homélie du3ème dimanche ordinaire A (22/01/2017)

par Francis ROY, diacre

 

« Qu’il n’y ait pas de divisions entre vous » écrit St Paul à ses amis de Corinthe. Nous vivons depuis mercredi dernier la semaine de prière pour l’unité des Chrétiens et cette injonction est toujours d’actualité, 2000 ans après. Dans l’Évangile que nous venons d’écouter, Jésus, lui, nous dit : « Convertissez-vous, car le Royaume de Dieu est tout proche ». Ces deux recommandations peuvent sembler sans rapport entre elles… et pourtant !…Et pourtant ! Nos divisions ne sont-elles pas des preuves qu’il nous faut sans cesse nous convertir ? Ne sont-elles pas les révélateurs de notre manque de foi en Celui qui est le modèle même de l’unité ? Unité entre les trois personnes du Père, du Fils et de l’Esprit, à la fois Trinité et pourtant Dieu unique ?

Convertissez-vous ! Quel programme ! Se convertir, c’est changer de direction, se retourner. C’est d’abord et avant tout se remettre soi-même en question. En question, oui, mais il ne s’agit pas de se contenter de la question : il faut  aussi trouver des réponses ! Et la réponse, ce n’est surement pas de vouloir changer les autres. A un journaliste qui lui demanda un jour « Que faudrait-il changer dans le monde pour qu’il soit meilleur ? » Mère Teresa aurait répondu simplement : « Vous et moi, Monsieur ». Se convertir. Avoir la volonté de changer d’abord soi-même, au lieu d’attendre désespérément que les autres changent. Il nous faut sans cesse nous convertir, car c’est dans notre timidité à nous convertir que se trouve la source de nos divisions. Tant que nous croyons détenir la vérité, ceux qui pensent autrement ont forcément tort. C’est à eux de changer. Et ainsi, nous restons divisés, car eux, bien sûr, ne changent pas.

Dans cette semaine de la prière pour l’unité des Chrétiens, prenons conscience que les Chrétiens apparaissent divisés, au moins à cause des différents noms qu’ils se sont donnés : catholiques, protestants, orthodoxes, anglicans… et à l’intérieur même de ces grandes familles, d’autres divisions et subdivisions dont la liste serait ici bien trop longue. Mais TOUS sont chrétiens ! Ce qui nous divise est infiniment plus petit que ce qui nous rassemble : notre foi au même Christ, Jésus, fils de Dieu, qui est venu nous sauver, a donné sa vie pour nous, est ressuscité et nous a laissé son Esprit Saint. Entre toutes ces confessions chrétiennes, les divisions ne portent, pour l’essentiel, que sur notre conception de l’Église, peuple de Dieu, héritière des apôtres, et sur notre manière de pratiquer notre foi. Alors, comme ces premiers chrétiens de Corinthe, sommes-nous pour Paul ou pour Apollos ? ou pour Pierre ? Sommes-nous pour la liturgie actuelle ou pour l’ancienne ? Pour le Curé ou pour son vicaire, lorsqu’il éxiste ? etc … ! Ces querelles sont bien futiles, au regard de l’Essentiel qui nous unit tous. Il n’empêche. Ces divisions, aussi infimes soient-elles, sont autant de blessures, et nous devons faire tout notre possible pour les guérir. Car elles sont un obstacle à l’évangélisation du monde. Elles empêchent beaucoup d’hommes d’accéder et d’adhérer à cette simple Bonne Nouvelle : Dieu nous aime.

