Le pape FRANÇOIS vient de publier une encyclique sur l’Ecologie

L’humanité est entrée dans une ère nouvelle où le pouvoir technologique nous met à la croisée des chemins. Nous sommes les héritiers de deux siècles d’énormes vagues de changement : la machine à vapeur, le chemin de fer, le télégraphe, l’électricité, l’automobile, l’avion, les industries chimiques, la médecine moderne, l’informatique, et, plus récemment, la révolution digitale, la robotique, les biotechnologies et les nanotechnologies.

Il est juste de se réjouir face à ces progrès, et de s’enthousiasmer devant les grandes possibilités que nous ouvrent ces constantes nouveautés, parce que  la science et la technologie sont un produit merveilleux de la créativité humaine, ce don de Dieu.

Depuis la moitié du siècle dernier, après avoir surmonté beaucoup de difficultés, on a eu de plus en plus tendance à concevoir la planète comme une patrie, et l’humanité comme un peuple qui habite une maison commune. Que le monde soit interdépendant ne signifie pas seulement comprendre que les conséquences préjudiciables des modes de vie, de production et de consommation affectent tout le monde, mais surtout faire en sorte que les solutions soient proposées dans une perspective globale, et pas seulement pour défendre les intérêts de certains pays.

L’interdépendance nous oblige à penser à un monde unique, penser à un projet commun.

 

La pauvreté et l’austérité de saint François n’étaient pas un ascétisme purement extérieur, mais quelque chose de plus radical : un renoncement à transformer la réalité en pur objet d’usage et de domination.

Si nous aussi, nous approchons de la nature et de l’environnement sans cette ouverture à l’étonnement et à l’émerveillement, si nous ne parlons plus le langage de la fraternité et de la beauté dans notre relation avec le monde, nos attitudes seront celles du dominateur, du consommateur ou du pur exploiteur de ressources, incapable de fixer des limites à ses intérêts immédiats. En revanche, si nous nous sentons intimement unis à tout ce qui existe, la sobriété et le souci de protection jailliront spontanément.

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html

Prière pour notre terre

 

Dieu Tout-Puissant
qui es présent dans tout l’univers
et dans la plus petite de tes créatures,
Toi qui entoures de ta tendresse tout ce qui existe,
répands sur nous la force de ton amour

pour que nous protégions la vie et la beauté.

Inonde-nous de paix, pour que nous vivions
comme frères et sœurs
sans causer de dommages à personne.
Ô Dieu des pauvres,
aide-nous à secourir les abandonnés
et les oubliés de cette terre
qui valent tant à tes yeux.

 

Guéris nos vies,
pour que nous soyons des protecteurs du monde
et non des prédateurs,
pour que nous semions la beauté
et non la pollution ni la destruction.
Touche les cœurs
de ceux qui cherchent seulement des profits
aux dépens de la terre et des pauvres.
Apprends-nous à découvrir
la valeur de chaque chose,
à contempler, émerveillés,
à reconnaître que nous sommes profondément unis
à toutes les créatures
sur notre chemin vers ta lumière infinie.
Merci parce que tu es avec nous tous les jours.
Soutiens-nous, nous t’en prions,
dans notre lutte pour la justice, l’amour et la paix.

 

 

22 juin 2015 |

Homélie 12ème dim. du temps ordinaire B (20-21/06/2015)

Après avoir prêché en paraboles, sur la barque qui sert de porte-voix et de chaire, Jésus invite ses disciples à traverser le lac. Une parabole en acte. C’est le soir, il fait sombre, la barque porte-parole navigue vers l’autre rive. Les disciples s’embarquent pour une parole de foi. Mis en mouvement par la parole de Jésus, c’est aussi leur foi qui bougera jusqu’à la question : mais « qui est-il donc ? » Jésus, Parole vivante, traverse la mer avec ses amis, pour les ouvrir à la paix d’une traversée intérieure.

