homélie du dimanche 28 juillet 2019

par Francis ROY, diacre,

17ième dimanche ordinaire C

Dans l’extrait d’évangile que nous venons d’entendre, c’est Jésus lui-même qui nous enseigne à prier. Jésus prie et il enseigne comment et pourquoi le faire. Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. Il insiste: demandez, demandez, car Dieu est Amour. Certains diront qu’ils ont prié plus longtemps qu’Abraham dans la première lecture, sans avoir été exaucés. Le résultat de la prière n’est pas toujours celui que nous attendons. Celui qui demande à être guéri du cancer ne l’est pas nécessairement. Celui qui demande à voir revenir son enfant à la maison n’a pas nécessairement un jour la joie de lui ouvrir les bras. Celui qui implore le confort et la sécurité d’emploi n’est pas assuré que tout cela lui sera donné. Pourtant Dieu connaît tous nos besoins, toutes nos difficultés, alors à quoi bon lui demander de l’aide ? Prenons les choses en main. Soyons responsables. Aidons-nous d’abord et le ciel nous aidera … C’est ce que nous disons souvent par dépit. Oui mais cependant la prière n’est pas une vaine sollicitation, elle est communication.

Dans la première lecture, Abraham parle à Dieu. Il communique, il ne monologue pas, nous pourrions dire qu’il marchande dans la pure tradition orientale. Dieu accepte de sauver Sodome s’il s’y trouve des justes. Son intérêt pour Sodome, bien qu’étonnant, est tellement beau. « Je veux descendre pour voir si leur conduite correspond à la clameur venue jusqu’à moi ». Pas d’accusation à priori dans l’attitude du Seigneur. Il vient avec sollicitude s’enquérir du bien-être de son peuple, pour lui apporter son aide avec tout son amour de Père.

Et Jésus qui est en permanence en lien avec son Père veut nous apprendre à prier comme lui le fait. Prier, c’est davantage que des mots. C’est une manière de vivre. Prier ne consiste pas à prononcer des mots, mais à communiquer pour ensuite conformer nos vies à celle de Jésus, à suivre ses pas, à l’imiter. Les disciples ont été si impressionnés de voir Jésus en prière qu’ils en ont demandé la recette. Ils ont voulu en savoir le chemin.

Jésus nous a légué son chemin pour entrer dans l’intimité de son Père. La prière de Jésus est une prière joyeuse et confiante. C’est la prière de chacun de nous à Dieu Notre Père. La prière n’est pas une douce récitation de formules. La prière c’est quelque chose qui doit venir du fond du coeur. Nos prières n’ont aucun pouvoir magique sur Dieu. C’est le dialogue intérieur dans lequel nous parlons tout familièrement avec le Seigneur de tout ce que nous avons sur le cœur : de nos désirs et de nos peines, de nos vies et de leurs joies, de nos amours et de la confiance. La prière se fait de façon spontanée avec des mots simples et personnels. Cette prière atteint le coeur et c’est le coeur qui nous fait agir.

Remarquons en plus que la demande que les disciples adressent à Jésus est bien plus profonde que s’ils lui disaient par exemple : qu’est-ce que la prière ? Ou encore, comment obtenir ce que je demande ? Telle qu’elle est formulée, la question des disciples laisse penser que nous ne pouvons savoir ce qu’est la prière qu’en priant. Jésus répond à leur interrogation en disant de parler à Dieu dans la prière en le nommant «Père, papa». Dieu est quelqu’un qui nous aime.

Jésus dit que Dieu répond toujours à nos prières. Et cette réponse est celle à laquelle on pense rarement et qui pourtant est vraiment là : DIEU NOUS DONNE PLUS que ce qu’on lui a demandé. Dieu nous répond et sa réponse est toujours la meilleure pour nous! Car Dieu est un Dieu d’Amour, un Dieu de compassion, un Père pour chacun de nous.

Avant de demander à Dieu de nous apprendre à prier, il me semble important de nous poser quelques questions :

· Quelle est la place de la prière dans ma vie ? Est-elle un besoin ou une simple récitation de mots ? Est-elle une rencontre amoureuse, ou bien un pensum obligatoire ? Est-elle…

· Quels liens je souhaite créer avec Dieu ? Des liens filiaux, des liens fraternels, ou bien Dieu n’est-il pour moi qu’un distributeur automatique ?

