* Homélie pour la Solennité de Pentecôte 2023

par le Père Denis Erazmus

Après sa résurrection, Jésus ressuscité se montre aux siens, 40 jours durant, selon le récit des Actes des apôtres. Cela se passe à Jérusalem. Il leur rappelle la promesse du Père qu’ils avaient entendu de sa bouche alors qu’Il était encore avec eux, partageant leur vie quotidienne. Cette promesse parle du baptême qu’ils doivent recevoir « dans l’Esprit Saint », d’ici peu de jours et qui leur donnera de la force pour qu’ils témoignent de Lui, de son nouveau mode de présence,
ici et là-bas, jusqu’aux extrémités de la terre (Ac 1,5-8). Puis Il fut élevé au ciel, sous leurs yeux et eux regagnèrent Jérusalem et la chambre haute où ils avaient l’habitude de se retrouver pour s’unir dans la prière.

À nouveau réunis le jour de la Pentecôte, voici que se réalise pour eux la
promesse de la venue de l’Esprit Saint, dans leur lieu de réunion de prière, en compagnie de leurs frères chrétiens. Et c’est de manière soudaine, imprévue et dynamique, qu’un bruit survint du ciel comme pour annoncer ce qui allait suivre, c’est-à-dire l’apparition de langues de feu qui se posèrent sur chacun d’eux. Ils vivent leur première effusion de l’Esprit Saint, expression que l’on retrouve dans la vie de prière des groupes de renouveau charismatique, ce que j’ai pu connaître et expérimenter jadis. Et voici que l’Esprit Saint vient remplir chacun des participants en les pourvoyant de dons qu’ils exprimaient selon ce qu’ils avaient reçu. Leur voix attire la foule qui s’attroupe et entend leurs paroles, chacun dans sa langue maternelle ou dans son dialecte « les merveilles de Dieu », ce qui produit chez les gens « stupéfaction » et « émerveillement ».

Avec le don de l’Esprit Saint, Dieu est à l’œuvre dans le cœur de ses fidèles, et plus
largement encore, comme l’enseigne le concile Vatican II dans Gaudium et spes. Par ce don de l’Esprit Saint, Dieu se choisit des hommes et des femmes qui témoignent de ses merveilles, de sa Présence mystérieuse, de son Amour pour tous, de son infinie Miséricorde accordée à tous les pécheurs, dont nous sommes. Par le don de l’Esprit Saint, Dieu vient parler aux hommes, faisant retentir sa voix dans la voix de ses fidèles pour qu’elle porte au monde entier la Bonne Nouvelle du salut réalisé dans l’offrande que Jésus, son propre Fils unique, fait de son corps et de son sang, pour signer une nouvelle et éternelle alliance entre Dieu et
ses créatures en les réconciliant avec Lui, traçant le chemin qui mène au Père et à la vie éternelle.

L’Esprit Saint est promesse du Père du ciel et don de Jésus qui en répand le souffle
sur ses apôtres. Ce que nous vivons, lorsque nous recevons la grâce du baptême, qui nous communique le don de l’Esprit Saint sous la forme d’une onction, qui trouve sa plénitude lors de notre confirmation. Et c’est par l’Esprit Saint qui nous enseigne, qui nous éduque, qui nous forme, que nous pouvons proclamer que « Jésus est Seigneur » et que nous pouvons appeler Dieu « notre Père ». C’est par l’Esprit Saint que nous formons le Corps du Christ, chacun, chacune étant un membre de ce Corps. L’Esprit Saint vient étancher notre soif de justice, de vérité,
de liberté. Il nous habite (Rm 8,9-14) pour nous faire vivre notre ordinaire de manière extraordinaire. Unique, Il répand en nous ses dons en vue du bien de tous, en vue de l’unité de l’Église et pour glorifier le Nom de Dieu. Et le don le plus excellent est l’Amour qu’Il répand dans notre cœur et qui nous fait vivre en filles et fils de Dieu (Rm 8,15). Étant comme son sanctuaire (1Co 3,17), nous le portons en nous (2Co 1,22), et « à chacun est donné de Le manifester en vue du bien » (1Co 127). « Le fruit de l’Esprit est : amour, joie, paix, patience, bonté bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » (Ga 5,22). Il répand en nous l’amour de Dieu (Rm 5,5), nous donne la vie, nous fortifie dans l’épreuve et nous apprend à prier.
« Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit » (Ga 5,25).
« N’éteignons pas l’Esprit » (1Th 5,19) mais qu’Il agisse en nous et par nous, Amen !

