« Et pour toi, qui suis-je ? »

Dimanche 3016 h00, à la cathédrale, ordination presbytérale d’Antoine AMIGO et Oscar Ruiz et ordination diaconale en vue du sacerdoce de Marc Gérault.

à moi aussi Jésus demande: « Pour toi qui est Jésus, le Christ » …………

… et c’est à la fois Jésus qui me  le demande et l’ami qui me proclame cet Évangile. Car c’est sa mission, comme c’est la mission de tout baptisé, d’interroger comme Jésus ferait.

Alors comme pour Pierre, la première réponse qui vient c’est la merveilleuse phrase : « tu es le fils de dieu, le messie, le christ. nous croyons en toi ».

Mais tout de suite après, Pierre va se comporter autrement. Et toi ? et nous ?

Car Pierre, quand il entend Jésus parler de la souffrance qui va arriver, n’en veut rien savoir..

Pierre avait tout compris, mais Pierre n’a rien compris. Il n’a rien compris tant qu’il n’a pas tout vécu. Avec Jésus et comme Jésus…

Et nous aussi, nous sommes Pierre : nous commençons par trouver Jésus épatant, et puis …ensuite, …il s’agit de le suivre.  Et cela est bien plus compliqué.

Nous sommes ce Pierre qui veut aimer Jésus, et qui ne sait pas encore aimer.

Pierre a une intuition de génie sur Jésus, —mais lorsqu’il s’agit d’entrer dans le réel de Jésus et de l’accompagner dans l’histoire réelle qui est la sienne, à ce moment-là Pierre ne suit plus.

Car l’histoire de Jésus n’est pas close ni refermée sur elle-même : elle est l’histoire d’une personne qui se met à côté d’autres personnes ; c’est un homme au travers de la route de qui d’autres personnes se mettent.

Suivre Jésus, c’est aller jusqu’au bout de sa vie : ce n’est pas en rester à une belle idée – une belle émotion— sur lui.

Il faut accepter ce moment où l’on ne comprend plus bien, –où l’on ne comprend plus rien : ni de la liberté vécue, ni de la liberté du don, et où l’on avance tout de même en faisant confiance.

Suivre Jésus, c’est marcher avec lui dans les recoins les plus difficiles de l’existence humaine. Prendre toutes choses à bras le corps. Vouloir que rien de ce que vivent les hommes ne soit laissé de côté.

Quand nous disons le  « je crois en Dieu », nous affirmons aussi « je crois qu’il est descendu aux enfers » : là où les individus sont tout seuls, et souffrent jusqu’à la mort de leur solitude. Mais Jésus  a toujours voulu rejoindre ceux qui sont abandonnés. Et a su le faire.

…  je ne peux pas m’empêcher à cet instant-là de penser à une amie maintenant décédée, Émilienne, compagne d’Emmaüs. J’avais fait sa connaissance lorsqu’elle m’avait invité pour fêter son premier anniversaire d’abstinence alcoolique. Et … la fête se déroulait avec une sangria… ! Je n’avais rien compris en m’en étonnant. La sangria était sans alcool, tout simplement !

Elle m’a ouvert les yeux et m’a donné de comprendre que la vraie fête ne se fait pas avec des moyens extérieurs, mais avec la tête et le cœur : la vraie fête n’est pas à l’extérieur mais à l’intérieur de nous-mêmes. De même que la vraie foi n’est pas à l’extérieur, mais à l’intérieur de nous-mêmes. Comme Dieu lui-même n’est pas à l’extérieur de nous, mais en nous. La fête est la fête d’être sauvé. D’être vivant pour …

Émilienne m’a raconté sa conversion. Elle qui buvait, un jour a eu un flash : lorsque quelqu’un de la communauté s’est approché d’elle, elle a vu Jésus. Et cette certitude de Jésus est restée même après qu’elle fût dégrisée. Elle a décidé radicalement de changer d’existence et de ne plus boire. Elle a renoué avec sa famille, et ce fut très difficile. Elle a tout fait pour retrouver ses enfants, et que ses enfants soient heureux d’elle. En vérité, Jésus l’avait vraiment rejointe puisqu’elle elle-même avait rejoint les autres et qu’elle avait fait ce qu’il fallait pour que les autres se rejoignent aussi mutuellement.

Ce Christ-là, j’y crois !

d.n.

22 juin 2013 |

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