« j’avais faim et vous m’avez donné à manger…»

……..   Etranger et vous m’avez accueilli… »

Les  « repas solidaires »  ont pris leur rythme de croisière à Saint Joseph !

Après une longue période préparatoire au cours de laquelle nous avons recueilli l’engagement des bénévoles pour assurer l’accueil, la préparation et le service des repas, etc.… ainsi que  les dons de matériels  et de  fonds, notre campagne a donc débuté le 8 novembre.

Nos premiers samedis se sont déroulés dans une belle effervescence du fait de la présence de nombreux enfants qui sont intégrés, en semaine, dans les cantines scolaires.

Depuis le 15 novembre, nous accueillons, comme les autres paroisses, les familles roumaines qui ont tout perdu dans l’incendie du squatt de la route d’Ahuy et sont en grand désarroi.

C’est  donc actuellement une quarantaine de personnes qui viennent partager un repas dans la salle des Grands Espaces !

Ces repas ont été l’occasion de chaleureuses rencontres entre les invités et les bénévoles malgré la barrière de la langue,   mais aussi entre les bénévoles eux-mêmes.

Un service dont la fécondité est d’ores et déjà perceptible et qui déborde largement l’objectif humanitaire qui en a été la source.

Nous tenons à saluer, ici,  le remarquable élan de générosité dont témoigne notre communauté. Un élan qui, notons-le, s’étend au-delà des murs de la paroisse ! Nous avons apprécié notamment  la joyeuse et précieuse participation des scouts qui ont pris en charge les enfants,  et celle des jeunes de l’École de supérieure de commerce qui nous ont rejoints ce week-end.

Plusieurs projets sont en cours : propositions d’apprentissage du français pour les adultes, repas festif de fin d’année, galette…

Alors, société en crise, individualisme, repli identitaire, … ?

Oui, sans doute : pas d’angélisme. Mais rien n’est perdu comme peuvent en témoigner tous ceux qui participent à ces repas solidaires.

Et, plus que jamais, nous croyons avec le Père du Dujarier « que la fraternité est le signe fort dont le monde a besoin aujourd’hui. »

L’équipe de coordination.

 

UN GESTE qui nous a touchés :

A la fin d’un repas, un couple est arrivé alors que les excédents cuisinés avaient été distribués. Une dame qui s’apprêtait à partir a, alors, spontanément et discrètement, offert la boîte qui contenait son repas du soir.

Il y a des moments de Grâce qui nous assignent  à l’émerveillement…

 

30 novembre 2014 |

APPEL A DEVENIR DIACRE

rublev_vierge_deesis_vladimir PRIÈRE D’ACTION DE GRÂCE

Isabelle et Claude       Dijon le 29 Novembre 2014

 

Claude : Seigneur, tu m’appelles de manière décisive sur le chemin du diaconat. La question d’un engagement plus radical, afin de vivre de manière plus sérieuse l’exigence et la joie de ta parole, était en arrière-plan de ma pensée lorsque ce chemin m’a été proposé. C’est à ce moment de ma vie où le temps de la jeunesse s’éloigne, où il s’agit d’aller à l’essentiel, que je cherche à vivre plus profondément en toi et par toi. Je suis appelé sur ce chemin du diaconat et j’en suis heureux. Béni sois-tu pour cet appel.

Isabelle : Seigneur, tu nous appelles en famille sur ce chemin. Liés par le sacrement du mariage, tu nous a donné la grâce de former un foyer, d’y accueillir nos enfants, de les voir grandir. Ce nouveau chemin vers le diaconat, nous le parcourons ensemble, nous portant mutuellement, nous encourageant, nous fortifiant, ouverts à ce monde que tu as créé et que tu aimes. Nous avons soif de toi. Béni sois-tu pour ces dons.

Claude : Seigneur, nous nous réjouissons que des diacres permanents, pères de famille, investis dans des univers différents, le monde du travail et la société civile, œuvrent pour être des ponts. Nous nous réjouissons qu’ils nourrissent, au côté des prêtres et de leur évêque, l’Église de leur richesse et qu’ils nourrissent ces univers différents des richesses de l’Église. Nous nous réjouissons qu’ils puissent délivrer des « sacrements de lien » aussi beaux que ceux du baptême et du mariage. Nous nous réjouissons qu’ils puissent se faire tout entier serviteurs. Béni sois-tu pour tes serviteurs.

Isabelle : Seigneur, ce chemin nous le parcourons, pour l’Église, et en paroisse. C’est dans cette paroisse de St Joseph ouverte et vivante, à l’église claire, aux personnes attachantes, où il est possible de trouver sa place, que cette interrogation pour le diaconat a germé. Merci pour ces communautés de croyants à qui tu donnes un souffle, une espérance et un amour toujours renouvelés. Merci pour tous ces gestes invisibles, ces présences discrètes mais essentielles, des fidèles qui forment ton Église. Béni sois-tu pour ton Église.