29 mai 2023 |

* homélie du dimanche 21 mai 2023

par Francis ROY, diacre,

Entre l’Ascension et la Pentecôte, ce dimanche, le septième après la grande célébration de la résurrection risque de passer inaperçu et pourtant il a une bonne nouvelle à nous transmettre. Les textes bibliques de ce jour nous parlent de l’Église en train de naître. C’est une Église en prière. Il y a là les apôtres, les femmes qui ont accompagné Jésus durant son ministère et des proches de sa famille. Méditons le merveilleux évangile où nous voyons Jésus prier son Père.

La prière, ce n’est pas si facile. Nous ne pourrons jamais définir la prière. Les mots n’y suffisent pas. La prière est tellement au-delà de toute définition qu’elle laisse toujours place à son mystère. Les apôtres ne savaient pas davantage, rassurons nous ! Et pourtant en cette semaine suivant l’Ascension, ils étaient réunis avec Marie, dans la prière pour attendre la venue de l’Esprit. On pourrait presque dire qu’ils étaient en retraite de confirmation !

Ce qui est frappant, tout d’abord, c’est cette attitude constante de Jésus qui se tourne vers le Père. Ce Père, qu’il appelle d’ailleurs, « abba », « papa », « père chéri ». Ce Père, qu’il appelle chaque fois au début de toutes ses prières. Ce Père dont il parle avec tellement de tendresse : Tout ce qui est à moi est à Toi, comme tout ce qui est à Toi est à moi.

Le chrétien qui prie se tourne vers le Père, d’où son attitude de fils dans sa prière à Dieu. J’aime beaucoup le geste du chrétien qui, debout, regarde, la tête levée, vers le Père. Il reproduit alors les gestes confiants du petit enfant qui lève sa petite tête vers son père, cherchant son regard pour y lire tendresse et amour. Et ne m’en voulez pas si je redis que j’aime les psaumes, même s’ils ne « collent » pas forcément avec mon état d’âme du moment, car ils sont la prière du Christ. La prière chrétienne est d’abord et essentiellement la prière du Christ. Nous n’avons donc pas à inventer la prière, mais à accueillir celle de Jésus et la faire nôtre.

Prier, c’est se décentrer, se tourner vers le Dieu préféré à tout et à nous-mêmes. Prier, c’est se mettre en attitude première d’Écoute du Père : L’enfant qui est en chacun de nous, quand il prie, parle peu, parce qu’il ne sait pas. Au lieu de parler, il « est », « il se repose », « il se laisse faire, il sent qu’il est enveloppé par Dieu ».Prier, c’est laisser monter un cri tout simple d’enfant aimant.

Dans l’évangile d’aujourd’hui, cette magnifique prière appelée « sacerdotale » par l’Eglise, on pourrait croire, à première vue, que la prière du Christ est intéressée. « Glorifie-moi ». Non, Jésus ne demande pas à être nommé superstar. « Glorifie-moi », cela veut dire : « Donne-moi de réaliser ma mission de Sauveur. Donne-moi le courage de monter sur cette Croix, où je serai de fait glorifié, exalté, à la face du monde, mais à quel prix ? Donne-moi la force de réaliser ton plan de salut pour l’humanité, même s’il doit m’en coûter. Donne-moi d’atteindre la plénitude de mes possibilités, dans cette vocation extraordinaire qui est la mienne. »

Et ça veut dire aussi : « Donne-moi de réussir cette mission, transforme l’échec apparent de la croix, en triomphe. Oui, ton plan ne peut échouer. Demain, tu me ressusciteras et tu me feras asseoir, moi, le charpentier de Nazareth, à ta droite dans l’Éternité. Et cette réussite, elle sera en fait Ta glorification, c’est-à-dire qu’elle révélera que tu es formidable. Elle révélera ta gloire, c’est à dire la valeur que tu as, et que le monde ignore, mais que moi, ton fils, je connais. »

