SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS —2°

 

PRÉDICATION du 27 Janvier 2019 en l’église Saint-Joseph de Dijon

 

Très heureux d’être avec vous pour cette semaine de prière… L’enjeu de l’unité chrétienne pour moi est simple : la division est un terrible contre-témoignage tout simplement…. Mais ce n’est sous doute pas à cause de la division de l’Eglise que notre société tend à s’eloigner toujours un peu  plus de la foi chrétienne…

Pourquoi Dieu parait-il loin à nos contemporains ? Quelle différence y-a-t’il entre les contrées  où, même si tout n’est pas rose, l’existence de Dieu est une évidence, quasiment toute la jeunesse est à fond pour Christ, toutes les églises remplies à ras-bord et d’autres endroits où l’idée même de Dieu passe au-dessus de la bonne majorité de la population ?

On pourrait donner un tas d’explications, mais au fond je crois que la principale réside dans le fait que notre Dieu est un Dieu d’alliance.. Dieu manifeste sa présence si les Hommes acceptent la relation que Dieu propose,  l’accueillent et acceptent de marcher avec Lui… Quand les Hommes veulent se débarrasser de Dieu, ne veulent pas de son autorité, eh bien Dieu les livre à eux-mêmes, à leur propres pensées, et Dieu s’éloigne… Mais ne désespérons pas, Dieu revient inlassablement dans l’histoire du salut, dans l’histoire des Hommes, pour proposer et renouveler son alliance..

Et quel est le moyen que Dieu a choisi pour manifester sa présence au monde ? Il a choisi Jésus bien sur, et le corps du Christ c’est nous ! C’est l’église…  Ce sont donc les chrétiens qui sont appelés à manifester le Christ au monde… L’église, dont jésus insistait pour qu’elle soit Une, est le moyen privilégié que Dieu a choisi pour se manifester au monde, se montrer au monde, attirer le monde à lui… On a donc, plus encore dans un monde qui veut s’émanciper de Dieu, une responsabilité importante en tant que Chrétien et comme églises… Mais comment la porter, cette responsabilité ? Eh bien je crois que notre texte nous donne quelques pistes..

Quand Jésus intervient, rejoint le monde, il le fait à un moment précis de l’histoire d’Israël où son peuple s’était laissé aller.. Fasciné, enthousiasmé par autre chose que sa relation à Dieu…. Ses fascinations diverses l’ont peu à peu éloigné du Seigneur en pensée, en actes, qu’il en ait conscience ou non d’ailleurs.. Plus loin Jésus polémique avec les pharisiens, littéralement « les séparés » qui se disaient purs de toute compromission, à qui Jésus dit : « C’est en vain qu’ils m’honorent, En donnant des préceptes qui sont des commandements d’hommes. Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. Vous anéantissez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition. ». Ces paroles du Christ rappellent que derrière la pureté apparente des pharisiens, il y a beaucoup de compromissions…

Je me permets un petit détour… Jeudi soir lors de notre veillée de prière à Beaune, 5 jeunes gens de la fraternité Saint-Pie X sont venus manifester à l’entrée de l’Eglise leur opposition à la veillée… Considérant que seule la tradition catholique d’avant le concile V2 était dépositaire du salut… Ces jeunes, sincèrement, en parlant avec eux je les ai vraiment trouvés touchant dans leur engagement, leurs convictions… Je coris que ce sont des chrétiens sincères, qui aiment Dieu, qui veulent le servir, qui font probablement plus de sacrifice que moi pour leur foi… Parce que quand on fait partie de la fraternité saint-pie X je pense qu’on a plus d’ennemis que quand on est pasteur de la gentille église protestante unie… Mais faire des kilomètres pour dénoncer à une trentaine de catholiques qui ont connu un temps où les catholiques disaient que les protestants étaient diaboliques et où les protestants disaient que le pape était l’antéchrist, pour leur dire que Luther avait une conception différente de l’eucharistie alors qu’il y a peut-être 20000 beaunois qui ne comprennent strictement rien au repas du Seigneur, je pense que c’est aberrant… Sincèrement à l’échelle de notre société, à l’échelle de nos croyances et valeurs communes, quel est le poids des différences entre catholiques et protestants ? Je crois qu’il y en a un que Jésus a rencontré au désert qui doit bien rigoler de cette division…

En tout cas à la venue du Christ le peuple commence à sentir le poids de sa révolte… le pays est rempli d’injustice, de scandales, de sentiments d’oppression, tant de signes que le pays, le peuple collectivement est en train de subir le contrecoup de ses égarements… Et ce que Christ vient attester par les miracles qu’il opère… c’est qu’en lui se trouve la bénédiction du Seigneur, la nouvelle alliance, le renouveau, le nouveau départ…

Il le rappelle d’ailleurs avec la prophétie qu’il reprend à son compte, et qui renvoie à une période où le Seigneur vient rétablir le droit, vient répondre à ceux qui ont placé leur espoirs en lui, qui ont gardé leur confiance en Dieu malgré toutes les tentations..

Au passage, que Jésus accomplisse cette prophétie nous rappelle qu’il n’est pas un simple guérisseur, même s’il peut guérir.. qu’il n’est pas un simple maitre de sagesse, même s’il est plein de sagesse… qu’il n’est pas un simple leader révolutionnaire, même s’il vient renverser l’ordre du monde.. Il est le messie…Il est celui qui vient apporter un nouveau monde, une nouvelle réalité, ce nouveau monde pour lequel Dieu nous a crée, et qui est le sens même, le but même de nos existences.. L’écrivain chrétien anglais CS Lewis disait : « si nous nous trouvons avec un désir que rien dans ce monde ne peut satisfaire, l’explication la plus probable est que nous sommes faits pour un autre monde ».

Alors on y arrive comment Jésus vient apporter ce nouveau monde tant attendu, objet de toutes les impatiences collectives et individuelles ? Jésus vient d’être tenté au désert… Il a éprouvé dans son corps, son cœur, son âme, que Satan n’avait pas autorité sur sa vie.. qu’il ne le détournerait pas de sa relation avec le Père…

 

Suite à cette épreuve et cette victoire sur la ruse et les séductions du diable, que fait Jésus… il enseigne dans les synagogues, il partage ses connaissances, ses convictions, il gagne dans la région une certaine réputation et puis, chose étonnante, il se rend chez lui,  le plus naturellement du monde, là où il a été élevé à Nazareth…, il va à la synagogue, comme à son habitude.

On avait l’habitude dans les synagogues de faire lire les gens de l’assemblée, donc puisqu’il est là, il prend la responsabilité de la lecture …

Et comme par hasard (Einstein disait le hasard c’est Dieu qui se promène incognito) le responsable de la synagogue lui tend le livre d’Isaïe où Jésus peut citer cette prophétie renvoyant à l’intervention du messie pour les gens en détresse, cette venue d’un nouveau monde qui doit particulièrement profiter à ceux qui pâtissent le plus de l’ancien mondet de la prise de parole, on lui transmet un rouleau à lire comme d’habitude… 

Et après s’être tout simplement assis pour prêcher, il ne passe pas par 4 chemins et proclame la chose essentielle : ce nouveau monde tant attendu, cette transformation de la réalité, qui doit répondre aux aspirations les plus profondes de chacun, elle est là, dès aujourd’hui.

