homélie du dimanche 10 décembre 2017

Par claude Compagnone, diacre

(Is 40, 1-5.9-11 ; Ps 84 (85), 9ab.10, 11-12, 13-14 ; 2 P 3, 8-14 ; Mc 1, 1-8)

 

Le texte de l’évangile de ce deuxième dimanche de l’avent, comme le texte de l’évangile de dimanche prochain, sont tournés vers la personne de Jean le Baptiste. L’évangile du dernier dimanche de l’avent parlera, quant à lui, de Marie, de l’annonce qui lui est faite et de l’acceptation par cette toute jeune femme, de porter en son corps ce don étrange que Dieu lui fait.

 

Ces textes sont donc là pour nous préparer à la venue du Seigneur. Ils veulent nous dire comment il est tout simplement possible que cette venue se soit réalisée alors qu’un tel événement demeure pour nous, même aujourd’hui, tellement improbable. Ces textes veulent nous travailler en profondeur pour nous disposer à accueillir, le jour de Noël, le Christ pour ce qu’il est : le fils de Dieu – rien de moins – et un fils de Dieu – chose aussi improbable que sa venue –  un fils de Dieu venu dans une extrême simplicité.

 

La tonalité de ces textes rompt alors avec la tonalité de ceux de la fin de l’année liturgique et du premier dimanche de l’avent. Rappelez-vous, dans ces textes, c’est le Christ que l’on entendait parler, ce sont les mots qu’il a prononcés que nous avons lus, c’est son enseignement en paraboles que nous avons reçu. Ces mots du Christ nous demandaient de veiller, de nous tenir prêts pour la rencontre avec Dieu, de faire fructifier les dons que nous avons reçus de lui pour le bien de tous. Le Christ nous disait quoi faire de notre vie de croyant.

 

En ce dimanche, ce ne sont plus les mots du Christ qui nous sont donnés à lire, ce n’est plus lui que l’on entend. Nous avons à faire  à un début. Ces mots du Christ se font absents dans la liturgie de la parole, comme pour nous faire revivre le temps tel qu’il était avant sa naissance, le temps où il n’est pas encore venu mais où tout se met en place pour qu’il puisse venir : Marie accepte de l’accueillir en son corps ; Jean le Baptiste prépare les hommes pour qu’ils puissent recevoir sa parole et le baptême du Saint Esprit. En cette montée vers Noël, ce sont des textes de consolation, de dilatation de soi et de proclamation d’une merveille qui nous sont donnés à lire.

 

Dans les évangiles, nous entendons alors les mots de ceux qui ont reçu les témoignages de la vie du Christ : ce sont les mots des évangélistes qui annoncent la bonne nouvelle de sa venue parmi nous. Ces évangélistes, dans le début de leur livre, racontent à la fois la manière dont le Christ commence sa vie d’homme et la façon dont ils comprennent, eux, ce début de la vie du Christ. Et trois de ces quatre évangélistes vont alors choisir de débuter leur récit en parlant quasi immédiatement de Jean Le Baptiste. C’est qu’il n’y a pas pour eux de début de la vie du Christ sans la présence de Jean Le Baptiste. C’est Jean Le Baptiste qui est devant.

 

Il est devant car c’est lui qui vient dans le temps, avant le Christ ; c’est lui qui commence une vie publique faite de prêches et d’appels à la conversion, avant le Christ ; c’est lui qui baptise le peuple, d’un baptême qui marque la conversion de cœur de ceux qui le reçoivent, avant le Christ. Il vient avant le Christ, il travaille avant le Christ, il marque les esprits des gens avant le Christ, mais il est second en dignité par rapport au Christ.

 

Jean est second, il « n’est pas digne de délier la courroie de ses sandales », mais il est indispensable car il est la voix qui proclame la venue du Seigneur, car il est celui qui prépare les cœurs et les esprits à accueillir la bonne nouvelle, cette nouvelle extraordinaire de la vie pleine et entière en Christ. Et quand nous disons que Jean est la voix, il ne s’agit pas ici d’une petite voix, mais d’une voix assurée et exigeante, attentive et entrainante. Jean donne tout de lui-même car pour lui c’est la seule vie qui vaille. Comme un préparateur sportif le ferait à force de conseils, d’exercices et de massages pour que les corps puissent tenir l’épreuve sportive qui va arriver, Jean travaille les âmes et les cœurs des hommes pour qu’ils puissent être prêts à accueillir la bonne nouvelle du Christ.

 

Frères et sœurs nous devons rendre grâces pour tous les petits Jean Baptiste que nous avons croisés sur notre chemin et qui ont préparé nos cœurs à l’accueil du Seigneur. Nous devons rendre grâce pour la façon dont Dieu a su venir toucher notre cœur ainsi préparé et a su habiter en nous. Mais nous devons aussi être des disciples de Jean Baptiste et oser dire d’une voix assurée et exigeante, attentive et entrainante la vie d’amour et de liberté que nous offre et nous promet le Christ. Le monde ne se fera pas sans nous : nous devons, comme le dit le prophète Isaïe, « tracer droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu ».

 

 

 

14 décembre 2017 |

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