Nouvelles de Jérusalem spécial Noël

Vous êtes sans doute en pleine préparation de la fête de Noël, dans la joie de retrouver votre famille ou vos amis. Je sais qu’il a neigé en France, en Allemagne, au Royaume Uni, en Russie. Les décorations de Noël illuminent   vos villes et villages, et de bonnes odeurs de pâtisserie embaument vos cuisines. Certains s’apprêtent à voyager, d’autres vont rester au chaud devant la cheminée. J’espère que vous n’avez pas froid.

Pour moi, cette année, c’est Noël à Jérusalem. Et messe de minuit à Bethléem dans la basilique de la Nativité. Vous pourrez même m’apercevoir en direct et en replay sur internet car je serai dans la chorale. Mais au quotidien, Noël ici, c’est comment ?

En Israël, l’hiver commence le 21 décembre et dure 40 jours d’après ma collègue Bayan.  Mais cette année, il est en retard. Il faisait encore 18 à 20 degrés à l’ombre la semaine dernière, je me suis même baignée dans la Mer Morte avec ma famille ! La pluie est annoncée, mais elle est rare. Le soleil se couche vers 16h30, il fait nuit à 17h. Les illuminations brillent partout dans la ville et la vieille ville, c’est très beau, même si ça fait un peu kitch. Les habitants de Bethléem sont très fiers de leur sapin. Pour ma part je ne me suis pas extasiée : je préfère les vrais sapins de Noël et leurs décorations à la française, et aucun n’égale celui installé sur la grande place de Strasbourg. Les odeurs de pâtisserie et de vin chaud embaument les nombreux marchés de Noël. J’aime particulièrement celui de New Gate, en face de l’hôpital, où chorales et musiciens se succèdent. Le moment le plus important est celui de l’illumination du sapin. Il s’accompagne même de feux d’artifice à Notre Dame de France, le grand hôtel voisin.

Dans la coloc, les volontaires partagent leurs recettes et s’attellent à la confection de gâteaux de toute sorte, de douceurs au chocolat et autres compotes. Toutes sont fatiguées, des virus traînent, la climatisation, efficace dans nos chambres, est au maximum dans l’hôpital, mais comme les fenêtres et les portes restent ouvertes pour laisser entrer le soleil et l’air pur, les courants d’air sont fréquents. Néanmoins, c’est la joie qui domine. Les petits cadeaux de l’Avent ont été appréciés, et nous avons chacune un petit papier avec le nom de la personne qui recevra notre cadeau de Noël. 

A l’hôpital, les malades ne sont pas très en forme, ils dorment beaucoup. Mais les fêtes s’enchaînent. Après l’illumination du sapin à l’extérieur avec les cornemuses des scouts de Jérusalem, nous avons accueilli les musiciens juifs pour Hanouka (la fête des lumières), célébré la messe de Noël dans la magnifique chapelle de l’hôpital (en anglais, français et arabe), et nous avons été invités par notre directeur sur le rooftop de l’hôtel King Georges pour un succulent repas et une soirée jeux et danses. Entre temps, nous cuisinons et faisons des karaokés de chants de Noël…en arabe. 

Quant à moi, j’ai fêté Noël avec une partie de ma famille : mes fils Matthieu et Lucas, mon frère Grégory, et mes deux neveux Luis et Kilian. Ils ont vite été  gavés des églises et autres « bondieuseries » de Jérusalem (la religion est partout, même sur les vêtements des habitants !) mais ils ont aimé le Saint Sépulcre, la visite de Bethléem avec le mur de séparation et le musée d’histoire de la Palestine. Ils ont été impressionnés par la forteresse de Massada dans le désert et la baignade dans la Mer Morte. Ils ont détesté les bousculades typiques de la culture du Moyen Orient. Mais ils ont eu la chance de discuter avec beaucoup de natifs, des deux côtés du mur, grâce à la Coupe du Monde de football et leur accent français !

Il me reste à vous souhaiter à tous un Joyeux Noël ! Je sais que la lumière de Bethleem est déjà parvenue dans vos paroisses. Croyants ou non, qu’elle vous apporte la Joie et la Paix.

La joie, de celle qu’on éprouve à la naissance d’un tout petit, même inconnu. Et pour nous Chrétiens, c’est le fils de Dieu.

La paix, de celle qui se vit ici, à Bethleem, et à Jérusalem.

Une paix qui se conquiert chaque jour, quand il faut passer les checkpoints et rentrer tard après une journée de travail à l’hôpital ou ailleurs…et sourire encore. Quand il faut rester assis, souvent en silence, auprès de celui ou celle qui va mourir. Quand il faut supporter la souffrance et la tristesse de quitter cette vie après une histoire souvent très compliquée de migration, de déplacement, de deuils successifs liés à la guerre.

Une paix que l’on invente en chantant, en criant, en dansant, comme le font si bien les  musiciens juifs et mes collègues arabes, qu’ils soient chrétiens ou musulmans.

Une paix que l’on accueille à la fin d’une rencontre, au détour d’une phrase, d’un partage inopiné.

Une paix qui se donne, à la messe et ailleurs, dans un sourire, un gros câlin, un regard qui dit « j’ai besoin de toi », un sms ou un mail qui te rappellent qu’on ne t’oublie pas…

Oui, que la lumière de Bethleem vous apporte la joie et la paix.

Et moi je penserai très fort à vous tous quand je chanterai à la messe à minuit.

Le coin spirituel avec les voeux d'amis de Dijon, Françoise et Maurice (parmi d'autres reçus avec beaucoup de joie)

"Nous t'envoyons nos meilleurs voeux en espérant que tu vivras ces fêtes avec joie et partage , en priant  pour  le monde qui a bien besoin d'amour ,de tolérance et de paix .Prions pour que l'humanisme et la sobriété soient l'apport essentiel du message de Jésus , ce prince de la paix."

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