*Homélie du 31ème dimanche ordinaire : 31/10/2021

La question posée par le scribe à Jésus nous rapproche pleinement de ce que nous avons entendu dans la première lecture tirée du livre du Deutéronome où Moise présente au peuple d’Israël le culte qui doit être rendu au Seigneur. C’est sur ces préceptes, ces commandements que va se développer la passion d’Israël pour la Loi, la Torah. Nous savons combien les principes de vie vont être codifiés puisqu’il existe 613 préceptes, 365 négatifs (tu ne feras pas…) et 248 positifs. C’est là que s’exprime le «  Shema Israël », « Ecoute Israël » que les Juifs pieux prient au moins deux fois par jour. Il faut nous rappeler que Jésus a été élevé dans cette religion, dans cette culture. Les Juifs religieux sont des passionnés de l’approfondissement de la Torah et du Talmud.

Cela peut d’ailleurs nous interroger, nous chrétiens, sommes-nous des passionnés de la Parole de Dieu ? Sommes-nous des passionnés pour approfondir notre proximité avec notre Dieu trinitaire dans la prière, l’adoration, la méditation, la lecture des écrits bibliques et de la littérature spirituelle ?

Jésus va répondre au niveau du premier de tous les commandements ce que Moise avait dit : « Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est un. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force ». Jésus ajoute seulement à ce qu’a proposé Moise l’expression « de tout ton esprit » donc de toute ton intelligence, ce qui est invitation à toujours mieux connaître le message du Christ à l’humanité.

Mais ce qu’il faut aussi noter c’est que Jésus dans sa réponse, va au-delà de la question qui lui est posée (il est coutumier du fait, n’est-ce pas, n’essayez pas de me dire le contraire !). En effet il ajoute alors le second commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Ainsi il va montrer que l’amour des frères découle de l’amour de Dieu.

Le scribe a compris le niveau auquel Jésus voulait l’amener. Celui de l’Amour de Dieu pour chaque être humain. On passe en quelque sorte de la Loi mosaïque (celle transmise par Moïse) à la loi de l’Amour. Aimer Dieu et le prochain vaut alors mieux que toutes les offrandes et les sacrifices, tout ce rituel que l’on imposait au peuple d’Israël et qui avait souvent pris la place de ce que proposait Moise : que ces commandements restent « dans ton cœur ». Jésus dira fort justement au scribe qu’il a compris ce qu’est le Royaume de Dieu, la découverte d’un royaume d’Amour.

Jésus est donc bien le grand prêtre qu’il fallait comme le précise la lettre aux Hébreux. Jésus ainsi va venir apporter à ceux qui vivent encore sous la loi du talion, la loi de l’Amour universel qui bannit la haine et invite au pardon (70 fois 7 fois). Toutes les données sont donc posées, Dieu veut faire de nous, par la venue de son Fils dans notre humanité, des artisans de son Amour. Rude proposition si nous regardons notre monde, mais soyons sans illusion, de tous temps le monde a été difficile. Relisons la Bible, revoyons l’histoire de l’humanité.

La demande du scribe et la réponse de Jésus s’insèrent dans cette recherche de l’essentiel de la loi, pour éviter de se perdre dans mille autres préceptes secondaires. Et c’est précisément cette leçon de méthode que nous devrions d’abord apprendre de l’Evangile de ce jour. Certaines choses dans la vie sont importantes mais pas urgentes (dans le sens que si on ne les fait pas, il ne se passe rien) ; d’autres en revanche sont urgentes mais ne sont pas importantes. Le risque que nous courons est de sacrifier systématiquement les choses importantes pour pouvoir répondre aux choses urgentes, souvent totalement secondaires.

