3ème dimanche de Pâques

Ils sont à table. Ils parlent. Jésus est au milieu d’eux.Ils sont à table. Ils parlent. Donc Jésus est au milieu d’eux.

Ils unissent à leur table des paroles sur lui et les paroles sur eux. Donc alors, il est au milieu d’eux.

Jésus est présent « lorsque deux ou trois sont réunis en son nom ». Lorsque les existences se mêlent, la sienne, les nôtres ; les nôtres, la sienne. Lorsque parler de lui fait sortir de nous-mêmes ce qu’il y a de plus intime ; lorsque cela mène l’humain ou plus puissant de son espérance. Les disciples parlent de leur désarroi ;  Jésus montre les blessures de ses mains et ses pieds… Rencontre de leurs fragilités, rencontre de leur humanité… Communion …

Mais aussi Jésus au plus profond de nous-mêmes, Jésus au plus large, au plus vaste… Qui, alors,  est le plus ressuscité, de lui ou de vous ? Lui, qui est là ? Ou nous, qui, enfin, existons? C’est ensemble que nous ressuscitons, lui et nous. Nous par lui, — avec lui et en lui. Lui, aujourd’hui, en nous et par notre agir.

Nous sommes à table avec lui. Nous offrons un peu de poisson grillé, comme jadis, un petit garçon avait fourni du pain et du poisson, et que de ce trois fois rien tiré de son sac à dos une foule immense avait été nourrie.

Et maintenant, nous, ici, à l’eucharistie, nous sommes à table avec tous les premiers chrétiens qui ont su que Jésus était vivant avec eux. Ces gens-là parlaient grec, et en grec, « poisson » se dit « ictus » dont chacune des lettres permet de parler de Jésus (I. comme Ièsous), C. comme Christ, fils de Dieu, et S. comme Sauveur. Alors, à l’époque, on s’était mis à dessiner des poissons sur les maisons, comme signe de reconnaissance, pour se donner le mot.

Dans le récit de St Luc, cet historien qui écrit dans un grec parfait, les disciples consomment et offrent de se nourrir de la nourriture Jésus.

Rappelez-vous : Jésus avait dit « ma chair est une nourriture, et mon sang une vraie boisson ; qui mange ma chair et boit mon sang vivra en moi et moi en lui. Il n’aura plus jamais soif ; il aura la vie éternelle ».

[Tout comme les disciples s’ étaient trouvés démunis face aux milliers de personnes à nourrir en plein désert, nous aussi, très pauvrement, nous fournirons notre concours à Jésus en mêlant dans le calice de la messe la petite goutte d’eau qui nous représente. Et l’eucharistie que nous célébrons nous permettra, malgré notre faiblesse, d’être serviteurs de toutes les personnes qui vivent un désert, un abandon, une solitude…]

Ils étaient à table. Jésus est au milieu d’eux, et ouvre leur esprit à l’intelligence des Écritures.

Ils comprennent enfin qui est Dieu. Ils comprennent enfin qui est leur Père. Ils comprennent qui ils sont pour lui. Ils  comprennent enfin quel travail ce Dieu a accompli, et à quel prix, pour que eux, soient vivants.

Toute la Bible dit l’humilité de ce Dieu que les rebuffades de l’orgueil humain déroutent mais n’arrivent pas à décourager. Il n’en finit pas d’appeler les humains à sortir de leurs enfermements, jusqu’au jour où il y aura ce Christ que rien ne pourra tenir enfermé, ce Christ supportant toutes les humiliations dans sa non-violence.

Voilà le Christ qu’annoncent Pierre et les disciples. Voilà le Christ dont nous témoignons aujourd’hui.

Dernière remarque pour finir : la vie avec Jésus a tellement imprégné les disciples qu’ils se mettent à parler comme lui. Spontanément, Pierre citera le mot sublime de Jésus sur la croix : « Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ».

Pierre a absorbé le langage de Jésus, qui est un langage d’espérance pour tout homme en galère sur lui-même. Il en a fait sa langue. J’oserais bien dire qu’il parle couramment « le Jésus ».grâce aux sessions intensives qu’il a vécues avec son Maître…

Il offre à tous un chemin vers la clarté. « Être sauvé » veut dire alors : laisser la clarté faire sa route en nous. Qu’elle  imprègne tout nous-^ms. Qu’elle imprime en nous.  Que nous devenions Parole de vie et Écriture sainte pour toute personne.

Pareillement, St Jean nous avait rappelé qu’il faut absolument faire vivre r en nous la parole de confiance : « mes petits-enfants, notre cœur aurait beau nous condamner, Dieu est plus grand que nous et notre cœur ;  mes petits-enfants, quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu ».

Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !

père dominique nicolas

16 avril 2018 |

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