La mer, si vaste et si profonde, Dieu la traite comme une enfant : qui donc a retenu la mer avec des portes, quand elle jaillit du sein de l’abîme ? Quand je l’enveloppai de nuages pour lui servir de langes ; quand je lui imposai des limites : “Tu viendras jusqu’ici ! Tu n’iras pas plus loin, ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots !” (première lecture) Et la même masse des eaux, grondante et bouillonnante, se jette dans la barque des disciples, quand le Maître dort cette nuit de traversée vers l’autre rive. Ils le réveillent et voici qu’il traite la mer comme une enfant : “silence, tais-toi !” Le silence commandé advient.

Alors la question jaillit : “qui est-il celui-là, pour que même le vent et la mer lui obéissent ?” Une fausse question pour les gens de la Bible. Une question rhétorique, comme dans le livre de Job : qui donc a retenu la mer avec des portes ? Toi, Seigneur ! qui d’autre ? Mais voilà, tant que c’était dit du Dieu du ciel, tout le monde était d’accord. Maintenant il semble que la question touche un homme, celui qui dormait sur le coussin à l’arrière. Et c’est un homme véritable, pas un surhomme : il dort, lui. Les psaumes disaient :

Non il ne dort pas ne sommeille pas le gardien d’Israël.

Le Seigneur, ton gardien se tient près de toi.

Le soleil durant le jour ne pourra te frapper, ni la lune durant la nuit.

Il te gardera au départ et au retour.

L’homme qui dort à l’arrière sur le coussin, celui là serait-il le Seigneur qui ne dort ni ne sommeille ? Les disciples n’ont pas le temps d’y réfléchir, ils crient : “Maître, nous sommes perdus, cela ne te fait rien ?” Qui est-il celui-là, puisque c’est un homme en toute vérité, et qu’il pose des actes dont on sait bien qu’ils sont ceux de Dieu ? On le tuera sur ce motif d’ailleurs, tant il faut que chaque chose soit à sa place : Dieu dans son ciel et sa puissance, l’homme sur la terre et la mer, dans les remous de l’existence périssable. Que Dieu reste chez lui, exception faite de ces moments où nous crions à la mort et où Dieu doit nous sauver…

Jésus, la preuve que c’est un homme : il sera tué. Mais une fois encore, un ordre sera donné à l’abîme le plus profond, et l’abîme, frémissant à la voix souveraine, obéira. Si Dieu parle qui contestera ?… Jésus est ressuscité, pour nous.

Jésus pose une question lui aussi : “pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ?” Il pose la question comme peut la poser un homme qui demeure en Dieu. Paul a compris cela plus tard, et il ose annoncer : Désormais nous ne connaissons plus personne à la manière humaine (selon la chair) : si nous avons compris le Christ à la manière humaine (selon la chair), maintenant nous ne le comprenons plus ainsi. Si donc quelqu’un est en Jésus Christ, il est une créature nouvelle (deuxième lecture). Une créature nouvelle, c’est la même que la créature première, mais en Dieu. La valeur ajoutée à nos vies, c’est Dieu lui-même. Non comme « un plus » ou « une option », mais comme une qualité qui concerne tout ce que nous sommes : nos corps, nos âmes, nos intelligences, nos paroles et nos actes. Jésus n’est pas 50% humain, 50% Dieu, et 100% Sauveur. Il est entièrement humain,… et il dort. Mais aussi entièrement Dieu, et il commande à la mer : à ses yeux, elle est comme un enfant en colère. Et tout se calme.

Nous de même, nous ne serons jamais seulement des moitiés d’humains. Nous sommes entièrement constitués en humanité, tous et toutes, depuis le premier commencement de nos vies. Et si la grâce nous est donnée de devenir l’humanité de Dieu, notre humanité, à chacune et à chacun, sera entièrement plongée en Dieu, comme nous fûmes entièrement et définitivement plongés dans la mort et la résurrection du Christ le jour de notre baptême, la grande traversée.