Comment se prémunir contre ce danger ? Voici une histoire pour nous aider à comprendre comment y parvenir. On demanda un jour à un vieux professeur d’intervenir, en tant qu’expert, sur le thème de la planification la plus efficace de son temps, devant les cadres supérieurs de quelques grosses entreprises américaines. Il décida de tenter une expérience. Debout face au groupe prêt à prendre des notes, il sortit un grand vase en verre vide, du dessous de la table. Il prit également une douzaine de cailloux de la taille de balles de tennis qu’il déposa délicatement un à un dans le vase jusqu’à ce qu’il soit plein. Lorsqu’il devint impossible d’ajouter d’autres cailloux, il demanda à ses élèves : « Le vase vous semble-t-il plein ? » et tous répondirent : « Oui ! ». Il attendit quelques instants puis ajouta : « Vous en êtes sûrs ? »

Il se pencha à nouveau et sortit du dessous de la table une boîte remplie de gravillon qu’il versa avec soin sur les gros cailloux en bougeant légèrement le vase afin que celui-ci s’infiltre jusqu’au fond entre les cailloux. « Le vase est-il plein cette fois ? » demanda-t-il. Devenus plus prudents, les élèves commencèrent à comprendre et répondirent : « Peut-être pas encore ». « Bien ! », répondit le vieux professeur. Il se pencha à nouveau et sortit cette fois un sac de sable qu’il versa prudemment dans le vase. Le sable remplit tous les espaces entre les cailloux et le gravillon. Il demanda à nouveau : « Le vase est-il plein maintenant ? » Tous répondirent sans hésiter : « Non ! ». En effet, répondit le vieux professeur et, comme s’y attendaient les élèves, il prit la carafe posée sur la table et versa l’eau qu’elle contenait, dans le vase, jusqu’au bord.

Il leva alors les yeux vers son auditoire et demanda : « Quelle grande vérité nous enseigne cette expérience ? ». Le plus audacieux, pensant au thème du cours (la planification du temps), répondit : « Ceci montre que même lorsque notre agenda est entièrement rempli, avec un peu de bonne volonté on peut toujours y ajouter un engagement, une chose supplémentaire à faire ». « Non, répondit le professeur. Ce n’est pas cela. Cette expérience nous démontre autre chose : si l’on ne met pas d’abord les gros cailloux dans le vase, on ne réussira jamais à les faire entrer par la suite. Il y eut un moment de silence et tous prirent conscience de l’évidence de cette affirmation. Il poursuivit alors : « Quels sont les gros cailloux, les priorités, dans votre vie ? La santé ? La famille ? Les amis ? Défendre une cause ? Réaliser une chose qui vous tient à cœur ? La chose importante est de mettre d’abord ces gros cailloux dans votre agenda. Si l’on donne la priorité à mille autres petites choses (le gravillon, le sable) on remplira sa vie de futilités et l’on ne trouvera jamais le temps de se consacrer aux choses vraiment importantes. N’oubliez donc pas de vous poser souvent la question : ‘Quels sont les gros cailloux dans ma vie ?’ et de les mettre à la première place dans votre agenda ». Puis, d’un geste amical le vieux professeur salua l’auditoire et quitta la salle sous un tonnerre d’applaudissements.

Il me semble qu’il faut ajouter deux cailloux, qui sont les plus gros de tous, aux « gros cailloux » mentionnés par le professeur (la santé, la famille, les amis, etc.) : les deux plus grands commandements, qui sont aimer Dieu et aimer le prochain. Si vraiment nous comprenons qu’aimer Dieu, est plus qu’un commandement, mais un privilège, alors nous ne cesserons de remercier Dieu pour le fait qu’il nous commande de l’aimer et plus rien d’autre n’aura d’importance que de cultiver joyeusement cet amour. Amen.

31 octobre 2021 |

*préparation du synode 2021-2023

Le synode 2021-2023 annoncé par le Pape François a été ouvert le 10 octobre à Rome ; la phase diocésaine s’est ouverte dans tous les diocèses du monde le dimanche 17 octobre ;

A la cathédrale Saint Bénigne, la messe d’ouverture du synode a été présidée, à 10 heures, par Mgr Minnerath.