A la lulière de ce textes, 3 choses que je voudrais partager avec vous s’agissant de notre témoignage de chrétien, et de comment porter dans notre contexte la présence de Dieu et le nouveau monde qu’il vient inaugurer…

-d’abord, être au clair avec Dieu… Ne pas attendre d’être parfait, sinon on peut renoncer tout de suite.. mais être au clair… Etre en règle avec Dieu.. être sur le chemin de la sainteté à laquelle nous sommes appelés et à laquelle nous devons tendre… C’est en effet après sa victoire sur le diable que Jésus peut affirmer dans son village qu’il vient apporter le nouveau monde, c’est à partir de ce moment-là qu’il est crédible et qu’il est équipé.

-ensuite, prendre nos responsabilités là où Dieu nous place.. avec les nôtres… Voyez, même si notre récit se passe dans une synagogue, ça reste pour Jésus et les juifs de Nazareth un lieu de rassemblement habituel, routinier, normal…C’est sans doute dans un tel environnement qu’il est le plus difficile de porter l’évangile.. d’ailleurs Jésus dans la suite du texte sera finalement exfiltré de la synagogue et du village, les habitants tentant même de le balancer du haut de la falaise… Du coup proclamer en paroles ou en actes l’évangile parmi les nôtres, au milieu des gens que nous connaissons, dans nos lieux de vie habituels n’est pas forcément très enthousiasment et ne doit a priori pas nous pousser à un grand optimisme.. mais, après tout, ce n’est pas à nous d’envisager, de savoir ou de décider si nos prises de position doivent avoir du succès ou non ! Se positionner en Christ en paroles ou en actes dans un environnement habituel où on est connu, repéré, est sans doute ce qu’il y a de plus difficile…. On risque de se livrer, on risque d’être moqué, on risque de s’isoler, on risque de passer pour un fou… et pourtant c’est notre responsabilité que de porter le nouveau monde, la vie nouvelle, l’espérance là où nous sommes…

– et pour oser malgré tout, notre texte nous incite à saisir les occasions que Dieu nous donne… Churchill disait :  « Un pessimiste voit une difficulté dans chaque opportunité. Un optimiste voit une opportunité dans chaque difficulté. »  Voyez Christ est face à une assemblée en attente, en attention, qui attend quelque-chose de lui… Il a un discours bouleversant à porter, et pour autant il ne fait pas n’importe quoi. Il respecte un ordre, un cadre fixé collectivement, une tradition… Il s’adapte à la situation, il se fond dans des règles…  Et avec la légitimité qu’il a dans le cadre fixé, il ose la parole déroutante, la parole surprenante… et proclame sans hésiter de manière très claire l’Evangile… Il saisit l’opportunité d’une attention, une légitimité qu’il lui est donné pour proclamer l’Evangile… Et nous, quels ont les secteurs, les personnes, les situations pour lesquels nous avons une légitimité, un pouvoir, une influence, et où nous pouvons proclamer en parole et en acte la vie nouvelle et le nouveau monde qu’est venu établir le Christ ? On peut avoir l’impression que notre époque est complètement fermée à l’Evangile… Y a des chances que si dans un contexte laic où pour la majorité des gens la religion a sa place dans la sphère privée, vous chantez alleluia en pleine rue, il y a peu de gens qui vont fléchir les genoux devant Christ… Sincèrement c’est très courageux de le faire… et personnellement je suis très admiratif de ceux qu’ils le font et après tout pourquoi pas… Par contre, là où nous sommes, dans nos domaines de compétences, là où nous avons une influence, face à des personnes dans le besoin, savons-nous saisir les opportunités que Dieu nous donne de nous positionner en Christ ?

Pour résumer, à la lumière de ce texte, 3 leviers pour témoigner de Christ dans notre contexte :

-Clarifier où nous en sommes, en vérité avec Dieu… Témoignage bien ordonné commence par soi-même

-prendre nos responsabilités là où Dieu nous a placés

-saisir les occasions qu’Il nous donne…AMEN

Pasteur Sébastien FRESSE

 

27 janvier 2019 |

3° semaine du temps ordinaire — Luc comme un biopic

ÉVANGILE DE LUC, fin du chap. 4

 

Il faudrait imaginer la scène : le bâtiment de la maison de prière, les personnes qui viennent prier. et cet homme, Jésus qui revient dans son village d’origine.

Luc, le rédacteur de l’Évangile se présente  comme un historien qui a fait une enquête sérieuse pour tous les Théophile du monde– c’est-à-dire ceux qui aiment Dieu, ceux que Dieu aime.

Il leur donne tous les éléments pour comprendre l’aventure de Jésus.

Et en fait, nous pourrions tout aussi bien, nous qui sommes les Théophile modernes, recevoir sa bonne nouvelle comme ce qu’on appelle maintenant au cinéma  un biopic, la vie filmée   d’un personnage important.

Quel en est le scénario ?

D’abord, après le travelling qui avait fait arriver Jésus du lointain, un vaste plan panoramique sur la foule présente   resserre progressivement le champ, de zoom en zoom, sur Jésus, sur le livre du Prophète Isaïe, et l’on voit en gros plan la phrase, écrite en belles lettres carrées, repérée par Jésus.

Il y avait quantité de personnes, et le livre du prophète Isaïe comporte quantité de chapitres –66 en tout, composés par trois écoles de rédacteurs– , il y avait accumulation de choses et de gens,  mais c’est comme si l’image faisait émerger au sein d’une foule anonyme  juste  la personne  que l’on attendait, celle que l’on souhaitait . Cette petite phrase du prophète est juste rencontre : la rencontre, comme un coup de foudre qui va marquer toute la vie. Cette phrase attendait-elle Jésus ? L’espérait-elle ? Lui, en tout cas, y trouve sa nourriture et sa force : « L’Esprit de Dieu repose sur moi, il m’a envoyé … ».

Et dans la bande-son, on peut entendre au moins 3 voix différentes. 3 voix qui chantent le même thème, avec leur musique propre : c’est la polyphonie de la phrase du Prophète.

Au 1° plan, la psalmodie biblique de Jésus, en arrière-fond humble et discret, la foule de ceux qui ont besoin d’être secourus et qui l’appellent déjà à venir. En base ostinato, le Seigneur Dieu qui parle par son Prophète.  Sa musique s’épanouit en Jésus lorsqu’il proclame cette phrase que l’on se lançait de siècle en siècle.

L’humilité du souffle printanier, comme avec Elie, et la force du volcan de Moïse. Impétueuse et fragile parole comme parole d’amoureux…

Parce qu’en vérité, on peut se demander quel est le héros véritable de l’histoire : si ce ne serait pas un Dieu amoureux de l’humanité, intérieur à ce Jésus que l’on rencontre, que l’on voit et qu’on entend. Un Dieu qui habite Jésus, et que Jésus incarne formidablement, un Dieu qui demeure en lui pour habiter nos espaces. Un Dieu qui s’exprime par lui ; qui parle en un corps d’homme par nos mots d’hommes.

