par le père Denis Érazmus
Il est surprenant de commencer cette nouvelle Année liturgique par la lecture d’un morceau du chapitre 24 de l’évangéliste saint Matthieu, au lieu de prendre les généalogies de son 1er chapitre, concernant Jésus. Dans ce chapitre 24, Il s’agit d’une prise de parole de Jésus qui s’adresse à ses disciples en les invitant à ne pas se laisser enfermer dans les soucis et les plaisirs de la vie présente. En effet,
Il les invite, et même leur commande – car il emploie l’impératif – de veiller, afin de ne pas se laisser surprendre par la venue du Seigneur, à la différence des jeunes filles qui ont manqué leur rendez-vous avec l’époux faute d’avoir prévu de l’huile pour alimenter la lumière de leur lampe en vue de l’accueillir. Et pourquoi veiller ? Jésus demande de veiller pour se tenir prêt afin d’accueillir la venue du Fils de l’homme, dont nul ne connaît le jour, ni l’heure et pour éviter de manquer cette rencontre avec Lui.
En réponse à la démarche des peuples nombreux qui montent sur la montagne, lieu par excellence où Dieu se révèle, où Dieu enseigne ses chemins, qui ont parfois l’allure de sentiers comme le dit Isaïe car il arrive que le chemin qui mène à Dieu devienne resserré et étroit, comme Jésus l’enseigne. La volonté
de ces peuples est de « marcher à la lumière du Seigneur », ce que nous retrouverons dans la démarche des mages, ces sages venus d’Orient qui ont suivi l’étoile dans le ciel, et que nous fêterons à l’Épiphanie.
Rappelons-nous que le Seigneur Lui-même se présente aux siens comme « lumière du monde, lumière des hommes ». Ce qu’il faut retenir dans cette aventure, c’est que, comme ces peuples en marche, nous aussi, nous sommes appelés à nous mettre en route pour rencontrer Celui qui vient se manifester à nous, notamment dans la naissance de l’Enfant Jésus, né de Marie accompagné de Joseph, son époux. Et comme Paul l’écrit aux Romains, il est déjà « l’heure de sortir de notre sommeil », en raison de la proximité du salut qui vient toucher notre vie, dès maintenant et à l’approche de cette grande fête de Noël, où le Fils de Dieu se fait l’un de nous, nous réconciliant avec le Père du ciel qu’Il révèle et nous associant au mystère de sa mort et de sa résurrection, pour que nous participions à sa vie et que nous vivions avec Lui, pour l’éternité.
Pour Paul, le jour de la rencontre avec le Seigneur est proche et il demande aux destinataires de sa Lettre de se revêtir des armes de la lumière, comme lui, en se conduisant honnêtement et en se revêtant du Seigneur Jésus-Christ, ce qu’il avait déjà écrit aux Galates lorsqu’il leur disait : « Vous tous qui avez été baptisés, vous avez revêtu le Chris » (Ga 3,27). Et si nous nous habillons du Christ Lui-même, alors nous serons fortifiés par sa présence ; si nous nous habillons du Christ, alors nous serons affermis dans notre foi, Lui qui en est la source et le terme ; si nous nous habillons du Christ, alors nous serons illuminés de sa sagesse, alors nous serons revêtus de son humilité, de sa confiance en Dieu le Père, à l’ombre de l’Esprit qui sanctifie notre vie, dans nos relations avec Dieu et avec les autres, pour qu’elle ressemble plus encore à celle de Jésus-Christ.
Aujourd’hui, nous célébrons le Christ qui a donné sa vie pour nous, par sa mort en croix, et nous célébrons sa victoire sur la mort dans le mystère de sa propre résurrection, mystère auquel Il nous associe comme ses disciples, comme membres de son Corps mystique, comme ses amis. C’est ce que nous
proclamons quand nous chantons l’anamnèse lors de l’eucharistie, en disant : « Nous annonçons ta mort Seigneur Jésus, nous proclamons ta résurrection et nous attendons ta venue dans la gloire ». En cela, nous partageons la démarche du peuple juif qui attend la venue du Messie promis par les prophètes de l’Ancienne Alliance. Nous aussi, peuple de la Nouvelle Alliance, unique et définitive, nous attendons sa venue, mais sa venue dans la gloire, comme Jésus disait aux siens : « Je viendrai vous chercher et Je vous prendrai avec Moi, pour que là où Je suis, vous soyez aussi, avec Moi ». Tel est le projet de Dieu sur nous, fidèles du Christ vivant, et sur tout homme, toute femme en quête de sens et de vie ici-bas. Frères et sœurs en Jésus-Christ, enfants du même Père du ciel, veillons ensemble et tenons-nous prêts pour accueillir le « Dieu de notre amour qui vient à nous », comme le chante le psalmiste (Ps 58,11) afin de vivre de son amour pour Lui et pour les autres. Amen