Claude : Seigneur, le monde des hommes est parfois un peu fou et vivre de sa foi est un combat de tous les jours. Devenir diacre, c’est pour moi « s’obliger », c’est, par engagement, se pousser à faire ce que l’on ne ferait pas naturellement et que l’on n’aurait pas la force de faire, c’est être témoin du regard d’amour de Dieu posé sur chacun, être facteur de paix et de réconciliation. C’est donc devenir un « obligé » au sens le plus noble du terme, quelqu’un qui peut faire l’action désirée car il en a généreusement reçu les moyens. Béni sois-tu pour ton amour.

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Le CHRIST TOUT en TOUS — Maurice ZUNDEL

« Dieu est une Présence brûlante au fond de nous-mêmes, la Présence la plus actuelle, la plus réelle, celle hors de laquelle on ne peut rien rencontrer »…

« Dieu est au cœur de notre liberté, comme la condition sine qua non de celle-ci »

« Devenir libre et Le rencontrer, rencontrer Dieu Vivant, c’est une seule et même chose, car notre moi authentique ne surgit que dans cette relation avec Lui qui nous fait passer du dehors au dedans, des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie ».

« Si le Verbe s’est fait Chair, c’était pour nous mettre à la portée de l’humilité de Dieu ».

1) En Christ : voici l’Homme.

« Si l’on veut parler d’une humanité, si l’on peut parler d’une histoire humaine, c’est dans la mesure où le Christ en est le centre, où l’histoire fait en Lui un nouveau départ, où Il est véritablement l’Homme, et non mas seulement un homme, Celui qui porte toute l’espèce, rassemble toutes les générations, Celui qui est à l’intérieur de chacun pour l’orienter vers tous les autres.

Autrement dit, le Christ est véritablement le sommet de l’Histoire, Il est véritablement l’Homme, pôle d’attraction de toute la création et de toute l’Histoire, l’Homme-origine, l’Homme qui permet, à partir de Lui, de comprendre ce qui était en vue depuis le commencement et c’est aussi par rapport au Christ que l’on peut comprendre le sens de la vocation humaine depuis le Commencement : toute la foi était déjà foi au Christ qui vient.

On peut dire que le Christ est ce Sommet, ce Centre, parce que dans son humanité totalement assumée, tout est assumé. Non pas seulement un changement de la divinité en chair, mais l’élévation, l’attraction de l’humanité en Dieu. C’est l’humanité, à commencer par son humanité et ainsi toute l’humanité rendue présente, ainsi, à Dieu, libérée du moi pesant, de la pesanteur, humanité dans la grâce, aimantée par le Moi divin, cette humanité de ce « Je » qui est un « Autre».

Dieu en Christ assume tout l’humain et pourtant, non seulement l’humain ne disparaît pas et n’est pas anéanti, mais quand l’humain laisse transparaître Dieu, il apparaît dans toute sa vérité et dans toute sa beauté. Dans toute son originalité.

Ainsi, toute la beauté de l’humain se manifeste, quand il est transfiguré par le divin. C’est la beauté du Christ, c’est la beauté de cet homme, en un mot : la beauté de l’homme. Des êtres ont laissé transparaître cette beauté : Marie est La Belle du Seigneur; François d’Assise a laissé transparaître le Vivant et a été beau de cette beauté.

2) A partir de là, toute grâce est mission, et nous prenons en charge l’Histoire et le monde :

« Quelle fécondité aurait la lecture du journal, l’audition de la radio ou de la télévision si, à chaque événement, nous nous disions : « je suis chargé de cela ». Et là, nous entendons le Christ nous confier les Béatitudes… « …derrière tous les visages humains, il y a cette possibilité d’être lumière d’une Lumière, d’une naissance, d’une éclosion, d’un renouvellement, d’une révélation de Dieu. Le Ciel, ils ont à le devenir… » Quand nous voyons tous ces gens qui sont dans l’enfer de la haine ou de l’indifférence, est-ce que nous pensons que le ciel, ils ont à le devenir ?… « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu… ils verront Dieu dans le cœur du pauvre, dans le cœur du défiguré, ils verront déjà la stupéfiante beauté de l’homme, alors que ceux qu’on leur présente sont défigurés, maltraités… …. »