Pourquoi avoir peur ? Le ciel et la terre, la mer et tout leur peuplement, la colère des peuples ligués entre eux contre le Seigneur et son Messie, qu’est-ce que tout cela ? Les épreuves qui jalonnent nos vies, et surtout celles d’aimer jusqu’à donner sa vie… qu’est-ce que tout cela ? Rien qui ne soit entendu avec Dieu. Rien qui ne vienne s’inscrire dans la vie de l’Alpha et de l’Oméga, le Christ notre Seigneur et notre frère. Rien qui ne soit déjà contenu dans le risque infini que Dieu a pris en nous créant, en nous sauvant, en nous donnant son Esprit. La foi au Christ ne nous donnera pas de certitudes abstraites. La foi fera de nous des hommes et des femmes, souvent faibles, mais qui, par une grâce indicible, tiennent fermes dans les remous si nombreux de la vie. Submergés mais pas noyés, mis à l’épreuve mais pas anéantis, insultés mais pourtant recherchés par qui n’en peut plus. Parce que désormais, dès l’instant où nous sommes rejoints par la mort et la résurrection de Jésus, nous sommes là, comme le Christ, pour celles et ceux qui n’en peuvent plus. Et des fois, nous les connaissons bien ceux et celles qui n’en peuvent plus : c’est nous !

“Maître, nous périssons, cela ne te fait rien ?” Rester debout comme des veilleurs, résister à la vague dominante, être présents dans la tourmente, présenter un autre aspect de la réalité, connaître l’art du contretemps, s’opposer farouchement et pourtant rester en lien, tous ces actes imposent du silence dans la tempête, et même la mort recule. Car nous sommes devenus capables de lui faire lâcher prise et de la transformer elle aussi : le Christ est sorti victorieux de cet abîme susceptible de contenir les mondes. Notre foi est là : croire jusqu’au dernier souffle qu’ici et maintenant rien ne peut échapper à la puissance du salut. Si telle est notre foi, si nous voulons vraiment vivre cela, alors nous sommes l’humanité de Dieu, vraiment, entièrement.

Et toi Emma, qui viens te nourrir du corps du Christ pour la première fois, tu prends des forces pour avancer dans la vie sur la route du Royaume en tenant bien fort la main de Jésus. Tu seras sa disciple pour aider tous tes parents et amis. Tu deviens avec nous porteuse de l’espérance qui nous aide à marcher malgré toutes les difficultés de la vie.

Amen.

Francis ROY, diacre

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CECI EST MON CORPS, CECI EST MON SANG

FÊTE – DIEU 2015

Pardonnez-moi. Je vais une fois de plus parler, en parlant de la communion de ce que je ne connais pas : du Christ, de Dieu et même…de nous.

En fait, je ne suis pas le seul : L’équipe liturgique qui préparait ce week-end a fait cette expérience avec le texte d’Évangile que nous venons de recevoir : il nous a fallu du temps pour lire et relire ce que l’on croit connaître et y découvrir……

Découvrir quoi ? des transformations à foison !

Ce récit d’Évangile, malgré tout ce que nous pensions, nous ne le connaissions pas encore. Nous savions apparemment de quoi il s’agit, donc nous n’écoutions plus. Le sous-titre des bibles indique qu’il s’agit de l’institution de l’Eucharistie. Nous sommes ou bien pour (de préférence) ou nous sommes contre, pour des raisons personnelles tout aussi valables, ou totalement indifférents…en tout cas … nous sommes tranquilles. … Ah ! la tranquillité des étiquettes… même en matière de religion !

On entend ce que le pain et le vin deviennent ; on parle de miracle, et on passe à côté des vraies transformations. Et pourtant, celles-là sont comme une base à l’origine de la grande transfiguration ;  elles culminent en elle ; elles y trouvent leur épanouissement et leur justification. Le Corps et le Sang du Christ sont la raison d’être de tout ce qui le précédait. Ou bien plutôt : ce qui précède prend enfin sa raison d’être : et prend corps précisément.

Reprenons : d’abord, juste avant de mourir, Jésus et les siens accomplissent le rite de la Pâque : le rite du pain non levé, qu’on a fait et que l’on mange, à la hâte. Pain de la sortie d’Égypte et libération de l’esclavage. Pain de l’urgence de vivre. Coupe de vin d’un avenir toujours à venir et déjà là, puisqu’on le fête. Puisqu’on le dit. Vin de l’espérance confiante. Attitude des prophètes de la liberté.

