Homélie des 18 et 19 février 2017 et Prière Universelle

par Francis Roy, diacre

 

« Soyez parfaits comme votre Père Céleste est parfait »…Jésus nous enseigne que c’est en nous plaçant dans la mouvance du grand souffle de l’amour de Dieu que nous embellissons nos vies…Cela implique évidemment des conséquences concrètes : ne pas se venger… et même aimer ses ennemis. Depuis qu’il y a des hommes, la sagesse dominante est celle de ceux qui préconisent la vengeance…Mais cette sagesse est folie devant Dieu, même si elle met des limites à la vengeance. Avec Jésus le désir de vengeance doit s’effacer pour laisser place à l’amour. Avec des expressions fortes il nous révèle la vraie sagesse et nous appelle à un progrès déterminant. Lorsqu’il dit de tendre l’autre joue…de se laisser prendre son manteau…de ne pas riposter au méchant…Jésus ne veut ni cautionner l’injustice…ni appeler à la résignation…ni assurer l’impunité des malfaiteurs ….les disciples c’est-à-dire nous-mêmes doivent toujours combattre l’injustice !

Mais par ces expressions fortes Jésus indique une orientation : apaiser les conflits, répondre au mal par le bien, à l’irrespect par le respect, à la haine par l’amour…à la violence par la maîtrise de soi…c’est ainsi que l’on stoppe la prolifération du mal. Jésus dit même : « Aimez vos ennemis »… ceux qui nous sont antipathiques, ceux qui nous agacent, nous humilient, nous contrarient, nous critiquent, voire nous calomnient…ceux qui nous font souffrir de quelque manière que ce soit. « Aimez nos ennemis »…essayez d’avoir à leur égard une attitude de bienveillance et même leur faire du bien pour que le mal soit vaincu et que triomphe l’amour… « Aimer nos ennemis » essayer de construire avec eux une relation respectueuse ! Voilà la vraie sagesse !

« Aimez vos ennemis… afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux… Vous donc vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » On entend parfois dire : « Moi je n’ai pas d’ennemis. » Comme c’est étrange ! Ceux-là seraient-ils arrivés à la perfection ? Certains sont proches de le penser. Pourtant ne devraient-ils pas s’inquiéter ou du moins s’interroger. La perfection du Père céleste consiste à aimer ses ennemis. Comment se fait-il que certains n’aient pas d’ennemis puisque Dieu le Père lui-même en a ?

Dieu, celui des chrétiens, est Amour, il n’est même que cela. Tout ce qui est contraire à l’amour est nécessairement l’ennemi de Dieu. L’égoïsme des hommes, leur arrogance, leur volonté de puissance, leur orgueil, leur jalousie, leur convoitise, leur méchanceté, tout ce qui s’oppose à l’amour au sein de l’humanité est ennemi de Dieu. Lorsque nous pensons ne pas avoir d’ennemis, n’est-ce pas le signe que nous préférons fermer les yeux pour ne pas avoir à affronter nos ennemis de l’intérieur, nos propres limites ?

Quand Jésus commande à ses amis d’aimer leur ennemi, il les invite à ouvrir les yeux d’abord sur eux-mêmes. S’il est souvent difficile de reconnaître nos ennemis intérieurs, il l’est tout autant de reconnaître ceux de l’extérieur. S’ils s’attaquent à nous, il n’y a guère de difficulté à les repérer. Mais s’ils lèsent ou violentent d’autres que nous, la plupart du temps nous préférons les ignorer. Il est toujours plus simple de fermer les yeux sur l’injustice commise autour de nous que d’avoir à lutter contre elle. Aimer ses ennemis c’est apprendre progressivement à discerner où est l’ennemi pour le combattre. Le premier pas dans l’amour des ennemis consiste à sortir de l’aveuglement. Pour pouvoir un jour aimer ses ennemis, il faut apprendre à discerner en soi et chez les autres ce qui est bon et ce qui est moins bon, voir même totalement mauvais.

Pour acquérir ce discernement Jésus nous propose un moyen très simple : il suffit de croire que le Père du ciel aime ses ennemis. Autrement dit qu’il aime en nous non seulement ce qui est aimable mais chacun de nous parce qu’il est pour lui unique au monde. Dieu n’est pas comme les publicains. Il ne se contente pas d’aimer ceux qui l’aiment. Il aime chacun totalement, entièrement, définitivement quoi qu’il fasse. Chez nous, pauvres humains, l’amour est toujours, au moins un tant soit peu, sous condition. Nous aimons l’autre à condition qu’il nous le rende, ou bien à condition qu’il ne commette pas trop d’injustice à notre égard. Nous mettons toujours des conditions à l’amour. L’amour que Dieu porte à chacun n’est pas soumis à des conditions. Il ne cessera pas de nous aimer si nous commettons les pires méfaits. Il ne peut pas s’arrêter de nous aimer. Ce n’est pas dans sa nature. L’Amour ne peut pas s’arrêter d’aimer. Il se renierait lui-même.