21 novembre 2014 |

DU SECOURS CATHOLIQUE

Comme chaque année lors de la collecte, nous vous demandons l’autorisation d’apporter notre témoignage de bénévole.
Intervention courte pour rappeler quelques activités  souvent méconnues: aide à la recherche d’emploi, accompagnement budgétaire, accompagnement à la scolarité, espace coiffure…et pour faire appel à la générosité de vos paroissiens: aides financières, dons divers par exemple de jouets pour notre braderie de jouets des 28 et 29 novembre, don de temps en devenant bénévole (nous en manquons pour développer de nouvelles activités) ou en soutenant les personnes que nous accompagnons par la prière. Toutes ont un parcours compliqué et notre prière les aidera à garder ou à retrouver l’Espérance; malgré les épreuves qu’elles traversent.
Je peux citer aussi le parcours, si j’ai un peu plus de temps, de Stéphanie, dont nous n’avions plus de nouvelles depuis plusieurs mois. Elle était venue pour des vêtements il y a 2 ans. Petit chat écorché, ballotté de familles d’accueil en foyers, déscolarisée rapidement et qui venait, après avoir connu la rue, d’arriver au foyer Viardot. Il lui a fallu une bonne année pour croire qu’elle était capable de trouver un travail: remplacement d’une semaine pour du ménage, puis un peu plus long. Un premier CDI de 20h puis 32 heures. Et le rêve qui devient réalité: avoir son appartement (oh un studio « mon premier chez moi tu sais »); les meubles de chez EMMAÜS, la vaisselle de Secours…peu importe « mon premier chez moi ».
Plus de nouvelle depuis jusqu’à un coup de fil lundi « j’ai une copine qui galère, je peux vous l’envoyer? »
A son tour, elle voulait aider…j’en ai profité pour lui reparler de formation « j’y pense mais pas tout de suite, il faut que je m’habitue ». Il faut du temps, beaucoup de temps. Beaucoup de temps sans résultat visible souvent! Mais redonner courage, c’est déjà une étape… écouter…être disponible…
Pour Stéphanie, ça valait la peine de passer plusieurs mois à plusieurs bénévoles, pour l’écouter, lui redonner confiance, l’aiguiller, lui donner quelques coups de pouces financiers et se faire « enguirlander » parfois; elle a un sacré tempérament…
dominique ob.
15 novembre 2014 |

UNE CHARITE AFFECTIVE ET EFFECTIVE

Comme de deux rivières convergentes, la prédication de ce jour s’est alimentée des deux propositions que nous fait l’Église en ce weekend : il y a les textes bibliques  et il y a le secours catholique. Les textes bibliques et le partage en équipe de préparation. Le secours catholique et l’énergie de la charité.  Les deux rivières, en fait, font confluence en nous. Elles ont pour but de nous rendre toujours  plus des humains dynamiques, des croyants dignes de ce nom.

C’est le message de Paul dans sa lettre : « Vous êtes filles et fils de la lumière ; vous  êtes lumière », disait-il.

Lumière, et  énergie.  En physique les deux vont ensemble. Vous êtes  énergie, donc vous répandez de la clarté.  Et réciproquement : vous êtes lumière, c’est le signe de votre énergie. Ce qui encourage tout le monde. Votre sourire, vous ne le voyez pas, mais c’est lui qui rayonne et fait du bien.

Donc, d’abord, l’équipe de préparation m’a fait du bien. J’y allais en pensant qu’une fois de plus, selon nos commentaires traditionnels à son propos, cet évangile allait nous pousser à faire des efforts harassants, au maximum, comme dans les banques on réalise des stress tests pour vérifier leur fiabilité,  parce qu’on en doute, comme un cardiologue vous met sur un vélo pour tester votre cœur, parce qu’il a peur pour vous. Sortes de culturistes de la foi pour un Dieu qui épuiserait ses athlètes…Et bien, loin de la présentation qu’on en fait  habituellement, à l’héroïsme tendu et triste à mourir, nous avons entendu 3 choses positives sur  le Seigneur :

En 1°, qu’il « donne à chacun selon ses capacités ». Dieu nous respecte. Il ne demande que ce que chacun sait donner. Il ne demande pas de se comparer avec le voisin ; mais de se connaître soi-même, de se respecter, soi. Mais bien. Alors, on est libre pour foncer.

Ensuite, qu’il ne prend rien, mais qu’il admire et démultiplie ce qu’il admire. À l’homme qui a reçu 5, qui rapporte 5 … il donne 10 et encore 1 en supplément ; à l’homme qui a reçu 2, il donne en prime les 2 rapportés. L’homme reçoit tout  ce qui lui a été confié, plus tout le reste. Dieu ne garde rien pour lui, il leur a juste donné motif pour aller au top de ce qu’ils pouvaient faire. L’énergie première c’est la sienne, la force de la confiance, la lumière d’être libre.

Et , 3° phrase de notre évangile : « Entre dans  la joie ; entre dans ma joie » ! Voilà ! C’était cela, le but : donner de la joie à Dieu, pour qu’il la démultiplie. Sa joie, c’est  la joie partagée avec les autres, la joie donnée, la joie reçue des autres ;  sa joie, c’est d’en faire profiter tout le monde. Le troisième homme, celui qui n’a rien créé parce qu’il avait peur, avait au moins compris une chose : Dieu veut tout ! Il souhaite récolter le plus de gens possibles, les amasser dans son immense maison  … pour le bien, en positif, en énergie, en lumière. Pour que tous se nourrissent intensément de son énergie…

Deux conséquences :

L’une est, si l’on peut dire, que les 100% que le Seigneur propose à l’être humain à la mesure de ses capacités… il se les impose à lui aussi. Et quand l’homme réalise ses 100%, Dieu en fait autant … et 100% de l’infini –cela fait beaucoup ! cela fait tout l’amour dans lequel puiser ; cela offre toute la lumière dans laquelle l’humain peut avancer et créer ; cela donne toute la charité que nous pouvons déployer au service de ceux qui ‘ont pas la force vivre.

Cela donne aussi le Christ, puisque le Père fait don de ce qu’il a de plus précieux pour combler notre pauvreté.