Le Pape François souhaite que tous les baptisés puissent s’exprimer : à cet effet, un questionnaire, envoyé depuis Rome, servira de base aux réflexions qui vont être menées dans les diocèses et à élaborer une première synthèse qui sera publiée en avril 2022.

 Ce questionnaire comprend 10 thèmes et des questions à approfondir pour chaque thème ; il  s’adresse  à nous tous, membres du peuple de Dieu et  les paroisses, les mouvements et groupes divers sont invités à réfléchir pendant les deux mois qui viennent  sur ces thèmes.

A Saint-Joseph, une première réunion de travail a eu lieu le samedi 23 octobre, de 15H à 17H dans la salle paroissiale, pour nous organiser et nous saisir des premières questions de chaque thématique. Une quarantaine de personnes y ont participé et 4 groupes de réflexion ont pu être mis en place.

Les prochaines réunions de l’assemblée synodale auront lieu le 27 novembre et le 8 janvier prochain, de 16H à 17H30

Les absents pourront rejoindre l’un ou l’autre des groupes pour poursuivre la réflexion. Un bref compte rendu sera fait à l’intérieur de chaque groupe pour assurer la continuité entre les 3 rencontres. La synthèse sera élaborée collectivement à la fin de la 3° rencontre ou au cours d’une 4° rencontre, si nous avons besoin de temps supplémentaire pour intégrer aussi d’ autres contributions de groupes ou de mouvements en lien avec la paroisse.

La synthèse de nos travaux sera transmise par le père Erazmus avant le 1° février 2022 au père Raoul Mutin chargé par Mgr Minnerath  de réaliser, avec une équipe, la synthèse générale pour le diocèse de Dijon.

Que l’Esprit-Saint nous aide. Bonne réflexion ! Bons échanges !

25 octobre 2021 |

* homélie du 26e dimanche ordinaire : 26 Septembre 2021

par Francis ROY, diacre

Décidément, les textes de la Parole sont dérangeants, ils nous bousculent et c’est tant mieux. Et nos bons pères du concile Vatican II qui ont choisis les lectures des célébrations liturgiques connaissaient si bien leur ensemble qu’ils n’ont pas hésités à mettre en parallèle les textes de l’ancien et du nouveau testament, comme aujourd’hui avec la lecture du livre des Nombres et celle de l’évangile de Marc. Vous avez bien entendu : « L’Esprit de Dieu repose-t-il en chaque membre de la communauté ou seulement sur quelques-uns qui en sont les chefs ? Est-il possible de ne pas être un membre bien connu et fidèle du groupe des pratiquants, et, cependant, agir chrétiennement, comme dit notre évangile ? Nous devons donc nous demander aujourd’hui : « Qui appartient au Christ ? Qui est avec lui ? »

Jésus nous dit deux choses à ce sujet. Premièrement, faites attention à ne pas tomber «dans l’esprit de boutique». Jean a été choqué de voir quelqu’un qui n’est pas de l’équipe restreinte des apôtres, ni même du groupe plus large des disciples qui, non seulement parlait au nom de Jésus, mais chassait les démons en son nom. Jean dit : «Ce n’est pas normal. Il faut l’en empêcher. Nous, on marche avec Jésus, on est l’Église patentée. Lui, il n’est rien». Comme nous, aujourd’hui, on dirait : «Nous, on va à la messe, on a été baptisés. Ceux qui ne sont pas avec nous, ceux qui ne font pas partie de l’Église, on ne voit pas pourquoi ils auraient le droit de parler au nom de Jésus. On ne voit pas pourquoi ils chasseraient les démons». Jésus nous répond aujourd’hui : «Faites attention à l’esprit de boutique. Il n’est pas question d’appellation contrôlée, ni de label, en ce qui concerne l’action de l’Esprit dans le monde. l’Esprit souffle où il veut et il dépasse largement les frontières de l’Église».

