Évangile de Marc, chap. 10, 2-16
Livre de la Genèse, chap. 2, 18-24)
Lettre aux Hébreux, chap. 2, 9-11
« Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés ont tous même origine »
Donc, une fois de plus, l’Évangile que nous venons d’entendre, même s’il ne parle pas que de cela, remet un enfant au centre du débat. Depuis trois ou quatre fois déjà, c’est le cas ; et ce n’est pas fini. Et il y aura encore, comme il y a eu à de nombreuses fois, ces interrogations entraînant à tout coup la méthode pédagogique par l’enfant, la méthode de Jésus : les fameuses questions des disciples sur « qui d’entre nous est le plus grand ? ». Ou de façon plus subtile « comment dois-je faire pour que je sois parfait ? ».
Avec infiniment de patience, Jésus explique, Jésus redresse, Jésus prolonge. Ce qui ne doit pas l’empêcher de penser comme le petit prince de Saint-Exupéry que les grandes personnes sont longues à comprendre les choses importantes. Il arrive que les adultes soient lourds. Mais Jésus a confiance qu’ils y arriveront un jour.
C’est dans ce sens-là que nous, l’équipe de préparations, nous avons reçu le dynamisme de nos trois textes bibliques d’aujourd’hui.
D’abord, ces images de notre père Adam dans le paradis terrestre. Tout était parfait, sauf qu’il lui manquait l’essentiel : il lui manquait Ève, la vivante, la compagne semblable et différente, celle avec qui / grâce à qui / par qui et pour qui / il pourrait avancer et marcher… [Son nom d’ÊVE est d’un verbe qui dit à la fois le VIVRE et le COMMUNIQUER …tout un programme ! ]…
Il manquait à l’homme [L’homme, son nom d’Adam est celui de la terre – de la glèbe – d’où il vient … il lui arrive d’être un peu lourdaud…] il lui manquait quelqu’un pour qui tout quitter, tout lâcher pour trouver tout. Dans la perfection de sa nature, il manquait à l’homme une raison d’être fécond et de vivre — — donc aussi, j’oserai dire : il lui manquait une raison de mourir. Il lui manquait un absolu et un sens.
En le rendant infirme d’une de ses côtes, Dieu le fait mourir un peu et vivre beaucoup , et il nous donne par là-même l’occasion de venir au monde. Nous appartenons à la lignée de ces arrière-arrière-grands-parents mythiques que sont Adam et Ève. Si nous ne sommes pas des êtres capables de tout laisser derrière nous, et jusqu’à notre volonté de perfection, pour un amour, pour un grand amour, nous ne sommes pas humains — nous ne sommes plus filles et fils de Dieu.
En fait, nous sommes faits pour l’inconnu. Et c’est dans la personne de Jésus le Christ que Dieu nous permet de tout quitter et d’avancer vers l’inconnu…
En fait, j’ai tort de parler d’inconnu, parce que ce n’est pas totalement vrai.
Jésus sait très précisément ce qu’il fait et pourquoi : nous sommes son objectif ; sa raison d’être est de nous faire connaître combien le Père est grand et bon et beau, combien Dieu est amour.
Cela, pour lui, est clair.
Ce qu’il a plus de mal à comprendre et à connaître, c’est nous. En quelque sorte, si vous me permettez de dire ainsi, s’il y a un mystère que Dieu n’en finit pas de sonder, c’est nous. Et cela lui coûte très cher de s’y atteler. Nous le savons. Il perdra tout jusqu’à la Croix, pour y cueillir notre vie.
Voici donc les questions tortueuses dont l’Évangile se fait l’écho : a-t-on le droit de ceci, de cela ? Pourquoi dis-tu ceci ou cela ? Pourquoi n’es-tu pas comme nous ? Dans quel bureau aller, à quel guichet, pour obtenir tel tampon ?……….. Hier, les scribes posaient des questions sur la religion, tout de suite c’est une question

sociétale… Ce qui les intéresse, ce n’est pas le sujet ni les personnes concernées, mais c’est de « coincer » l’autre. De le cloisonner, l’enfermer. Ils vivent de la politicaillerie, celle des coups tordus à la petite semaine et des « petites phrases » ravageuses. Ils n’ont que de l’immédiat mortifère.
Mais Jésus ne vit pas dans ce court terme-là.
Bien clairement, sa référence est le Dieu-Père, créateur dès la Genèse de ces deux personnes qui vivent dans le compagnonnage, qui se savent de la même nature [cf. le jeu de mots ISCH et ISCHA, pour des personnes qui tirent leur être l’une de l’autre et vont ainsi de
Nous avons même origine, dit le texte aux Hébreux ; Jésus nous appelle ses frères… Il y a des jours où nous pouvons nous demander s’il a raison… Alors, ces jours-là, Jésus recommencerait à placer des enfants au milieu de nous et à les bénir. Pour que leur bénédiction rejaillisse sur nous.et que nous comprenions, –enfin !l’avant].
Ce qui finira par arriver, dans quatre bonnes semaines, et à la toute fin de ce chapitre 10 de l’évangile de Marc, qui vient juste de débuter.
Il y aura encore un petit bonhomme bien bruyant et très perturbant que les gens voudraient d’abord faire taire, puis qu’ils appelleront jusqu’à Jésus parce que Jésus veut qu’on appelle tous les petits bonshommes exclus et que la foule l’aura enfin compris.
Et le petit bonhomme Bartimée, jetant derrière lui le manteau qui était toute sa richesse, courra vers Jésus et marchera avec lui.
Le Seigneur Dieu n’en finira jamais de faire confiance à l’humanité !
dominique nicolas