(mais en annexe, j’ajouterais bien ce faux calcul : connaissant un peu qui est Dieu, je suis à peu près sûr que si l’humain, pour quantité de raisons, ne produit que, disons, 10%, le Seigneur, lui, produira 210 ou 290 % au moins…)

L’autre conséquence est que notre énergie, à la suite de Jésus, fait entrer de la Résurrection dans le monde. Puisque le Seigneur nous a confié le Christ, et d’être le Christ en notre siècle, il met dans nos mains la Transfiguration.

D’où les miracles d’habileté déployés par la mère de famille du 1° récit –cette femme « vaillante ». Toute la puissance qu’elle manifeste est pour le bien. Le bien

du matin au soir –et elle est lumière dans la nuit dès avant le lever du jour, et longtemps après sa fin.

Je ne peux m’empêcher de penser à un souvenir de camping avec des amis. C’était à  Assise. Sous un vent d’une rare force, le père et les enfants se battent avec les toiles de tente, les piquets, les sardines. L’humeur était aussi exécrable que la météo ; les mots fusent en bombardements sur chacun. Lorsque, enfin, tout est fini, on voit, paisible, la mère de famille apportant une cocotte-minute remplie, bien chaude. Mot du père : « Ma femme est une sainte ! ». La semaine à Assise, ensuite, fut à ce niveau-là de douceur, de maîtrise de tout : d’amour et de bonté.

Voilà pourquoi, je voudrais laisser agir en notre mémoire la phrase-devise de  st Vincent de Paul : « IL NOUS FAUT  AVOIR UNE CHARITÉ AFFECTIVE ET UNE CHARITÉ EFFECTIVE ».

Avant que nous n’ayons, le weekend prochain, LA SUITE : la fête du CHRIST TOUT EN TOUS.

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LA PURETE DU TEMPLE PAR JESUS, LE CHRIST

Juste d’abord, après ce passage de l’Évangile, tout à chaud, je pense que l’on peut se  réjouir de ce que Jésus ait les mêmes réactions que nous : il veut que la maison de Dieu soit belle et propre.

Il y en a ici plus d’un qui partage cet avis.

Et bien sûr, ce n’est pas seulement pour des raisons esthétiques. Même si l’esthétique est une prière aussi, parce qu’elle est le signe d’autre chose : elle sait manifester la vérité des choses et des êtres, pas seulement leur superficie ; elle sait faire venir au dialogue, à la communication, à la communion ;sans doute même, le vrai et le beau se renvoient-ils l’un à l’autre pour faire exister celui qui les reçoit et interroge… Contempler et agir et vivre ; et aimer et donner de vivre…

Bref :spontanément, quand l’évangile me parle de propreté, je greffe sur ce chapitre 2 de saint Jean le chapitre avant-dernier du même saint Jean, le chap. 19, où l’on dit que les linges qui entouraient le corps de Jésus sont bien proprement pliés … comme si la Résurrection introduisait dans notre monde « une bonne odeur de linge propre » (c’est la publicité qui parle comme cela, mais pas seulement elle !). Une clarté, en tout cas. Un respect des choses et des gens.

Dès le début, et jusqu’à la fin de cet évangile, Jésus est lumière et clarté. Il est beauté. Comme à la cathédrale d’Amiens, où l’on est accueilli par la statue du « Beau Dieu ».

Et Jésus est signe que Dieu, son Père et notre Père, est à l’accueil.  Un Dieu ouvert, toutes portes ouvertes, qui accueille et bénit. Tout l’évangile de Jean, de A jusqu’à Z, est tissé de Résurrection …

Et le 2° temps que, du coup, je voudrais apporter, c’est que Jésus  est beauté pour Dieu.

Comme il le dit, il s’agit de la maison de son Père. C’est ce qu’oublient ces personnes que le Christ a dans son collimateur, et qui font juste leurs petits trafics, parce qu’il est plus commode d’être plongé dans ses petites affaires que de relever la tête et de voir loin et grand et profond et haut. Avec Dieu, on risque toujours d’avoir la tête qui tourne, et les gens ont toujours eu peur du vertige.

Nous aussi, sans doute, malheureusement.

Mais de nous, avec prudence, je ne parlerai qu’à la fin. Pour dire que cette Maison de Dieu qui est la nôtre, que nous sommes, est –en latin : semper reformanda, toujours  à réformer ; -et en bon français : -je suis/ tu es/ il ou elle/ sont …toujours en chantier.

Le prophète Ézéchiel va nous donner une 1° piste de travail : le Temple du Père est destiné à faire jaillir de la vie, et que cette vie aille aux 4 coins du monde, Est, Ouest, Nord, Sud. Comme nous avions porté des flammes aux 4 coins de cette église, le jour de Toussaint, à la suite des liturgies des frères arméniens. Le pape François dit « Je crois à une Église en sortie ». C’est notre vocation, non ? Porter une eau pure aux gens le plus loin possible. Et à tous, sans exception. Une Église écologique, en quelque sorte… Écolo, de façon durable, puisqu’elle est comme ces arbres toujours en feuilles, toujours en fleurs, toujours en fruits. Toujours utiles et beaux.

