par le Père Denis Érazmus
Dans sa prière du Ps 94, le psalmiste invite à ne pas fermer son cœur, mais à écouter la voix du Seigneur, à « crier de joie pour le Seigneur » et à l’acclamer comme Rocher et salut. Le psalmiste invite à rendre grâce à Dieu pour ses bienfaits, à Le chanter par des hymnes de fête, à se mettre en marche pour répondre aux appels de la prière qui nous convoquent pour nous retrouver et rencontrer Dieu qui nous attend, pour nous faire entrer dans sa demeure, comme nous le faisons quand nous entrons dans une église, dans une chapelle ou dans tout autre lieu de culte. Prière de louange, prière d’action de grâces, prière d’adoration du Seigneur, Créateur de toute vie, créateur et source de notre propre vie terrestre et divine. Dieu veut nous conduire et faire de nous son peuple en qui Il veut répandre ses dons et par-dessus tout, le don de sa charité divine et celui de la foi. Le psalmiste nous demande de ne pas être oublieux de tout ce que Dieu a déjà fait pour chacun, chacune d’entre nous. Le psalmiste nous demande d’ouvrir notre cœur à sa présence, pour éviter de Le tenter, voire de Le provoquer. S’ouvrir à Dieu, telle est la démarche fondamentale de tout croyant, de tout chrétien pour nous rendre disponible, malléable par sa grâce divine, réceptifs à ses paroles qui, comme l’atteste Pierre dans l’Évangile, sont « esprit et vie ». Car Dieu veut le bonheur de ses élus, et plus largement, de tous les hommes qu’Il appelle pour leur donner la foi en Lui, en ses promesses, en son Amour.
À la différence des idoles dénoncées ailleurs par le psalmiste, notre Dieu n’est pas muet, mais Il parle. Il nous parle, dans un cœur à cœur personnel, avant de nous envoyer témoigner de Lui auprès des autres. Il nous parle par sa Création, par cette terre dont Il a confié la gérance aux hommes. Dieu nous parle par ses prophètes. Plus encore, Dieu nous parle par son Verbe, son Fils, venu dans notre monde en Jésus de Nazareth. C’est par son Fils incarné dans notre humanité que, désormais, Dieu se communique de manière unique et ultime. Par Lui, Il entre en relation avec nous pour nous parler de paix, de justice, de communion et d’amour. Et pour que chacun accomplisse sa condition de créature, nous avons pour « modèle » Jésus-Christ, notre Seigneur « doux et humble de cœur » qui vit en communion avec Dieu son Père et notre Père.
Alors regardons le Christ Seigneur, Lui qui annonce qu’Il est venu « non pas pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc10,45). Lui le Fils de l’homme venu d’en-haut ne se sert pas de sa condition divine pour s’imposer, mais Il la remet entre les mains du Père qui L’a envoyé. Il endosse non pas l’habit du maître ou du souverain, mais plutôt l’habit du serviteur pour accomplir les prophéties d’antan, l’habit du Serviteur souffrant évoqué par Isaïe, jusqu’à la mort ignominieuse de la croix, par amour de Dieu son Père et par amour de nous tous, d’hier à aujourd’hui et jusqu’à sa venue dans sa gloire. Si je veux être en tête du classement des disciples fidèles du Christ vivant, il me faut vivre comme serviteur de tous, avec les mains de la charité et de la foi, et avec le cœur plein d’espérance. Pour servir Dieu en servant les autres, Paul nous invite, comme son ami Timothée, à nous inspirer du « modèle » qu’est le Christ, pour cheminer « dans la foi et dans l’amour », en union avec Lui. Il nous faut donc servir en nous appuyant « sur le dépôt de la foi » que nous avons reçu de l’Église, pour ne pas tomber dans l’activisme, « avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous » et qui nous configure au Christ Serviteur, vainqueur du mal et de la mort par sa résurrection dans laquelle Il nous entraîne à sa suite, pour le bonheur du Père, celle des anges, des saints et des convives du Royaume. Comme le dit l’antienne d’ouverture, que le Seigneur nous donne plus que nous n’osons demander, pour mieux servir dans nos engagements ici ou làbas, en nous fiant à Celui qui nous conduit à Lui et qui nous envoie pour servir les autres.