Dans une prière rapportée par St Jean, Jésus demande à Dieu son Père : « Qu’ils soient unis, pour que le monde croie que Tu m’as envoyé ». Il ne s’agit donc pas d’être unis simplement pour le plaisir de ne pas se quereller, mais « pour que le monde croit ». Nos divisions défigurent le visage du Christ. Divisions entre chrétiens, oui, mais aussi à l’intérieur de l’Église Catholique ; division aussi dans nos paroisses ; divisions dans nos communautés ; divisions parfois, hélas, dans nos familles…Pour dépasser ces divisions, faire l’unité ou refaire l’unité, il nous faut passer par la conversion que Jésus nous demande : « Convertissez-vous, car le Royaume de Dieu est tout proche ». Comprenons : « le Royaume de Dieu sera d’autant plus proche que vous vous convertirez. » Il ne s’est d’ailleurs pas contenté de le proclamer. Le passage d’évangile se termine ainsi : « Jésus, parcourant toute la Galilée, proclamait la Bonne Nouvelle du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple. » Ces guérisons sont déjà les signes visibles de ce Royaume, dans lequel Jésus refait l’unité de nos corps malades, de nos cœurs infirmes et de nos âmes blessées ; signes de ce Royaume déjà là mais encore à bâtir. Et il ne se bâtira pas sans la participation de l’homme. Jésus a posé la première pierre, mais c’est à l’homme d’en prendre en charge la construction. C’est pour cela que Jésus appelle des hommes à marcher à sa suite, pour témoigner de cette bonne nouvelle et commencer à agir avec lui. Les premiers qu’il a appelés, comme on le voit dans le passage d’aujourd’hui, ce ne sont pas des notables, des savants, ni des spécialistes de la religion. Non, mais de simples travailleurs du lac, des pêcheurs. Et pas forcément non plus parmi les plus courageux, on le verra bien par la suite, avec leur débâcle au moment de l’arrestation de Jésus. Pas non plus parmi les plus intelligents. Combien de fois dans les évangiles voit-on Jésus leur dire : « Mais ne comprenez-vous donc pas ? ». Non, Jésus vient parmi les hommes ordinaires. Il se fait proche de chacun, quelles que soient ses qualités ou ses défauts, quelles que soient ses richesses ou ses pauvretés. Il ne leur demande pas de fournir un CV et une lettre de motivation avant de les admettre dans son équipe. Il a voulu faire confiance à des hommes simples, qui vivent parmi leurs frères, qui peinent comme eux et avec eux pour gagner leur pain. Et c’est pourtant sur cette fragile équipe d’humbles pêcheurs imparfaits qu’il va s’appuyer pour faire connaître la Bonne Nouvelle de son Salut. Aujourd’hui, il nous appelle encore. Et qui sont ses disciples ? des gens comme nous, comme vous et moi. Car c’est nous tous qu’il veut sauver, et il nous prend tels que nous sommes. Il nous appelle dans notre vie de tous les jours. C’est tout de même formidable ! Chacun peut se dire : « il m’appelle, moi ! » Mais d’un autre côté, on voit toute l’exigence d’un tel appel : « Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent » « Aussitôt, laissant leur barque et leur père, ils le suivirent ». Quelle confiance ! Mais aussi, quelle conversion !

S’il m’appelle réellement, moi, aujourd’hui, que suis-je prêt à laisser pour le suivre ? mon travail ? mes biens ? mes proches ? Quel est le degré d’exigence qu’il me demande ? Sommes-nous capables seulement d’entendre cet appel ? Et si nous l’entendons, sommes-nous prêts à cette conversion radicale que cela demande ? Oui, aujourd’hui encore, comme au bord du lac il y a 2000 ans, cet appel retentit parmi nous : « Convertissez-vous, voyez comme le Royaume de Dieu est tout proche ! Il sera plus proche encore quand vous vous convertirez. » Car de notre conversion naîtra le Royaume de Dieu, dans lequel toute division fera place à l’unité, unité entre tous les hommes, et unité de l’humanité avec Dieu.

Amen !

23 janvier 2017 |

semaine de prière pour l’Unité des Chrétiens

Echos de la célébration festive d’ouverture du  18 janvier 2017 au centre chrétien de la Toison d’Or

Le groupe oecuménique en rêvait, son vice-président , J.Claude Petit, de l’ Eglise Protestante de la Toison d’or, l’a fait: il a convaincu son pasteur, A Merabti, et toute sa communauté,d’ouvrir chez eux la Semaine de l’Unité par une soirée de chants et de prières,animée par des musiciens dijonnais de toute confession.Cinq groupes ont répondu à l’appel lancé dès cet été .L’Echo du Gospel a débuté par de très belles mélodies connues de tous, « Dieu tout puissant » ou Negros Spirituals, dont les alleluias étaient portés par leurs voix profondes et chaleureuses .Puis le père Raoul Mutin a partagé les chants d’espérance inspirés par sa mission auprès desdétenus, et fait répéter à la foule ses refrains lumineux .Il a été suivi par le groupe de louange de l’Eglise de la Toison d’or : Jonathan et Katia, qui ont fait vibrer leur foi en soutenant leurs chants par la guitare et le violon.Les chanteuses et les musiciens de la Paroisse Saint Joseph, dirigés par Denis Graindorge, ont enflammé ensuite le public par leur dynamisme . Enfin Matt Marvane acheva cette prière enchantant, comme un nouveau psalmiste, la grandeur de Dieu et le bonheur d’être sauvé .Chaque partie musicale était conclue par une courte prière préparée par un prêtre ou un pasteur.La veillée se termina par trois signes d’unité: la récitation du Notre Père, la répétition du refrain« Je louerai l’ Eternel », et la bénédiction donnée par tous les prêtres et les pasteurs présents.Une magnifique rencontre, suivie de la joie de bavarder en dégustant les centaines de petits gâteaux délicieux distribués avec le sourire. Merci à l’organisation de l’Eglise de la Toison d’or: accueil chaleureux, technique parfaite, et minutage au cordeau !