Ainsi que nous l’avons vécu,  ce samedi, en invitant à table les demandeurs d’asile, comme FONT aussi les amis des autres églises de Dijon, catholiques ou protestants ; ou comme font les jeunes ou moins jeunes qui partent en coopération, ou les Compagnons Scouts pour le Burkina-Faso, « le pays des Hommes intègres et purs ».

Ou encore, d’une autre manière,  ceux qui bâtissent un projet d’avenir pour une vie de couple ou de vocation religieuse.

Tous, nous bâtissons large et vaste. Et tous, nous avons à devenir plus vastes et plus profonds. Plus compréhensifs, donc.

Et à demander au Seigneur Jésus  de venir faire son ménage en nous.

Avec  l’Esprit-Saint qui est la puissance active du Christ pour mener au Père.

D’où notre réformation nécessaire.

D’abord : être compréhensifs. Et prendre les moyens pour cela : comme savoir nous taire, par exemple, pour accueillir les autres. Même nous taire, parfois, dans le bâtiment-église…

Puis : ne jamais rien prendre de frelaté, d’artificiel, de faux. Fuir les gadgets ou les pensées toutes faites. Même les idées religieuses. Surtout elles ! … Que notre foi soit « JE crois »… ou : JE doute … ou JE cherche … ou S’il TE plaît, Seigneur… une foi ouverte, en dialogue, qui cherche la pureté. Une foi-confiance entre des amis. Une foi cathédrale, immense château, bateau de haute mer.

Bref, parler, penser, regarder, juger, agir comme Jésus. Tout construire sur Lui.

Et lire Jésus dans ses évangiles ; entendre Jésus prier dans les psaumes ; admirer comme Jésus, tourner tout vers le Père en Action de grâce, comme Jésus. Faire de notre vie une messe.

Être des bâtisseurs, pas des démolisseurs. Vous êtes le Temple de Dieu. Faites tout pour lui et le salut du monde.

Jusqu’au jour bienheureux où l’Ange nous dira « Allez, maintenant, ta messe est dite, viens dans la maison du Père à la table du Christ ».

Alléluia.

8 novembre 2014 |

TOUSSAINT 2014 & 2 NOVEMBRE — LA COMMUNION DE TOUS LES VIVANTS

J’aime la fête de la Toussaint :

-parce qu’elle nous invite à nous mette en marche à la suite de tous les saints pour vivre encore davantage  l’Évangile.

-parce qu’elle nous permet aussi d’écouter ce beau texte des Béatitudes qui nous invite à la Joie.

Reprenons-le au début: « Quand Jésus vit toute la foule qui le suivait, il gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire »…

Combien de fois les évangiles nous montrent Jésus portant un regard sur la foule, sur un homme ou une femme, sur une situation ? Combien de fois ce regard de Jésus transforme la vie de ceux qui le croise: le jeune homme riche, Zachée, la Samaritaine,…Que peut-on voir dans ce regard ? Sans aucun doute beaucoup d’Amour et une manière  unique de dire à celui ou à celle qui est là : Tu as beaucoup de prix aux yeux de mon Père. Mais je crois que ce regard révèle aussi ce que vient nous dire les béatitudes : « Heureux » « Réjouissez-vous » « soyez dans l’allégresse » Cet « heureux » résonne comme une promesse de bonheur : Heureux comme la certitude que marcher à la suite du Christ nous remplit de Joie. Heureux parce qu’avec le Christ nous dit St jean dans la deuxième lecture nous sommes devenus enfants de Dieu.

Ce texte des Béatitudes change tout. Le regard du Christ transforme tout. Mais pour cela il faut se laisser regarder, il faut accepter de se mettre sous son regard, comme on s’expose au soleil par une belle journée en plein été, pour être bien et se laisser réchauffer par les rayons de cet astre bienfaisant. Il me semble que c’est un peu ce qu’on su faire les saints. J’oserai dire que ces hommes et ces femmes sont des « bronzés » de Dieu. Ils se sont exposés sous le regard de Dieu, ils se sont laissé réchauffer par l’Amour du Seigneur. Ils ont accepté d’offrir toute leur vie au rayonnement de Dieu et par cette exposition leur existence a été transformée; ils ont rayonné autour d’eux de la Lumière et de la chaleur de l’Évangile. Et l’avantage avec l’Amour de Dieu c’est qu’on peut s’exposer longtemps sans mettre de crème protectrice pour éviter les coups de soleil. Au contraire, la surexposition est bénéfique, elle est même nécessaire ! Je crois aussi que les Saints ont plongé toute leur existence dans l’Évangile, ils s’y sont immergés. Ils n’ont pas trempé quelques orteils, ils ont plongé tête la première depuis le jour de leur baptême jusqu’à la fin de leur vie terrestre. Même si pour certains, ils y sont allés en plusieurs fois et parfois même à reculons ; une fois qu’ils ont franchi le pas, ils y sont allés à fond.