« Oui, glorifie ton Fils pour que ton fils Te glorifie. Révèle au monde ma valeur, que je tiens de Toi, pour que soit révélée ton infinie richesse. »

Le chrétien peut s’adresser à Dieu pour réussir sa vie (et non dans la vie) selon le rêve de Dieu ; pour réaliser pleinement sa vocation de père, d’époux, de fils, de malade ; pour que sa vie chrétienne ait une densité, un éclat qui lui fasse honneur (pourquoi pas?) et du même coup, honneur à Dieu. Et notre prière, c’est de lui demander de réaliser, en nous, son rêve, son dessein d’amour. Ainsi la prière des époux pourrait être : «  « Donne, Seigneur, à notre amour une telle splendeur, une telle fidélité que tous ceux qui le verront, et nos enfants les premiers, se disent : pour s’aimer ainsi, il faut qu’il y ait Quelqu’un qui les aide, et qu’ainsi notre amour Te révèle et Te glorifie » Et la prière du malade : « Donne-moi, Seigneur, assez de courage et de confiance pour que je vive ces moments d’épreuve dans une telle sérénité que je te fasse honneur ».

Avant de mourir, le Christ maintenant va prier avec une infinie tendresse pour ses apôtres, pour ses amis qui ont répondu à son appel : « Tu sais, ô Père, je Te prie pour eux, parce qu’ils sont bien, ils ont cru en ma parole, et ils l’ont gardée fidèlement. Mais, surtout, Père, tu me les as confiés, je m’en sens responsable, ne permets pas qu’ils se perdent. Je prie pour qu’ils ne soient pas du monde, mais qu’ils soient au cœur du monde, pour y faire germer Ton amour. »

Et n’oublions jamais que le Christ prie aussi pour nous qui, à notre humble place, continuons l’œuvre des apôtres et transmettons le message. Prière bouleversante si nous la relisons lentement, en pensant que le Christ a pensé aussi à nous. Nous sentons toute la tendresse « maternelle » de Dieu pour nous. Alors, n’ayons pas peur de l’imiter, prions pour les membres de nos familles, nos proches, nos voisins, nos compagnons de travail, nos amis des mouvements et associations avec lesquels nous travaillons ou nous prions pour que Tu sois mieux connu. Prions aussi pour nos prêtres, pour que, trop peu nombreux, ils ne croulent pas sous l’ampleur de la tâche. Et nous adultes n’ayons pas peur de retrouver notre âme d’enfant pour dire simplement à Dieu que nous l’aimons. Oui, faisons de cette semaine une semaine de prière pour nous disposer à accueillir avec bonheur l’Esprit de Pentecôte.

Amen.

23 mai 2023 |

* des nouvelles de la fresque Laudato Si ..et autres infos.. !

  1. La rencontre du samedi 13 mai avec les Farfadets a été très productive et réjouissante. Ils ont conçu avec Camille la 2° partie de la fresque,  et avec leurs responsables et plusieurs personnes du groupe Laudato Si une jolie farandole de figurines pour illustrer la rencontre des diversités. Un 3° atelier animé par Michèle a permis de mimer le texte de Glem  choisi pour célébrer la beauté de la Vie.

   

   

2. La dernière rencontre qui devait avoir lieu de 10H à 12H le samedi 27 mai avec les enfants du MEJpour peindre la fresque et décorer l’espace Laudato si de l’Eglise eest reportée à la rentrée de septembre en raison de l’indisponibilité de l’animatrice.

 

3. Deux autres infos : dans le prolongement de la réunion des groupes Laudato si au diocèse le 29 avril dernier, Marie-Odile a été interviewée  sur RCF.  La retransmission de l’interview a eu lieu le dimanche 21 mai à 11H30. Elle est accessible sur le site de RCF en podcast.

Par ailleurs,  Marie-Odile participera  les 24 et 25 mai prochain à la session des référents diocésains à l’écologie intégrale au siège de la conférence des évêques de France, en l’absence de Claude, autour du thème « Ecologie intégrale et communion ».

