par Jean-Paul Berthelot, diacre
Aujourd’hui, la liturgie pose cette question : qu’est-ce qui doit nous guider dans nos relations avec les autres ? St Paul nous rappelle l’essentiel : l’amour de Dieu et de son prochain. Effectivement, le plein accomplissement de la loi, c’est l’amour. Déjà au temps de l’exil à Babylone Ezéchiel veillait sur la maison d’Israël. Il guettait le peuple pour qu’il ne prenne pas de mauvais chemins. Accomplir notre vie spirituelle, c’est participer au mystère de Dieu par amour. Toute la Parole de Dieu nous raconte comment le Seigneur se révèle comme amour désirant faire alliance avec les hommes.
Dans son amour, Dieu désire accueillir tous les hommes et leur offrir le salut de la vie éternelle. Notre responsabilité individuelle et collective est d’une très grande importance en tant que chrétien. La foi nous oblige à être responsable les uns des autres. Nous ne pouvons pas vivre notre vie de foi, aller à la messe, prier seul dans son coin sans jamais aller vers les autres. Un chrétien n’est pas un « consommateur » passif mais bien un membre actif de l’Eglise. Nous sommes responsables de notre frère, de notre sœur. Nous devons leur dire la Parole de Dieu, la vivre et leur indiquer le chemin. La moindre étincelle d’amour peut jaillir du cœur de celui que nous rencontrons, raison pour laquelle il faut toujours s’intéresser au plus petit d’entre nous,
La communauté chrétienne devrait toujours être accueillante sans ériger des barrières et garder les portes ouvertes et la lumière allumée. Dieu permet à l’homme faible et pécheur de communier à l’éternité, à l’amour. L’amour n’est pas forcément d’éprouver des sentiments mais faire en sorte d’avoir le souci de l’homme, de son bien-être véritable. Nous nous intéressons à la personne dans sa globalité. Aimer comme Dieu aime, c’est vouloir et agir dans l’intérêt de l’autre.
Veiller sur le bien-être de nos frères n’est pas d’être omniprésent et de verser dans la tyrannie. Ne prétendons pas connaître l’autre et se mettre à sa place, car qui suis-je pour juger sa conduite ? Ne passons pas notre temps à nous mêler de la vie des autres. Comme le dit Matthieu quand je fais Eglise, je fais vivre le corps du Christ et quand j’annonce la Parole de Dieu, j’avertis sur le bon et le mauvais. Pour vivre sereinement et en confiance, il faut commencer par s’aimer soi-même pour ensuite aimer son prochain et le conseiller par amour.
Mes paroles et mes actes sont indispensables si je les fais par amour. Par contre, par amour, nous ne pouvons pas tout dire et tout faire, notre conscience doit être éclairée par le Christ. Aider l’autre dans ces difficultés, ces erreurs, ce n’est pas l’humilier mais le réconcilier avec lui-même, lui permettre de retrouver la paix intérieure. Ne cherchons pas à avoir raison mais constatons avec joie que l’ouverture à l’autre a porté du fruit : « Si ton frère t’écoute, tu auras gagné ton frère »
L’idéal serait d’avoir la même attitude que le père de l’enfant prodigue, recevoir l’autre bras ouverts comme le fils ou la fille bien aimé(e). Quel que soit l’acte réalisé par notre frère ou notre sœur nous devons l’aimer, avoir un regard fraternel qui accueille et redonne confiance exactement comme l’a fait Jésus avec la Samaritaine, la femme adultère ou Zachée. L’écoute, le dialogue, le respect, la délicatesse peuvent provoquer, grâce à l’amour de Dieu, un changement, un retournement, en fait une conversion. Tout doit être entrepris pour ramener celui ou celle qui s’est égaré sur le bon chemin. Nous savons « parler des autres » mais nous savons moins « parler aux autres ». Dans les familles, des ruptures peuvent durer plusieurs années car certains refusent de se réconcilier. Un chrétien ne doit jamais se résigner à ce genre d’attitude.
Notre société actuelle ne s’est jamais autant intéressée au bien-être personnel. Être « bien dans sa peau » comme le dit l’expression, c’est indispensable mais penser au bonheur de l’autre c’est bien aussi. Dieu nous invite à partager le souci de l’autre : ainsi chaque fois que nous rendons visite à un malade ou que nous aidons une personne en difficulté, c’est à Dieu que nous rendons grâce.
Attention, avec toute la misère dans notre monde nous pourrions avoir tendance à dire : ce n’est pas notre problème. Comme nous sommes responsables les uns des autres, mettons en œuvre ce que dit le psaume : « aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur mais écoutons la voix du Seigneur. » Que nos paroles et nos actes rendent gloire à Dieu. Amen