Donc, d’abord, savoir reconnaître qu’au service du Royaume de Dieu, c’est-à-dire de la justice, de la paix, de la réconciliation entre les hommes, il y a, Dieu merci, beaucoup de personnes qui ne sont pas chrétiennes, qui ne sont même pas croyantes et qui, aujourd’hui, avec les chrétiens, mieux que les chrétiens peut-être, travaillent dans l’esprit de Jésus. Et des gens qui chassent les démons, vous en connaissez, nous en connaissons tous, et qui ne sont pas nécessairement des chrétiens patentés. Vous connaissez des personnes qui chassent ces démons que sont l’injustice, le racisme, la violence institutionnelle. Oh, ce n’est pas très spectaculaire, la plupart du temps. Et plus près de nous, dans nos familles, il y a des gens qui luttent contre ces démons que sont la jalousie, la discorde, l’envie. Eh bien, cette tâche n’est pas l’apanage des chrétiens. Ne soyons pas de ceux qui ont des œillères. Il n’y a qu’un seul critère valable : «Celui qui n’est pas contre nous est avec nous».

Jésus nous dit aujourd’hui une deuxième chose, tout aussi importante que la première : le seul critère d’appartenance à Jésus et au Royaume, c’est la volonté qu’on a de se libérer des idoles. C’est, dans notre évangile, toute cette histoire de «couper» et «d’arracher» sa main, son pied, son œil.

Je sais bien qu’il ne faut pas prendre cela à la lettre, d’autant plus que ce n’est pas ma main, ni mon pied, ni mon œil qui m’entraînent au péché, mais ce qui se passe dans ma tête. Donc, ce n’est pas une question littérale d’arracher. Mais, nous dit Jésus, il y a des coupures nécessaires, des choses à arracher dans sa vie. Il s’agit de la lutte contre les idoles qui règnent sur notre monde, et même dans notre cœur. Il n’est pas question de se mutiler ou de mutiler autrui pour le mal accompli. Ces paroles doivent être prises dans leur sens spirituel. Couper son œil, sa main ou son pied, signifie plutôt faire de son œil, de sa main ou de son pied, un lieu d’Alliance entre l’homme et son Dieu. En effet, nous coupons notre œil chaque fois que nous décidons d’utiliser notre esprit critique non pas pour regarder ce que l’autre fait, condamner ses actes, mais plutôt pour voir ce que l’autre est et comprendre ses actes à partir de ses blessures et de son histoire. Nous coupons notre main, chaque fois que nous décidons d’utiliser nos mains non pas pour rabaisser, repousser et écraser, mais pour relever, accueillir et élever. Relever, c’est pardonner l’autre, en lui disant qu’il vaut plus que ce qu’il a fait de mal, qu’il vaut plus que ce qu’il a raté. Nous accueillons l’autre chaque fois que nous n’avons pas besoin de nous défendre face à lui et que nous ne nous sentons pas menacés dans notre identité. Nous élevons l’autre chaque fois que nous l’aidons à croire en lui-même, et à se faire confiance. Nous coupons  notre pied, symbole de liberté, d’autonomie, chaque fois que nous décidons d’utiliser notre liberté d’une manière responsable.

Ne sommes-nous pas comme Josué et Jean qui veulent, en quelque sorte garder l’exclusivité de Dieu en nous repliant sur nous-mêmes? La Parole de Dieu fait-elle écho dans nos vies? Jésus nous invite à nous retrousser les manches pour mettre en pratique ce que nous proclamons.  Nous sommes tous appelés à porter la Parole de Dieu par nos vies, par nos actions et à l’occasion par notre propre parole. Pas de coups d’éclat, mais l’humble témoignage d’une vie personnelle la plus droite et la plus claire possible.

Le Seigneur attend de nous un véritable retournement : que notre main soit toujours tendue vers Dieu et vers les autres, que nos pieds marchent à la suite de Jésus, que nos yeux voient les autres avec le regard même de Dieu, un regard plein d’amour et de tendresse.

Amen.

2 octobre 2021 |