* homélie du dimanche des Rameaux et de la Passion

par le Père Denis Erazmus

En peinture on parle de « clair-obscur » qui traduit sur une même toile des impressions de lumière et d’obscurité qui se jouxtent, s’appellent et s’enrichissent selon l’intention du peintre.
Aujourd’hui, en cette fête des Rameaux, nous pourrions reprendre ce style pour traduire la liturgie de la Parole de Dieu qui, de manière exceptionnelle, comprend deux récits d’Évangile.

* Le premier relate les cris des foules qui proclament Jésus, « Fils de David, Celui qui vient au Nom du Seigneur » et qui glorifient Dieu pour ce prophète Jésus, de Nazareth en Galilée.
Cette entrée triomphale de Jésus assis sur une ânesse, « une bête de somme », provoque l’agitation de toute la ville qui s’interroge sur l’identité de cet homme qui leur paraît inconnu, voire étranger à sa connaissance. Et ce sont celles et ceux qui accompagnent Jésus sur sa route qui l’identifient comme « prophète », c’est-à-dire, comme chois par Dieu pour manifester sa volonté et ses œuvres envers son peuple élu, et plus largement, selon sa miséricorde. Cette acclamation de Jésus, nous la vivons lors de l’eucharistie en proclamant ou en chantant le
Sanctus, disant : « Hosanna au plus haut des cieux… Béni soit celui qui vient au Nom du Seigneur, Hosanna au plus haut des cieux ! ». Nous imitons cette foule du temps de Jésus chaque fois que nous célébrons ce mystère de l’eucharistie que Jésus nous a laissé en héritage pour que nous en vivions dans notre vie de chrétienne et de chrétien, dans notre vie d’enfants de Dieu.

* Le second nous fait entrer dans l’obscurité du récit de la Passion de ce Jésus de Nazareth
qui s’achève par son ensevelissement dans un tombeau, à l’extérieur de la ville de Jérusalem.
Le prophète Isaïe avait esquissé, par révélation divine, cet itinéraire douloureux et crucifiant que Jésus a vécu parmi les hommes, parmi les siens qu’Il était venu sauver du péché, du mal et de la mort. Jésus ne s’est pas dérobé, Il ne s’est pas caché la face, subissant outrages et crachats.
Il garde confiance jusqu’au bout de son cheminement d’homme sur cette terre, car Il sait au fond de Lui que le Père qui l’a envoyé chez-nous Lui reste présent jusque là, jusque dans la souffrance et l’impression d’être abandonné, tout en se sachant relié au Père dans une sainte communion que rien ne saurait entamer. Comme Paul l’écrit aux Philippiens, le Christ « s’est abaissé, devenant
obéissant jusqu’à la mort de la croix », avant d’être exalté par Dieu, dans la lumière de sa propre résurrection. C’est ce que nous rappelle, en ce jour, le récit de la Passion notre Seigneur Jésus-Christ que nous venons d’entendre. Après son dernier repas pascal avec les siens, Jésus part pour le mont des Oliviers, lieu qui lui est familier, où Il aimait se retirer pour prier son Père et notre Père. Dans son humanité, Il éprouver « tristesse et angoisse », sachant ce à quoi Il devait se
préparer, soit, se livrer « aux mains des pécheurs » pour les réconcilier tous les hommes avec Dieu, leur remettre leurs péchés et les sauver de la mort éternelle. Dans l’épreuve, l’attitude de Jésus est celle de la prière qui le maintient en éveil pour ne pas succomber à la tentation
d’échapper à son triste sort et vivre jusqu’au bout la volonté du Père par le don de Lui-même, afin d’« accomplir les écrits des prophètes » qui L’ont précédé dans sa mission. La Passion de Jésus Lui donne l’occasion de révéler sa véritable identité de « Fils de Dieu ».

* Dans notre vie nous vivons aussi ce clair obscur en alternant expériences de lumière et expériences, parfois, de grande obscurité, qui sèment le doute en nous et nous interrogent sur le présent à vivre, sur le futur, sur notre avenir ici-bas et là-bas dans le royaume de Dieu. Quand on est incompris, bousculé, rejeté, ignoré ou laissé, on peut se sentir oublié par Dieu qui semble loin.
Le psalmiste dit que Dieu répond, comme Il l’entend, à nos demandes. Lui qui nous accompagne chaque jour, Il nous invite à Lui faire confiance en toutes circonstances. Gardons le cap de la foi et, jusque dans l’épreuve, offrons-nous à Dieu qui se donne à nous en son Fils pour nous sauver.

3 avril 2023 |

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