Homélie 2ème dimanche de Carême (25 février)

par Francis Roy (diacre)

L’homme, la femme, du 21e siècle veut faire l’expérience de Dieu, le vrai. Mais, il ne le découvre pas ! Et voici qu’en cette fête de la Transfiguration, Jésus nous montre comment faire l’expérience de Dieu, du vrai Dieu. Le récit de la Transfiguration constitue une révélation qui permet d’entrevoir, d’une manière unique dans les évangiles, les profondeurs cachées de l’être de Jésus et les raisons de sa venue. Ne pas le comprendre, c’est risquer de ne pas comprendre le Christ lui-même.

En démarrant mon propos, je voulais simplement vous dire que cet évangile de la Transfiguration m’a permis en son temps de comprendre l’évangile des pèlerins d’Emmaüs qui me posait question. Pourquoi ces deux pèlerins, compagnons quotidien de Jésus, ne l’avaient ils pas reconnus de prime abord ? Tout simplement parce que son visage de ressuscité n’était plus son visage d’homme mais était celui de l’évangile d’aujourd’hui, celui du Christ glorieux de la fin des temps.

La Transfiguration, c’est Jésus qui se manifeste pleinement à ses amis et à ceux qui croient en lui dans une relation vraie. Ils sont trois. Pierre, Jacques et Jean sur une montagne. Ils ont vécu une expérience extraordinaire, un de ces moments uniques où on accède à une autre vérité. Sur la montagne de la Transfiguration, la lumière de Jésus éclate à travers lui. Jésus laisse transparaître sur son visage, son corps, ses vêtements, ce qui fait son être intime, le mystère de sa personne, sa relation éclatante d’amour avec son Père. Jésus est transfiguré.

La foi qui est relation véritable n’est foi que basée sur la liberté de chacun, et sur la confiance partagée. La Transfiguration n’est pas une fin en soi, mais une étape du voyage qui mène vers le Christ, le Fils de l’homme et le Fils de Dieu.

La transfiguration est ce temps de relation véritable qui permet de s’ouvrir à l’amour de Dieu pour le monde. La transfiguration est un appel adressé à tout homme, à toute femme, d’ouvrir ses sens à la réalité de Dieu sans chercher à tout comprendre, tout admettre ! La transfiguration est un appel adressé à chacun, à chacune, de transfigurer sa vision du monde pour voir la beauté de la création. De transfigurer son écoute de son prochain pour entendre la réalité de sa personne. De convertir sa sensibilité pour apprécier les qualités de ses semblables.

S’exposer à la lumière de Dieu, voilà ce que nous propose cet évangile de la transfiguration. Oui mais comment me direz-vous ? C’est tout simple, nous n’avons pas besoin du mont Thabor en compagnie des apôtres, nous n’avons qu’à relire l’Évangile « Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques et il alla sur la montagne pour prier » ; pour prier !

La prière, c’est la leçon que nous donne l’évangile, c’est nous que Jésus invite aujourd’hui sur la montagne avec lui : pour prier.

Prier c’est bien beau me direz-vous mais moi je ne sais pas faire, c’est un métier à plein temps, un truc de moine ou de religieuse, chaque fois que j’essaie je me plante, alors du coup j’ai abandonné. La messe le dimanche et c’est déjà bien. Et bien prier c’est pratiquement aussi simple que de profiter de la lumière du soleil pour prendre des couleurs et bronzer ça tout le monde sait faire. Alors on va essayer de faire comme dans les livres pour les « nuls » : donner quelques conseils pour prier.

Premièrement monter sur le Thabor, c’est-à-dire choisir un endroit tranquille ou vous ne serez pas dérangé par le bruit du téléphone ou autre perturbation : une église, votre chambre, votre bureau…

Ensuite se mettre à l’aise et comme dit Dieu : « celui-ci est mon fils bien aimé, écoutez le » ; écoutez Dieu. Là nouveau problème. « Moi Dieu il ne m’a jamais parlé, c’est peut être pour ça d’ailleurs que j’ai abandonné la prière. » Et pourtant chaque dimanche on lit la parole de Dieu, c’est là d’abord que Dieu nous parle, il nous suffit de lire l’évangile. Donc deuxième conseil ne jamais aller à la prière les mains vides, ne pas avoir peur de s’être imprégné d’un petit bout d’évangile.

Troisième conseil : faire comme Moïse et Elie qui s’entretenait avec Jésus. Parler à Jésus comme on parle à un ami, lui raconter simplement nos joies et nos peines, lui demander son aide, le remercier. Pas avec des grandes phrases et des tournures compliquées, ce n’est pas une dissertation, ce n’est pas un entretien d’embauche ou le grand oral de science po. C’est une discussion paisible.

Quatrième conseil : se taire parce que si vous ne vous taisez pas ce n’est pas une conversation, c’est un monologue et vous savez bien qu’un monologue c’est épuisant pour celui qui écoute. Donc se taire pour entendre ce que Jésus a à nous dire. Peut être ne fera-t-il que nous apaiser, peut être mettra-t-il en lumière tel ou tel verset de l’évangile que nous aurons lu (et ce sera pour nous une nourriture pour la journée) peut être nous inspirera-t-il de prier pour une personne. En tout cas se taire et écouter.

Enfin cinquième et dernier conseil : laisser Dieu agir, se laisser faire, nous nous sommes exposé, nous nous sommes tourné face à Jésus, on a fait notre boulot (c’était les quatre premiers conseils) maintenant à Jésus de faire le sien. Et il le fait chaque fois que nous lui présentons notre cœur, il le rend beau, il le transforme, lentement, tranquillement. Mais vous savez bien la remise à neuf c’est comme le bronzage, cela ne vient pas en un jour il faut s’exposer régulièrement, pas trop longtemps sinon on crame, c’est pareil avec la prière, il ne faut pas être gourmand au début : 10 mn par jour c’est suffisant.

Et puis d’ailleurs ne soyez pas comme Pierre. Il propose de planter la tente et de bivouaquer, il croit peut-être qu’il va camper ici trois semaine ! Non, il faut redescendre. Il faut retourner au bureau, au lycée, à la fac, à la maison et alors à la machine à café les gens se rendront compte que votre cœur a embelli, ils se rendront compte dans vos sourires, par votre joie, par votre douceur ou votre délicatesse, par votre attention aux autres, ils se rendront compte que vous rayonnez d’autre chose que du soleil de Luchon ou de Superbagnères, que vous rayonnez d’un soleil qui ne s’éteint pas, que vous rayonnez de Jésus Christ. Ils se rendront compte que vous êtes « transfigurés ».

Peut être vous demanderont ils alors : «  où as-tu été pour être changé comme cela, dis moi ton secret ? » Vous pourrez simplement leur dire : « allez viens avec moi, je vais te présenter un ami »

Amen.

24 février 2018 |

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