Alors : comment les spectateurs que nous sommes vont-ils s’identifier à Jésus comme on fait lorsque la pièce est bonne ? Et qu’est cette parole  qui vient de Dieu ?

Isaïe 61:1 :

D’abord, c’est une devise. Le Christ y choisit la parole à laquelle il va accrocher sa vie. Et elle l’oriente. À nous aussi, elle donne le sens de notre vie ; elle est ce qui va permettre de la déchiffrer.

Parce qu’elle donne origine et but, elle dit nos dimensions. Elle universalise et libère à l’égard de toute contrainte. Ainsi, elle donne confiance et sécurité et la paix. Cette parole dit le terreau de relations et liens fraternels où notre terre pourra pousser.

Cette devise de Jésus, en ce soir, l’oriente et nous oriente vers les invisibles personnages de notre terre, vers ceux qui n’existent pas … elle est une dévoilement et une révélation…

Et …

Elle s’accomplit aujourd’hui pour chacun

C’est ce lien avec l’Éternel que nous vivrons grâce à l’Évangile de ce weekend :
Le Christ Jésus est venu essuyer toute larme de nos yeux pour nous ouvrir à l’infini.

Aujourd’hui.

père dominique nicolas

 

 

26 janvier 2019 |

Semaine de prière pour l’unité des chrétiens – 1

Homélie du 20 janvier 2019, 2ième dimanche ordinaire,

par  Claude Compagnone, Diacre

prononcée au temple de Dijon dans le cadre de l’échange de chaire entre l’Église Protestante Unie de Dijon et  la paroisse catholique   de St Joseph.

Prière d’illumination :

 

Seigneur, nous te remercions de nous avoir réunis en ta présence, pour nous révéler ton amour et nous soumettre à ta volonté.

Fais taire en nous toute autre voix que la tienne.

Et, pour que nous sachions entendre ta Parole, mais aussi la recevoir, la connaître, mais aussi l’aimer, l’écouter, mais aussi la mettre en pratique,

Ouvre par ton Saint-Esprit nos esprits et nos cœurs à ta vérité,

Au nom de Jésus-Christ, Amen.

 

Lecture de Jean 2, 1-11

 

méditation

Nous venons donc de lire dans l’évangile de Jean les noces de Cana. Nous connaissons bien cet événement de la vie du Christ situé chez Jean mais pas dans les autres évangiles. Chez Jean, à l’opposé, on ne trouve nulle trace des rois mages, comme chez Matthieu, nulle trace des bergers, comme chez Luc, nulle trace donc de ces personnes, de haute ou de petite condition, qui  viennent se recueillir au pied du nouveau-né. Par contre, on découvre – et je dirais presque « à la place » – un repas de noces. C’est une autre épiphanie, une autre manifestation de la divinité du Christ, que nous présente alors la communauté johannique : il s’agit de la reconnaissance de la gloire de Jésus par ses disciples.

 

Au 3ième jour de la vie publique du Christ, comme nous le précise le texte, on assiste au commencement des « signes » de la vie publique du Christ. L’identification de ce 3ième jour marque symboliquement un jour de plein accomplissement des choses, comme le sera celui du passage de la mort à la résurrection. En ce 3ième jour, durant les noces de Cana, l’eau devient vin, comme à Pâques, par le Christ, la mort deviendra vie.

 

Ce premier signe du Christ se déroule donc au cours d’un repas et prend la forme d’un service. Jésus rend service à sa mère qui lui adresse une demande, il rend service aux organisateurs de la noce à court de vin. Il ne s’agit donc pas ici, dans l’action du Christ, de quelque chose de vital, d’indispensable : personne n’est en danger, personne ne souffre de maladie. Jean ne parle alors pas de miracle mais bien de signe. Cet événement est un signe car il parle d’autre chose que de lui-même : il dit quelque chose de Jésus, il dit que Jésus est « l’agneau de Dieu » que Jean-le-Baptiste annonce. Et les disciples ne s’y trompent pas, ils crurent en lui après avoir vu cet évènement, comme nous le dit le texte.

 

Chez Jean, ce repas du début de la vie publique du Christ fait écho à celui de la fin de sa vie, c’est-à-dire à la sainte cène. Contrairement aux autres évangiles, nous ne trouvons pas chez Jean, au cours du dernier repas, d’institution du partage du pain et du vin. Non, chez Jean au moment de ce dernier repas, le Christ se lève, se ceint d’un linge, s’agenouille devant ses disciples et leur lave les pieds. Il se fait serviteur. Il se fait, par amour du Père et des hommes, le plus petit d’entre eux.

 

C’est ce sens du service et cette urgence à découvrir le véritable amour de Dieu pour les hommes qui parcourent l’évangile de Jean. Les repas sont des moments de fête où est célébrée la vie. Ces repas du début et de la fin de la vie publique du Christ sont donc des moments qui disent et instaurent un passage et une transformation pour la vie. Le Christ va passer de la vie privée à la vie publique, de la mort à la vie. Ces repas racontent des événements mais en même temps ils nous disent comment suivre le Christ.

 

Le texte de ce jour nous parle d’une transformation qui est en même temps un devenir, un mouvement vers du mieux. Il y a un avant et il y a un après. Il y a une situation qui est problématique – le vin manque – et qui se trouve résolue par une action – celle du Christ qui va faire rassembler par les serviteurs l’eau dans les vases de purification des juifs, et ensuite la faire puiser, un fois transformée en vin, pour la servir aux convives. Et qui plus est, ce vin nouveau se trouve être meilleur que celui servi jusqu’à présent au court de la noce.

 

L’eau se transforme en vin, le manque se transforme en abondance, le bon se transforme en meilleur : le vin déjà bon, celui qui est digne d’être servi à une noce, est remplacé par du vin encore meilleur. Ce vin nouveau est celui de la bonne nouvelle de Jésus Christ. On trouvera chez l’évangéliste Marc cette référence au vin nouveau qui doit être enfermé dans des outres neuves. Suivre le Christ conduit à mettre en œuvre des pratiques religieuses et de vie différentes de celles des juifs contemporains du Christ.

 

Mais cette transformation n’affecte pas que le vin : elle touche aussi les personnes. Visiblement c’est par Marie que l’invitation de Jésus et de ses disciples à la noce semble s’être opérée. Elle est le pivot de l’affaire mais, pour autant, pas le centre de l’action. Le texte nous dit sobrement que la mère de Jésus est là, et que Jésus et ses disciples ont aussi été invités à la noce. Jean nous dit que la mère de Jésus – qu’il n’appelle d’ailleurs jamais par son nom – est une présence. Il nous dit qu’elle est là, comme il nous dira aussi qu’elle est là au pied de la croix au moment de la crucifixion.