· Dieu est-il tenu d’accéder à toutes mes requêtes : même les plus stupides parfois ?

· Dieu me doit-il systématiquement une réponse ?

Seigneur, apprends-moi à changer mon regard. Ouvre mes yeux sur les réalités du monde qui m’entoure pour que je puisse les voir, pour ne pas les mépriser, pour ne pas les redouter, mais pour les accueillir comme un rendez-vous de Dieu.

Seigneur, apprends-moi à changer mon regard sur les certitudes qui m’enferment, sur les valeurs qui me rassurent, sur les autres que je verrouille dans mes jugements tout faits !

Donne-moi de savoir apporter, de savoir recevoir, de savoir demander à notre Père, de savoir dire à l’autre le besoin que j’ai de lui…

Seigneur, apprends-moi à écouter, à reconnaître les besoins de l’autre, comme des Paroles de Dieu, et à ne pas avoir peur de l’inconnu qui est le visage de Dieu qui vient…

27 juillet 2019 |

homélie du dimanche 21 juillet 2019

par  Claude Compagnone, Diacre

Gn 18, 1-10a ; Lc 10, 38-42

 

Nous avons entendu dimanche dernier la parabole du bon samaritain. Il y était question des commandements mis en œuvre concrètement au bénéfice de son prochain, ce prochain pouvant être cet étranger que l’on croise par hasard, dans la détresse, et qui partage avec nous une commune humanité. Le bon samaritain agit, donne de son temps, de son argent, de son affection, alors que le prêtre et le lévite, qui passent par le même chemin que lui, restent à distance et se détournent de l’homme blessé dont le bon samaritain va s’occuper.

 

Si vous ouvrez votre bible, vous verrez que le texte d’évangile de ce jour, qui parle donc de Marthe et Marie, suit, dans le chapitre 10 de l’évangile de Luc, immédiatement celui du bon samaritain. L’évangéliste Luc a trouvé bon et utile d’accoler ces deux épisodes l’un à l’autre. Ne veut-il pas nous dire par-là ce que sont les actions justes que nous devons conduire ? Notons, toutefois, que dans l’épisode de Marthe et Marie, il ne s’agit plus de parabole mais du récit d’une rencontre réelle entre le Christ et deux femmes. Toute lectrice ou tout lecteur, attentive ou attentif des évangiles sait que les femmes ont une place importante dans la vie du Christ et dans l’accomplissement de sa mission.

 

Dans l’épisode de Marthe et Marie, il est donc encore question d’action et d’inaction mais de manière inversée et décalée par rapport à ce qui nous est dit dans la parabole du bon samaritain. Dans la parabole du bon samaritain, des spécialistes de la loi, le prêtre et le lévite, ne mettent pas en œuvre la parole des commandements, sur l’amour du prochain. Ils n’agissent pas. Ne le faisant pas, ils loupent une rencontre, ils loupent d’une certaine manière Dieu alors que le bon samaritain, lui, agit et rencontre Dieu.

 

Avec Marthe et Marie, il s’agit encore de rencontre avec Dieu, d’une rencontre du Christ avec deux femmes, qui vont devenir ses amies. L’une ne le sera pas plus que l’autre. Marthe, qui s’active, le sera tout autant que Marie, qui, en s’asseyant aux pieds du Seigneur pour l’écouter, en position de disciple du Maître, prend une place normalement dévolue aux hommes. Pourtant ce qui est mis en valeur dans cet épisode, ce n’est plus alors l’action, comme avec le bon samaritain, mais le temps de l’écoute de la parole de Dieu.

 

Comme si le texte voulait nous dire cette respiration que nous devons avoir entre le temps de l’action envers notre prochain et le temps du ressourcement par la parole pour nourrir cette action. La respiration est inspiration et expiration. Nous absorbons l’air et nous le restituons ; le souffle est orienté vers notre intérieur pour ensuite s’orienter vers l’extérieur. Dans ce mouvement continuel, nous vivons, nous nous équilibrons dans notre place dans le monde.