 

Prière du Pape François pour la semaine Laudato Si 2023 qui se termine ce dimanche 28 mai(cliquez sur l’image pour l’agrandir)

22 mai 2023 |

* homélie pour la fête de l’Ascension 2023

par le Père Denis ERAZMUS

Notre fête de l’Ascension découle de ce que Luc écrit à son excellent ami Théophile, au tout début de son livre des Actes des Apôtres et qui fait suite à l’Évangile qu’il lui avait déjà  adressé pour qu’il se rende compte de la solidité de ses enseignements (Lc 1,4). Avant de parler de la vie de l’Église naissante et dont la vie se répand sur terre, Luc lui rappelle l’ascension de Jésus après avoir vécu son humanité sur terre et après avoir donné ses dernières instructions aux Apôtres qu’Il s’était choisis. Il avait prévenu les siens qu’il Lui fallait partir retrouver le Père du ciel. Puis Luc dit à Théophile que Jésus ressuscité leur est apparu, quarante jours durant après sa résurrection, leur parlant du royaume de Dieu, dans la suite de ce qu’Il avait déjà enseigné dans sa vie terrestre. Il leur annonce la venue d’une force quand l’Esprit Saint, qu’Il leur promet, viendra sur eux pour qu’ils témoignent de Lui partout dans le monde. Puis Luc décrit le départ
du<Ressuscité, sous le regard médusé des Apôtres qui Le voient s’élever et disparaître sous leurs yeux. Alors qu’ils scrutent le ciel, des envoyés de Dieu les ramènent à la réalité et à l’ordre qu’ils ont reçu de retourner à Jérusalem pour que s’accomplisse la promesse du Christ ressuscité.

En plus de Luc, seul Marc parle de l’Ascension de Jésus ressuscité, « emporté au ciel » après avoir béni les Apôtres (Lc 24,51). Mc précise que le Ressuscité, une fois « enlevé au ciel, s’assit à la droite de Dieu » (Mc 16,19). Ce que l’Église professe dans les Credo, disant du Fils qu’« Il est assis à la droite du Père tout-puissant, d’où Il viendra juger les vivants et les morts ». C’est déjà ce que professait Paul devant les Éphésiens, lorsqu’il leur écrivait que « le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père dans sa gloire, donne un esprit de sagesse qui nous le révèle et nous le fait connaître, nous ouvre à l’espérance d’hériter de sa gloire, qu’Il manifeste
en ressuscitant Jésus d’entre les morts et qu’Il a fait asseoir à sa droite dans les cieux. ». Dieu L’a placé « plus haut que tout »Il fait de Lui, comblé de sa plénitude, « la tête de l’Église son corps ».

Ce qui surprend, c’est que, malgré son départ au ciel qui le rend invisible à nos yeux, Jésus ressuscité promet d’être présent aux Apôtres, au dire de Matthieu qui achève son récit par cette promesse inouïe, inattendue dans la bouche du Christ vivant, disant : « Et moi, Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Il s’agit bien d’un présent, du présent du Ressuscité aux siens qu’Il envoie en mission pour faire de toutes les nations des disciples, en les baptisant et en leur apprenant à observer ce qu’Il leur a commandé de vivre en son Nom, au service de la gloire de Dieu et pour le salut du monde. Nous vivons ce paradoxe de l’absence physique de Jésus au milieu de nous et de sa présence spirituelle au milieu de nous, comme Il l’enseignait, disant : « quand deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis là, au milieu d’eux » et aussi présence spirituelle en nous, à condition de nous mettre à l’écoute de sa Parole et de la mettre en pratique par et avec amour, ce qui L’introduit dans notre propre intérieur, dans notre cœur, dans
notre vie. Jésus l’avait dit Lui-même aux siens, comme l’écrit Jean dans son récit de l’Évangile, rapportant ces paroles de Jésus : « si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure » (Jn 14,23).

La préface de ce jour indique que « sans quitter notre condition humaine, le premier, le Seigneur Jésus entre au ciel, tête de l’Église et donne aux membres de son Corps l’espérance de le rejoindre un jour », et pour toujours, dans notre future patrie. Préparant ici-bas notre entrée au ciel, cheminons sur terre dans la foi, l’espérance et la charité, et cherchons à vivre toujours plus en communion avec le Christ ressuscité pour qu’Il demeure en nous et nous conduise à son Père et notre Père, dans le souffle de l’Esprit Saint, que nous fêterons à Pentecôte, pour
qu’avec Lui et en Lui, nous puissions aimer nos frères et sœurs en Christ et en humanité, Amen !

