par le Père Denis Érazmus (18è Dimanche Ordinaire )
À regarder de près la vie de cet homme riche de biens matériels, nous pouvons
nous interroger sur notre manière de gérer les biens que nous avons acquis et que nous possédons, ainsi que sur l’utilisation que nous en faisons. Dans notre monde d’aujourd’hui, l’avidité, la cupidité, les envies imprègnent bien trop la vie des hommes et des femmes, comme en témoigne l’actualité, tant économique, politique, sociale, culturelle voire cultuelle ou religieuse.
Quand on regarde un match de foot à la télé, ou une étape du tour de France, aussi bien masculin que féminin, ou d’autres épreuves sportives, et au vu des jeux d’argent nombreux proposés lors des pubs ou d’émissions qui leur sont consacrées, oui, avidité et cupidité sont bien là, sous nos yeux qui frappent à la porte de notre cœur, de notre esprit, de notre liberté et aussi de notre porte-monnaie. Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on dit que « l’argent mène le monde » et
alimente des disputes, comme à l’occasion d’un héritage ou d’une succession, ou comme monnaie d’échanges lors de conflits dans le monde, à l’image des bourses financières, de l’inflation, de la dévalorisation d’une monnaie au profit d’une autre…
Toujours plus ! Et plus d’argent, mais pour quoi faire ?
Certes il est important, et de notre responsabilité, de permettre à tous et à chacun, chacune, de vivre dignement, avec de quoi s’abriter, se nourrir, s’habiller, et aussi se cultiver et se divertir.
Il n’est pas normal que dans les sociétés dites évoluées, industrialisées comme la nôtre, des personnes peinent à « joindre les deux bouts », à gérer leur fin de mois. Ces personnes, il faut les aider à ne pas sombrer, à garder le moral et trouver des solutions à leurs manques.
À contrario, quand on a les moyens de bien vivre, de voyager, d’investir, de dépenser, demandons-nous en quoi nos possessions donnent sens à notre vie et à celles des autres que nous côtoyons de près ou de loin. Il ne s’agit pas de dénigrer de telles personnes et d’ailleurs, Jésus ne s’élève pas contre la richesse en tant que telle, mais contre sa mauvaise utilisation, disant à la foule, et donc au plus
grand nombre : « Gardez-vous de toute avidité ». Et pourquoi ? Il explique : « car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède ». Jésus dénonce celui qui « amasse pour lui-même », l’enrichissement « pour soi » qui conduit à perdre la vie, comme dans la parabole. Jésus met en garde ses auditeurs, d’hier à aujourd’hui.
Luttons contre l’avidité, non seulement pécuniaire, mais aussi contre toute avidité de prestance, de pouvoir, de renommée, de considération par les autres. Courir sur le chemin de l’avidité est « vanité » et ne procure pas le repos, ni du corps, ni de l’esprit, ni de l’âme. Croire que la richesse peut sauver est « vanité ».
Croire que la richesse procure la vie est « vanité » car la vie ne s’achète pas, mais elle est un don que je reçois de Dieu par la médiation de mes parents et que j’ai à faire fructifier et à transmettre aux autres, et Dieu pourvoira à nos besoins.
Jésus invite à s’enrichir « en vue de Dieu » pour nous éviter de tomber dans la suffisance et de croire que tout dépend de nous, de notre travail, de nos engagements, de nos choix, de nos biens, de nos affections. Il invite à subordonner notre vie à Dieu, à son amour et à l’amour du prochain, qu’on ne possède pas, ni par l’argent, ni par l’affect, ni par le pouvoir ou l’autorité.
Quand Dieu nous enrichit d’un don particulier, c’est pour en faire bénéficier les autres, avec détachement, générosité, miséricorde. Car on ne vit pas pour soi-même, mais pour Dieu qui nous tourne vers Lui qui est présent chez l’autre. Paul, lui, annonce « l’insondable richesse du Christ ». Tout passe, sauf Dieu ! Selon Thérèse d’Avila, « celui qui possède Dieu ne manque de rien : Dieu seul suffit ! » et pour saint Jean de la Croix, « nous serons jugés sur l’Amour » et non sur ce que nous avons possédé.
Alors, que vais-je faire pour ma vie, et pour notre communauté ?