homélie des 14 et 15 octobre 2017

Homélie 28ième dimanche ordinaire A

Francis ROY, diacre

L’Evangile ne nous donne jamais de grandes définitions abstraites sur Dieu, sur le ciel et sur l’Eglise. Non ! L’évangile est plutôt un grand livre d’images.          Et  l’image de ce dimanche, utilisée par Jésus ne semble pas si désuète qu’on puisse le penser, même si elle revêt un caractère oriental, bien marqué de              l’époque du Seigneur. Jésus nous présente un Dieu qui « marie son fils » ……pour nous, c’est la plus belle histoire du monde … la plus belle histoire d’amour ! Nous comprenons bien évidemment qu’il s’agit de Jésus lui-même … oui, Jésus est « amoureux » … il a épousé une fiancée qu’il aime passionnément : l’humanité. Cette image des noces, court comme un « fil d’or » dans toute la Bible : depuis les prophètes … Osée, Isaïe, Jérémie, Ezékiel … puis dans les Psaumes, Marc, Jean, Matthieu … ensuite dans les lettres de Paul et même dans l’Apocalypse … oui d’un bout à l’autre de la révélation, les relations de Dieu avec l’humanité sont une alliance, des « épousailles ».

Nous pourrions, à juste titre, nous poser la question de savoir ce que cela changerait à notre « foi » si, au lieu de considérer notre « religion » comme des vérités à croire et des préceptes de morale à observer, nous arrivions à l’envisager vraiment comme une histoire d’amour… Une histoire d’amour entre Dieu et sa création, un message d’espérance pour notre humanité. Et justement, pour cette humanité,  Dieu rêve d’un banquet universel, un festin royal … une grande fête où Il rassemble ses invités …  Dieu invite, et avec insistance, il ne se décourage pas, mais ! Comble de malheur … que font les conviés …  « ils n’en tiennent aucun compte, ils s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce » nous dit l’évangile… Et là, frères et sœurs, il n’est pas faux de dire qu’il s’agit de chacun d’entre nous. Car c’est à vous et à moi que Dieu a envoyé une carte d’entrée. Avons-nous conscience d’être attendu ? Avons-nous conscience qu’il y a une place pour chacun d’entre nous à la table du Seigneur ? Il faudrait vraiment que l’on prenne le temps de nous interroger sur les appels que Dieu ne cesse de nous adresser et que nous laissons passer consciemment ou pas !

Eh bien c’est sans doute que nous avons encore du mal à nous convertir, à changer notre regard. Car Dieu, en effet, invite tout le monde à son banquet. « Les mauvais comme les bons ». Ce ne sont pas nos propres sacrifices, petits ou grands, qui sauvent l’humanité, ou une petite partie d’humanité, même s’il nous arrive heureusement de faire le bien. C’est le sacrifice de Jésus par sa passion et par sa croix qui, une fois pour toutes, définitivement, sauve le monde. C’est même pour ça qu’il est venu ! Dieu ne se contente pas de faire plaisir à un « fan club » à qui il accorderait des privilèges pour les remercier de leur soutien. Il aime autant, d’un même amour infini, chacun des êtres à qui il donne la vie. « Les mauvais comme les bons » ! Et il les invite tous à son banquet.

Alors, à quoi bon se donner tant de mal à essayer de faire le bien ?

C’est là que l’on peut, peut-être mieux comprendre la fin de cette parabole, cet épisode final de l’invité qui n’a pas le vêtement de noces et que le roi jette dehors. Souvent, cette conclusion de la parabole nous surprend, nous déstabilise, ou peut-être même nous scandalise. Alors, il est sûrement utile de nous arrêter un instant sur cet épisode final.

Certes, tout le monde est invité, « les mauvais comme les bons ». C’est par pure générosité de la part de Dieu que nous sommes appelés, non à cause de nos mérites. Car tous, si nous nous posons la question « suis-je digne du Ciel ? », et que nous sommes honnêtes, nous savons bien que notre réponse est « non ». Mais ce n’est pas cette question que Dieu nous pose. Il ne nous demande pas si nous en sommes dignes.

La vraie question est : « est-ce que j’accepte vraiment comme don ce que Dieu me donne ? ». Car de toute façon, que je le veuille ou non, Dieu donne. Libre à moi d’accepter ce don, d’habiller mon cœur du vêtement de noces que Dieu a taillé sur mesure pour moi. C’est ce qu’on appelle répondre à sa vocation. Libre à moi de le refuser et de considérer que tout ce que j’ai, tout ce que je suis, je ne le dois à personne d’autre qu’à moi-même. C’est cet orgueil qui nous déshabille le cœur aux yeux de Dieu, mais aussi à nos propres yeux et aussi aux yeux des autres. Le refus de porter le vêtement de noces, ce n’est pas la simple ignorance des conventions vestimentaires. C’est l’attitude volontairement provocatrice de celui qui, se sachant invité, décide de profiter du festin sans accepter en retour de donner un minimum de lui-même, de s’ajuster à la grâce qui lui est faite par cette invitation. Pas plus.Alors, pour que nous soyons revêtus du vêtement de noces, que devons-nous faire ? Une réponse se trouve dans le livre d’Isaïe, au chapitre 25, que nous avons entendu dans la première lecture : il y est question aussi d’un festin « de viandes grasses et de vins capiteux », que le Seigneur aura préparé « pour tous les peuples, sur la montagne ». Tous les peuples, c’est à dire encore une fois « les mauvais comme les bons », les croyants comme les païens ; et « sur la montagne », c’est-à-dire dans son royaume. Et la réponse à la question « que devons-nous faire ? Comment revêtir ce vêtement de noces ? », la voici au verset 9 de ce passage d’Isaïe : « Et ce jour-là, on dira : « voici votre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ; c’est lui le Seigneur, en lui nous espérions ; exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés ! » Voici ce qui nous est demandé : faire simplement cet acte de foi envers Dieu, reconnaître humblement qu’il est Dieu, que tout nous vient de lui, et que c’est lui qui nous sauve. Repousser notre orgueil qui nous fait croire que nous pouvons nous sauver nous-mêmes.

Si nous sommes dans cette disposition de cœur, si nous sommes revêtus de ce vêtement d’humilité, alors, Dieu nous accueillera avec joie, et nous pourrons nous réjouir nous aussi, avec tous nos frères, au banquet des noces de son fils.

14 octobre 2017 |

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