 

Dans le texte de ce jour, c’est une présence active dont il s’agit puisque Marie suit ce qui se passe à cette noce et voit que le vin vient à manquer. Elle anticipe le déshonneur qui peut tomber sur la famille qui accueille en n’étant pas à la hauteur de son devoir de régaler les convives au cours d’une fête digne de ce nom. Elle voit ce qui se passe pour les autres, les hôtes, et intervient auprès de celui qui lui est proche, son fils, pour qu’il agisse. Elle fait comme nous le ferions si nous voyions une situation délicate arrivée et que nous savions que notre enfant pouvait la résoudre. Nous lui demanderions s’il ne veut pas intervenir puisqu’il en a la capacité, voire même nous le presserions de le faire.

 

Il s’en suit un échange étrange où Jésus rabroue sa mère par ces mots : « Femme que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue ». On dirait aujourd’hui, en termes courants, que Jésus envoie gentiment balader sa mère comme on le ferait avec un parent qui aurait une attitude jugée, à ce moment-là, trop intrusive par rapport à notre vie personnelle. Un rapport et bienveillant entre personnes, nous le savons bien, les amène parfois à préciser ce qu’est le cadre de leur relation. Deux choses bonnes semblent se heurter dans cet échange : d’un côté, ce souci de Marie pour la famille organisatrice de la fête et, d’un autre côté, ce qui semble être la bonne heure pour Jésus pour manifester pleinement qu’il est le fils de Dieu. Ce moment de manifestation ne dépend pas de Marie, mais du Père.

 

Il s’opère alors une double transformation dans le sens où le Christ va effectuer ce qu’il n’aurait pas voulu faire et où Marie ne va pas faire ce qu’elle aurait voulu réaliser. On assiste ainsi en direct à un équilibrage dans la relation entre Jésus et sa mère, équilibrage qui dit en même temps qui est pleinement Jésus et qui est pleinement Marie. Marie, la femme transformée par le regard que Dieu a posé sur elle, est fidèle aux paroles dites à l’ange de l’annonciation : « voici la servante du Seigneur ; que m’advienne selon ta parole ». Marie, après la réaction du Christ, en confiance, se met en retrait de l’affaire en disant aux serviteurs d’effectuer ce que Jésus leur dira. Jésus, d’une certaine façon lui aussi en confiance, en se laissant guider par les événements, accepte de passer discrètement au centre de l’affaire. Il dit aux serviteurs de remplir les jarres et les jarres sont remplies et leur eau devient du vin.

 

Jésus répond à la demande qui lui est adressée mais son acte ne semble pas être claironné sur  tous les toits. Il ne devient pas le centre de la fête : c’est les mariés qui le demeurent… et ils ne sont pas au courant de ce qui vient de se passer. Qui sait alors ce que Jésus vient d’accomplir ? Le texte laisse entendre qu’il ne s’agit que des serviteurs qui ont réalisé le travail, de ses disciples qui sont avec lui et de sa mère. Et que produit son geste ? La croyance en lui de ses disciples. Ils voient sa gloire.

 

Le Christ fait donc à ces noces de Cana ce qu’il ne pensait pas faire et pourtant il le fait. Il va agir comme avec la cananéenne de la région de Tyr qui vient le supplier avec insistance de guérir sa fille. Comme nous le raconte Matthieu, après l’apostrophe qui lui est adressée, dans un premier temps, il ne veut pas répondre à la cananéenne mais va tout de même finir par le faire. Il agit en voyant la foi de ceux qui lui parlent. Sa mère Marie est femme de foi, la cananéenne est femme de foi. L’une et l’autre lui font une demande qui ne correspond pas à la façon dont il souhaite que les choses se déroulent. Et pourtant à l’une et à l’autre, il répond. Par l’une et par l’autre, il se laisse transformer comme l’eau en vin, et il découvre ainsi mieux qui il est. Pour l’amour des hommes et comme modèle des hommes, il entre profondément en service.

20 janvier 2019 |

homélie du dimanche 13 janvier 2019 ( Fête du baptême du Seigneur)

Par le Père Denis MARION

 

Nous fêtons aujourd’hui le baptême de Jésus.

Le mot ‘baptême’ signifie ‘plongeon, plongée’. En grec, plonger se dit ‘baptô’.Baptême de l’air, baptême du feu : le jour de la première fois. Le jour où Jésus plonge dans sa mission . Ce jour-là est bien réel. C’était dans les années 27-28 de notre ère. Un vaste mouvement baptiste était né pour engager le peuple des croyants à un nouveau départ, à un changement de vie, pour permettre à Dieu d’instaurer son Règne face à la pression romaine, à la vénalité des grands-prêtres,  à l’arrogance des scribes, à la précarité des endettés. Jean-Baptiste en était le prophète reconnu. L’historien Flavius Josèphe nous parle de lui, à la fin du 1er siècle. Les gens venaient de partout. Un jeune trentenaire, Jésus de Nazareth, se joint à eux, adhère au mouvement et plonge dans le vif de l’action avec les suites que l’on sait. Moment décisif pour la suite de l’histoire du monde. Commémorons donc ce jour unique. Nous en avons l’habitude en France : 14 juillet, 11 novembre, 8 mai , et tant et tant d’autres. Très bien, mais encore….

Il y a là plus qu’un simple souvenir du passé. Très tôt après la résurrection, les disciples de Jésus et la liturgie de l’Eglise après eux ont pris toute la mesure de l’événement, qui nous touche encore de près aujourd’hui. Ce n’est pas seulement le baptême de Jésus, c’est le baptême du Seigneur, puisqu’il concerne Celui qui est toujours vivant et agissant parmi nous.

La fête du baptême du Seigneur est un moment décisif de l’année liturgique. Elle est à la fois le dernier dimanche du cycle de Noël et le premier dimanche du Temps ordinaire, transition entre l’intimité des familles et la rudesse de la vraie vie.

Aujourd’hui est présenté, désigné, investi par Dieu lui-même Celui que Jean-Baptiste a désigné comme le plus fort, Celui qui nous immergera dans l’Esprit et le feu. Il va être le héros du grand récit évangélique qui nous accompagnera sur le chemin de la foi tout au long de cette année C. Bien saisir son identité est de première importance pour percevoir la portée profonde de son action dans chacun des évangiles qui seront lus cette année.

Le portrait qui nous est fait de lui aujourd’hui est le reflet de ce que S Luc a retenu de lui. Il a ses accents propres par rapport à ceux qu’expriment Marc et Matthieu. Il s’approcherait de celui que fait Jean. Mais l’Eglise veut élargir l’horizon , et à travers le texte d’Isaïe, le psaume 103 et la lettre de S.Paul à Tite, elle veut encore  dévoiler toute la portée de ce baptême du Seigneur, par rapport au passé et par rapport à notre présent et à notre avenir. Je dégagerai quatre chemins d’entrée dans ces textes, à travers quatre thèmes de l’évangile de Luc, qui rayonnent sur l’ensemble de son œuvre :

le peuple  –  la prière  –  l’aujourd’hui de Dieu  –  la joie  — le tout baignant dans la nouveauté, l’embrasement, l’énergie créatrice de l’Esprit du Père.