20 mai 2023 |

* nouvelles de Mathie et Matthieu, volontaires au Cameroun (mai 2023)

des nouvelles de Mathie et Matthieu envoyées le 9 mai 2023  ! cliquez sur le lien ci-après pour les lire

des nouvelles de Mathie et Matthieu au Cameroun (3)

Matthieu et Mathie ont envoyé des nouvelles fin février 2023,  accompagnées de photos ! à découvrir en cliquant sur le lien ci-après :

Des nouvelles de Mathie et Matthieu au Cameroun (2)

Au mois de septembre, Mathie Compagnone et son mari Matthieu sont partis en volontariat au Cameroun. 

Mathie et Matthieu vivent en brousse à Nyamfendé, au milieu de la forêt équatoriale ; c’est une forêt vallonée qui est au sud du pays. Accueillis par une communauté de lazaristes, ils ont débuté leur mission de développement agricole par la mise en place d’un potager et donnent des cours aux collégiens.

Depuis leur arrivée sur place, ils ont fait parvenir des nouvelles dont vous trouverez quelques extraits en cliquant sur le lien ci-après :

Des nouvelles du CAMEROUN(1)

18 mai 2023 |

*homélie du 14 mai 2023

par le père Denis Erazmus

L’Évangile de ce jour nous dépeint en filigrane le mystère de Dieu Trinité : il nous
présente le Christ, comme le Fils qui prie le Père de nous donner un autre Défenseur que Lui, et qui est l’Esprit de Vérité, dont Il promet la présence à nos côtés « pour toujours », pour« demeurer auprès de nous et en nous » afin de faire de nous des « pneumatophores », des porteurs de l’Esprit divin, reçu au baptême et en plénitude à la confirmation. Par ailleurs, Jésus annonce à ses disciples son futur départ de ce monde et la manifestation de sa nouvelle présence, en tant que ressuscité, auprès des siens et en eux. Car le ressuscité s’invite continuellement chez-nous. Il frappe à la porte de notre cœur et attend notre réponse à son appel,
nous rappelant ses commandements pour que nous L’aimions de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit, et avec force. L’aimer, Lui, fait descendre en nous l’amour de son Père que nous appelons notre Père dans notre prière, ainsi que l’amour du Fils qui promet de se manifester à ses fidèles, sur le chemin de leur vie sur terre.

Et la meilleure manière de montrer au Christ que nous L’aimons, c’est d’honorer
sa sainteté par notre propre sainteté qui est en marche et en voie d’accomplissement, avec la grâce de l’Esprit Saint qui vient nous sanctifier par son amour. Aimer le Christ en rendant raison de notre espérance en Lui et en Le présentant comme Médiateur entre Dieu son Père et les hommes, d’hier à aujourd’hui et jusqu’à sa venue dans la gloire. C’est aussi Le présenter
comme Sauveur unique, comme Pasteur de son peuple et de l’humanité tout entière qu’Il veut attirer à Lui pour la combler de sa tendresse, l’envelopper de sa bonté, la nourrir de son amour et se l’unir pour vivre en communion avec elle, avec chacun de ses membres.