Maguy Minonzio

 

Vendredi 20 janvier 2017 à 19 h

Temps de prière avec l’ACAT, au Temple de l’Eglise Protestante Unie, 14 bd de Brosses,

Du 22 au 29 janvier : Prière pour l’unité des chrétiens :

Dimanche 22 : temple de l’Eglise protestante unie , 10 h 15 : Culte de l’Unité

Prédication du père Paul ROYET, curé de la paroisse de Talant

Dimanche 29 : église Notre-Dame de Talant, 11 h : messe de l’unité

prédication du pasteur Sébastien FRESSE de l’Eglise Protestante Unie de France.

13 janvier 2017 |

Prédication du jour de l’Epiphanie

Vivent les chercheurs !

par le Père Dominique NICOLAS

Les rois mages — qui ne sont sans doute ni des rois, ni des mages au mauvais sens du terme, nous en reparlerons plus tard  — on ne sait pas qui ils sont, ni comment ils s’appellent, ni combien ils sont, ni d’où ils viennent… — les rois mages sont tout de même un modèle, et un modèle de chercheurs.

Observateurs ? Oui

se poser des questions ? Oui

croire qu’il y a une réponse ? Oui

et savoir que la réponse les étonnera ? Oui…

Et qu’elle les entraînera vers d’autres questions ? Oui, trois fois oui.

Ils ont juste quelques indices. Ils ne savent pas combien de temps cela va leur prendre. Mais ils y vont. Ils se déplacent.

 

On pourrait tout de suite jouer au jeu du contraste avec le roi Hérode et son entourage –sa clique–, même si le roi Hérode, qui passe plus de temps à assurer son pouvoir qu’à faire son métier de roi, n’est même pas tellement un roi.

Contraste, et opposition même, entre les chercheurs qui se déplacent et paient de leur personne, et l’équipe du roi enfermée dans son  palais, à l’intérieur d’une ville aux murailles fortifiées. Nos rois mages trouveront un enfant sans défense dans un abri de fortune, entouré d’un groupe de migrants démunis …

Je note donc un point commun entre nos rois et la famille de Jésus : ils sont tous des étrangers d’une façon ou d’une autre, des personnes qui viennent d’ailleurs. Peut-être,  qu’à nos rois, qui viennent  comme lui d’un ailleurs, Jésus  révélera-t-il que la profondeur de leur ailleurs s’appelle Dieu. Et qu’ils sont faits, comme lui, pour Dieu.

Contraste, encore, entre l’enfermement et la grande lumière ; entre ceux qui ne bougent pas de chez eux, et l’enfant-lumière ; contraste entre ceux qui savent tout — mais ne savent pas, les pauvres !, sortir de leur peur, sinon par la violence –, et ceux qui laissent la joie entrer  et rayonner en eux.

Une joie sans problème qui vous envahit de bonté. Et ils ouvrent leurs coffres, et ils déposent devant l’enfant tout ce qu’ils ont, tout ce qu’ils  sont, toute leur richesse, toute leur puissance.

Ils se taisent. Peut-être découvriront-ils  qu’ils communient à la prière de Jésus lorsqu’il partira, la nuit, dans les montagnes, pour adorer son Père. Ou à son silence lorsqu’un puissant le tuera.

Contraste, et opposition totale entre cette vie d’enfant, toute fraîche, devant eux, sur la paille, accessible et disponible, qui ne peut que souhaiter grandir, et la jalousie maladive du roi, mortifère, néantisante.

 

Donc,  en vérité, les rois mages ne sont pas d’une époque ancienne que l’on calculerait à coups de concordisme :

-11 avant notre ère, si  leur étoile était la comète de Halley

– 6 s’il s’agissait d’une conjonction des planètes (Jupiter et Saturne puis de Mars)

ou – 5 pour une nova

 

Non, leurs contrastes sont les nôtres.

Non, nos rois-mages ne viennent pas d’un lieu ou d’un temps particuliers.  Ils viennent de l’espérance dont parle Isaïe. Ils viennent de l’espérance de tout un peuple qui marchait dans les ténèbres comme disait la liturgie de Noël. De l’espérance que, nous tous, les humains, nous avons au plus profond de nous-mêmes.

Ils viennent de la communion du Seigneur Dieu avec le cœur des hommes quand ils sont humains. Les rois mages sont nos contemporains, comme Dieu nous est toujours présent et contemporain.

Jésus leur ouvre dans le livre d’ Évangile ne route nouvelle comme il ouvre dans la vie des hommes une route à toi, à moi, à nous…

Une route pour toi, perso, vers Dieu. Pour Dieu, perso, vers toi.

 

7 janvier 2017 |