« Le PEUPLE venu auprès de Jean-Baptiste était dans l’attente et tous se demandaient en eux-mêmes  si Jean n’était pas le Christ(=le Messie) », c’est tellement rassurant d’avoir le personnage

providentiel, cet alibi dont on pense qu’il pourrait tout régler à notre place, que sa fonction soit politique ou religieuse, le Pape, le Président !

Ce peuple, c’est bien nous . Il nous représente tous. On va le retrouver tout au long de l’évangile de Luc au premier rang des auditeurs de Jésus, attentif et prompt à l’émerveillement, mais lent à s’engager vraiment…jusqu’au pied de la croix : « Le peuple restait là à observer. » Luc 23,35

Le texte d’Isaïe universalise la portée de ce constat. Dans d’autres temps aussi le peuple est en souffrance, pas seulement quand il prend des gilets ou des stylos de couleur. Déjà les exilés de Babylone (Isaïe) désespèrent de s’en sortir ; les contemporains de Jésus peinent sous le régime d’occupation romaine. Et nous-mêmes sommes accablés par l’orgueil, l’injustice, la corruption, le cynisme, l’aveuglement du monde, qui ont leur prolongement jusqu’en notre propre cœur.

Il a encore bien du chemin à faire, ce peuple, avant de devenir ce « peuple ardent ) faire le bien » dont rêve le Père, comme nous le dit S.Paul.Mais enfin, il est en attente, là au bord du Jourdain. Tous ces gens reconnaissent leur péché, prennent leurs bonnes résolutions de début d’année. Il décident de changer les choses :  le climat, le niveau de vie, les relations sociales. En se purifiant dans les eaux du Jourdain(rive est!), c’est comme s’ils voulaient tout reprendre à zéro depuis Moïse et faire une entrée toute nouvelle en Terre promise. Mais l’idée qu’ils s’en font n’est peut-être pas tout à fait la bonne. Jean-Baptiste leur a annoncé le jugement de Dieu qui va tout régler d’un coup, par l’Esprit et le feu( style Elie! cf Luc 9,53-55) : « La cognée est à la racine de l’arbre »Luc 3,9 ; « Il va brûler la paille au feu qui ne s’éteint pas » Luc 3, 17. Pas tendre, Jean-Baptiste ! Les bons d’un côté, les méchants de l’autre ! Gare ! (Notez que la liturgie a omis ce passage, pour ne pas vous faire de peine!) Nous entrons souvent dans ces vues du Baptiste dans nos sursauts de bonne volonté ; soit on baisse les bras dans un pessimisme moral ou une culpabilité latente ; soit on se raidit dans des jugements tranchants ou une rigidité qui exclut. Jean-Baptiste lui-même a bien conscience d’être dépassé, qu’il ne fait que préparer le terrain à un autre. »Celui qui vient après moi est plus fort que moi. » Mais le plus fort qui vient ne sera-t-il pas encore plus sévère ? Tout cela n’est pas très rassurant. Qui pourra tenir ? (cf le sixième sceau, Apoc 6, 12-17)

Là-dessus Jean quitte la scène. Luc nous raconte ici de manière anticipée  ses démêlés avec Hérode et son arrestation (passage omis). Même si l’homme se bouge, cela ne résout pas tout. Luc le redira : « La Loi et les Prophètes vont jusqu’à Jean le Baptiste ; depuis lors le Royaume de Dieu est annoncé et chacun met toute sa force pour y entrer. »Luc 16,16. Entre nos efforts humains et le Royaume, il y a un abîme infranchissable que seule le grâce du Père en Jésus-Christ et l’irruption créatrice de l’Esprit-Saint peuvent nous faire franchir.

C’est là qu’arrive la PRIERE qui seule nous ouvre à l’accueil de l’Esprit de Dieu (cf Actes 1,14)

Alors Jésus paraît. Jean n’est plus là pour le montrer du doigt. Un temps nouveau est là. Jésus vient de lui-même, souverainement ou plutôt il paraît de façon étrange propre à faire tomber nos peurs du jugement de Dieu. « Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. » Admirable phrase, où tout est dit de façon visuelle, encore faut-il ne pas perdre contact avec la lettre du texte et en peser chaque mot.

Trois choses ressortent qui nous épatent :

Le peuple s’est fait baptiser, cela, on en connaissait et le fait et les raisons. Mais voici que Jésus arrive par le même chemin que ce peuple, par la petite porte ; il se fait l’un d’entre eux et reçoit de l’un d’eux le baptême. Il est solidaire jusqu’au bout de notre misère et de notre fragilité et il se rend même dépendant de nous. « Fils d’Adam,fils de Dieu », dira la généalogie de Luc en 3, 38. Dans l’adieu qu’il a fait lire pour ses obsèques, mon ami, le P.Pierre Auffret, parle de « son frère Dieu, qui lui a tant donné de sa Vie ici-bas. »

Ensuite, solidaire du peuple, Jésus PRIE. Il prie son Père, bien sûr ; mais dans sa prière il englobe tous ces nouveaux frères avec qui et pour qui il s’est plongé dans les eaux incertaines de l’existence. (Il faudrait lire ici le psaume 123(124)). Cette prière, expression de sa relation constante avec le Père (Jean 5, 19-20), Jésus la pratiquera tout au long de sa route, spécialement aux moments-clés de sa mission : choix des apôtres(Luc 6,12), confession de Pierre(9,18), Transfiguration (9,28-29), avant la révélation du Notre Père(11,1), avant l’annonce du reniement de Pierre(22,32), face à ses bourreaux(23,34), à sa mort(23,46). Il continue d’ailleurs de le faire dans l’éternité : Rom 8,34 ;Heb 7,25.

Alors seulement le ciel s’ouvre et l’Esprit est donné, une fois pour toutes.

L’AUJOURD’HUI du salut. Le ciel s’ouvre, où règne celui qui est au delà du temps, hier, aujourd’hui et demain. Comment mettre des mots sur l’inexprimable venue de l’Esprit-Saint. Le langage bafouille/ Luc dit : « comme une colombe ». Un peu flou certes, mais flou bien réel, quelque chose qui dit : amour paix, pureté. Par divers mots, Luc insistera tout au long de son œuvre, Actes compris, et davantage que les autres évangiles, sur cette puissance de l’Esprit à l’oeuvre  en Jésus. Un seul exemple en Luc 6,19 : « Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous. »

De toutes façons, si la vue se brouille la voix du ciel le dit clairement : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé. » c’est dire d’emblée au lecteur de l’évangile que l’homme Jésus, notre frère, est bien ce Fils de Dieu annoncé depuis le début à Marie et qu’elle a porté dans son sein, que les anges ont chanté, que Syméon a reconnu et dont la première parole d’adulte a été de dire qu’il lui fallait être chez son Père.