Mais aimer le Christ se traduit aussi par une bonne conduite auprès des autres,
qui témoigne de notre appartenance au Christ Jésus, notre Maître et Seigneur, jusqu’à, parfois souffrir en faisant du bien, si Dieu le veut, plutôt que le mal, comme saint Pierre l’enseigne dans sa 1ère Lettre. Car dans son amour pour les hommes, le Christ Lui-même a souffert, à cause de leurs péchés, de leur injustice, voulant nous mener à Dieu. Aimer Dieu et son prochain n’est pas de tout repos, « quel combat mes aïeux » écrit le père Guy Gilbert dans son livre « Aimer plus
qu’hier et moins que demain », qui vient de paraître. Il écrit que « notre vie est faite d’unité et de déchirures, de joies et de souffrances » et invite à « mettre tout l’amour possible dans nos gestes, de tout faire par amour ». Est-ce que j’accepte de souffrir par amour du Christ pour servir les autres ? Est-ce que dans mon comportement, « l’Amour est mon ressort » ? Est-ce que j’utilise
mon temps pour aimer ? Est-ce que j’aime l’autre gratuitement, sans attendre de retour ? Est-ce que vouloir aimer et aimer me dynamise dans mes relations avec les autres ? Est-ce que j’accepte de lutter, parfois contre moi-même et mes préjugés ou jugements hâtifs, pour aimer, jusqu’à aimer mes adversaires, voire mes ennemis, comme le Christ le commande dans son Évangile ?

Comme l’écrit le père Guy Gilbert, « nous sommes faits pour aimer et être aimés, et il y a tant de façons d’aimer ». À chacun, chacune de trouver la sienne, ou les siennes, pour répondre à l’appel du Christ et vivre ses commandements, Lui qui nous demande de nous aimer les uns les autres comme Lui-même nous a aimés, nous aime aujourd’hui et nous aimera demain. Que la grâce de l’Esprit Saint nous motive, nous sanctifie, nous rende plus aptes à aimer de l’amour du Christ pour les siens et pour tous. Que notre amour pour les autres s’inspire et se nourrisse
de l’amour de Dieu pour nous ! Que « le Saint Esprit provoque l’habitation du Christ dans notre cœur » dit J. H. Newman. Alors, forts de cette présence du Christ en nous, nous vivrons dans la joie de nous savoir aimés de Dieu ; alors nous pourrons aimer comme Lui nous aime. Comme l’écrit saint Augustin : « La mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure ». Amen !

14 mai 2023 |

* homélie du 30 avril 2023 ( 4e dimanche de Pâques)

par Francis ROY, diacre

Bien des fois dans la bible Jésus est annoncé et nommé : l’envoyé, le serviteur, le fils de David,… il se donne lui-même un nom : fils de l’homme, chemin, vérité, Vie… Plus encore dans les évangiles : le grand prophète, le Sauveur, le Christ, le Pain vivant, jusqu’à « Es-tu Roi ?… C’est toi qui le dis ! » et même « Celui-ci est mon Fils» …. Aujourd’hui Jésus ajoute deux mots à cette liste : le berger des brebis et la porte. C’est pourquoi ce dimanche de prière pour les vocations est aussi appelé « dimanche du bon pasteur ». Le berger guide ses brebis et les conduit dans les pâturages… Chaque nom donné à Jésus, chaque mot est une parcelle de sa vie et de sa mission pour aider chaque croyant à mieux le comprendre, mieux l’approcher, à mieux le suivre pour vivre avec lui, pour lui et comme Lui avec tous ses frères.

Les hébreux attendaient une force invincible et c’est un bébé qui vient. Ils attendaient un Roi et c’est un serviteur qui s’impose. Et moi ? J’attends qui ? Un guide fort, juste et rigide…et il m’est donné amour et liberté… et il m’est offert un Sauveur et un Chemin. Il nous est donné un berger mais pas n’importe quel berger, le seul et vrai Pasteur. Celui qui sait nos besoins et le chemin de la vie.

Le bon berger et ses brebis… voyez cette relation, cette confiance réciproque. Les brebis connaissent sa voix et sa douceur. Elles le reconnaissent et le suivent. Il ne s’agit pas du conducteur violent, du voleur, du brigand, du traitre qui n’agit que pour lui, dans son seul intérêt et qu’importe ce que subit son troupeau ! Jésus est tout le contraire. Il montre le « juste chemin » qui mène au bonheur, par « les verts pâturages », où « la table nous est mise » pour le voyage. Les brebis suivent leur berger avec confiance pour un bonheur de chaque jour. Le berger sait leurs attentes et leurs besoins et c’est d’abord Lui qui leur fait confiance car Il connaît la valeur de chacune et les aime tel quelles sont. Il leur pardonne si le sentier qu’elles prennent n’est pas le meilleur car il les attend et va les rechercher, là où elles pourraient s’égarer et se perdre. Mais la promesse du berger, offrir son Esprit à chacun, ne se limite pas aux seules brebis qui ont eu la grâce d’être du troupeau…Simon-Pierre, le rappelle aux disciples : «la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tout ceux qui sont loin… aussi nombreux que le Seigneur Dieu les appellera ! »