 

Pour agir, nous avons besoin de savoir qui nous sommes et ce qui compte. Sans ça, nous pouvons être complétement atone ou nous mettre en suractivité. Et c’est peut-être de cette question de la suractivité dont traite le Christ avec Marthe. Le prêtre et le lévite, dans l’épisode du bon samaritain, étaient en sous-activité, c’est-à-dire complétement en retrait, à distance, par rapport à ce qu’il était pourtant bon et urgent de faire, c’est-à-dire s’occuper de l’homme blessé. Marthe, dans cet épisode que nous venons de lire, montre aussi un comportement désajusté par rapport à la situation : elle en fait trop par rapport à ce qu’il serait bon de faire. Car au moment où le Christ parle à Marthe et Marie du royaume de Dieu, c’est cela qui compte, c’est cela qui va nourrir leur action future, c’est cela qui va donner du sens.

Ce qui devient alors le nœud de ces deux épisodes, du bon samaritain et de Marthe et Marie, est que, par leur sous-activité ou leur suractivité, le prêtre, le lévite et Marthe loupent quelque chose d’essentiel : ils et elle loupent une rencontre avec le Seigneur. Les uns perdent le sens de la parole des commandements en ne les mettant pas en pratique et Marthe perd le sens de l’action en en faisant trop dans la situation d’accueil du Christ.

 

Ils et elle loupent une rencontre avec le Seigneur… Le Seigneur passe et il nous faut être vigilant à le rencontrer. Ainsi dans le texte de la Genèse que nous venons de lire, Abraham rencontre le Seigneur aux chênes de Mambré. Abraham voit sa présence dans ces hommes qui se tiennent près de lui. Il les écoute. Et ce que nous dit la fin de ce chapitre de la Genèse – fin que nous n’avons pas lu -, c’est que « quand le Seigneur eut fini de s’entretenir avec Abraham, il partit et Abraham retourna chez lui ». Abraham n’est pas reparti vide, mais plein de cette rencontre avec le Seigneur. Pour agir.

 

Sœurs et frères, l’écoute du Seigneur et l’action pour le Seigneur sont notre respiration. Nous avons besoin de l’une et de l’autre. L’une et l’autre sont l’occasion de rencontres avec le Seigneur, occasions qui vont nous nourrir et donner du sens à notre vie. Sachons être attentifs à nous engager dans les actions justes et à rester à l’écoute du Seigneur.

 

Amen

26 juillet 2019 |

homélie du dimanche 14 JUILLET 2019

par  Claude Compagnone, Diacre

Dt 30, 10-14 ; Ps 68, 14, 17, 30-31, 33-34, 36ab.37 ; Col 1, 15-20 ; Lc 10, 25-37

 

Dans les textes de ce jour, il est question de commandements de Dieu, de paroles et d’actions qui sont à portée de notre main et de simplicité de cœur et de comportement.

Il est tout d’abord question de commandements de Dieu et de la mise en œuvre de ces commandements. Dieu ne veut pas faire de nous des surhommes par ces commandements, mais il veut faire de nous des hommes pleins. Il ne veut pas nous mettre au-dessus de ce que nous sommes, nous cercler de métal pour que nous ne puissions pas bouger, nous endurcir le cœur pour que nous ne puissions pas ressentir, mais il veut que nous vivions amplement ce que nous sommes déjà en tant qu’homme. C’est ce que nous dit le livre du Deutéronome, le livre de la deuxième loi.

 

Moïse dit ainsi au peuple hébreux : « Cette loi que je te prescris aujourd’hui n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte. (…). Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique ». Si Moïse dit cela, c’est que cette Parole des commandements est déjà en nous, en tant qu’êtres créés à l’image de Dieu. Cette Parole des commandements, qui est une parole de bonté envers les autres et de bonté des autres envers nous, est déjà une parole inscrite en nous. Elle est à la portée de notre main, sa concrétisation nous est accessible à chacun. Toutefois, il nous faut savoir reconnaître cette Parole, la lire et la relire à travers la vie avec d’autres, à travers l’usure du temps avec les autres. La Parole des commandements est là pour dépasser notre endurcissement dû à cette usure et nous rappeler qui nous sommes vraiment. Elle est là pour nous faire gagner en simplicité quand nous échafaudons moult interprétations et calculs face à ce qui nous arrive.

