DIMANCHE DES VOCATIONS
Que cela fait du bien, d’avoir des paroles comme celles-là !
Le dernier mot du récit des Apôtres, c’est le mot de joie.
Le psaume, c’est tous les peuples criez de joie !
Saint Jean, dans l’Apocalypse, se réjouit de voir tous les peuples rassemblés après la grande épreuve ; c’est le grand repas tous les pauvres seront consolés.
Et l’Évangile, ah l’Évangile !, c’est la source de confiance, le bonheur de contempler le Père et le fils qui ne font qu’un, et nous, qui ne faisons qu’un avec Jésus.
Et la perspective que tous les peuples peuvent ne faire qu’un avec Jésus et son Père !
Voilà ce qui fonde ce que l’Église propose en ce week-end : la journée des vocations. Parce que la vocation, c’est d’être uni à Jésus et à son Père. Parce que notre vocation, c’est d’être heureux. Parce que notre vocation, c’est de rendre heureux.
Heureux, tous !
… Et c’est là, bien sûr, que les choses se compliquent…
Cela se complique, déjà, au niveau individuel : il nous arrive à certains moments de ne pas vouloir être heureux. Comme on dit « de faire notre malheur nous-mêmes ». Et d’étaler notre malheur sur les autres, de le répandre à coups de mauvaise humeur ; d’accuser le monde entier de ce qui ne va pas en nous-mêmes : quand je n’avais pas bien, c’est toujours la faute des autres ; ou bien je creuse l’auto-accusation et je me vautre dedans… Alors que la Bible passe son temps à me dire que j’ai le devoir d’être heureux. Plus exactement : le devoir de la joie, ce qui est autre chose. Le devoir d’aller plus loin, de dépasser tout. Le devoir de ressusciter, de me laisser ressusciter. Le devoir de faire confiance en ce Dieu qui veut me faire vivre.
Et me faire vivre avec les autres, pour les autres, par les autres.
L’obligation de la joie, c’est l’obligation de la confiance, l’obligation de la pauvreté à la façon du « heureux les pauvres en esprit ». Ne pas boucler sur moi-même, ne pas verrouiller sur l’auto-suffisance. L’obligation de la joie, c’est d’avoir besoin : besoin de l’autre, besoin de moi, dans la vérité de l’autre, dans ma vérité. Besoin de l’infini. Nous avons le devoir de l’infini.
Cela vaut tout autant pour nos groupes — et parfois tout particulièrement pour nos groupes — groupes de copains, groupes de familles ou style village fermé, quel que soit le clan — quand ils nous permettent de ne pas penser, de ne pas nous engager personnellement.
Nous sommes tous des — avec des guillemets énormes autour du mot — « juifs » — au sens où saint Jean entend ce mot — chaque fois que nous disons « c’est comme ça, et pas autrement ; ça s’est toujours fait comme ça, et ça se fera toujours comme ça ».
C’est toute la différence entre les copains et les amis : les copains, on les quitte au premier désaccord ; les amis sont indéfectibles, ils ont le droit de vous dire vos quatre vérités… Au fait : Jésus est-il votre copain ou votre ami ?… Je pense aussi à ce que disent les familles : le gendre ou la belle-fille sont-ils des « pièces rapportées » ou des « valeurs ajoutées » ?
C’est ainsi maintenant que je peux arriver à nos vocations.
Notre vocation de fond est de donner confiance à chacun. De lui révéler qu’il est aimé. Qu’il peut choisir de répondre à cet amour par un amour personnel.
Et nos vocations particulières réalisent de façon concrète le devoir chrétien de vivre en alliance pour donner confiance — et nous voyons bien que confiance et alliance riment ensemble avec espérance.
Les trois s’appellent et se font grandir l’une l’autre. Si vous voulez savoir ce que cela signifie, regardez les couples, les laïcs célibataires, les prêtres, les hommes ou femmes religieux. Nous sommes autant d’illustrations du lien de Dieu le Père avec Jésus…. De même que le Dieu éternel se reflète en l’humanité du Christ, en nous aussi, dans nos diversités comme en un miroir, leur unité infinie s’exprime : nos diversités , signes de vie, signes de joie … appels à la joie de vivre en communion …
Et si cela ne paraît pas encore clairement, demandons humblement la grâce de pouvoir parler comme le père du fils prodigue : « tout ce qui est à moi est à toi ». Ou comme Jésus : « je dois être aux affaires de mon Père », « Père, je m’abandonne à toi ».
Donc, les couples : ils sont l’échange de deux libertés pour créer des libertés qui partiront libérer les affligés. Cela ne va jamais de soi. Il faut choisir d’être couple.
Ou encore, faire quelque chose d’un célibat, parfois choisi, pas toujours voulu. Faire quelque chose d’un veuvage ou d’une séparation…Offrir une solitude qui n’est pas un isolement. ; offrir un manque qui permet de consoler autrui avec intelligence. Parce qu’on a été blessé, enseigner à ne pas blesser personne.
Être prêtre ou consacré : faire de tout son corps et de toute son histoire cette Bonne Nouvelle qu’un Autre nous appelle, que toute chose peut être transfigurée, que chacun peut recevoir, s’il le veut, au plus profond de lui-même, une impulsion qui le mène ailleurs.
Donc, pour conclure :
devenez prêtres ou consacrés
devenez laïcs dynamiques
devenez couples qui portent de la vie
priez pour les prêtres, les consacrés, les laïcs, les couples
priez pour vos voisins, vos camarades de classe ou d’atelier, priez pour tous ceux dont on vous parle : priez pour devenir capables un jour de leur donner envie de vivre.
Priez pour moi, pauvre pécheur…
Et donc priez pour que nous soyons chrétiens un jour, vraiment, puisque c’est toujours à choisir.
Alléluia
d.n. 21 Avril 2013