Juste d’abord, après ce passage de l’Évangile, tout à chaud, je pense que l’on peut se réjouir de ce que Jésus ait les mêmes réactions que nous : il veut que la maison de Dieu soit belle et propre.
Il y en a ici plus d’un qui partage cet avis.
Et bien sûr, ce n’est pas seulement pour des raisons esthétiques. Même si l’esthétique est une prière aussi, parce qu’elle est le signe d’autre chose : elle sait manifester la vérité des choses et des êtres, pas seulement leur superficie ; elle sait faire venir au dialogue, à la communication, à la communion ;sans doute même, le vrai et le beau se renvoient-ils l’un à l’autre pour faire exister celui qui les reçoit et interroge… Contempler et agir et vivre ; et aimer et donner de vivre…
Bref :spontanément, quand l’évangile me parle de propreté, je greffe sur ce chapitre 2 de saint Jean le chapitre avant-dernier du même saint Jean, le chap. 19, où l’on dit que les linges qui entouraient le corps de Jésus sont bien proprement pliés … comme si la Résurrection introduisait dans notre monde « une bonne odeur de linge propre » (c’est la publicité qui parle comme cela, mais pas seulement elle !). Une clarté, en tout cas. Un respect des choses et des gens.
Dès le début, et jusqu’à la fin de cet évangile, Jésus est lumière et clarté. Il est beauté. Comme à la cathédrale d’Amiens, où l’on est accueilli par la statue du « Beau Dieu ».
Et Jésus est signe que Dieu, son Père et notre Père, est à l’accueil. Un Dieu ouvert, toutes portes ouvertes, qui accueille et bénit. Tout l’évangile de Jean, de A jusqu’à Z, est tissé de Résurrection …
Et le 2° temps que, du coup, je voudrais apporter, c’est que Jésus est beauté pour Dieu.
Comme il le dit, il s’agit de la maison de son Père. C’est ce qu’oublient ces personnes que le Christ a dans son collimateur, et qui font juste leurs petits trafics, parce qu’il est plus commode d’être plongé dans ses petites affaires que de relever la tête et de voir loin et grand et profond et haut. Avec Dieu, on risque toujours d’avoir la tête qui tourne, et les gens ont toujours eu peur du vertige.
Nous aussi, sans doute, malheureusement.
Mais de nous, avec prudence, je ne parlerai qu’à la fin. Pour dire que cette Maison de Dieu qui est la nôtre, que nous sommes, est –en latin : semper reformanda, toujours à réformer ; -et en bon français : -je suis/ tu es/ il ou elle/ sont …toujours en chantier.
Le prophète Ézéchiel va nous donner une 1° piste de travail : le Temple du Père est destiné à faire jaillir de la vie, et que cette vie aille aux 4 coins du monde, Est, Ouest, Nord, Sud. Comme nous avions porté des flammes aux 4 coins de cette église, le jour de Toussaint, à la suite des liturgies des frères arméniens. Le pape François dit « Je crois à une Église en sortie ». C’est notre vocation, non ? Porter une eau pure aux gens le plus loin possible. Et à tous, sans exception. Une Église écologique, en quelque sorte… Écolo, de façon durable, puisqu’elle est comme ces arbres toujours en feuilles, toujours en fleurs, toujours en fruits. Toujours utiles et beaux.
Ainsi que nous l’avons vécu, ce samedi, en invitant à table les demandeurs d’asile, comme FONT aussi les amis des autres églises de Dijon, catholiques ou protestants ; ou comme font les jeunes ou moins jeunes qui partent en coopération, ou les Compagnons Scouts pour le Burkina-Faso, « le pays des Hommes intègres et purs ».
Ou encore, d’une autre manière, ceux qui bâtissent un projet d’avenir pour une vie de couple ou de vocation religieuse.
Tous, nous bâtissons large et vaste. Et tous, nous avons à devenir plus vastes et plus profonds. Plus compréhensifs, donc.
Et à demander au Seigneur Jésus de venir faire son ménage en nous.
Avec l’Esprit-Saint qui est la puissance active du Christ pour mener au Père.
D’où notre réformation nécessaire.
D’abord : être compréhensifs. Et prendre les moyens pour cela : comme savoir nous taire, par exemple, pour accueillir les autres. Même nous taire, parfois, dans le bâtiment-église…
Puis : ne jamais rien prendre de frelaté, d’artificiel, de faux. Fuir les gadgets ou les pensées toutes faites. Même les idées religieuses. Surtout elles ! … Que notre foi soit « JE crois »… ou : JE doute … ou JE cherche … ou S’il TE plaît, Seigneur… une foi ouverte, en dialogue, qui cherche la pureté. Une foi-confiance entre des amis. Une foi cathédrale, immense château, bateau de haute mer.
Bref, parler, penser, regarder, juger, agir comme Jésus. Tout construire sur Lui.
Et lire Jésus dans ses évangiles ; entendre Jésus prier dans les psaumes ; admirer comme Jésus, tourner tout vers le Père en Action de grâce, comme Jésus. Faire de notre vie une messe.
Être des bâtisseurs, pas des démolisseurs. Vous êtes le Temple de Dieu. Faites tout pour lui et le salut du monde.
Jusqu’au jour bienheureux où l’Ange nous dira « Allez, maintenant, ta messe est dite, viens dans la maison du Père à la table du Christ ».
Alléluia.