 

Et c’est bien encore de commandements et de simplicité d’action dont il est question dans l’évangile de Luc. Un légiste, c’est-à-dire un fin connaisseur de la loi – puisque son métier est d’interpréter et de transmettre cette loi -, interroge Jésus, non pas sur la loi et les commandements, mais sur le comportement à adopter pour obtenir la vie éternelle. Et que lui répond Jésus ? Et bien, que lui, le légiste, a déjà la réponse en lui, puisqu’il connaît parfaitement la loi. Et la question qui devient alors centrale et que pose le légiste à Jésus, est « qui est mon prochain ? ». Jésus répond alors par une parabole qui dit l’importance qu’il apporte à cette question.

 

Nous connaissons, bien sûr, par cœur l’histoire du bon samaritain dite par Jésus. Nous la connaissons tellement bien que nous pouvons, dès que nous commençons à l’entendre, nous dire, « oui, je sais tout cela, il me faut m’occuper de mon prochain… ». Nous la connaissons tellement que nous pouvons l’écouter d’une oreille distraite, nous mettre quasiment en mode pause pendant l’office. Elle est simple, elle n’est pas faite de sous-entendus. Elle peut même nous bercer, puisque en suivant le Christ nous pouvons nous considérer forcément comme ce bon samaritain.

 

Pourtant cette question du prochain est à la fois pierre angulaire de notre foi et pierre d’achoppement. Nous voyons dans ce texte, que celui qui s’occupe de cet homme laissé à moitié mort – forcément juif, sinon le texte nous l’aurait dit – est un étranger. Un non-juif va donc s’occuper d’un juif, dans le pays des juifs. Nous voyons que le prêtre et le lévite, deux juifs qui assument donc des fonctions sacerdotales et qui connaissent parfaitement la loi, passent, quant à eux, leur chemin à bonne distance, en voyant cet homme à moitié mort.

 

En gardant cette distance physique dans l’espace, ils maintiennent une distance en humanité vis-à-vis de cet homme gravement blessé. S’approcher trop, c’est prendre le risque de se faire happer par ce que l’on voit, par les cris de l’autre. C’est prendre le risque de se faire bousculer. En gardant les choses à distance, on peut dire que ça n’existe pas vraiment. En restant à distance, le prêtre et le lévite empêchent d’une certaine manière la loi de se concrétiser, de prendre une forme active par leurs gestes, et ils s’empêchent d’être pleinement homme.

 

Et que dit le Christ au légiste suite à cette parabole et que nous dit-il à nous ? De faire de même que le samaritain, de faire preuve de bonté envers celui qui nous est inconnu et qui pourtant est notre prochain. Il nous demande d’être en toute simplicité comme un étranger, d’être comme ce samaritain, qualifié alors de bon, qui va s’occuper, hors du cercle des gens qu’il connait, d’un habitant du pays qui n’est pas le sien. Le samaritain s’approche, soigne, transporte, paye pour celui qui est étranger pour lui mais qui est aussi son proche en humanité.

 

Cette question du prochain, Sœurs et Frères, est une question majeure de notre foi en Christ. Elle nous pousse à être simples dans l’action envers les autres, elle nous pousse à prêter attention à l’autre et à lui apporter soin. Elle nous pousse à refuser toute logique qui considérerait que certains hommes valent mieux que d’autres. Elle nous pousse à combattre tout ce qui serait refus d’une commune dignité d’homme du fait d’une différence de richesse, d’éducation, de couleur de peau, de religion, d’état physique ou d’état psychique. Le bon samaritain ne trouve-t-il pas Dieu dans l’homme blessé plus que le prêtre et le lévite ne le trouvent dans une loi qui reste lettre morte ?

 

Amen

19 juillet 2019 |

Témoignage du Père Roux pour son jubilé – Saint Joseph, le 30 juin 2019

DN : St Paul dans la lettre aux Galates : Pour moi, vivre, c’est le Christ………………………

Nous fêtons aujourd’hui les disciples, bien sûr, Pierre et Paul, hier ; les jeunes de l’ordination, ce soir ; nous fêtons les disciples que vous êtes, que nous sommes, que nous tentons d’être, non que nous sommes, et puis nous fêtons un disciple tout spécialement, qui est aussi célébrant, qui a 70 ans de service bons et loyaux, un peu plus d’années de vie, ………et bien je vous propose comme une standing ovation (applaudissements !)………….. je crois que ce serait bien si on pouvait demander au Père René si c’est chouette d’être prêtre, et s’il en a été heureux !

