Le moonwalk et la nuit au Saint Sépulcre
Lors des dernières répétitions de la chorale, j’ai fait la connaissance de Karine, soprano, allemande et catholique. Elle a étudié la religion juive et après son stage au musée de la Shoah, la direction lui a demandé de rester. Elle sera bientôt retraitée en Israël ! Elle organise chaque été des « moonwalks », auxquels je participe. Un fois par mois, en début de soirée nous nous dirigeons en groupe vers un lieu qu’elle a choisi, auquel nous parvenons quand la nuit est tombée, et là, nous attendons le lever de la pleine lune dans le silence, la méditation et quelques chants. Puis nous repartons dans l’obscurité, sans allumer nos lampes, vers notre point de départ. J’ai pu ainsi traverser le village de Ein Karem et sa vallée plantée d’oliviers en écoutant les oiseaux de nuit et les chacals, et en partageant quelques discussions en allemand avec les membres du groupe !
Je me suis aussi décidée à vivre une nuit au saint Sépulcre. Sur inscription, il est en effet possible de rester enfermé de 21h à minuit dans ce lieu alors vide de touristes, mais qui accueille les femmes arméniennes qui viennent faire le ménage ! J’ai été plus sensible aux odeurs de l’encens et des vieux murs de pierre. Pas plus émue que d’habitude à l’intérieur du tombeau, mon regard a été davantage attiré par les mosaïques de la chapelle de la mise au tombeau. J’ai réalisé que Marie avait mon âge (on la représente souvent très jeune), et j’ai compati à la douleur de Jean qui, au pied de Jésus allongé sur la croix, s’apprête à perdre son ami. Cette nuit un peu spéciale a été source de paix en moi, malgré le prêtre orthodoxe qui devant le tombeau à minuit me crie : « Catholique ? Go out !(Sortez !) ». Les valeurs de l’œcuménisme au saint Sépulcre ne sont pas encore partagées par tous les chrétiens !