homélie du dimanche 11 février 2018 : dimanche de la Santé

par Jean-Paul Berthelot, diacre

En ce dimanche de la Santé les textes insistent sur une terrible maladie : la lèpre. Elle réduisait l’homme à néant puisqu’elle le défigurait et le coupait définitivement de la vie  sociale, et plus surprenant religieuse. Il n’avait plus d’humanité, plus d’identité. C’est pourquoi aujourd’hui le thème de cette journée de la  Santé s’intitule : « Montre nous ton visage ». 

Le psaume 79 nous dit : « montre nous ton visage et nous serons sauvés » Oui, l’homme a toujours cherché à voir le visage de Celui qui pouvait le guérir, lui redonner vie. Quand je rencontre quelqu’un, je regarde en premier son visage (d’ailleurs avez-vous regardé celui de votre voisin assis à côté de vous ?) Le visage, c’est le lieu de la communication immédiate sans avoir à prononcer un mot. Il parle de lui-même, il peut attirer ou repousser, être marqué par la tristesse ou la souffrance mais aussi être lumineux et rayonnant.

Combien sommes-nous à éprouver de la difficulté à regarder le visage d’un malade ou d’un handicapé ? Quand le corps est affecté par la maladie, la souffrance, son visage semble défiguré. Dans l’Evangile, Jésus ne nous dit pas : cette personne a une mauvaise tête, je ne m’occupe pas d’elle. Non, Jésus s’intéresse à la totalité de la personne et à l’essentiel : la beauté de son cœur. Il va habiter sa souffrance.  D’ailleurs Paul Claudel l’exprime très bien : « Jésus n’est pas venu supprimer le mal, ni l’expliquer, mais il est venu le remplir de sa présence. »

C’est pourquoi Jésus enfreint les lois qui interdisaient de toucher et de s’approcher de ce lépreux. Oui, il a pitié, il ose regarder, toucher. Il voit et comprend la souffrance de cet homme exclu de tout. Eh bien nous aussi prenons la main du malade que nous allons visiter, regardons son visage car nous pouvons lui redonner du souffle par notre sourire. Le psaume 101 que nous venons d’entendre dit : « Ne me cache pas ton visage le jour où je suis en détresse » Cela signifie au visiteur de malade que je suis que je deviens le serviteur du Christ et le visage de Dieu. Je suis l’intermédiaire entre le Christ et le malade. Son regard passe par le mien. Vous comprenez qu’il est important lors d’une visite d’être rayonnant pour nos frères malades.

Nous sommes dans un monde guère différent de celui du temps de Jésus. Maintenant, dans les maisons de retraite, il arrive fréquemment que l’on me prévienne que la maison est en quarantaine, les résidents sont consignés dans leurs chambres et le temps de prière et annulé. Principe de précaution peut-être, mais aussi souffrance supplémentaire pour la personne âgée qui ne peut plus circuler, dialoguer, ni trouver un peu de réconfort par le biais de cette visite et de la prière.

Oui, la souffrance est partout, dans la maladie physique mais aussi psychologique. Seigneur, montre-nous ton visage de miséricorde, d’amour dans tous les visages que nous rencontrons chaque jour, visages d’hommes et de femmes où Dieu se cache. Il arrive, au hasard d’une rue, qu’une personne vous dise bonjour avec un grand sourire. L’acte anodin de cet inconnu va vous apporter du soleil pour toute votre journée. C’est un peu ce que nous dit St Paul. Dieu est venu sur notre terre pour partager toute la vie de l’homme en chacun de ces petits gestes : boire, manger, sourire. D’ailleurs, St augustin a résumé, si je puis dire, la philosophie de St Paul par une maxime : « Aime et fais ce que tu veux » Quand nous aimons les autres d’un amour sincère quel qu’il soit, nous sommes libres de prendre les meilleures initiatives en chaque circonstance de la vie. L’amour étant premier.

Jésus, dans la profondeur de son humanité, a laissé entrevoir la profondeur divine de chaque être. Quand il regarde quelqu’un, il lui rend la santé : celle du corps, du cœur et de l’âme. Regardons l’Evangile avec cette lumière-là !

 

Ce psaume 101 est un appel au secours mais aussi la certitude que cet appel sera entendu. C’est la confiance absolue en Dieu. Il va m’accompagner et il entend ma prière. La première étape lorsque l’on visite un malade, c’est la prière : souvent silencieuse mais essentielle ; c’est demeurer présent avec celui qui souffre.

Rendre grâce à Dieu en priorité pour lui dire merci : merci à la vie même difficile, merci à ce Dieu d’amour toujours présent. Il faut être comme le petit enfant qui se jette dans les bras de sa maman pour simplement lui dire merci d’être là. Un jeune écrivait une belle prière à sa mère gravement malade : « Seigneur, je ne sais pas prier, mais je sais lire et écrire. Je connais mon alphabet, je vais te le réciter dans mon cœur. Tu prendras les lettres et tu en feras toi-même la prière que tu aimes. »

Oui ! sachons dire merci à l’aide-soignante, au médecin, à l’infirmière, cela les illumine aussi et les aide à la pratique des soins. J’en ai fait récemment l’expérience.

Prier Jésus, en lui disant merci, c’est être un peu comme un panneau solaire qui reçoit la lumière pour produire de l’énergie. Une prière d’action de grâce, c’est une lumière qui permet de vous recharger pour la diffuser ensuite à tous les cœurs et regards que vous rencontrerez.

Seigneur, que toute notre vie soit imprégnée de ton amour afin que nous puissions le communiquer à tous.

Soyons pleins d’espérance car que serions-nous sans elle ?? N’est-elle pas ce rayon de soleil qui illumine nos regards ? Allez, soyons rayonnants, donnons notre sourire, prenons la main de celui qui souffre et regardons le dans les yeux. Par ces petites attentions, nous pouvons relever et donner de la valeur à la personne rencontrée.

 

13 février 2018 |

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