homélie du dimanche de la Santé (10 février 2019)

par Francis ROY, diacre

 

Comme Isaïe, nous sommes tous membres d’une humanité impure, impurs nous-mêmes… Et nous ne nous sentons pas dignes d’être les porte-parole du Seigneur. Cependant par notre baptême, nous sommes purifiés, rendus dignes de proclamer sa bonne nouvelle, habilités à témoigner de son amour.

Et la bonne nouvelle à proclamer, comme le dit saint Paul dans sa lettre aux corinthiens, c’est que Christ est vivant. Il est ressuscité d’entre les morts ! Paul, lui non plus ne se juge pas digne d’être appelé apôtre, mais « c’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis », dit-il.

Luc, dans son évangile, raconte l’aventure arrivée à Pierre et à son équipage de pêcheurs. Pierre dit à Jésus son incapacité, « Nous avons pêché toute la nuit, et nous n’avons rien pris ! » Mais il obéit et relance ses filets. Après la pêche miraculeuse, il prend conscience de la grandeur du Seigneur et donc de son indignité : « Éloigne-toi de moi, car je suis pêcheur ».

L’Église est constituée de pêcheurs, purifiés par le baptême sans doute, mais toujours pêcheurs, limités dans leur capacité d’aimer, de croire, de dire leur foi et leur espérance. Mais c’est cette Église que le Seigneur envoie toujours pour annoncer son règne.

Ce Dimanche de la Santé est une bonne occasion de faire la vérité sur nous-mêmes, sur notre relation au Christ et sur la mission qu’il nous confie.

En parlant de la journée mondiale de la santé, on pense tout de suite à tous les malades, en les rassemblant tous sans aucune distinction, mais en disant qu’aujourd’hui nous célébrons la journée du malade, d’une façon individuelle, on met en avant que chaque malade est une personne humaine qui doit être considérée en tant que telle. Car chaque malade est important dans ce qu’il est au plus profond de lui-même, chacun vit sa propre histoire qui est différente pour chacun ou chacune… chaque malade a sa personnalité, son caractère, ses propres richesses intérieures… Chaque malade a son propre combat à livrer contre la maladie, qui est sûrement différent pour chacun. C’est important qu’on se le dise, que l’on en soit persuadé… Mais pour le Seigneur Jésus, c’est pareil… Il aime les malades, non pas dans leur globalité, mais il les aime tous sans aucune exception. Pour Lui, chacun est une personne, un de ses enfants dont il connaît le cœur, sa souffrance pour lutter contre ce qui le fait souffrir.

Quelle est la parole que nous pourrions retenir en ce dimanche ? Choisissons une parole fidèle à Jésus lui-même.

« AVANCE AU LARGE ET JETTE LES FILETS »…A ce moment de notre histoire où un certain nombre de nos repères sont malmenés, nous pourrions douter et perdre confiance, et dire au Seigneur : mais, Seigneur, nous voudrions bien avancer au large, mais nous avons peur ! Nous ramons à « contre-courant ! » Ce n’est sûrement pas la bonne solution ; il faut que notre confiance au Seigneur Jésus soit forte pour avancer au large, même et surtout si la tempête est trop forte, et risque de nous déstabiliser, il faut jeter nos filets : filets du respect des autres, filets de la tolérance, de l’honnêteté, de la fidélité dans nos engagements, en un mot nos filets de l’amour de nos frères, en particulier ceux qui ont besoin de retrouver une bonne santé, physique, morale.

La Parole de Jésus est toujours une parole qui nous libère de ce qui nous enchaîne, c’est une parole pour la vie, et non pour la mort.

Aujourd’hui,  pour notre bonne santé spirituelle souvenons-nous d’un certain nombre de paroles de Jésus qui ont fait du bien aux souffrants, aux mourants : Au lépreux, il dit : « je le veux, sois p

urifié » et il rejoint sa famille, il est guéri ! A ce démon qui n’en finissait pas de torturer un homme : « Silence, sors de cet homme… ». A un paralysé : « Lève-toi, prends ton brancard et marche. » A ce fils de la veuve qui venait de mourir : « Jeune homme, lève-toi… ».

Et les paroles de vie et d’amour, des paroles libératrices, salvatrices sont nombreuses tout au long des Evangiles… A vrai dire, c’est toute la bible qui est riche en paroles de vie… Dés les toutes premières pages de la Genèse : Dieu dit : « que la terre produise des êtres vivants… faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance… homme et femme, il les créa… » La Parole de Dieu est tout de même bien pour le bonheur de l’être humain, de tout être humain, homme et femme, complémentaire l’un pour l’autre, unis dans le respect du cœur et du corps de chacun !

Mais revenons à la journée mondiale du malade, ces paroles de Jésus nous les entendons tout particulièrement dans le monde de la santé : Médecins, infirmières, aides-soignantes, dans les paroles que vous avez à prononcer… que ce soit toujours des paroles créatrices, libératrices… Des paroles qui font du bien à un cœur, un corps qui souffre… Les malades sont à l’affût d’une parole qui pourrait les faire douter d’une guérison possible, parfois, le silence vaut mieux qu’une parole maladroite !

Bénévoles du monde de la santé, vous qui visitez les malades, chez eux, à l’hôpital, à la maison de retraite, vos paroles, mais surtout votre présence discrète c’est du bonheur pour eux… car il faut aussi leur donner la parole dans une écoute généreuse, sans retenue, car ils ont tant de choses à dire : l’angoisse qu’ils ressentent face à leurs maladies, mais aussi et surtout leur grande espérance d’un lendemain meilleur où le soleil entrera à nouveau dans leur chambre de malade.

Vous êtes, et nous sommes tous des porteurs de la bonne parole… Laissons entrer au plus profond de nous mêmes celles du prophète ISAIE : « Moi, je serai ton messager, envoie-moi »… Quelle belle mission avons-nous les uns les autres auprès de celles et ceux qui souffrent ! Accueillons cette mission dans la joie, le don de soi, mais aussi et surtout dans la prière.

Nous sommes donc invités à collaborer, marcher ensemble pour que la santé soit l’affaire de tous. La santé physique bien sûr mais aussi morale ; le moindre réconfort, la moindre aide de l’autre, c’est soigner, prendre soin. Saint Thomas d’Aquin, un grand théologien du 13e siècle, a écrit : « La santé est moins un état qu’une attitude, car elle s’accroît en fonction de la joie de vivre. »

Soigner, prendre soin, c’est aimer les autres et à travers les autres, c’est aimer Dieu : « Tout ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites. ».

Alors n’hésitons plus, avançons au large !

10 février 2019 |

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