Dieu connaît justement les limites de chacun. Il vient non pour nous accabler de reproches mais pour nous délivrer de ce qui fait en nous obstacle à l’amour. Il le fait progressivement, en fonction de notre propre histoire. L’important pour lui c’est que nous fassions un pas dans la bonne direction.

On ne peut jamais forcer quelqu’un à aimer. Il n’y a pas d’amour sans possibilité de dire oui ou non. Lorsque Jésus nous dit d’être parfaits comme le Père céleste est parfait, il nous supplie de croire en l’Amour sans condition du Père. Il s’agit de le recevoir, d’en avoir l’expérience d’abord pour pouvoir le donner. Ceux qui en font l’expérience témoignent que lorsque nous disons non à l’amour nous ne savons pas ce que nous faisons. Dire non à l’amour c’est nécessairement dire oui à l’indifférence, à l’égoïsme, à la volonté de puissance. Nous découvrons alors que la liberté, la vraie, consiste à aimer toujours, à passer d’un amour partiel et sous condition à un amour inconditionné, autrement dit à l’amour des ennemis.

Jésus dit : « Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre » autrement dit ne réponds pas à la violence par la violence ; garde un pied dans l’amour. Il dit encore : « A qui veut t’emprunter ne tourne pas le dos. » C’est le chemin à prendre pour en venir un jour à aimer comme Dieu nous aime. C’est le chemin à prendre pour reconnaître que nous ne sommes peut-être pas si libérés de nous-mêmes que nous le pensions. Ne suffit-il pas que quelqu’un nous agresse méchamment pour que notre sang ne fasse qu’un tour ? Ne suffit-il pas qu’on nous frappe sur une joue pour qu’on ait le désir de riposter vigoureusement ? Ne suffit-il pas que nous apercevions de loin un emprunteur pour que nous lui tournions le dos ?

En nous proposant de prendre ce chemin, Jésus nous permet de découvrir nos ennemis intimes et de les combattre. Par nous-mêmes nous ne pouvons pas supporter l’injustice ou la violence sans chercher à riposter. Mais nous pouvons prier pour que Dieu nous donne la force de résister à ces ennemis qui sont plus forts que nous mais bien moins que lui ! Trouvant notre vie et notre bonheur à aimer, nous tendons alors vers ce jour où nous pourrons dire comme Thérèse de Lisieux : « J’ai tout donné, légèrement je cours ! Je n’ai plus rien que ma seule richesse : aimer toujours ! »

Amen.

 

PRIERE UNIVERSELLE proposée par l’équipe liturgique

 

Le Prêtre : Laissons de coté nos soucis personnels pour présenter au Père nos intentions de prière.

 

1 – Dieu, par la bouche de Moïse, brosse à son peuple, toujours tenté par l’idolâtrie, le portrait de ce que devrait être un saint,  tâche o combien difficile.

Prions pour ceux qui tiennent bien cachés dans leur cœur, l’envie, la jalousie, la rancune, la calomnie, le désir de vengeance, car ils en souffrent.

Prions pour ceux qui ne s’aiment pas assez pour aimer leur prochain, car ils en souffrent,

Prions pour l’Eglise grâce à qui, nous sommes là aujourd’hui, pour apprendre à vivre en paix, afin que cette paix se répande autour de nous.

 

Dieu qui est tendresse et pitié, nous te prions.

 

2 – Saint-Paul insiste sur la présence de l’Esprit de Dieu en nous, faisant ainsi de nous des sanctuaires sacrés.

Prions pour les sages et les savants qui s’interrogent et qui n’ont pas encore atteint la vérité de Dieu,

Prions pour ceux qui de bonne foi, se laissent endoctriner par des idéologies destructrices, car ils ont perdu le discernement.

Parce que cette année est importante dans le choix de nos dirigeants, parce que la prière est en elle-même un acte politique, avec d’autres communautés, prions pour la France et pour nos politiques afin qu’ils aient à cœur d’améliorer équitablement le quotidien de chacun en privilégiant les plus fragiles.

Dieu a dit « Tout est à vous » faisant de nous des êtres libres. Prions pour ceux qui sont privés de cette liberté donnée à l’Homme, car victimes d’enfermement, de tortures et d’autres sévices.

 

Christ notre frère en humanité, nous te prions.

 

3 – Parlant au nom de Jésus, en écho à la loi de Moïse, Mathieu lance un appel vibrant à la non-violence. Quel effort surhumain que de ne pas répondre à la violence par la violence, par peur d’être traité de lâche.

Prions pour ceux qui, sans crainte, osent courageusement risquer leur vie pour désamorcer la violence.

Prions pour nous tous ici réunis, que nos paroles, nos gestes, et notre comportement, fassent rayonner autour de nous l’Esprit de paix.

 

Esprit de Dieu, nous te prions.

 

Le Prêtre : Père Saint, Toi qui aimes tous tes enfants sans distinction, que ton Esprit Saint, nous conduise sur la voie de la fraternité et de la sainteté, exauce nos prières, nous te le demandons humblement, toi qui es vivant avec ton Fils, pour les siècles des siècles. Amen

 

 

 

 


 

18 février 2017 |

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