Nouvelles de Jérusalem # 6

Le travail à l’hôpital.

La température a beaucoup baissé, quelques jours de pluie ont réjoui les anciens, mais nous avons encore de belles journées. Hamsa, Olga et moi avons profité d’une matinée ensoleillée pour mener une dizaine de patients dans le jardin de l’hôpital. Les citronniers et les mandarines ont fourni matières à activités sensorielles (sentir, toucher, goûter) et la présence d’Edith, qui joue de la flûte traversière a été l’occasion pour moi de jouer en duo. Le lendemain matin, Rose, libanaise qui parle arabe, m’a saluée d’un grand« bonjour » en français !

Deux personnes importantes nous ont quittés, mais pas pour le Ciel ! Chabtay , guéri d’une infection invalidante, a rejoint une maison de retraite plus adaptée à ses besoins. Et Belyt, religieuse, retourne dans sa communauté aux Philippines après dix-huit mois de présence comme care giver à l’hôpital, bien utile pendant la période de Covid !

Comment on fait le ménage à l’hôpital

Le sol du rez-de-chaussée de l’hôpital étant fait de sorte de pavés de pierre, je trouve toujours très amusant de regarder Samar le laver quand j’arrive le matin . Elle lance de grands seaux d’eau, puis frotte et pousse l’eau jusqu’à une bonde d’évacuation. Samar, comme tout le staff "cleaning »  (ménage), a la particularité  de se fâcher très fort à ce moment-là si Hamsa et moi  voulons atteindre notre bureau ou les chambres des patients. Il m’arrive donc de retrouver Hamsa recroquevillée dans un coin, les pieds bien en hauteur (cf photo!), en attendant que le sol sèche. C’est l’occasion de beaucoup de rires, mais aussi de négociations pour arriver à effectuer notre travail à nous sans trop perdre de temps ! 

Un weekend à Taybeh.

Aliénor, volontaire kinésithérapeute, nous a invités à passer un weekend sur son lieu de mission : le village de Taybeh, qui a la particularité d’être le seul village des Territoires occupés de Palestine encore entièrement chrétien depuis les premiers temps de l’Église. Il se situe à 30 kms au nord de Jérusalem, mais à cause du checkpoint, il nous a fallu plus de deux heures pour y parvenir en bus. Deux temps forts du weekend : la montée vers les ruines de l’église Saint Georges el Khader, construite au Vème siècle, et l’accueil par une famille palestinienne musulmane, devenue amie d’Aliénor pendant le Covid. Taybeh est réputée pour sa bière et pour ses colombes de la paix. D’ailleurs Beit Afram, la maison pour personnes âgées où travaille Aliénor a une forme de colombe.  

 

La visite du quartier arménien

Grâce aux « visites du samedi » proposées par les dominicains, j’ai pu découvrir l’intérieur caché du quartier arménien et son musée, tout juste réouvert après restauration. Les Arméniens sont présents en Terre Sainte depuis le IVème siècle. Le monastère Saint Jacques et le quartier arménien représentent près de 20% du territoire de la vieille ville. On peut admirer la céramique arménienne, sur les murs intérieurs de la cathédrale, mais aussi dans les rues. Le musée raconte l'histoire du ce peuple et de sa diaspora. Par ailleurs, en y retournant seule en semaine  j’ai pu enfin entrer dans l’église Saint Marc dont je vous ai déjà parlé et vivre un temps de prière dans l’intimité du soir tombant.

La visite de l’église de Sainte Marie Madeleine

C’est la plus jolie et la plus mystérieuse église de Jérusalem, car elle se situe sur la pente du Mont des Oliviers et elle n’est ouverte que six heures par semaine. Église orthodoxe russe construite au 19ème siècle dans le style russe traditionnel du 16ème siècle avec sept dômes dorés en forme d’oignon, on l’aperçoit depuis les toits de la vieille ville. Elle est dédiée à Marie Madeleine, la « meilleure amie » de Jésus, celle qui la première l’a vu ressuscité.

J’ai suivi à l’intérieur un groupe de pèlerins roumains et comme eux j’ai embrassé (enfin juste touché de la main) les icônes et me suis signée « à l’envers », en particulier devant les châsses de deux saints russes. Cette déambulation improvisée m’a permis d’admirer les icônes, que je ne fais qu’apercevoir de loin d’habitude.

La vie avec les colocataires

Je boycotte la coupe du monde de football à cause des problèmes environnementaux et humains, et je suis la seule de la colocation. Bizarrement, quand je rentre dans le salon où les volontaires se rassemblent pour regarder les matches, la France marque un but. Quand je sors, la France perd. Donc maintenant, mes colocs me supplient de rester, même sans regarder, parce qu’il semble que j’influence le jeu…J’ai un bon livre sur lequel je peux me concentrer pour rester fidèle à mes convictions, mais je me demande à quel moment je vais perdre ce pouvoir…magique ?

Temps spirituel in the Garden Tomb

Sur les conseils de Jacqueline, une amie de Dijon, je me suis promenée dans le jardin où se trouve un tombeau vide : celui de Joseph d’Arimathie d’après les protestants, dans lequel Jésus aurait été placé après la crucifixion. J’ai relu en ce lieu un beau texte qu’elle m’a envoyé, de François Varillon. Il dit que le grain de blé remercie Dieu d’être au chaud dans son grenier ou sous le soleil en route pour le champ, mais ce Dieu-là n’existe pas, et c’est précisément celui que conteste l’athéisme contemporain. Car c’est quand le grain de blé sent l’humidité le pénétrer jusqu’au tréfonds, qu’il se désagrège et se décompose, qu’alors le vrai Dieu existe, celui qui travaille à transformer le grain en épi…Je continue de remercier Dieu pour les belles choses. Tout en gardant dans mon cœur l’espérance en ce Dieu des temps humides...

La liste des objets inutiles et la réponse à la devinette

Vous avez été quelques-uns à répondre à ma devinette, mais pour le moment, personne n’a trouvé la réponse si ce n’est mon fils et ma belle-fille de Strasbourg avec qui j’avais acheté l’objet mystère…que je vous mets en photo !

Voici les réponses reçues : une Bible, un béret, une bouillotte, une croix assomptionniste, du maquillage, un dictionnaire japonais/suédois, un appeau, une paire de gants, une boussole, un chat ou un ours en peluche, une toupie, une clé qui n’ouvre pas de porte et un répertoire téléphonique…

La réponse la plus proche est donc celle de Beate, qui avait elle-même, en 2018,  promené à travers l'Europe un petit ours en peluche (en photo également).

Remerciements

Merci à Sabrin pour son invitation d’un soir chez sa tante dans le quartier chrétien : rien de tel pour mieux nous connaître, qu’un verre de vin et une chicha !

Merci à Cezar, supérieur de la communauté assomptionniste, pour la soirée au Irish Pub et la bière japonaise ! Nos sujets de discussions ont été nombreux et passionnants.

Merci à Victoire pour la bibliothèque de l’institut français, ses croissants et la rencontre avec Vincent Lemir, auteur de la BD "Histoire de Jérusalem" (à lire absolument!)

Merci aux amies qui m’appellent sur WhatsApp !

Et merci à tous ceux et celles qui m’envoient un petit mot en retour de mes nouvelles !

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