Vous pouvez peut-être trouver audacieux voire irrespectueux de comparer des saints à des personnes qui se font bronzer au soleil de Dieu et qui se baignent dans les profondeurs de l’Évangile, mais être chrétien n’est-ce pas être plongés par le baptême dans l’Amour de Dieu et s’exposer toute sa vie durant à la Lumière de l’Évangile ? Et parmi les différents passages d’Évangile que les Saints ont lu, médité et approfondi, il y a ce beau texte des Béatitudes. Prises séparément ces béatitudes ressemblent à de jolis proverbes. Mais prises dans leur ensemble ces paroles nous offrent les différentes facettes de l’Évangile que tout disciple est invité à vivre: la pauvreté de cœur, la douceur, la faim de justice, la miséricorde, la pureté de cœur, la paix, mais aussi la persécution et l’épreuve. Ces béatitudes c’est un peu la vie du Christ en condensé, de Bethléem à Jérusalem, de la crèche à la résurrection en passant par la croix signe de l’Amour absolu. Et Jésus nous dit « Heureux es-tu si toi aussi tu marches à ma suite et que tu essaies de vivre ma vie »

André Chouraqui traduit ce « Heureux » par  « En marche » et à l’entendre nous pouvons penser que les béatitudes ouvrent un chemin, celui du disciple, et promettent un avenir ! Oui les béatitudes nous invitent au mouvement. N’aie pas peur nous dit le Christ, Viens suis-moi, je te promets le bonheur même si le chemin sera parfois rude. Les saints sont aussi des hommes et des femmes qui se sont mis en marche, qui ont fait de leur existence un chemin d’Évangile, parfois au prix de leur vie, et qui ont cherché à donner une place à Dieu dans tous les moments de leur existence. La fête d’aujourd’hui c’est la fête de tous les saints mais c’est aussi notre fête à tous car nous sommes tous appelés à être des saints. Non pas des gens parfaits mais des vivants passionnés par l’Évangile et par la Joie. Et on peut dire sans se tromper qu’aujourd’hui notre devenir est révélé.

Pourquoi ? Révéler, c’est soulever le voile qui nous masque ce que nous serons au-delà de notre existence terrestre. C’est ce que veut dire le mot apocalypse, notre première lecture. Nous sommes dans cette « foule immense, une foule de toutes nations, races, peuples et langues. »(Ap 7, 9). Vision grandiose que Jean nous livre, avec toutes les descriptions imagées, symboliques, invitant à entrer dans le mystère de la destinée humaine. C’est le peuple de Dieu, le peuple immense de tous ceux qui, lors de leur pèlerinage terrestre, ont vécu leur humanité selon l’appel de Dieu, peut-être sans le connaître, mais dans la nudité et la vérité de leur condition humaine. « Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, en vêtements blancs, avec des palmes à la main. »(7, 9). C’est-à-dire, dans un face à face avec Dieu, immergés dans sa lumière. Et voilà que nous y sommes, nous aussi, au milieu cette foule ; révélation anticipée de notre devenir, au-delà de notre vie terrestre. En vêtements blancs, répliques de notre vêtement du baptême ; tenant les palmes à la main, palmes du vainqueur, tel le Christ vainqueur de la mort et qui nous entraîne à sa suite. Oui, la fête de tous les Saints est toute chargée d’espérance.

Car aujourd’hui notre devenir est révélé : cette foule immense ce sont les gens de la vie ordinaire. Les personnes que l’on rencontre dans n’importe quel endroit de ce monde où Dieu nous a appelé et qui est pour nous le lieu de notre sainteté. Oui chacun de nous est invité à vivre cette sainteté ordinaire des gens ordinaire dans nos différents lieux de vie ordinaire. Chacun est invité à exposer sa vie au soleil de Dieu et à plonger dans l’Évangile. Chacun est invité à vivre son baptême en Enfant de Lumière, simplement, sans artifice et dans la confiance. Heureux seront nous alors car comme nous le dit St Jean, « il a voulu que nous soyons appelé enfant de Dieu et nous le sommes ». Soyons convaincus de cette promesse et vivons à fond la joie des béatitudes ! Soyons des chrétiens heureux, soyons des chrétiens joyeux. Et comme le disait le Père Chevrier, une autre figure de Saint, « Soyez toujours gai et aimable, c’est une des qualités d’un serviteur du Bon Dieu ».

Amen

Francis ROY, diacre

Fidèles défunts 2014

La Toussaint hier, la fête de tous les saints avec les béatitudes et aujourd’hui la commémoration des fidèles défunts. Fête des morts aujourd’hui, fête des saints hier. Pourquoi deux fêtes distinctes ? Le cœur de Dieu, miséricordieux au-delà de tout imposerait-il une hiérarchie ? Une fête pour les grands qui semblent avoir compris ce que Dieu attend de l’humanité et une fête pour les autres, tous les autres : les petits, les mécréants, les méchants, les normaux, dont nous sommes, serviteurs en attente du maître qui vient.