Aujourd’hui, subissant la pandémie, parfois désespérées du désastre humain qu’elle entraîne, se révèlent de nouvelles brebis qui se dirigent vers la porte de la Vie en Dieu, parfois sans encore le savoir. Beaucoup de personnes n’ont pas rejoint le troupeau, elles ne connaissent peut-être même pas le berger mais lui sait leur valeur et son amour les habite. Leur profonde humanité, le soin, l’attention la prévenance qu’elles portent à leurs proches, à leurs frères, à leurs sœurs, aux inconnus perdus ou souffrants sont admirables et nous forcent à rendre grâce. Ce sont les lointains dont nous parle Pierre dans les Actes des Apôtres, ceux qui ne le savent pas mais qui sont appelés par amour à la compassion, à la solidarité, à la consolation, au besoin de servir… appelés à se donner…comme Jésus ! À l’image du Christ, ils vont jusqu’à offrir leur vie. La liste est longue : soignants hospitaliers, aides de vie, soignants en

EHPAD, éducateurs ou assistants en foyer de vie, voisins, centres de secours, ambulanciers, pompiers, policiers, artisans, parents, enfants… oui cette liste, la liste des bienveillants, des bons samaritains, est longue, très longue… Ces brebis, n’expérimentent-elles pas, elles-mêmes, chaque jour, ce commandement de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés». Nous sommes tous appelés à agir en tout comme elles. Nous sommes baptisés donc tous appelés. Mais les vocations sont diverses : Le mariage, le célibat, la vie consacrée, le diaconat ou la prêtrise. Chaque vocation a sa valeur et se vit à sa manière.

Aujourd’hui, portons un regard sur les vocations à la prêtrise et au diaconat. Les prêtres ont été ordonnés au sacerdoce, configurés au Christ Pasteur, les diacres sont configurés par leur ordination au Christ Serviteur. Mais il n’y a pour tous qu’un seul bon berger, qu’un seul bon pasteur, qu’un seul serviteur : le Christ. Nous ne vivons notre vocation que par rapport à Lui et nous sommes bien conscients de notre petitesse. Mais nous savons aussi que nous pouvons nous appuyer sur le Christ, la pierre d’angle. Nous vivons notre vocation dans l’Eglise, et c’est l’évêque qui nous donne notre mission.

La vocation du prêtre est dans le sillage du Christ Pasteur. Il prend soin des brebis qui lui sont confiées. Il conduit la communauté. Le diacre vit sa mission au service de l’Eglise et des hommes dans la triple dimension de la liturgie, de l’annonce de l’Evangile et de la charité. Il est particulièrement attentif aux personnes en fragilité et à celles dont l’Eglise est éloignée. Deux vocations qui se complètent et ne s’opposent pas.

Il n’y a pas de vocation sans mission. Dieu appelle aujourd’hui pour être envoyé dans le monde comme témoin du Seigneur, ici et maintenant. Si nous nous sentons démunis ou incapables, rappelons-nous que le Seigneur fait appel aux gens simples et aux petits pour le suivre. « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle » nous dit le psaume. C’est avec nos fragilités que le Seigneur fait des merveilles. Et Lui, c’est le roc indéfectible sur lequel nous nous appuyons.

Nous ne devons pas attendre d’être parfaits pour répondre notre généreux “me voici”… et accueillir avec un cœur ouvert la voix du Seigneur.

En ce dimanche de prière pour les vocations, demandons au Seigneur de répandre sa grâce en abondance pour que naisse dans les cœurs cette intimité avec Lui, ce désir mystérieux de le suivre jusque dans le don total de sa vie pour collaborer à sa mission qui seule est capable d’apporter le bonheur et la paix aux hommes. Prions aussi pour les pasteurs de l’Eglise, qu’ils soient toujours intimement unis au Bon Pasteur et demeurent des guides authentiques pour le troupeau.

4 mai 2023 |