C’est lui que les porteurs de bonne nouvelle d’Isaïe 40 annonçaient à Jérusalem : « Voici le Seigneur Dieu…Comme un berger, il fait paitre son troupeau…son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur. »

Cette parole du Père rappelle le décret d’intronisation du roi établi à Jérusalem et qui sera le chantre et le protagoniste du psautier : »Je proclame le décret du Seigneur : il m’a dit :’Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. Demande et je te donnerai les nations en héritage.’ »Ps 2,7s

Cette parole dite sur celui qui émerge des eaux de la mort est prononcée dans un éternel AUJOURD’HUI. Cet aujourd’hui, absent de notre texte lui-même, apparaitra tout au long de l’évangile de Luc, en particulier 2,11 ; 4,21 ; 5,26 ; 19,5-9 ; 23 43. En Jésus, la royauté de Dieu s’exerce déjà. Luc 17,20-21 : »La venue du règne de Dieu n’est pas observable. On en dira pas :’Voilà, il est ici !’ ou bien ‘Il est là’. En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. »

Et le bon larron en fait l’expérience : »Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. Jésus lui déclara :’Amen, je te le dis : aujourd’hui avec moi, tu seras dans le Paradis’ .»

Luc 23,43 .Qui se confie à Jésus a déjà un pied dans le Paradis.

Alors, c’est la JOIE qui vient à nous. « En toi, dit le Père, Je trouve ma joie. »

Le Père nous offre de partager sa joie. Il nous invite à nous réjouir avec lui.

Quelle est cette joie du Père ? C’est celle de rassembler tous ses fils grâce au Fils qui les recherchera en son nom. Le chapitre 15 est central dans S.Luc : »Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue. Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n ‘ont pas besoin de conversion. » Luc 15,5

Car, tant qu’à faire, puisque cet étrange Fils s’est solidarisé avec tous ces hommes pécheurs, le Père considère qu’eux aussi sont pleinement ses fils . C’est là qu’il faut faire intervenir S.Paul dans sa lettre à Tite : »Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes…Il nous a sauvés, non pas à cause de la justice de nos propres actes, mais par sa MISERICORDE… » Encore un thème majeur de l’évangile de Luc : la miséricorde infinie de Dieu en Jésus. « Par le baptême, il nous a fait renaître…et nous a renouvelés dans l’Esprit-Saint, afin que, rendus justes par sa grâce,, nous devenions en espérance héritiers de sa vie éternelle. »

C’est toute cette deuxième lecture qu’il faudrait lire en détail. Elle nous montre les retombées pour nous  de ce baptême du Christ. Mais nous n’avons pas le temps de le faire ici. Qu’importe ! Baptisés dans le Christ ,nous avons en nous l’Esprit qui crie en nous : Abba, Père. Il nous rappelle toutes choses. La semaine n’est-elle pas faite pour ruminer et se nourrir des textes du dimanche ?

Mais il faut CONCLURE :

Laissez-vous consoler, mon peuple. Mon peuple français, trêve d’autoflagellation!

Faites des choix, bougez-vous, comme dit le Baptiste. Sans désir, Dieu ne peut rien pour vous.

Ne dites pas : «Je n’arrive pas à prier ». Faites silence et écoutez la voix qui murmure en votre cœur : « Toi, tu es mon fils Bien-aimé ! » vous verrrez , ça change tout quand on comprend que Dieu nous cherche et que ce que nous attendons a déjà commencé.

Enfin soyez dans la joie, la joie du Père, du Fils et de l’Esprit, aujourd’hui.

Et répétez-vous ce verset du psaume 103 pour voir clair dans vos états d’âme :

« Tu caches ton visage, ils s’épouvantent ; tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à la poussière ; (mais) tu envoies ton Souffle, ils sont créés, tu renouvelles la face de la terre. »

 

 

 

 

 

16 janvier 2019 |

FÊTE DU BAPTEME DU SEIGNEUR

Isaïe 40,1-5.9-11

Psaume 103(104),1c-4.24-25.27-30

Tite 2,11-14 ; 3,4-7

Luc 3,15-16.21-22

 

Nous fêtons aujourd’hui le baptême de Jésus.

Le mot ‘baptême’ signifie ‘plongeon, plongée’. En grec, plonger se dit ‘baptô’.Baptême de l’air, baptême du feu : le jour de la première fois. Le jour où Jésus plonge dans sa mission . Ce jour-là est bien réel. C’était dans les années 27-28 de notre ère. Un vaste mouvement baptiste était né pour engager le peuple des croyants à un nouveau départ, à un changement de vie, pour permettre à Dieu d’instaurer son Règne face à la pression romaine, à la vénalité des grands-prêtres, à l’arrogance des scribes, à la précarité des endettés. Jean-Baptiste en était le prophète reconnu. L’historien Flavius Josèphe nous parle de lui, à la fin du 1er siècle. Les gens venaient de partout. Un jeune trentenaire, Jésus de Nazareth, se joint à eux, adhère au mouvement et plonge dans le vif de l’action avec les suites que l’on sait. Moment décisif pour la suite de l’histoire du monde. Commémorons donc ce jour unique. Nous en avons l’habitude en France : 14 juillet, 11 novembre, 8 mai , et tant et tant d’autres. Très bien, mais encore….

Il y a là plus qu’un simple souvenir du passé. Très tôt après la résurrection, les disciples de Jésus et la liturgie de l’Eglise après eux ont pris toute la mesure de l’événement, qui nous touche encore de près aujourd’hui. Ce n’est pas seulement le baptême de Jésus, c’est le baptême du Seigneur, puisqu’il concerne Celui qui est toujours vivant et agissant parmi nous.

La fête du baptême du Seigneur est un moment décisif de l’année liturgique. Elle est à la fois le dernier dimanche du cycle de Noël et le premier dimanche du Temps ordinaire, transition entre l’intimité des familles et la rudesse de la vraie vie.

Aujourd’hui est présenté, désigné, investi par Dieu lui-même Celui que Jean-Baptiste a désigné comme le plus fort, Celui qui nous immergera dans l’Esprit et le feu. Il va être le héros du grand récit évangélique qui nous accompagnera sur le chemin de la foi tout au long de cette année C. Bien saisir son identité est de première importance pour percevoir la portée profonde de son action dans chacun des évangiles qui seront lus cette année.

Le portrait qui nous est fait de lui aujourd’hui est le reflet de ce que S Luc a retenu de lui. Il a ses accents propres par rapport à ceux qu’expriment Marc et Matthieu. Il s’approcherait de celui que fait Jean. Mais l’Eglise veut élargir l’horizon , et à travers le texte d’Isaïe, le psaume 103 et la lettre de S.Paul à Tite, elle veut encore dévoiler toute la portée de ce baptême du Seigneur, par rapport au passé et par rapport à notre présent et à notre avenir. Je dégagerai quatre chemins d’entrée dans ces textes, à travers quatre thèmes de l’évangile de Luc, qui rayonnent sur l’ensemble de son œuvre :

le peuple – la prière – l’aujourd’hui de Dieu – la joie — le tout baignant dans la nouveauté, l’embrasement, l’énergie créatrice de l’Esprit du Père.

