Homélie du dimanche 10 mars 2019 (Ier dimanche de Carême)

par Jean-Paul Berthelot, diacre

 

A chaque fois que j’ouvre mon ordinateur, je constate toujours 3 à 4 courriels de sollicitations publicitaires….surtout de ne pas laisser passer ma chance ! Bien sûr que les offres paraissent alléchantes et uniques. Par contre, à propos du Carême, c’est le silence ou presque. Ces quarante jours traînent une réputation faite de cendres, de restrictions et de sacrifices. Bonjour tristesse !!

Eh bien non ! Ce chemin libérateur qui va nous emmener à Pâques est tout le contraire de la désolation. C’est effectivement avant tout un combat spirituel, une invitation à la conversion, et cela nous dérange !! Nous sommes installés dans nos habitudes, nous sentons nos limites, mais le courage nous manque pour changer nos vies. La liturgie nous invite, dès la première lecture, à crier notre confiance en ce Dieu d’amour : « Nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères. Il a entendu notre voix. » St Paul insiste : « Si tu affirmes de ta bouche que Jésus est Seigneur, si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, alors tu seras sauvé »

L’évangile veut me faire réfléchir sur le sens de ma vie. Quelle relation est-ce que j’entretiens avec le monde où je vis ? C’est le temps de redimensionner notre relation avec Dieu (la prière), avec les autres (le partage) et avec nous-mêmes (le jeûne).  Ce combat spirituel commence comme celui de Jésus après notre baptême. C’est l’Esprit Saint qui a conduit Jésus au désert. Nous aussi allons être mis à l’épreuve, car c’est grâce à nos victoires spirituelles, que Dieu va nous faire grandir.

Dans la première tentation, Satan dit à Jésus : « Si tu es Fils de Dieu » cela signifie : étant donné que tu es Fils de Dieu, je m’attends à ce que tu fasses des exploits. Ce pouvoir que possède Jésus, Satan veut l’amener à l’utiliser à des fins matérielles.  Le démon veut ainsi générer des profits matériels grâce au spirituel. En langage simple, exciter notre chair pour qu’elle devienne la motivation première de nos actions. Satan veut progressivement amener notre vie spirituelle sous le contrôle de nos besoins physiques et de nos désirs charnels.

Lorsque Jésus parle de jeûne, il ne s’agit pas de perte de poids, de vêtements trop petits mais de raisons plus sérieuses que physiologiques. Quand notre monde ne tourne pas rond, le jeûne nous fait prendre conscience de notre être de chair et de son influence sur nous. Notre corps a besoin de nourriture pour vivre, c’est indéniable, mais pour sa vitalité, il a autant besoin de vie spirituelle qui dépend de la Parole de Dieu. Oui, réfléchissons, méditons la Parole de Dieu, c’est elle qui nous permettra de résister à toutes les envies dans notre vie quotidienne.

La deuxième tentation concerne le pouvoir. Le diable emmène Jésus sur une hauteur pour lui montrer tous les royaumes du monde. Je ne pense pas que Jésus avait besoin d’une telle visite guidée à travers les pays du monde. C’est une manière euphorisante de stimuler notre esprit, non pour la gloire de Dieu mais la nôtre. C’est pourquoi il faut savoir regarder au-delà de nos émotions, de nos excitations. Nos émotions sont quelquefois si vives qu’elles peuvent ouvrir à la convoitise. C’est subtil, mais Satan dans cette tentation, essaie de nous rendre la vie plus facile : laissons-nous porter par la foule, les réseaux sociaux, l’appât du gain et du pouvoir, même si nous devons écraser nos frères.

Oui, c’est le visage sympathique du malin qui rôde au coin de notre vie. Tout peut sembler beau et vrai comme les publicités que nous recevons chaque jour.  Jésus nous le rappelle : adorer le Seigneur, c’est le servir, et le servir exclusivement. Quand survient la tentation, prions Dieu pour que, dans sa grâce, il nous procure la puissance nécessaire pour résister à la gloire de notre monde.

La troisième tentation est très fine : si tu veux servir Dieu, fais-le à la hauteur de tes capacités. C’est l’exploit, le passage au Zénith. Satan connaît bien la parole de Dieu puisqu’il cite le psaume 90 v11-12 : « Il a pour toi donné ordre à ses anges de te garder en toutes ses voies. Sur leurs mains, ils te porteront de peur que ton pied ne heurte une pierre » Jésus ne conteste pas Satan, mais lui fait remarquer qu’en Deutéronome 6, 16 il est dit : « Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu »

Jésus veut nous montrer que la foi du chrétien se présente parfois avec une grande hardiesse, comme le psaume 90 ou de manière plus réfléchie comme le Deutéronome. Lorsque nous avons des choix à faire dans notre vie personnelle, laquelle de ces deux expressions de foi est la plus appropriée pour mettre en évidence la gloire de Dieu ? Lorsque je prends une décision, est-ce pour marcher dans les pas de Dieu ou est-ce pour forcer Dieu à suivre mes pas ? Suis-je en train de suivre la volonté de Dieu ou suis-je en train de faire usage de la bonté de Dieu pour mes intérêts personnels ? Il n’est peut-être pas toujours aisé de faire la distinction.

Il est crucial de garder en perspective le message intégral des Saintes Ecritures. Connaître une partie seulement de la vérité ne suffit pas, car Satan cite la bible au moment qu’il juge opportun. Nous pouvons concourir aux vues de Satan sans nous en rendre compte. D’ailleurs, certains groupes religieux se servent de la Bible comme base de leurs convictions spirituelles comme les Témoins de Jéhovah. Toute portion de la Bible doit être interprétée en relation avec le reste des Ecritures.

Le Christ nous rappelle qu’il est temps d’être à l’écoute de la Parole de Dieu pour renouveler notre vie de tous les jours. Le jeûne, la prière et le partage nous aideront à trouver les vraies valeurs de la vie, à nous rapprocher de Dieu et des autres.

Amen.

10 mars 2019 |

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