 

Père René : voilà ! merci ! quelle joie chers amis frères et sœurs de vous retrouver. Je me rappelle fort bien les dernières journées ici… c’était le 30 et 31 décembre 19… (hésitation et rires) enfin : 2017, c’était il y a un an et demi, après : silence radio …….je n’avais plus de souffle…. j’avais eu une invitation pour participer à une messe comme ce matin, mais j’étais trop fatigué, pas de souffle, pas de parole ;  depuis 2 ou 3 mois,  je me sens mieux……… cela tombe à un moment où l’on a marqué des dates symboliques, les 95 ans et les 70 ans de sacerdoce, après il n’y a plus grand-chose à attendre comme dates symboliques … sinon le centenaire, mais c’est bien loin ….

Saint Joseph, la paroisse, est restée très présente à mon esprit. J’avais passé parmi vous une bonne douzaine d’années de fin de retraite, au cœur de cette communauté accueillante, vivante…….. oh ! ne faisons pas d’autosatisfaction … mais fraternelle, amicale…. Et …. Par exemple ces derniers mois où nous avons souffert de l’image de l’Eglise, problèmes… question d’abus…. La paroisse St Joseph a été pour moi, parmi d’autres, d’autres exemples, le signe d’une Église, d’une Église vivante, d’une Église qui remplit sa mission, d’une Eglise de Jésus-Christ, faite de gens imparfaits, pécheurs, mais elle porte la Parole, elle porte l’Espérance, elle porte la Charité et le désir d’aimer… Trouver réconfort dans cette expérience que j’ai partagée avec vous, que le Seigneur nous aide à approfondir notre vocation de chrétiens, de disciples….

SACERDOCE … Merci à la personne qui a retrouvé les images de notre ordination il y a 70 ans ces images avaient été dessinées par un confrère, Michel ROBLOT qui aimait les choses … merci. Nous étions 12 à être ordonnés, dont François PATRIAT. Merci Seigneur. Merci Seigneur pour cette vocation qui a été la nôtre, vocation qui nous dépasse, nous…. Le jubilé, ce n’est pas la mise en valeur d’un homme ! … Mon parcours, ma « carrière » (rit !), pourrait-on dire,  sacerdotale…… n’a pas été mirobolante, elle a été chaotique, elle a été faite de ce qu’elle était……. Et j’arrive à la fin de la vie avec un poids de déconvenue, de négligence, de regret. Mon cœur brillait, certes, ….  Seigneur je n’ai pas aimé comme j’aurais dû. La joie de t’avoir rencontré Seigneur, la joie d’avoir voulu te suivre, d’avoir voulu t’aider dans ta mission, mais la tristesse de tout ce qui manque, oui, mais cependant, et cependant, cela n’empêche pas de jubiler dans nos vies, de rendre grâce, de joindre ma foi,   de joindre mon esprit, ….. à la foule des croyants, à la foule des Saints du Ciel, des Anges  … pour louer le Seigneur, pour le remercier. Oui, Gloire à Dieu, Gloire au Christ Jésus.

Et puis les mercis : merci pour tant de grâces qui nous ont été données… Merci Seigneur pour ton œuvre dans le monde, merci Seigneur pour tant d’amitié dont on a fait l’expérience tout au long des étapes de nos vies sacerdotales ; nous avons rencontré tellement de dévouement, de patience, de bonté, de gentillesse, de charité, d’amitié. Alors pour tout cela,  Seigneur, merci, merci, et de même que je disais que cela avait été un réconfort pour moi, l’expérience que j’ai faite de cette communauté, je continue de compter sur vous pour (ah !) me présenter au Seigneur, puisque maintenant, voilà mon avenir, c’est de le rejoindre. Je compte sur votre prière, sur votre amitié, et une fois encore, merci, c’est çà le jubilé, c’est la joie partagée en Église, merci, merci encore, merci au Père….

Dn mais vous n’avez pas encore répondu à ma question, c’est quoi être heureux d’être prêtre ?

Père René : Heureux d’être prêtre, oui,  et malheureux de ne pas avoir été un grand pasteur (rires). Voilà.

