5° dimanche ordinaire 2-3 Février 2019

Livre de Jérémie, chap. 1

Psaume 70 (71)

1° lettre de Paul aux Corinthiens, chap. 12

Évangile de Luc, fin du chap. 4

 

Jérémie était un tout jeune homme, grand ado ou jeune homme, quand il comprit en lui cet appel. La nécessité urgente de remplir une mission, une mission qui avait quelque chose d’immense et de vaste, quelque chose d’impossible et de profondément désirable à la fois, nécessaire : transformer le monde où il était. C’est super exaltant et tellement terrifiant. C’est totalement fou, mais c’est le seul infini que l’on puisse envisager  quand on commence à embrasser l’existence. Jérémie sentait en lui-même des puissances de conquête et d’amour, de violence et de naissance : barbare et bâtisseur à la fois. Ceux qui ont eu des ados chez eux comprendront bien !

Mais parfois le poète génial (pré-Rimbaud ?)retombe sur terre : « je ne suis qu’un gamin, je ne sais rien faire« … Et la voix, en lui, insiste : « tu n’aurais pas ce rêve si tu n’étais pas des miens, tu es de ma tribu et tu ne le savais pas encore« …. « Je suis ton infini, tu es vierge de tout. Ce que tu veux, je le voulais aussi,. . Nous sommes frères de sang et frères de vouloir et de pensée et frères de parole. Aussi pauvre que toi, je t’attendais ; aussi généreux que moi, tu es capable d’aimer ».

Et Jérémie partit. Et Jérémie ne fut pas écouté. Ce qu’il disait tombait sur des gens  roulés en boule sur eux-mêmes. Qui n’avaient besoin de rien, qui ne  souhaitaient rien. Rien, sauf vivre sans horizon. Et Jérémie connut des moments d’intense douleur. Chaque mot de sa part lui revenait en mot de haine, et claquait sur lui comme un fouet. Et claquait sur Dieu, ce Dieu méprisé de tous invisible à tous et même à lui, et qu’il savait pourtant de science sûre. Un Dieu à qui lui, le tout-petit courageux, pouvait dire « Tu m’as séduit et je me suis laissé séduire »… Dieu, mon seul repos, le seul avec qui je sois bien… et pourtant … !

L’autre personnage de ce soir / de ce jour, c’est Paul. Le Seigneur l’avait fait chuter de sa hauteur ; il avait découvert à la fois Dieu, et qu’il avait des frères. Découvert que Dieu a un cœur empli d’humanité ; et le Nous des hommes est présence de Résurrection …

Lui aussi aura crié sa passion pour l’immensité de Dieu : «  ma vie c’est le Christ, je n’ai rien qui ne me vienne de Lui ».

Alors, il joue quitte ou double. Il sait ce que veut dire tout ou rien. Il ne peut pas être de l’eau tiède, ni en demi-mesure.

« En Christ Jésus je peux tout« 

Je sais à qui j’ai accroché ma vie et je sais tout ce qu’il a bouleversé en moi

Et de même qu’un jeune a choisi son héros, de même tout ce qui me vient de Jésus est super.  il m’est impossible de me lasser de lui, de même qu’il lui est impossible de me laisser, qui que je sois et quoi que je fasse. C’est de lui que j’apprends le meilleur de moi-même : ma capacité à aimer.

Et alors que le mot amour et tellement galvaudé, avec Jésus, je découvre qu’il peut y avoir en moi le même amour qui existe en Dieu. Un amour de don mutuel, une circulation, un mouvement. Un enfantement  réciproque, du Père –qui pense tout-, et du Fils –qui est Parole exprimée-, et du Souffle  -qui est support de ce parfum courant-de-vie.  En me donnant de tout le fond de moi-même, je me mets à exister au maximum …en vitalité, en totalité. En infinité. En grandeur.

 

Paul vivra cette vie immense en parcourant des kilomètres à pied, en caravane en bateau…

Jésus, son modèle, en a moins fait, mais il l’a fait autrement il a fait  découvrir que le voyage essentiel était de recevoir la vérité de l’autre en soi. que tout est intériorité.  C’est l’autre qui me porte la vie.

C’est le scandale pour ceux qui ne veulent que leur profit personnel.

 

Il parle de Naaman le généralissime syrien , l’homme de confiance du grand Roi, l’homme puissant qui a su écouter les conseils d’une gamine esclave chez son épouse . C’est alors qu’il peut guérir de ce qui l’excluait de la vie.

il parle de la pauvre veuve de Sarepta –au Liban– à qui le prophète demande pitance.  Elle donne tout ce qu’elle a …et tout devient infini.  le flacon d’huile devient inépuisable et le grain ne manque plus pour faire des galettes –de la pita—le pain de ce jour.

La devise du Prophète peut pénétrer en elle et pénétrer en nous. Haï Adonaï : de par le Dieu vivant devient sa ligne d’horizon.  La devise d’Élie claque au vent comme un drapeau de victoire. La seule perspective qu’elle avait était de mourir tout de suite  avec son fils. Mais le dialogue  avec Élie leur a ouvert une route d’espérance.

 

Avec le Christ tout est possible, même recevoir en moi la parole d’un inconnu et communier à sa vie.

Bien sûr, Jésus invite les gens de son village à quitter leur provincialisme, leur esprit de clocher. Mais surtout il fait découvrir que l’attitude de ces deux personnes est un appel pour nous tous à entrer dans l’amour de Dieu. il fait découvrir que le Seigneur Dieu ne parle pas seulement par un prophète labellisé mais aussi par toute personne dont l’attitude est marquée par la confiance et l’humilité.

Les gens exclus, les invisibles, Jésus révèle qu’ils sont image de l’Eternel, le Grand Invisible, le Grand Exclu. Ils sont de sa même nature. Il révèle que ces inconnus sont Parole de Dieu. Et la Bible fat chorus avec lui, qui dès le début en garde la mémoire.

 

Quand on est dans le tout de l’amour on a l’immensité qu’évoque Jésus…

… et sa liberté de Messie, de Consacré, passe entre les masses bruyantes qui hurlent contre lui … comme Moïse et son peuple passait dans le grondement des flots … du film de Cecil B de Mille, les 10 commandements(1956).

 

Si tu aimes, toi que le baptême a consacré, tu ne crains rien.

Avec Lui, tu peux tout.

Jusqu’a aller à la Croix, et donner vie au monde entier.

 

père dominique nicolas

 

7 février 2019 |

Les commentaires sont fermés.