« Le PEUPLE venu auprès de Jean-Baptiste était dans l’attente et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ(=le Messie) », c’est tellement rassurant d’avoir le personnage

providentiel, cet alibi dont on pense qu’il pourrait tout régler à notre place, que sa fonction soit politique ou religieuse, le Pape, le Président !

Ce peuple, c’est bien nous . Il nous représente tous. On va le retrouver tout au long de l’évangile de Luc au premier rang des auditeurs de Jésus, attentif et prompt à l’émerveillement, mais lent à s’engager vraiment…jusqu’au pied de la croix : « Le peuple restait là à observer. » Luc 23,35

Le texte d’Isaïe universalise la portée de ce constat. Dans d’autres temps aussi le peuple est en souffrance, pas seulement quand il prend des gilets ou des stylos de couleur. Déjà les exilés de Babylone (Isaïe) désespèrent de s’en sortir ; les contemporains de Jésus peinent sous le régime d’occupation romaine. Et nous-mêmes sommes accablés par l’orgueil, l’injustice, la corruption, le cynisme, l’aveuglement du monde, qui ont leur prolongement jusqu’en notre propre cœur.

Il a encore bien du chemin à faire, ce peuple, avant de devenir ce « peuple ardent ) faire le bien » dont rêve le Père, comme nous le dit S.Paul.Mais enfin, il est en attente, là au bord du Jourdain. Tous ces gens reconnaissent leur péché, prennent leurs bonnes résolutions de début d’année. Il décident de changer les choses : le climat, le niveau de vie, les relations sociales. En se purifiant dans les eaux du Jourdain(rive est!), c’est comme s’ils voulaient tout reprendre à zéro depuis Moïse et faire une entrée toute nouvelle en Terre promise. Mais l’idée qu’ils s’en font n’est peut-être pas tout à fait la bonne. Jean-Baptiste leur a annoncé le jugement de Dieu qui va tout régler d’un coup, par l’Esprit et le feu( style Elie! cf Luc 9,53-55) : « La cognée est à la racine de l’arbre »Luc 3,9 ; « Il va brûler la paille au feu qui ne s’éteint pas » Luc 3, 17. Pas tendre, Jean-Baptiste ! Les bons d’un côté, les méchants de l’autre ! Gare ! (Notez que la liturgie a omis ce passage, pour ne pas vous faire de peine!) Nous entrons souvent dans ces vues du Baptiste dans nos sursauts de bonne volonté ; soit on baisse les bras dans un pessimisme moral ou une culpabilité latente ; soit on se raidit dans des jugements tranchants ou une rigidité qui exclut. Jean-Baptiste lui-même a bien conscience d’être dépassé, qu’il ne fait que préparer le terrain à un autre. »Celui qui vient après moi est plus fort que moi. » Mais le plus fort qui vient ne sera-t-il pas encore plus sévère ? Tout cela n’est pas très rassurant. Qui pourra tenir ? (cf le sixième sceau, Apoc 6, 12-17)

Là-dessus Jean quitte la scène. Luc nous raconte ici de manière anticipée ses démêlés avec Hérode et son arrestation (passage omis). Même si l’homme se bouge, cela ne résout pas tout. Luc le redira : « La Loi et les Prophètes vont jusqu’à Jean le Baptiste ; depuis lors le Royaume de Dieu est annoncé et chacun met toute sa force pour y entrer. »Luc 16,16. Entre nos efforts humains et le Royaume, il y a un abîme infranchissable que seule le grâce du Père en Jésus-Christ et l’irruption créatrice de l’Esprit-Saint peuvent nous faire franchir.

C’est là qu’arrive la PRIERE qui seule nous ouvre à l’accueil de l’Esprit de Dieu (cf Actes 1,14)

Alors Jésus paraît. Jean n’est plus là pour le montrer du doigt. Un temps nouveau est là. Jésus vient de lui-même, souverainement ou plutôt il paraît de façon étrange propre à faire tomber nos peurs du jugement de Dieu. « Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. » Admirable phrase, où tout est dit de façon visuelle, encore faut-il ne pas perdre contact avec la lettre du texte et en peser chaque mot.

Trois choses ressortent qui nous épatent :

Le peuple s’est fait baptiser, cela, on en connaissait et le fait et les raisons. Mais voici que Jésus arrive par le même chemin que ce peuple, par la petite porte ; il se fait l’un d’entre eux et reçoit de l’un d’eux le baptême. Il est solidaire jusqu’au bout de notre misère et de notre fragilité et il se rend même dépendant de nous. « Fils d’Adam,fils de Dieu », dira la généalogie de Luc en 3, 38. Dans l’adieu qu’il a fait lire pour ses obsèques, mon ami, le P.Pierre Auffret, parle de « son frère Dieu, qui lui a tant donné de sa Vie ici-bas. »

Ensuite, solidaire du peuple, Jésus PRIE. Il prie son Père, bien sûr ; mais dans sa prière il englobe tous ces nouveaux frères avec qui et pour qui il s’est plongé dans les eaux incertaines de l’existence. (Il faudrait lire ici le psaume 123(124)). Cette prière, expression de sa relation constante avec le Père (Jean 5, 19-20), Jésus la pratiquera tout au long de sa route, spécialement aux moments-clés de sa mission : choix des apôtres(Luc 6,12), confession de Pierre(9,18), Transfiguration (9,28-29), avant la révélation du Notre Père(11,1), avant l’annonce du reniement de Pierre(22,32), face à ses bourreaux(23,34), à sa mort(23,46). Il continue d’ailleurs de le faire dans l’éternité : Rom 8,34 ;

Heb 7,25.

Alors seulement le ciel s’ouvre et l’Esprit est donné, une fois pour toutes.

L’AUJOURD’HUI du salut. Le ciel s’ouvre, où règne celui qui est au delà du temps, hier, aujourd’hui et demain. Comment mettre des mots sur l’inexprimable venue de l’Esprit-Saint. Le langage bafouille/ Luc dit : « comme une colombe ». Un peu flou certes, mais flou bien réel, quelque chose qui dit : amour paix, pureté. Par divers mots, Luc insistera tout au long de son œuvre, Actes compris, et davantage que les autres évangiles, sur cette puissance de l’Esprit à l’oeuvre en Jésus. Un seul exemple en Luc 6,19 : « Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous. »

De toutes façons, si la vue se brouille la voix du ciel le dit clairement : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé. » c’est dire d’emblée au lecteur de l’évangile que l’homme Jésus, notre frère, est bien ce Fils de Dieu annoncé depuis le début à Marie et qu’elle a porté dans son sein, que les anges ont chanté, que Syméon a reconnu et dont la première parole d’adulte a été de dire qu’il lui fallait être chez son Père.

