FRÈRE ROGER TAIZÉ
Silencieuse attente d’une présence
Où que tu sois sur la terre, toi qui voudrais percevoir le mystère qui est au cœur de ton cœur, pressens-tu en toi, même fugitive, la silencieuse attente d’une présence ?
Cette simple attente, ce simple désir de Dieu, est déjà le commencement de la foi.
Il est parmi nous, celui que nous ne connaissons pas. Plus accessible pour l’un, plus caché pour un autre… Avec étonnement chacun pourrait l’entendre dire : « Pourquoi craindre ? Je suis là, moi le Christ Jésus. Le premier je t’ai aimé … En toi j’ai mis ma joie. »
Tu n’ignores pas les fragilités de ta réponse. Face aux absolus de l’Évangile, il t’arrive d’être pris au dépourvu.
Déjà un croyant de la première heure disait au Christ : « Je crois, viens au secours de mon incrédulité. ». Sache-le pour toujours : ni les doutes, ni les impressions d’un silence de Dieu ne retirent de toi son Esprit Saint. Ce que Dieu te demande, c’est de t’abandonner au Christ dans la confiance de la foi et d’accueillir son amour.
Celui qui t’accompagne
Toi qui, sans regarder en arrière, voudrais suivre le Christ, oseras-tu toujours à nouveau faire confiance à l’Évangile ?
Reprendras-tu élan, entraîné par Celui qui, sans jamais s’imposer, paisiblement t’accompagne ? Lui, le Ressuscité, se tient en toi, et en avant de toi sur le chemin.
Même si tu penses ne pas être digne d’être aimé par lui, le laisseras-tu déposer au creux de toi-même la fraîcheur d’une source ?
Ce qui fascine en Dieu, c’est son humble présence. Il ne blesse jamais la dignité humaine. Tout geste autoritaire défigurerait sa face. L’impression que Dieu vient punir est un des plus grands obstacles à la foi. Le Christ, « pauvre et humble de cœur », ne force jamais la main de quiconque.
Dans le silence de ton cœur, il murmure : « N’aie pas peur, je suis là. »
Connu ou non, le Christ, le Ressuscité, demeure près de chacun, même à son insu. Brûlure au cœur de l’homme, lumière dans l’obscurité, il t’aime comme son unique, pour toi il a donné sa vie, là est son secret.
Uni au Christ, tu sais que lutte et contemplation ont une seule et même source : si tu pries, c’est par amour, si tu luttes pour rendre visage humain au plus malmené, c’est aussi par amour.
Dieu est Esprit et sa présence demeure invisible. Le Christ, sans éclat, laisse Dieu transparaître.
Ne t’étonne pas quand l’essentiel demeure caché à tes propres yeux. L’ardeur de la recherche en est plus soutenue encore, pour avancer vers le Ressuscité.
Au long des jours, tu pressentiras la profondeur, la largeur, d’un amour qui dépasse toute connaissance. Jusqu’à la fin de la vie, ,tu y puiseras un émerveillement, et aussi l’audace de nouveaux commencements.
Jésus le Christ, tu étais toujours en moi et je ne le savais pas.
Tu étais là et je ne te cherchais pas. Et toi, tu continuais à m’aimer.