Permettez-moi de dire, de crier : « Non ! » Nous sommes tous appelés à la sainteté et les béatitudes sont aussi le programme de ce jour ! Luc nous le redit dans son évangile : « Heureux les serviteurs que le maître trouvera en train de veiller. » Jésus renverse les rôles et le serviteur se fait servir par le maître ! Parce qu’il a tenu bon, parce qu’il a suivi le maître en choisissant d’être comme lui au service de ses frères, la rencontre ultime est béatitude. Notre prière aujourd’hui pour tous nos défunts, pour tous les défunts du monde, est une prière nécessaire pour hâter leur rencontre avec Dieu. Et notre prière est aussi soutien pour ceux qui souffrent terriblement de l’absence plus ou moins récente d’un être cher. Le Christ a raison de nous confirmer dans notre aspiration profonde au Bonheur. Le Dieu auquel nous croyons est un Dieu d’amour. La gloire de Dieu, la joie de Dieu, c’est l’homme vivant, c’est l’homme debout, épanoui.

Et pourtant la souffrance est bien là, immense pour « ceux qui restent. » Quel scandale que la mort ! Avec elle on touche à l’inadmissible. Et cette révolte qu’elle fait jaillir en nous n’est-elle pas le signe que nous ne sommes pas fait pour cette finale malheureuse ? Nous sommes des êtres d’éternité et non de rupture, des êtres d’amour et non de séparation. Nous avons la foi, mais devant le scandale du mal et de la souffrance, il peut nous arriver de douter de Dieu. Nous avons entendu Jésus lui-même crier : « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Devant la souffrance qui nous anéantit, notre interrogation à Dieu se comprend : « Pourquoi ce mari aimant m’a-t-il été arraché ? Pourquoi ce fils affectueux a-t-il été si brutalement ravi à notre amour ? Pourquoi notre mamie si gaie et si gentille est-elle partie pour toujours ? » Saint Paul, dans sa lettre aux romains entendue en deuxième lecture, nous suggère que le Christ ne nous a pas promis une joie terrestre immédiate (nous sommes encore dans les douleurs de l’enfantement) mais qu’il est parti devant nous pour nous préparer une place dans la maison de son Père. Nous n’avons pas ici-bas de cité permanente. Notre « chez-nous » est au ciel dans le royaume du Père où une joie sans fin nous est promise. Ceux que nous pleurons ont trouvé leur chez-soi dans l’immense sérénité de Dieu. Et ils ne nous oublient pas car nous pouvons les entendre nous dire, comme le Christ,  « nous partons devant vous préparer une place, gardez confiance ».

Au départ d’un être cher, ne nous posons plus la question : « Où est-il ? Nous voit-il ? » Affirmons avec foi, rempli d’espérance, ce que le Christ nous a dit : « Il est vivant ». Et en parlant de nos défunts, ne disons pas : « nous les avons aimé » mais bien plutôt : « nous les aimons » car n’en doutons pas, ils sont vivants ! Nous pouvons alors, petit à petit, malgré l’absence, de plus en plus sereinement, revivre avec eux les moments passés ensemble. Et nous chantons alors avec eux, grâce à eux, les béatitudes :

Heureux ceux qui ont recherché les vraies richesses, celles du cœur.

Heureux ceux qui ont su se pencher sur toutes les pauvretés, les pauvretés de tendresse, les pauvretés spirituelles.

Heureux ceux qui ont été vides d’eux-mêmes pour se laisser remplir de Dieu.

Heureux ceux qui ont su être tendres et fermes, fermes et persévérants.

Heureux ceux qui ont su demander pardon et qui savaient pardonner.

Heureux ceux que la souffrance a rendu sensibles à la misère des frères.

Heureux ceux qui ont mieux aimé être opprimés qu’oppresseurs.

Heureux ceux qui ont cru à la force de l’amour et ont su faire la paix dans leur propre cœur.

Oui, malgré notre peine, heureux sommes-nous de connaître de tels bienheureux, souvent simples et humbles, qui nous ouvrent le chemin du royaume et préparent notre place au milieu de la multitude des amis de Dieu.

Amen.


2 novembre 2014 |

Quand ABRAHAM et ZACHEE passent de la mort à la vie

Je me suis longtemps demandé comment recevoir l’Évangile de ce jour, et les autres textes, tout en gardant présent le thème de ce soir : notre prière pour les défunts — avec les défunts. Je ne me sentais pas le droit de faire l’impasse ni sur ceci ni sur cela. Et puis, la méditation s’est faite peu à peu, avec l’image de cet arbre par lequel Zachée se distingue de la foule, et l’image, que Jésus emploie à la fin de l’histoire, de ce père Abraham : lui aussi a fait voyage hors d’un monde. Ses branches ont poussé large…

Abraham et Zachée nous sont des modèles de vie croyante.

Je voudrais méditer comment les personnes que nous aimons  nous sont eux aussi modèles de vie.

D’abord, l’éloignement.

On dit « ils nous ont quittés ». Et nous, « nous nous sentons seuls ».

Zachée a dû quitter la foule. Peut-être, il aurait aimé en faire partie. Mais la nécessité physique l’en empêchait.  Comme la mort s’impose… son handicap comme une mort ?

Et le manque de communion avec les autres aussi. Je dirais volontiers que c’est d’abord le manque de communion qui tue. Et  que c’est la communion qui fait vivre.

