PARABOLE DU FILS PRODIGUE – Pélerinage de St Joseph pour le jubilé de la miséricorde 12 MARS 2016

Dans cette parabole, une des plus belles pages de l’Evangile, Jésus nous présente trois personnages : un homme et ses deux fils. L’un des deux fils va s’en aller loin de son père après avoir demandé sa part d’héritage ; l’autre fils reste, fidèle à la vie familiale.

Le premier va gâcher sa vie dépensant sans compter l’héritage reçu, dans des plaisirs faciles, jusqu’au jour où, n’ayant plus rien, en proie à la famine, il est obligé de travailler. Il ne trouve qu’à garder des troupeaux de porcs. Quand on sait que, au temps du Christ, le porc était un animal impur, on comprend que Jésus veut dire que ce fils est vraiment descendu au plus bas, qu’il est vraiment perdu. Alors, rentrant en lui-­‐même, nous dit l’Evangile, en ce point profond qu’est sa conscience, il pense à son père, et   il a ce réflexe qui va le sauver : « Je me lèverai et j’irai vers mon père », même si ce mouvement est guidé par le souci de retrouver un certain confort, plus que par l’amour de son père.

Dans nos heures difficiles, dans les heures où les ténèbres nous habitent, ce même mouvement nous ouvre au salut : je me lèverai et j’irai vers mon Père.

Le fils aîné est loin aussi du registre de l’amour : il refuse même la fraternité : ton fils, dit-­‐il à son père. Il fait valoir sa fidélité, ses mérites, « moi je suis resté, je t’ai servi, je ne suis pas parti, je n’ai pas agi comme ton fils qui a dilapidé tes biens dans une vie de péché. » Le fils aîné juge, condamne. Tout entier tourné vers lui-­‐même, il n’a pas su reconnaître qu’il avait tout reçu de son  père.

Nous nous reconnaissons, nous aussi, dans ce fils qui juge son frère, qui se compare à lui pour faire valoir sa fidélité.

Mais ces deux fils, même s’ils nous alertent sur nos comportements, ne sont pas cependant les personnages principaux de cette parabole. Jésus veut attirer l’attention de ses auditeurs non sur le comportement des deux fils mais sur l’amour sans limites de leur père. Au centre de ce récit, c’est le Père que Jésus veut nous faire découvrir, c’est de lui que nous parle cette parabole.

« Comme il était encore loin, son père l’aperçut. » Le père guettait, il scrutait le chemin, se disant : S’il allait revenir ! Et voici qu’il l’aperçoit. En bonne justice humaine, il aurait dû l’attendre de pied ferme, sans doute lui faire quelque reproche, lui faire reconnaître sa faute … Mais, nous dit l’Evangile, il est saisi aux entrailles, bouleversé, submergé par la joie de ce retour. Il court à sa rencontre et le prend dans ses bras. Le fils essaie de parler, « Père j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne mérite pas … » Le père ne l’écoute pas, ils ne sont pas dans le même registre : le fils parle de justice, de mérite … le Père est tout entier dans l’amour, l’amour sans condition. C’est lui le Père qui est prodigue, prodigue d’amour, de pardon. Il est pressé de faire éclater la joie, la fête.

Jésus nous révèle le vrai visage de Dieu, Père plein de tendresse et de miséricorde. Que sont nos fautes devant un tel amour ? Est-­‐ce que nous osons y croire  ?

La miséricorde, l’amour du Père se manifeste aussi envers son fils aîné, celui qui lui est resté fidèle, mais qui refuse la fraternité. Le Père sort à sa rencontre, et devant la révolte de son aîné, il rétablit les relations de père et de frère : « Mon fils, lui dit-­‐il, et déjà ce mot manifeste tout son amour paternel, tu n’as pas compris : tout ce qui est à moi est à toi. Mais il fallait se réjouir car ton frère était mort, et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé. » L’aîné doit apprendre ce que c’est que d’être frère quand on a un même Père. Après avoir restauré la relation filiale avec son fils cadet, le père veut renouer la relation fraternelle entre ses fils.

La première chose que peut nous faire vivre cette année de la miséricorde, c’est de nous écarter des fausses images de Dieu que nous avons construites. Le Dieu de la miséricorde n’est ni un Dieu punisseur ni un Dieu qui permet tout. Dieu prépare la table et y accueille le pécheur. Ce repas de fête

n’est ni une récompense ni une approbation de la conduite antérieure du fils prodigue : mon fils était mort, mon fils était perdu …. Mais il recrée et célèbre la communion d’amour entre un père et son fils, entre les frères. « Nous ne devons pas, il est vrai, diminuer les exigences de l’Évangile, dit le pape François, mais … le retour du fils à la maison est ce que le Père attend avant tout. »

Ce soir, c’est à nous que le Père dit, avec un immense amour : Mon fils, ma fille, mon enfant, tout ce  qui est à moi est à toi.