18 juillet 2019 |

Homélie du dimanche 7 juillet 2019

par Jean-Paul Berthelot, diacre

Aujourd’hui les textes nous rappellent que chacun de nous a la responsabilité d’annoncer le Royaume de Dieu. Nous devons témoigner, comme le dit Isaïe, avec « plein d’allégresse » Nous ne sommes pas envoyés pour convertir mais pour montrer aux gens que nous les aimons et que nous voulons leur apporter la paix. Oui c’est par notre façon de vivre que nous transformons les gens. Comme le dit Paul aux Galates ce qui compte, c’est que vous êtes devenus par votre baptême un création nouvelle réalisée dans la mort et la résurrection du Christ.

Le baptême est une nouvelle naissance qui nous fait entrer dans la vie éternelle. Nous devenons un homme nouveau. Avec le Christ au cœur de notre foi, nous sommes ainsi plus forts pour affronter les tentations de toutes sortes. Cette paix intérieure qui nous anime est un bien précieux : ne la gardons pas pour nous mais partageons-la avec toutes les personnes que nous rencontrons. Paul souhaite « paix et miséricorde pour l’Israël de Dieu » Jésus demande à ces disciples, en tout premier, de souhaiter la paix aux gens qui les accueillent : « Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : Paix à cette maison »

Oui, il n’est pas facile d’annoncer la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité dans notre monde matérialiste où une majorité de personnes pensent que l’on peut se passer de Dieu. Donc notre mode de vie compte :  être en paix avec soi-même, en paix avec les autres, et avec Dieu voilà ce qui nous rend crédibles. Nous pouvons être rassurés, le Christ disait déjà aux disciples : « La moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux » Deux mille ans après, rien n’a changé. La semaine dernière, le Christ nous expliquait déjà que pour le suivre, il ne suffisait pas d’avoir de bonnes intentions mais un appel profond et personnel. Pour aimer en vérité, je dois me détacher de l’objet même de mon amour et non en être esclave. L’amour vrai suppose la liberté.

Quand je rencontre quelqu’un je suis avant tout vrai, naturel, souriant, plein d’humilité. Le Christ envoie ses disciples sans consignes doctrinales mais il insiste pour qu’ils soient simples et vrais. Oui, la première attitude est celle de la paix, même si ce n’est pas toujours facile. Sachons aimer sans être agressifs : « Nous saurons que vous êtes mes disciples si vous vous aimez les uns les autres » Oui, notre comportement est très important. Notre mission de baptisé est considérable. Elle est urgente, c’est pourquoi il ne faut pas s’attarder en route, dans le sens où la parole que nous avons donnée cheminera dans l’esprit des gens ; mais cela peut mettre du temps pour se réaliser ou non.

Oui, soyons des passeurs de fraternité et de paix, d’amour et de pardon. La religion, ce n’est pas d’abord des rites et des traditions mais faire des hommes nouveaux comme l’affirme Paul. Je pense que l’on oublie souvent cette onction d’huile que nous avons reçu le jour de notre baptême. Elle nous marque du Christ pour être « prêtre, prophète et roi »

–          Prêtre : je prie pour mes frères et pour moi

–          Prophète : j’accepte de témoigner de ma foi et de construire un monde plein d’espérance.

–          Roi : j‘accepte de vivre dans un esprit de charité et de mettre ma vie aux services des autres.

Oui, ce n’est que dans la paix que nous pourrons nous rencontrer, nous apprécier et surtout nous enrichir mutuellement, ce qui ainsi nous permettra d’entrer en alliance avec Dieu. La méfiance, l’exclusion, l’isolement et l’indifférence ne peuvent que conduire à la violence et aux conflits. Être chrétien, c’est partager la vie des gens autour de nous. Le Christ nous demande de nous adapter au mode de vie de celles et ceux qui nous reçoivent. Les différences culturelles ne doivent pas interférer avec l’amour que nous avons pour les gens.

Le christianisme n’est pas une religion de vœux pieux mais d’entraide, de fraternité et de partage. Nous devons être proches de ceux qui sont seuls et accompagner les malades. Nous ne sommes pas envoyés en mission pour recevoir des honneurs mais parce que nous sommes aimés du Père : « Réjouissez-vous, parce que vos noms sont inscrits dans les cieux »

Que le Seigneur, par cette Eucharistie, nous donne la force et le courage d’annoncer sa venue par notre manière de vivre.  Dieu fera le reste.  Bernadette Soubirous disait : « je ne suis pas chargée de vous faire croire mais de vous l’annoncer »         Amen.

8 juillet 2019 |