par Jean-Paul Berthelot, diacre
La fête du Baptême du Seigneur vient clore le temps de Noël. Cet événement nous enseigne sur la personnalité de Jésus et sur notre propre baptême. Déjà au sixième siècle avant J.C. le prophète Isaïe essaie de redonner courage à son peuple en annonçant un serviteur qui aura pour mission d’accomplir le salut de Dieu. Il pourrait être le Messie qui agira avec douceur et fermeté pour libérer Israël et faire alliance avec son peuple.
Luc, dans la deuxième lecture, souligne que l’Esprit Saint est à l’œuvre aussi pour les païens. Il n’est pas réservé aux juifs ou aux élites. La lumière de Dieu et la libération sont pour tous les hommes. Pierre l’affirme : « Dieu accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes. »
Cette bonne nouvelle annoncée par Isaïe est proclamée par la voix venue du ciel au baptême de Jésus. Ce serviteur non violent, plein de douceur et d’attention à l’égard des hommes, c’est bien Jésus. Il est la lumière du monde tant attendue. Nous, chrétiens baptisés, devons porter cette lumière dans notre pays qui se déchristianise. Dieu nous demande d’être solidaires de la détresse spirituelle de tous. Voilà pourquoi Jésus a demandé à Jean Baptiste de le baptiser. Le Christ n’est pas venu pour nous punir mais pour se rapprocher de nous, de notre condition humaine, et plus spécialement pour les brisés de la vie.
En effet, Jésus en entrant dans l’eau du baptême, il pénètre sur notre terrain de vie. Il n’est pas sur le banc de touche pour crier des consignes. Il est au milieu de nous, pour un renouveau non violent, empli de justice et de douceur. Jésus veut libérer l’homme de son péché pour le rendre heureux. Il n’a pas besoin de ce baptême car il n’a point de faute à se faire pardonner, d’où l’incompréhension de J
ean : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi » Jésus a lui besoin d’être immergé dans notre humanité. Il désire prendre sur lui le mal qui nous accable pour nous en libérer. Il désire notre bonheur.
Ce baptême du Christ nous révèle la présence de la Trinité : Dieu Père, Fils et Esprit nous veulent du bien et désirent nous emporter vers le salut. Dieu est avec nous pour ce combat contre le mal qui nous ronge, et par notre baptême, nous sommes consacrés pour être au service de Dieu. Rappelons nous cette onction sur notre front le jour de notre baptême :
– Je suis appelé à prier pour nos frères et sœurs (prêtre)
– Cette lumière, je dois la diffuser pour qu’elle apporte justice et joie. Je proclame la Parole de Dieu (prophète)
– Je me mets au service des autres, je soutiens ceux qui souffrent, je donne tout mon amour (roi)
L’alliance que Dieu a fait avec l’homme s’est accomplie et scellée en Jésus-Christ. C’est pourquoi le baptême de Jésus est indispensable. Il crée un lien indéfectible entre Dieu et les hommes. Tout baptisé reçoit l’Esprit saint sur lui. Nous sommes des fils bien aimés, des porteurs de cette Bonne nouvelle. Il serait bon de prendre conscience de cette grâce reçue le jour de notre Baptême. Envahis d’un tel amour, nous ne pouvons la garder au fond de notre cœur en égoïste. Nous avons besoin de la donner car, en contrepartie, nous recevrons encore plus de bonheur.
Dieu nous invite à vivre de notre baptême, à exprimer notre foi en ce Dieu d’amour. Jésus nous demande d’établir une vraie relation de confiance avec son Père. Nous sommes appelés à port
e
r du fruit, à fleurir là où Dieu nous a plantés et avec tous ceux qui nous entourent. Avançons sur le chemin de la vie, avec une grande humilité, permettant de reconnaître nos défauts sans nier nos talents car nous en avons tous. Une chose est certaine : le Seigneur sera toujours là pour nous secourir à la moindre faiblesse. Son infinie délicatesse fortifie nos cœurs fragiles et redresse les blessés de la vie. Il ne juge pas mais écoute son serviteur écrasé par la maladie, le chômage ou les difficultés de dialogue dans nos familles.
L’apôtre Pierre a mis beaucoup de temps pour comprendre ce que Jésus attendait de lui. Il l’a loué, rejeté, nié, et finalement sera son plus fidèle ami. Il faut de la patience, du temps et une confiance infinie pour rejoindre Jésus sur son chemin. Aujourd’hui, au bord du Jourdain, c’est l’explosion de l’amour de Dieu pour son Fils ; un accord parfait entre Jésus et son Père rempli de l’Esprit Saint, symbolisé par cette colombe d’où surgit discrètement et mystérieusement la vie.
Le Père a prononcé les mêmes paroles d’amour au moment de la Transfiguration : « Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui je trouve ma joie » mais il a ajouté : « écoutez-le » car le Christ devient à ce moment audible à tous les hommes et les femmes prêts à ouvrir leurs cœurs et leurs oreilles à cette infinie bonté.
Quelle merveille cet évangile. Que de grâce. Redécouvrons Seigneur la force et la grandeur de ce don d’amour que nous avons reçu le jour de notre baptême. Posons-nous cette question : Sommes-nous ouverts réellement à cette présence de Dieu en nous ?
Amen.