par le Père Dominique NICOLAS
Nous venons d’acclamer Jésus avec nos branches à la main en chantant Hosanna.
Puis, nous avons vécu le récit bouleversant de son procès et de sa mise à mort.
Je voudrais nous aider à entrer au fond de se ce drame avec l’aide de deux personnages que l’on ne remarque habituellement pas : le petit âne qui porte Jésus et le bandit des grands chemins qui est à ses côtés, ce « bon larron », qu’une tradition a appelé M. DISMAS : l’homme du crépuscule, en grec, le coucher du soleil….celui qui accompagne le grand passage de Jésus …
Oui, le petit âne, d’abord… Il y a une espèce d’ânes, les ânes du Cotentin, que l’on appelle aussi les ânes de Jérusalem parce qu’ils portent une croix sur le dos. Comme fera Jésus en portant sa croix, montant au calvaire, supportant les insultes et les cris… Peut-être en sommes-nous, nous aussi, qui portons une croix depuis nos baptêmes ?D’abord, c’est le choix de Jésus d’avoir demandé un petit âne pour entrer à Jérusalem, et non pas un cheval de course. Jésus a choisi celui que l’on déconsidère habituellement, au lieu de ce cheval resplendissant que tous les puissants du monde aiment à montrer sur les champs de course comme signes extérieurs de leur richesse. La richesse de Jésus est ailleurs ! …la nôtre aussi, j’espère…Jésus entre dans la ville sainte comme un petit paysan ; il ne veut pas jouer dans le paraître ou l’avoir l’air des puissances.. Jésus fait choix de la non-violence. Du non – pouvoir. Du noin – clinquant. Foncièrement, il est un serviteur.Comme le petit âne.Mais moi, j’ajoute tout de même aussi que l’âne est réputé pour son caractère. Il est capable de manifester son refus ; autant il est fidèle, autant il peut refuser les ordres. Avoir du caractère, même si cela dérange les maîtres, est signe de liberté. Jésus choisit toujours le camp de la liberté. C’est pourquoi on le tue. Tous les pouvoirs sont meurtriers des hommes libres.Les gens de caractère contestent par excellence les habitudes des gens sans caractère : la foule qui est en train d’acclamer Jésus, en moins de huit jours va se retourner contre lui : cette foule qu’une de mes amies appelle non pas simplement la foule mais la fou-foule. Cette foule qui acclame puis qui hurle contre Jésus. Cette foule qui ne comprend pas que Dieu est amour et que Dieu se donne dans l’amour – et uniquement dans l’amour. Il suffirait de regarder Jésus pour le savoir.
Et voici l’autre figure de ce soir qui va nous convertir : le « bon larron ». DISMAS, le « soleil couchant ». Il est l’homme qui assiste à la fin du jour, à la mort de la Lumière, — avant qu’un nouveau jour se lève. Témoin du passage de ce Jésus qui est « lumière du monde » , il naît à l’espérance ; Lui, c’est l’homme qui refuse de hurler. Il garde sa liberté jusqu’au bout, — ou plutôt il la trouve et la reçoit enfin. Lui, au moins, il regarde Jésus ; il regarde aussi sa propre vie. Il voit sa propre vie à la Lumière de ce qu’il connaît de Jésus. Il voit enfin la vérité de sa vie. Il voit enfin la justice, et il dit ce qui est juste.Alors, il se tourne vers Celui qui est Juste. Vers l’homme qui a choisi d’être à ses côtés comme un semblable, comme un frère. Il rencontre Dieu en cet homme qui ne juge pas, qui ne condamne pas. Mais qui écoute, qui accueille. Qui dit les mots de la vie. Qui n’existe qu’en se donnant, en « se vidant » comme dira st Paul. Sur la croix de ce Christ Jésus, Dieu se donne à connaître tel qu’il est : communication de vie, d’amour. Pauvreté. Par la croix seulement, le connaître. En Christ Jésus, Dieu abolit toutes les barrières. Il ouvre grandes les portes. Il est pardon. Il est don.Mais « il fallait », comme dit souvent l’évangile de Luc, que Jésus en passe par là pour que nous osions croire en Dieu. Il fallait Jésus pour que nous puissions commencer à comprendre Dieu.
Nous aussi, désirons-nous être avec Jésus dès ce soir ?