homélie du dimanche 9 juillet 2017

par Francis ROY, diacre

L’évangile du jour promet le repos, et ça tombe bien, en ce début de période de vacances. N’est-il pas légitime d’aspirer au repos ? Après une année de travail ou d’activité, nous pouvons aspirer à faire la coupure, à souffler, à prendre un temps de détente…

Les vacances sont, en effet, une période favorable pour rompre le rythme de l’année, changer d’air pour ceux qui partent. Avec le

Christ, déposons notre fardeau, posons un regard différent sur la vie et sur ceux que nous rencontrons, revenons à la source…

« Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples » De telles paroles ne nous laissent pas indifférents. Avouons que lorsque nous entendons parler de  prendre sur ses épaules un joug, notre première réaction est plutôt négative. Car comment comprendre cela autrement qu’en termes de poids et de charge que nous aurions à porter en plus d’une vie déjà bien remplie de maux et de peines.

Pour bien comprendre ce que Jésus exprime par ces propos il convient de revenir au début de sa prise de parole dans notre passage d’évangile. Dans un premier temps, il s’était exclamé : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ». Et ensuite : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos ». Autrement dit, Jésus nous avertissait que ce que le Père allait nous révéler à travers lui est de l’ordre d’une sagesse qui dépasse notre stricte rationalité humaine. Le contenu de cette révélation : son joug qu’il nous invite à prendre n’est pas destiné à nous surcharger, mais au contraire à nous soulager de nos fardeaux afin de venir nous reposer auprès de lui.

« Prenez sur vous mon joug, nous dit Jésus, il est facile à porter. » On ne voit plus de joug, cette pièce de bois posée sur le cou des animaux de trait pour les lier, depuis que les attelages de bœufs ont été remplacés par les tracteurs. La racine du mot joug, que l’on retrouve dans conjugal ou yoga, signifie relier, unir. Le joug fait tenir ensemble, met en alliance. Il a même la forme d’une accolade, ce signe fait de deux courbures pour relier des mots ou des lignes. Et se donner une accolade c’est s’embrasser en se tenant par le col, le cou.

Le joug peut peser sur nos épaules, mais quand on est deux, côte à côte, il répartit le poids et accroît la force. Il procure de l’aide et du réconfort. Il permet d’agir en tandem, de collaborer plus efficacement, de s’aimer de manière plus proche et plus forte. Aussi Jésus précise-t-il que son joug est facile à porter.

La Parole de Dieu et les commandements, qui appellent à vivre et à aimer, peuvent être lourds. Mais, attelés à Jésus, nous n’avançons plus seuls. La Parole de Dieu est le joug qui nous tient en alliance, en compagnonnage avec Jésus. Et Jésus transforme la Loi en un joug facile à porter, car il en fait un poids d’amour et de vie.

Nous savons bien qu’il y a des poids qui nous rendent légers et forts ! Porter un enfant dans ses bras rend parfois la marche plus facile. Et quand l’être aimé pose son bras sur notre cou ou notre épaule, c’est un joug qui rassure et encourage. Il y a des charges familiales qui peuvent être épuisantes, mais est-ce qu’elles ne retiennent pas à la vie en empêchant de sombrer ?

Mais d’autres nous écrasent ! Alors, Jésus appelle tous ceux qui peinent sous le poids des ans, des maladies, de la souffrance, des soucis ; ceux qui ploient sous le fardeau des échecs, des péchés, de la culpabilité ! Les blessés de la vie et de l’amour. Nous tous, un jour ou une nuit. Et Jésus nous procure le repos en nous attachant à lui comme le naufragé à la bouée de sauvetage. Au milieu des tempêtes et des ouragans, le joug qui nous relie à Jésus nous rattache à la vie et au bonheur.

Il y a les moments d’épreuve, mais il y a aussi des moments de joie, où la vie est plus légère, plus rayonnante, plus paisible. C’est ce que nous montre Jésus. Après s’être durement heurté avec les scribes et les pharisiens, il se retourne vers son Père pour lui adresser une prière de louange, et le remercier, à partir de ce qu’il voit : Alors que ceux qui croient tout savoir, n’ont pas une attitude d’ouverture à la parole de Jésus, la bonne nouvelle est bien reçue par ceux qui ont un cœur de pauvres : « Père…ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père tu l’as voulu ainsi dans ta bonté… » Savoir dire merci à Dieu, comme Jésus ; s’émerveiller de la beauté de la vie, de ce qui est vécu avec les autres, des moments de bonheur… Voilà une prière possible en vacances, que l’on peut dire avec ses enfants ou petits enfants…

Pendant cette période de repos, prenons le temps de regarder, d’être attentifs, à la manière de Jésus. Sur les routes de Galilée, Jésus est attendu, sollicité, suivi

par des gens ordinaires, ces petits dont parle l’évangile, pour qui les paroles de Jésus ouvrent une espérance… Ces hommes et ces femmes, nous en croiserons sur nos routes de vacances. Portons sur eux le regard de Jésus, sachons les écouter, recueillir ce qu’ils nous disent… Dans leur langage souvent simple et vrai, qui ne s’encombre pas de formes ou de mots compliqués, ils peuvent nous révéler quelques traits du visage du Christ.

Regarder à la manière de Jésus, c’est regarder avec les qualités du cœur de Jésus « doux et humble de cœur » : dans la Bible, la douceur c’est la capacité d’écouter, de s’émerveiller et d’accueillir. L’humilité, c’est le chemin si déroutant de Jésus, « roi humble et monté sur un âne ». Douceur et humilité nous mettent dans cette attitude d’écoute, de réceptivité, qui nous permet d’être attentifs à l’autre, de l’entendre, de le voir…

Jésus nous montre qui est Dieu, en attirant notre attention sur sa propre personne. Il est Dieu lui-même, vrai Dieu et vrai homme, et ainsi il nous montre le chemin pour parvenir au bonheur. Ce que lui-même vit et fait en tant que Dieu, il le vit et le fait aussi en tant qu’homme. Nous pouvons donc, nous qui sommes aussi des hommes, faire de même. Nous appuyer sur ce modèle, sur ce roi humble et serviteur des pauvres, qui prend sur lui leur joug.  Jésus nous montre que c’est possible. Nous sommes capables, nous aussi, d’agir autour de nous avec la même compassion pour nos frères qui sont dans le besoin, dans la difficulté, dans la souffrance, en portant avec eux le fardeau de leur peine, en nous liant par l’amour à leur joug, et en marchant, avec eux, d’un même pas, dans l’amour.

Alors notre vie et nos vacances deviendront ainsi prière, une prière qui fera de nous les bienheureux des « béatitudes » promises par le Seigneur.

Amen.

 

16 juillet 2017 |

Les commentaires sont fermés.