par le père Dominique NICOLAS
Oui, l’Évangile de ce jour, avec ses petits oiseaux et ses fleurs des champs nous repose agréablement la tête après les exigences fortes des semaines dernières. Il nous rappelle que Jésus n’est pas un homme tout en noir ou blanc, un homme qui manie le sabre ou la serpe ; il a aussi la délicatesse de celui qui sait contempler les moindres nuances de couleur… Il y a un aspect aquarelliste chez lui, plein de nuances … Jésus sait admirer les gens et les choses ; il sait les aimer… Il réalise ce que le prophète Isaïe avait annoncé d’un Messie à venir : « il ne froisse pas la feuille fanée, il n’éteint pas la mèche qui fume encore »… Pour faire 30 secondes de mauvaise psychologie, on dira que Jésus est un modèle d’homme équilibré, qui tient ensemble la douceur et la force. La force mais jamais la violence. La douceur mais jamais la mièvrerie. Jamais écraser, toujours accompagner.
En fait, Jésus a une double exigence à notre égard : à la fois nous interdire toute complaisance sur nous-mêmes, tout enfermement sur nos autosatisfactions ; et à la fois faire pousser tout ce qui paraissait minime, lui donner la possibilité de s’épanouir. Jésus est foncièrement au service de la vie et de l’avenir. Il nous invite à agir, à penser, à parler, à regarder, à écouter avec la même attention que lui, avec la même espérance que lui, avec la même passion que lui.
Ce qu’il nous a dit les semaines dernières, et ce qu’il nous redit aujourd’hui à propos de l’argent, est un appel à la liberté. Il veut nous permettre la libération à l’égard de nos complaisances et nous donner le goût de servir en tout et en tous. C’est cela seul qui donnera à des personnes comme François d’Assise le goût de chanter et le goût de la poésie. Aucune autosuffisance. Rien que de la légèreté.
Si nous aussi, nous voulons participer de manière intelligente à de la création, il nous suffit de prendre modèle sur Dieu le Père qui a tout créé dans la lumière et a tout lancé dans l’existence parce que « c’était bon, c’était même très, très bon ».
On comprend pourquoi Paul se sent messager de cet Évangile de grâce. Il l’a vécu dans sa peau. Lui, le ravageur, est tombé de toute sa hauteur quand la lumière de Dieu l’a bousculé. Il était un justicier solitaire, et l‘homme qui lui a tendu la main dans sa faiblesse lui a manifesté ce qu’était un frère, et qui était le Christ, et quelle était l’espérance du Seigneur sur lui. Paul a découvert à la fois la miséricorde de Dieu le Père et que le corps du Christ, c’est nous, ce sont les frères.
La mission que Paul a reçue sur le chemin de Damas est de faire entendre au plus grand nombre que Dieu veut nous faire miséricorde, que Dieu veut nous voir faire miséricorde. Que cette miséricorde pénètre en nous, travaille en nous ; et qu’elle pénètre par nous au plus intime des réalités humaines. Et qu’elle y travaille.
Paul dira « Faites comme moi, — moi, je tente d’imiter le Christ ». Peu à peu, Paul a compris pourquoi le Christ a besoin de nous : il a besoin de nous pour être lui au monde d’aujourd’hui. Le Christ aujourd’hui, le Christ actuel pour aujourd’hui et pour chacun, son corps et sa vie ici et maintenant, est ce qu’on appelle l’Église.
Or, « Église » veut dire appel.
Alors, pour finir et ouvrir à l’action, écoutons à quoi appelle notre prière.
Le je crois en Dieu de chaque dimanche dépeint l’Église sous 4 couleurs : elle est une, sainte, catholique et apostolique… C’est-à-dire ??
- Une : comme un corps où tout joue bien … le pied, l’oreille, la bouche et la main, l’œil et le sexe, tous différents, dans une même mission.
- Mission de sainteté, justement, mission reçue, mission toujours à vérifier. L’Église ne vient pas d’elle-même, elle a un but autre qu’elle-même :
- Elle a service d’universalité (catholique veut dire universel). Elle est au service de « tout homme et de tout l’homme » (c’est le pape Paul VI qui parlait ainsi). Elle est l’instrument qui fait voler en éclats les particularismes. Même les particularismes religieux.
- Donc, elle est apostolique : puisqu’elle est née le jour de Pentecôte, quand un vent violent a mis les disciples en conversation avec tout peuple, toute race, toute forme d’humanité. Puisqu’elle tend la main à tout homme à terre pour le relever. Puisqu’elle est libre.
Or donc, — à nous de jouer.
Acceptons-nous d’aider l’Église à être Église ?
Acceptons-nous d’aider le Christ à être le Christ ?
Que sa Parole vive!
Amen !