PAROLE DE DIEU : (EP 2, 19-22)
Vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes citoyens du peuple saint, membres de la famille de Dieu, car vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ; et la pierre angulaire, c’est le Christ Jésus lui-même. En lui, toute la construction s’élève harmonieusement pour devenir un temple saint dans le Seigneur. En lui, vous êtes, vous aussi, des éléments de la construction pour devenir par l’Esprit Saint la demeure de Dieu.
Les paroles d’Évangile que nous venons d’entendre, nous sommes tous désireux de leur donner toutes leurs dimensions. Alors, pour commencer à décoder le logiciel de Jésus, je voudrais situer ses paroles dans leur contexte culturel voici donc une petite histoire juive qui se déroule à l’époque de Jésus
Il y avait deux grands maîtres de spiritualité : un certain Chammaï, haut dignitaire du Temple et un rabbin pauvre venu de Babylone, Hillel. Un officier romain vient trouver le premier et lui demande : « s’il te plaît, je suis pressé, explique-moi ta religion juste le temps de te tenir sur une jambe ». Chammaï est furieux et le chasse « tu te moques de moi et de Dieu ». Le Romain va poser la même question à Hillel qui, très tranquillement, s’installe sur un pied et il a largement le temps de proclamer : « tu aimeras le seigneur ton Dieu de tout ton coeur et ton prochain comme toi-même ».
Mais, alors que nous, nous aurions tendance à approuver l’un des deux et à réprouver l’autre, les commentaires juifs disent : « l’un et l’autre sont justes, mais le premier a raison sur terre où prime le sérieux ; le second a raison dans l’éternité, là où prévaut la miséricorde ».
Donc, lorsque Jésus affirme qu’il est aussi important de tenir compte du prochain que de Dieu, il nous place d’entrée de jeu dans la vie éternelle. Si les deux commandements sont à égalité, c’est parce que pour lui, l’impossible et l’irréaliste du paradis sont déjà réalisables dès aujourd’hui.
Maintenant, première clé de lecture :
pour comprendre l’impératif « tu aimeras ton prochain comme toi-même », je prends la parabole du bon samaritain que nous connaissons tous : il ne s’agit pas de définir le prochain à partir de nous-mêmes et de notre générosité, mais il faut savoir qui a besoin et de qui nous nous nous faisons proches. L’autre ne peut plus nous rester extérieur, mais une relation vraie est toute en intériorité.
L’exemple parfait en est Jésus lui-même, fils de Dieu et parole de Dieu, qui est devenu intérieur à l’humanité. Il nous a aimés comme on aime quand on est Dieu : c’est-à-dire en ne gardant rien pour lui-même, et en mettant tout en oeuvre pour notre liberté.
Voilà pourquoi les deux commandements s’interpénètrent. Qui aime Dieu aime son prochain, « de tout son coeur, de toute son âme, de toute son intelligence, de toutes ses forces ». Et qui est capable d’être proche, avec délicatesse et de façon inventive, de l’homme blessé à terre, celui-là, comme dira St Jean » est né de Dieu et connaît Dieu ». Plus nous connaissons Dieu, plus nous sommes serviteurs des humains. Et réciproquement, être au service des personnes en détresse ou en difficulté, cela nous divinise.
La deuxième clé de lecture :
elle nous vient des consignes que Jésus donne à ses disciples quand il les envoie en mission : « où que vous alliez dites « la paix à cette maison », car le règne de Dieu s’est approché de cette demeure. Parce que vous êtes là, le royaume du ciel est devenu proche de ceux que vous rencontrez ».
Le disciple de Jésus, l’ami de Jésus est devenu signe de Dieu, signe de sa présence et de sa tendresse, signe et acteur de son respect pour tous
La personne croyante est canal de sa grâce. Elle est sa grâce. Aujourd’hui, maintenant.
C’est cela qui nous achemine à vivre la fête de Toussaint.
Père Dominique NICOLAS