Ce qui nous est proposé aujourd’hui, pour entrer dans cette année de la miséricorde, pour en vivre, c’est de nous tourner vers le Père, non pour lui dire : je suis ton fils fidèle, ni même je ne suis pas digne  d’être appelé ton enfant, mais : « je crois en ta miséricorde, en ton amour infini. Pour toi, le plus urgent c’est d’aimer, c’est de vivre pleinement cette relation filiale et fraternelle à laquelle tu nous invites. Nous te demandons ce soir de nous aider à faire ce retournement, à acquérir ce réflexe de toujours nous placer dans l’amour. » Les sacrements, l’Eucharistie, la réconciliation, qui jalonnent notre vie, nous manifestent l’amour de Dieu et sa miséricorde.

La Bonne Nouvelle de ce récit se retrouve dans le comportement du Père face à ses enfants. Ce père met tout en œuvre pour favoriser la réconciliation. La mesure de Dieu est différente de la mesure humaine. Le Père est toujours prêt à pardonner. Il aime sans limites et il se réjouit quand un être humain retrouve le chemin du salut. Le sacrement de réconciliation nous ouvre ce chemin. Nous sommes appelés à imiter Dieu et à laisser l’amour plutôt que la condamnation guider nos cœurs, que ce soit la condamnation envers nous-­‐mêmes ou envers les  autres.

L’attitude du père à l’égard de ses deux fils démontre de sa part un désir d’être reconnu comme un père qui n’a qu’une seule richesse à partager: son amour. Le fils cadet découvre cet amour alors qu’il pensait ne plus en être digne, à la suite de l’offense qu’il avait faite à son père. Le fils aîné, quant à lui, devra apprendre à donner une réponse d’amour à l’égard de son père et de son frère.

N’en est-­‐il pas ainsi dans notre relation avec Dieu? Nous pouvons savoir que Dieu nous aime, mais tant que nous ne nous serons pas laissé relever par cet amour de miséricorde au cœur de nos détresses, nous aurons peine à en mesurer toute la grandeur.

Il faut souligner enfin que la réconciliation se termine par la fête. Le Royaume des cieux est comme un banquet éternel présidé par un Père plein de tendresse. La fête nous attend.

Je terminerai par ces paroles du pape François pour l’ouverture de cette année sainte : « Dieu est toujours présenté comme rempli de joie, surtout quand il pardonne. Nous y trouvons le noyau de l’Évangile et de notre foi, car la miséricorde y est présentée comme la force victorieuse de tout, qui remplit le cœur d’amour et qui console en pardonnant ». (bulle d’indiction de François)

Le  pape  François   veut  une  Église  miséricordieuse,  c’est-­‐à-­‐dire  témoin  de  la  miséricorde  de  Dieu

pour le monde et, pour cela, il encourage chaque chrétien à cultiver en soi cette attitude du cœur.

« C’est un chemin qui commence par une conversion spirituelle ; et nous devons faire ce chemin », Ce Jubilé de la Miséricorde est un temps favorable pour accueillir la présence de Dieu, pour faire l’expérience de son amour et revenir à lui du fond de notre cœur.

Sr M.Dominique Tremeaux

 

27 mars 2015 |

ce 20 Mars … « journée du bonheur » …

Lettre de Taizé

« La joie du cœur, voilà ta vie. Quitte la tristesse ! » (Ben Sirac 30,22-23 )

Cet appel d’un croyant qui vivait bien avant le Christ s’adresse aussi à nous aujourd’hui

Et nous sommes alors amenés à prendre une option pour la joie.

Le Christ n’est pas venu fonder une religion qui serait en concurrence avec d’autres. En lui, Dieu a partagé notre condition pour que chaque être humain se sache aimé d’un amour d’éternité et trouve ainsi sa joie dans une communion avec Dieu. Nous croyons en lui, et nos yeux s’ouvrent encore davantage à tout ce qui est humain, et il nous est donné de regarder toute  réalité en face, même la souffrance.

L’option pour la joie est inséparable de l’option pour l’homme. Elle nous emplit d’une compassion sans limites. Goûter, aussi peu que ce soit, à la joie de Dieu fait de nous des femmes et des hommes de communion. L’Esprit Saint nous donnera l’imagination nécessaire pour trouver comment nous faire proches de ceux qui souffrent, les écouter et nous laisser toucher par les situations de détresse.  Quitte à aller à contre-courant !

Et cette paix nous conduira loin.

 

20 mars 2015 |