Quand nous faisons l’Eucharistie, nous sommes des prophètes.

L’eucharistie du Christ affirme et crée cette liberté, et la fraternité d’un Peuple qui sait qu’il est fait pour vivre. L’eucharistie du Christ crée un peuple confiant et joyeux, capable de tenir dans tous les déserts du monde.

Pas n’importe comment : à la manière d’un partage.

L’évangile dit tout en 3 phrases que l’on n’entend pas : l’une cite  la question des disciples « Où veux-tu que nous fassions les préparatifs pour toi ? ». Jésus est le Maître, celui qui veut, celui que l’on sert. Un chef. Mais quand Jésus prend la parole, il les insère dans la démarche : il s’agit maintenant de  célébrer avec les disciples. Jésus élargit le regard et se dépossède déjà un peu des privilèges qu’on lui accorderait. Enfin, la proposition devient universelle : le Christ donne pour la multitude. St Paul dira : « Le Christ nous enrichit tous parce qu’il est pauvre ».

On comprend le Christ autrement ; on comprend autrement ce que c’est que d’être disciple. Le disciple devient un partenaire qui accepte de servir à quelque   chose.. Le destinataire du pain et du vin est toute personne qui a faim et soif. Le signe de la communion au repas de Jésus est qu’il n’y a plus d’exclu. Qu’il ne peut plus y en avoir.

La réalité de l’Eucharistie est dans cette parole du Christ : « le plus petit d’entre les hommes à qui vous faites du bien, c’est moi » : sa vérité est dans le geste du jeudi saint dans l’évangile de Jean : l’Eucharistie, c’est laver les pieds comme Jésus l’a fait. Il n’y a plus de chef ou de grands de ce monde ; il n’y a plus que des personnes qui rendent service aux autres. Discrètement. Humblement.

D’une certaine façon, le caractère insignifiant de ces hosties que nous utilisons, qui ne pèsent rien, ou si peu, qui ne sont pas même du pain, cette insignifiance est révolutionnaire. Elle crée un monde nouveau. Et des gens nouveaux avec des relations nouvelles.

Justement, ce neuf, c’est encore Jésus qui l’introduit : il y avait un vieux rite, un rite fait de sacrifices. Une destruction. Le Christ, lui, offre, au moment de partir, du vin joyeux pour le remplacer. Ce qui n’est pas sans rappeler cette alliance –déjà une alliance !- des noces où l’eau plate du village de Cana s’est transformée en vin. Jésus lui a révélé qu’elle était faite pour cela. Il y aura un jour où tout l’ordinaire sera devenu du grand et du beau, Jésus y croit. Comme c’est notre confiance en autrui qui nous transfigure et nous fait grands. Si dans le quasiment rien, on a l’infini et l’éternel, plus rien …n’est rien. L’eucharistie nous oblige à agir dans ce sens, à regarder et voir dans ce sens, à entendre et comprendre dans ce sens.

J’ajoute que, alors, elle nous oblige aussi à nous demander ce que nous faisons de notre intelligence et de nos yeux, et de nos oreilles, et des fonctions de notre corps. Si nous croyons en la présence du Christ dans le pain et le  vin, il nous faut aussi croire à notre corps, aussi pauvre et misérable soit-il à nos yeux. Il nous faut croire à la puissance de l’autre, –qui ne le sait pas encore. Notre corps, notre cœur, notre intelligence et notre âme ne servent qu’à cela.

Transformation de la parole sur Jésus, transformation de l’intelligence de ce qu’il dit et fait. Dans notre histoire religieuse récente, pareillement, transformation ultime de mon propos, on est passé de la « communion privée » à cette insistance sur le « union » de « communion »…

Je vous en prie : communiez ! communiez ! communiez ! Contemplez-le ! Adorez-le !

Le monde en a besoin.

7 juin 2015 |