par Jean-Paul Berthelot, diacre
Comme le dit la lettre aux Hébreux, la parole de Dieu est tranchante, elle nous bouscule et surtout nous dérange. Nous vivons dans un monde qui se pose des questions existentielles. Nous cherchons des recettes de bonheur et souvent nous accumulons des biens matériels qui, en définitif, ne nous rendent pas plus heureux. Ce que les anciens appelaient « la sagesse », c’est à dire l’intelligence de la vie, vaut bien plus que toute richesse. L’évangile nous dit que le bien le plus précieux est l’attachement à la personne du Christ car il est éternel.
La première lecture nous introduit directement dans ce contexte philosophique du bonheur : «Tout l’or du monde, auprès de la sagesse n’est qu’un peu de sable » Il existe un proverbe qui dit : « on ne récolte que ce que l’on a donné » Nous vivons un peu dans notre cocon, et nous oublions souvent que beaucoup de nos frères et sœurs vivent dans la misère. Nous nous voilons la face alors que nous devrions ouvrir grand nos yeux pour partager ce que l’on a et ce que l’on est.
Le sage est celui qui a pleinement conscience de sa faiblesse, et en même temps, de la force de Dieu qui habite en lui. Il sait que vivre est difficile, alors il affronte les problèmes en faisant confiance à la tendresse de Dieu. La grande richesse est cette Parole de Dieu, énergique, qui pénètre au plus profond de notre âme. Nous la recevons dans notre cœur comme une lumière, un appel à grandir. Elle invite à se donner généreusement pour qu’aucun être humain ne reste sur le chemin, blessé dans sa dignité.
Ce jeune homme riche est vertueux, et Jésus l’a bien compris, mais il lui demande plus : tout quitter par amour pour Lui. Nous ne sommes jamais quittes avec celui que l’on aime. L’amour se vit dans la fidélité qui s’invente chaque jour. « Quitte tout » est un appel à refuser la médiocrité, la suffisance, et la certitude d’être celui ou celle qui est arrivé (e). C’est une invitation à vivre la vie en plénitude avec le Christ.
La richesse peut nous amener à faire trop confiance en nos capacités pour sortir de toutes les impasses de la vie. Le jeune homme riche n’est pas prêt à troquer ses trésors contre celui du ciel que Jésus lui promet. La question essentielle de ce jeune homme est bien une question existentielle car elle concerne la mort : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »
Le bonheur n‘est pas de posséder mais de vivre en lien avec les autres, riche de l’amour de Dieu, riche de joie et de foi. « Aimer c’est tout donner et se donner soi-même » dit le chant. Là est l’essentiel : la richesse du cœur. Laissons-nous regarder par Dieu, par son amour ; laissons-nous porter par sa parole et nous remplir de sa sages
se. Là est la porte de la vie éternelle et le vrai chemin du bonheur. Ce bonheur est présent au fond de mon cœur.
Ce jeune homme de l’évangile, ne serait-ce pas un peu nous ? Il utilise un verbe très important dans sa question : le verbe « avoir » Tant que nous en restons à ce verbe, alors le Royaume de Dieu est inaccessible. Comme le dit Yves Duteil dans sa chanson Avoir et Être : « le verbe Avoir a besoin d’Être parce que Être c’est exister » La frénésie de la consommation ne peut rendre heureux. L’appât du gain est très fort de nos jours. Les tentations sont grandes et peuvent voiler notre regard sur les choses e
ssentielles de la vie. Je vous rappelle que Dieu n’est pas côté au CAC 40.
Quelles sont les richesses auxquelles nous nous attachons ? Sommes-nous prêts à changer nos cœurs ? Nous sommes libres d’accepter ou de refuser ce que Jésus nous propose. Quelle que soit notre décision, l’amour de Dieu nous sera toujours offert. Peut-être qu’un jour son appel touchera notre cœur et nous serons alors capables d’aller plus loin.
Pensons déjà à partager notre sourire car c’est une manière positive d’envisager la vie. Dieu est un soleil au quotidien, sa présence est vitale. Il est le sens de
notre vie et non une béquille pour les jours où la vie se met à boiter. Alors Seigneur, mon choix est fait : je prends le risque de te suivre. Amen.