.

Ce sens est tellement aigu, que les choses se jouent pour les disciples en trois mouvements. Tout d’abord, bien qu’exténués par la nuit qu’ils ont passé à pêcher, ils obéissent à cet étranger : ils jettent leur filet là où il leur dit. Ils sont donc ouverts à la possibilité d’un événement qui leur échappe, ils se laissent conduire, pour essayer encore une fois d’attraper du poisson, alors que, en toute logique, ça ne devrait pas marcher.

Ensuite, la quantité effarante de poissons pêchés est immédiatement mise en lien avec la bonté de Dieu pour eux. Cette bonté est débordante, à l’image de la quantité faramineuse de poissons pêchés, mais dont ils ne perdront rien puisque leur filet ne se rompt pas quand ils le tirent à terre. Ils sont donc sensibles à ces signes de la présence de Dieu parce que pour eux Dieu par le Christ est agissant dans leur vie.

 

Et enfin, bien que n’étant absolument pas sûr que c’est le Seigneur, il ne lui demande pas si c’est vraiment lui. L’évangile nous dit : « Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? ». Ils savaient que c’était le Seigneur ». Ils savent donc et acceptent simplement ce savoir, cohérent, mais sans en avoir aucune certitude.

 

Cette fin de l’évangile de Jean, nous concerne donc tous au premier chef, sœurs et frères. Il nous dit tout d’abord que le Christ peut être là, à nos côté, sans que nous le reconnaissions. Il nous dit ensuite que nous pouvons le reconnaitre, à ses gestes et à ses paroles, quand il agit pour nous directement ou à travers les autres hommes. Cette fin d’évangile nous dit enfin, que ces disciples dans la barque, c’est nous.

 

Oui, c’est nous ! C’est nous, Église en travail et au travail dans le monde, comme les disciples pêchant laborieusement sur le lac. C’est nous dans notre diversité humaine, avec parfois nos traitrises, notre incroyance mais aussi notre bonté de cœur. Ces disciples dans la barque, c’est encore nous, lorsque nous restons continuellement ouverts à la possibilité de la rencontre avec Dieu. C’est nous, toujours, lorsque nous entretenons notre sensibilité à la présence de Dieu parmi nous. C’est nous, enfin, lorsque nous acceptons simplement de savoir que c’est Dieu que nous rencontrons sans en avoir aucune certitude. Nous acceptons alors de devenir croyants.

 

Amen

10 mai 2019 |