Parabole des Ouvriers de la Vigne

En 1863 à a commencé en France, puis partout en Europe, une crise qui a ravagé l’ensemble des vignobles. Le phylloxéra détruisait à une vitesse folle tout le vignoble. Et pour éviter une propagation catastrophique de ce puceron, il fallut arracher tous les pieds de vigne. Ce fut un drame pour la viticulture, et un drame humain extrêmement violent et fort. Il fallut tout replanter dans un tout autre contexte viticole et sociologique et politique et économique.

C’est ce que l’Évangile vient de nous dire, après le prophète Isaïe. L’un et l’autre nous ont parlé de ce drame. L’un et l’autre nous font comprendre aussi cette souffrance de la grosse colère du paysan viticulteur — et aussi la souffrance de Dieu. L’un et l’autre se sont épuisés à travailler en vain. Leurs efforts ont été battus en brèche par quelque chose qui suçait l’énergie jusqu’à la racine : le puceron du phylloxéra supprimait toute la sève ; l’injustice et la violence ont massacré les prophètes et Jésus le Christ. L’injustice, la violence, l’âpreté à l’argent, la volonté d’accumuler du pouvoir… et j’en oublie… voilà des phylloxéras qui ravagent une humanité jusqu’aux racines…

Tout cela a été mortel pour cette  vigne de Dieu que nous formons tous. Cela a été mortel pour Dieu lui-même : oui, c’est avec nos violences et nos égoïsmes que nous  l’avons mis en croix…

En bon paysan, Dieu est viscéralement attaché à sa terre. De toutes ses entrailles, nous lui sommes chers. Dieu n’est pas une idole insensible, contrairement à ce prétend le païen que nous avons toujours en nos têtes : oui, le Dieu de la Bible est toujours à découvrir, au-delà de nos idées sur lui  — vous savez, ce Dieu dont on demande parfois « Qu’est-ce que j’e lui ai bien fait pour qu’il m’arrive telle catastrophe ? ».  Il  a des sentiments forts. Il aime la vie. Il croit à la vie. Et il souffre quand nous refusons d’être ce à quoi il croit ; refusons d’être ce qu’il aime. Quand nous refusons d’être sa vie.

Nous lui sommes son grand crû. Il aime ce qu’il a planté, il nous connaît. Il sait que quelque chose peut redémarrer.

Pour que rien ne soit perdu, il opère une greffe :   sur Jésus pour que la sève du Christ monte en nous. Il nous replante en « ce Christ que les bâtisseurs, crispés sur eux-mêmes, ont rejeté ». Dans cette nation étrange qui accepte et revendique d’appartenir  à l’homme aux bras écartelés.

Alors nous ne risquons plus  de porter du verjus. Notre vrai fruit sera la sainteté reçue du Christ Jésus. Car il est notre seul plant de Vigne possible.

« Pour la gloire de Dieu et le salut du monde ».

Dominique Nicolas

10 octobre 2017 |

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