C’est lui que les porteurs de bonne nouvelle d’Isaïe 40 annonçaient à Jérusalem : « Voici le Seigneur Dieu…Comme un berger, il fait paitre son troupeau…son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur. »

Cette parole du Père rappelle le décret d’intronisation du roi établi à Jérusalem et qui sera le chantre et le protagoniste du psautier : »Je proclame le décret du Seigneur : il m’a dit :’Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. Demande et je te donnerai les nations en héritage.’ »Ps 2,7s

Cette parole dite sur celui qui émerge des eaux de la mort est prononcée dans un éternel AUJOURD’HUI. Cet aujourd’hui, absent de notre texte lui-même, apparaitra tout au long de l’évangile de Luc, en particulier 2,11 ; 4,21 ; 5,26 ; 19,5-9 ; 23 43. En Jésus, la royauté de Dieu s’exerce déjà. Luc 17,20-21 : »La venue du règne de Dieu n’est pas observable. On en dira pas :’Voilà, il est ici !’ ou bien ‘Il est là’. En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. »

Et le bon larron en fait l’expérience : »Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. Jésus lui déclara :’Amen, je te le dis : aujourd’hui avec moi, tu seras dans le Paradis’ .»

Luc 23,43 .Qui se confie à Jésus a déjà un pied dans le Paradis.

Alors, c’est la JOIE qui vient à nous. « En toi, dit le Père, Je trouve ma joie. »

Le Père nous offre de partager sa joie. Il nous invite à nous réjouir avec lui.

Quelle est cette joie du Père ? C’est celle de rassembler tous ses fils grâce au Fils qui les recherchera en son nom. Le chapitre 15 est central dans S.Luc : »Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue. Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n ‘ont pas besoin de conversion. » Luc 15,5

Car, tant qu’à faire, puisque cet étrange Fils s’est solidarisé avec tous ces hommes pécheurs, le Père considère qu’eux aussi sont pleinement ses fils . C’est là qu’il faut faire intervenir S.Paul dans sa lettre à Tite : »Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes…Il nous a sauvés, non pas à cause de la justice de nos propres actes, mais par sa MISERICORDE… » Encore un thème majeur de l’évangile de Luc : la miséricorde infinie de Dieu en Jésus. « Par le baptême, il nous a fait renaître…et nous a renouvelés dans l’Esprit-Saint, afin que, rendus justes par sa grâce,, nous devenions en espérance héritiers de sa vie éternelle. »

C’est toute cette deuxième lecture qu’il faudrait lire en détail. Elle nous montre les retombées pour nous de ce baptême du Christ. Mais nous n’avons pas le temps de le faire ici. Qu’importe ! Baptisés dans le Christ ,nous avons en nous l’Esprit qui crie en nous : Abba, Père. Il nous rappelle toutes choses. La semaine n’est-elle pas faite pour ruminer et se nourrir des textes du dimanche ?

Mais il faut CONCLURE :

Laissez-vous consoler, mon peuple. Mon peuple français, trêve d’autoflagellation!

Faites des choix, bougez-vous, comme dit le Baptiste. Sans désir, Dieu ne peut rien pour vous.

Ne dites pas : «Je n’arrive pas à prier ». Faites silence et écoutez la voix qui murmure en votre cœur : « Toi, tu es mon fils Bien-aimé ! » vous verrrez , ça change tout quand on comprend que Dieu nous cherche et que ce que nous attendons a déjà commencé.

Enfin soyez dans la joie, la joie du Père, du Fils et de l’Esprit, aujourd’hui.

Et répétez-vous ce verset du psaume 103 pour voir clair dans vos états d’âme :

« Tu caches ton visage, ils s’épouvantent ; tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à la poussière ; (mais) tu envoies ton Souffle, ils sont créés, tu renouvelles la face de la terre. »

père Denis MARION

 

 

 

 

 

13 janvier 2019 |

ÉPIPHANIE 2019

Par les Rois Mages, l’Eternel accomplit librement l’attente  des hommes et du prophète

Isaïe en avait rêvé ; il les attendait en sachant qu’ils arriveraient.

Isaïe les attendait, càd que la Bible les attendait, càd le Seigneur Dieu. Donc nous… sans peut-être trop le savoir.

Et voici qu’ils sont arrivés. Ils viennent du plus lointain Orient, de l’Orient de tous les rêves — et aujourd’hui de tous les cauchemars ; ils viennent du fond des questions humaines ; ils viennent du fond de ce que les hommes savent et de leurs interrogations ; du fond de la grandeur qu’ont les hommes quand ils se mettent en route.

Et ils veulent comprendre.

« Nous cherchons où est le roi qui vient de naître » disent-ils. Et leur parole montre qu’ils sont allés très loin et qu’ils ont déjà beaucoup compris. Sans peur ni esprit de concurrence, ils interrogent.

En vrais chercheurs de vérité, ils savent qu’ils ont besoin des autres pour avancer.

Et les voici maintenant, ce soir/ce matin devant le but qu’ils espéraient. Devant eux, c’est l’enfant et au-dedons d’eux, la joie.

La joie, c’est le bon signal, le marqueur. Dieu est là.

Comme font toutes les bonnes marraines et tous les bons parrains, ils offrent leurs cadeaux. Ils ont apporté ce qu’ils avaient imaginé de plus précieux et de plus beau pour un fils de roi : l’or de la majesté et du pouvoir, l’encens pour adorer le dieu qui est en lui, la myrrhe pour lui donner le bien-être général du corps et de l’esprit, pour accompagner sa vie éternelle, son immortalité ………..

Mais ils font un geste qui va tout déplacer … en eux … peut-être en nous puisque nous sommes avec eux … peut-être dans le monde, puisque nous sommes dans le monde.

Ils sortent leurs cadeaux de leurs emballages et les déposent devant l’enfant. Dès l’instant de leur partage, ils sont transfigurés par lui ; le silence de Marie a pénétré en eux. Le respect est leur univers.

Comme une dent cariée, ils ont extrait leur or. Ils n’ont plus la soif de la richesse, de l’avoir ou du pouvoir. Le clinquant est démonétisé. Et notre surconsommation. Et notre gaspillage.

2° chose : l’encens pour Dieu. Devant l’enfant fragile, ils abandonnent leurs idées sur la divinité. Plus jamais le Seigneur Dieu ne sera le Tout-Puissant. Ce que disait le psaume s’accomplit : « Dieu est bon pour le pauvre, il fait droit aux malheureux »… « Venez à moi, dira Jésus, vous les exclus, vous qui souffrez « . Ils sont avec lui, eux, les étrangers …ils sont avec lui, là, à l’adorer : eux, la preuve de qui est vraiment le Dieu des nations, des gens interdits.

Et la myrrhe : En fait, ce seront 30 ans plus tard que les parfums le rejoindront, lui l’homme de la croix, sans qu’ils servent davantage à son embaumement, puisque sa Résurrection a tout dépassé. Notre peur de la mort n’a plus de sens. C’est-à-dire notre peur de vivre, notre refus de vivre. Puisque, justement, la Résurrection a tout dépassé

Alors, ils peuvent repartir tout libres, « par un autre chemin ». Comme partiront les Femmes, le matin de Pâques, vers les Disciples, portant la Paix, puisque tout a changé.

La vie pour manteau.

La joie pour richesse.

En prière, le goût du frère.

Et Dieu, infiniment autre et infiniment présent.

Juste à contempler. A adorer. A contempler.

oère dominique nicolas

9 janvier 2019 |