Zachée a quitté la foule, contraint et forcé. Il n’a pas demandé à mourir par rapport à ces gens-là, mais il est parti dans un ailleurs qui surplombait leur bruit et leur remue-ménage. Il est parti à la rencontre d’un inconnu — d’un quasi inconnu sur lequel il avait quelques bribes de notions ou d’idées, d’un inconnu qui est venu le chercher. Et a fait rupture en un système bien rôdé, trop bien rôdé..

L’ancêtre Abraham, pareillement, se fait brutalement interpeller. Il quitte le tohu-bohu d’une contrée pleine d’idoles pour aller vers une terre inconnue. Dieu ne lui laisse pas le choix. C’est brutal et sans appel. Il y a comme cela des moments dans l’existence où on ne peut pas négocier : ni avec la vie, ni avec la mort.

Abraham est devenu « un hébreu », ce qui signifie précisément en hébreu l’homme du passage, l’homme de la traversée… Disant cela, je pense immédiatement à cet autre homme libre qu’est Jésus qui invitera un jour ses amis : « Passons sur l’autre rive, allons sur l’autre bord »… De fait, les disciples traversent le lac, mais ils sont d’abord confrontés à une tempête qui les effraie… Un vrai combat avec les éléments — et « combat » en grec, se dit « agonie »… C’est là aussi que Pierre, saint Pierre !, coule, et qu’il faudra la main de Jésus pour le repêcher.

Nous comprenons le lien avec le Livre de la Sagesse, avec le superbe psaume 145 : le Seigneur peut tout, il est bon pour le pauvre, il tend la main aux malheureux, il nous retire de la fange et de la boue — et l’on comprend peu à peu qu’il nous retire de la boue du péché où nous risquons de mourir.

Donc, deuxièmement, une opération vérité.

Je n’ai pas envie de mourir, mais je mourrai. Et je ne sais pas ce que cela représente. Apprendrai-je ?

C’était la vérité de Zachée sur lui-même : reconnaître qu’il est trop petit, reconnaître que, parmi tous les gens bien en place, il n’a pas de place et qu’il lui faut se déplacer. Et reconnaître, surtout, que rien de ce qu’il possède ne fait le poids. De la même façon que l’ « on n’achète pas d’amis sur le marché », de la même façon on n’achète pas « son salut ». Le Seigneur seul nous le donne.  Le reste, dit saint Paul, est « balayure »… Apprendrai-je cela ?

Zachée, sur son arbre, déconnecté, hors sol, et n’ayant que de l’argent chez lui, Zachée déconnecté des relations humaine … le Seigneur le ramène à la réalité. La présence de Jésus auprès de lui, c’est la grâce d’une communion avec un être concret. Le premier, –le seul ?–, Christ est un être réel et solide : incarné.

Concrètement, il se voit tel qu’il est, mais avec lui, il voit Jésus.  Le proverbe dit « c’est dans l’épreuve qu’on reconnaît ses amis ». Jésus est l’ami qui accompagne Zachée jusqu’au dépouillement, jusqu’à la liberté totale.

Quitte à se faire lui-même mal voir par l’opinion. Et cela le conduira lui-même à la mort… Oserai-je apprendre cet accompagnement ?

Mais ici, premièrement, la présence de Jésus donne à Zachée les moyens de ce que l’on appelait le « jugement particulier ». Zachée fait la vérité sur lui-même. Et cela le conduit à tout autre chose que ce qu’il aurait jamais pensé.

Et deuxièmement, Jésus propose à la foule de faire la vérité et de rejoindre qui elle est : Zachée est fils d’Abraham, vous êtes fils d’Abraham : il faut que tout le monde entre dans le mouvement dynamique de l’ancêtre. Il faut que chacun devienne un humain destiné à un ailleurs.

Quand nous célébrons des funérailles, notre but est bien de placer une personne sous le regard du Christ pour qu’une histoire sainte y soit révélée. Dans le dynamisme de l’amour, la prière des défunts n’est pas faite pour un au-delà de l’imaginaire, mais pour nous faire entendre ce qui était de l’ordre de l’au-delà à l’intérieur même des personnes. L’inattendu qui les dépassait, dans le cadre exact de leur histoire. Ce qui était leur désir et leur vie. Ce qui est toujours leur vie.

Alors, les rites feront un tissage de la parole du Christ avec les paroles balbutiées de nous tous. Ils permettront aux présents de recevoir le message, –l’Évangile–, du défunt : « En vérité, je suis avec vous tous les jours »…

D’une certaine façon, lorsqu’on demande des obsèques en Église, c’est comme si l’on présentait quelqu’un à l’attention de Jésus. Jésus le conduit dans une maison à l’écart du bruit ; Jésus lui dit, comme il avait fait pour le « bon larron » qui mourait en croix à coté de lui : « En vérité, ce soir, tu seras en paradis avec moi ». Et Jésus nous le donne en communion de sainteté.

C’est pourquoi nous nous confions à la prière de l’Église et que nous n’avons pas peur de mourir… Pas trop…

1 novembre 2014 |