5 avril : dimanche des rameaux et de la Passion

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INVITES A ACCOMPAGNER JESUS

 

Les récits des Rameaux et de la Passion de Jésus mettent en jeu l’ensemble de la création. Il y a le bois et le métal, il y a la nature sauvage et les productions humaines. Il y a les coeurs et il y a corps et les chairs. Il y a les forêts et les jardins, il y a les palais et les cours ou les patios des maisons. Il y a le monde végétal et le monde animal : « l’ânon, petit d’une ânesse » et le coq, le fameux coq ! Et il y a tous les humains, individus sans-grade ou hauts fonctionnaires, plénipotentiaires de Rome, la capitale du monde, comme aussi chefs religieux-politiques d’un peuple que Dieu s’est choisi depuis plusieurs siècles. Il y a des foules qui font chorus et sont prêtes à chanter les chansons qu’on leur dictera, proclamant tout et son contraire, pourvu qu’elles aient à s’exprimer.  Il  y a des groupes agissants, complémentaires ou antagonistes, et des personnalités qui en émergent. Il y a le roi David, le poète, au passé, et le roi au présent, caricaturé comme en une fête de fous, ou roi en exil : on ne sait. Car une bascule permanente se fait entre le dire et le voir, l’entendre et le toucher ; entre la parole, le cri, et le silence; entre l’interrogation d’un procès et sa réponse; entre le faux et le vrai. Peut-être même entre toi et moi, entre toi et toi, entre nous et nous. Et « eux », les « autres » comme cibles ou comme arbitres. Ou comme frères ?

 

De cette immense carrière — de ce chantier gigantesque — nous ne comprendrons l’aboutissement que dans la nuit de Pâques, dans l’effroi et le chuchotement de son silence ; dans la construction qu’elle propose ; dans le risque qu’elle offre et dans la joie sans nom qu’elle ouvre

Pour l’instant, en ces moments où Jésus entre à Jérusalem puis en est exclu, le début et la fin du récit le prennent comme le centre autour duquel tout tourne, de l’univers humain et de l’univers matériel. C’est lui qui est à l’initiative, et au commencement, sur un âne et non sur un cheval de parade, lorsqu’il mime la prophétie reçue de Zacharie, chacun comprend qu’il est prince-serviteur de la paix, humble et fidèle à la vocation de son peuple : oui, «il proclamera la paix aux nations. Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre », mais comprend-on qu’il anticipe sur la suite du prophète où la douleur de la mort trouve place : « En ce jour-là, ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé ; ils feront une lamentation sur lui comme sur un fils unique; ils pleureront sur lui amèrement comme sur un premier-né. En ce jour-là, il y aura grande lamentation dans Jérusalem. ». Avec sa monture caractéristique, Jésus ne décrit pas seulement une situation, mais il annonce le dynamisme de son projet   : « En ce jour-là, je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit qui fera naître en eux bonté et supplication. Il y aura une source qui jaillira pour la maison de David et les habitants de Jérusalem : elle les lavera de leur péché et de leur souillure. »

 

 

Jusqu’à la fin, et après encore, il reste celui dont la parole forte fait peur à ceux qui ne connaissent que la puissance de la violence et défendent le statisme de leur injustice : même mort et absent, invisibilisé, Jésus est tout de même présent. Lorsqu’on parle de lui, il est encore là, il ne peut sombrer. Il n’est que dynamisme.

 

À la manière de Moïse conduisant les gens de son peuple vers la vie et pour qu’ils choisissent la vie, à la manière de David qui donna unité et dignité à un ramassis de clans, Jésus souhaite faire avancer les siens jusqu’au Temple véritable, lui qui est la centralité de Dieu, lui qui en est la visibilité, lui qui en est la solidité.

 

Autour de lui se forment des groupes. Il y a clairement ses partisans, les disciples. Et tout aussi clairement ceux qui viennent l’arrêter pour le condamner. Mais quelques personnalités sont fluctuantes et nous empêchent de classifier et catégoriser de façon paresseuse : sans parler de saint Pierre et de ses rodomontades, le disciple qui utilise une épée face aux soldats n’est-il pas contaminé par leur violence ? Quant à Joseph d’Arimathie, dans une démarche inverse, il quitte ouvertement le parti des pharisiens pour réclamer les honneurs mortuaires dus à Jésus. Et l’attitude de Juda n’en finit pas de poser question, dans ce revirement qui l’amène à rendre l’argent et se suicider. Peut-être seul Simon de Cyrène, le libyen, sera-t-il inspirant, puisqu’il est au départ sans catégorie et qu’il se retrouve soutien de Jésus. Ne serait-il pas là pour nous dire d’entrer dans le mouvement des choses et d’accepter de vivre la charité en toutes circonstances ?

Les deux dernières leçons pourraient bien être apportées par des personnes païennes : d’abord la femme de Pilate puis le centurion romain et son équipe, qui, l’un et l’autre, osent parler de Jésus comme d’un juste, la première à cause d’un rêve comme se disent les révélations profondes dans l’Écriture, le second parce qu’il a vu la manière dont Jésus meurt et toute la vie renouvelée que sa mort suscite. Il comprend déjà que la mort de Jésus est résurrection pour tous les justes.

À sa manière le propos final de Pilate s’avère prophétique puisqu’il sait que des disciples de Jésus vont s’emparer de lui et le tenir vivant à tout jamais.

C’est dans cet esprit que nous entrerons dans la semaine Sainte.

Nous pouvons nous abandonner pleinement aux mains du Père.


 

Père Dominique NICOLAS

3 avril 2020 |

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